Macron face au Congrès : théorie séduisante, pratique insignifiante

Emmanuel Macron ne peut envisager que l’avenir du pays se construise sans l’armée de technocrates et de fonctionnaires français et européens, et cela malgré les déclarations louangeuses en direction des entrepreneurs qu’il admire mais ne comprend pas.

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Macron face au Congrès : théorie séduisante, pratique insignifiante

Publié le 10 juillet 2018
- A +

Par Frédéric Mas.

C’est devant une foule de parlementaires beaucoup moins enthousiastes que l’année dernière, malgré les applaudissements répétés de ses supporters, que le président de la République s’est présenté ce lundi en Congrès. Emmanuel Macron avait promis de réunir les chambres chaque année pour donner le sens de son mandat, reprenant en l’accommodant à sa sauce une tradition typique du présidentialisme américain.

Seulement, reprenant à revers l’opposition qui d’avance en avait critiqué l’esprit quasi-monarchique, Emmanuel Macron s’est empressé d’annoncer qu’il allait proposer d’en amender le texte pour permettre aux parlementaires de lui poser des questions l’année prochaine. Plus généralement, le président de la République s’est avant tout attaché à reconsidérer le parlement, au moins en paroles, sans doute pour contrebalancer l’image d’autoritarisme que l’opinion publique associe souvent à la pratique du pouvoir macronien.

Emmanuel Macron s’est fait lyrique, en empruntant au langage du républicanisme émancipateur et à celui de la modernisation chère à la deuxième gauche et à la frange technocratique de notre nomenklatura politique. Il s’est attaché à définir ses priorités politiques, faire entrer l’État-providence dans le XXIe siècle, en s’appuyant sur des constats souvent bons, voire courageux. Toutefois, entre les constats sur ce qu’il y a faire et ce qui a été fait, voire ce qui va être fait, la béance n’est pas sans susciter quelques questions, dont la plus grande est sans doute celle de la déconnexion entre l’exécutif et le reste du pays.

Le langage de la modernisation

Ses détracteurs comme ses défenseurs échouent en général à situer Emmanuel Macron, tant son lexique politique est étranger à la gauche française classique. Par son appel constant à la mobilisation collective et à la responsabilisation des acteurs par le travail, c’est vers la troisième voie de Tony Blair ou plus exactement de son conseiller Anthony Giddens. Derrière les formules se retrouve la même idée, que la société civile devienne actrice de son propre changement, non pas pour rompre avec le modèle social français, mais pour l’améliorer.

Emmanuel Macron a insisté sur le rôle de l’émancipation républicaine et de son principal véhicule, l’éducation, pour améliorer la situation des franges de la population les plus fragiles. Avec une certaine lucidité, le président de la République a expliqué la nécessité de l’excellence dans le domaine de l’Éducation nationale pour mieux répondre aux défis du 21e siècle.

Faire entrer l’État providence dans le XXIe siècle

Cette lucidité du président Macron s’étend même à certains constats économiques et sociaux, qui en France passent pour de l’ultralibéralisme, comme la nécessité d’alléger la dépense publique, de réformer pour s’adapter à l’économie d’aujourd’hui, le tout pour ne pas manquer le train de l’innovation ou de l’intelligence artificielle. Le président de la République a annoncé vouloir réformer le régime de retraites pour le rendre de nouveau attractif aux plus jeunes. Rompant avec les gouvernements précédents qui se sont contentés sagement de remettre le dossier en bas de la pile après l’expérience Juppé de 1995, Macron ici prend un risque certain.

Malheureusement, ces annonces parfois très plaisantes à entendre doivent se lire à l’aune de ce qui s’est déjà fait, et des arbitrages déjà rendus. Seuls ceux-ci nous permettent d’évaluer la véritable volonté de réforme du président de la République. Force est de constater que sur les principaux dossiers, une fois les effets de la communication dissipés, l’État a reculé, ou s’est contenté de reprendre les solutions classiques de la social-démocratie du siècle dernier (en particulier dans les dossiers SNCF, Parcoursup, pour ses ambivalences sur le sujet des privatisations). Plus grave, avec la loi sur les fake news ou encore l’intégration de l’état d’urgence au droit commun, ce sont les libertés concrètes des individus qui ont reculé.

Le projet global du président de la République reste daté, et profondément dirigiste : l’État et ses agents restent les tuteurs du changement, du moins sur le papier, et l’horizon européen passe nécessairement par l’étatisation fédéraliste, et non par le marché. Emmanuel Macron ne peut envisager que l’avenir du pays se construise sans l’armée de technocrates et de fonctionnaires français et européens, et cela malgré les déclarations louangeuses en direction des entrepreneurs qu’il admire, mais ne comprend pas.

C’est sans doute l’angle mort du beau discours du chef de l’État : la révolution qu’il appelle de ses vœux ne pourra advenir que par l’effacement de la classe technocratique, principal ressort de l’immobilisme économique et politique du pays.

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  • C’est n’est plus un secret, c’est toute cette sale bande de l’ENA paris lesquels on trouve Macron mais aussi Jupé qui ont truqué les dernières élections Présidentielles et qui encore aujourd’hui font tout ce qui est possible pour éliminer ceux qui ne sont pas de leur mafia administrative. La France est un pays communiste qui ne veut pas s’appeler ainsi et qui dérive de plus en plus vers une dictature communiste. D’autres diront administrative, cela revient au même. Ce qui reste curieux à observer est la lâcheté et l’incompétence des parlementaires qui visiblement ne sont parfois présents que pour honorer leur porte feuille sans plus jamais faire le travail pour lequel ils sont élus. L’Europe suit la même filière, pas assez aux goûts de Macron qui voudrais bien en devenir le patron pour y instaurer avec sa bande mafieuse la même déconfiture que celle de la France. Ce sera l’ouverture programmée d’un prochain grand conflit en Europe et une fois de plus, la France en sera l’initiateur.

    • Tout à fait. Les gens lucides ne sont pas légion. Inutile de compter sur la masse engluée dans leurs problèmes quotidiens(les malheureux) pour réagir. En ont-ils encore l’envie et la force!

    • Pour l’instant comparer la France et L’Europe sur le plan de l’administration est malvenu !

      • Pourquoi? Il me semble que l’UE s’est largement inspirée de la technocratie française

        • Inspirer n’est pas copier ! Si tout n’est pas parfait l’UE est loin de ressembler à la France : moins de fonctionnaires (et 15% sont des interprètes), budget en % inférieur, principe de subsidiarité, forte concurrence dans la prise de décision… C’est stupide de comparer une union d’états et un état !

          • « principe de subsidiarité »
            Dommage qu’il ne soit pas redescendu de Bruxelles, justement. Ou alors, c ‘est que 15% d’interprètes, ça n’est pas suffisant pour le traduire dans les faits !

            • @ MichelO
              Allons! Il y a les « affaires de l’Union Européenne » et les « affaires des pays partenaires ». L’autorité prioritaire dans l’U.E. reste, hélas, le Conseil Européen des Chefs d’état et de gouvernement, décidant encore souvent à l’unanimité.
              Donc non, ce n’est pas « Bruxelles » qui décident mais votre président de la république parmi ses pairs. Votre souci de garder la France « innocente » vous font dire trop souvent: « c’est la faute à « Bruxelles » d’exécuter ce qu’ont décidé E.Macron, N.Sarkozy, Fr.Hollande … avec leurs pairs »!

              E.Macron a tenté de redorer le blason français à l’étranger: il a reçu un accueil sympathique et cordial mais cela n’a pas fait vaciller l’orthodoxie économique des « pays du nord » et son leader naturel, A.Merkel.
              Sinon, je crois savoir qu’il y a moins de fonctionnaires à l’U.E. de Bruxelles (pour 450 M d’habitants que pour la seule ville de Paris!

      • Vu que Delors est parti à Bruxelles avec une armada de hauts-fonctionnaires énarchiques français pour commencer, …

  • Macron n’est pas un libéral et ne le sera jamais, même s’il a compris que ce système étant le plus efficient pour le pays, il fallait tendre vers lui sous l’impulsion de l’Etat, attitude paradoxale qui énerve pas mal de libéraux. Mais quand j’entends la gauche française, y compris la pire, et la droite historique, y compris la plus médiocre, s’exprimer sur son programme et ses actions, je préfère encore subir la grippe que le cancer. N’oublions pas qu’à la place de Macron , il y aura forcément en France un socialiste (de droite ou gauche)pour le remplacer.
    A nous d’être cohérents..

  • si probléme avec le RN (FN) vont être bien emmerder la droite où gauche …ils ne seront plus sur d’être élu…quel bordel pour les prochaines élections !!!

  • Il ne comprend surtout pas comment fonctionne l’économie, comme tous les énarques!

    • il faudrait aussi qu’il vive 1 an au smic et a bosser à l’usine en 3×8 histoire de comprendre la valeur de l’argent, de l’effort et de la ponction etatique..

    • @ Virgile
      On ne changera ni les économistes ni les politiciens: ils pensent et ils travaillent chacun pour leur pouvoir d’autorité, leur prospérité et leur notoriété mais par des voies différentes selon des sciences et techniques et des points de vue différents pour une seule même réalité.

      Bien-sûr que, seule, la synergie pourra les aider.

  • Ôtez-moi d’un doute, la photo d’illustration est un montage ou il avait fait installer un grand écran pour qu’on le voie mieux? Si tel est le cas il nage en pleine mégalomanie et ses beaux(?) discours ne sont à la hauteur ni de ses rêves ni de ses réalisations jusqu’à présent.

  • Tant que le pouvoir sera aux mains de Bercy et des énarques de tout poil, rien ne changera!
    S’il ne le comprend pas, lui et sa clique subiront le même sort que l’aristocratie aveugle au mieux en 1789!

  • Macron persiste et signe.
    L’Etat providence comme objectif. Le mondialisme comme moyen. Et pour ce qui est de l’Islam, circulez, il n’y a rien à voir. Il suffit de regarder les 57 pays de l’OCI, pour voir comme cette doctrine est humaniste, porteuse de progrès sociétal et propice à la liberté individuelle. Mais vous pouvez aussi regarder ce que nous a proposé l’EI au Levant qui avait mis en application – au plus près – les préceptes du prophète.

  • j’adore le  » Je n’aime ni les castes, ni les rentes, ni les privilèges » …..tout ce qu’il connait depuis qu’il est né..

  • L’Etat providence, cela signifie l’état de la redistribution.
    Pour cela, il y faut des conditions.
    L’indifférenciation des personnes en est une des premières, et l’Etat est le gardien de la morale et de la justice venue d’en haut. Pas n importe quelle justice donc, car on y ajoute la plupart du temps le qualificatif de social. La justice sociale. Mais bien sûr, un justice qui a besoin d’un qualificatif n’est déjà plus la justice…
    Cette justice socialiste sera donc une justice à la sauce idéologique du camp du Bien. Et le camp du Bien pour exister a impérativement besoin de créer un camp de victimes (au chois et/ou « en même temps », les peuples anciennement colonisés, les afro-américains, les migrants, les réfugiés, les musulmans, les femmes, les LGBT, etc…) et d’induire une discrimination positive pour tous ses petits protégés qui constitue le cheptel d’électeurs entretenus et la justification morale de leur traitement de faveur.
    La « bête » est tapie dans le nid bruxello-strabourgeois. Elle a sans doute le visage de Soros (ne pas confondre avec Sauron !… encore que).
    Quand on commence à parler de justice sociale et du « bien commun », on peut être sûr qu’on est sur la pente qui conduit au totalitarisme et que les individus n’auront plus leur mot à dire à plus ou moins court, moyen, ou long terme !
    On peut être sûr que les Droits naturels des individus vont être mis sous contrôle et vont être grignotés encore et encore…

    • @Jean-Michel
      Bonsoir,
      « On peut être sûr que les Droits naturels des individus vont être mis sous contrôle et vont être grignotés encore et encore… »
      Ces droits sont morts en France. Nos Droits naturels sont comme la sécurité dans ce pays : une ilusion.
      Les droits et autres libertés dont on nous rabat les oreilles ne sont que des privilèges accordés par strates à certaines castes socialo professionnelles.
      De plus, simplement circuler à pied ou en véhicule, être sommé de justifier son identité, être fouillé, prouver la détention et la possession légale du véhicule ou de ses biens, répondre à la question « Où allez-vous ? », ne pas savoir si ce qu’on dit sera cru et s’il n’y aura pas une escalade de malentendus, des menaces de privation de liberté instantanée, ou de racket, ne pas pouvoir évoquer la raison pour laquelle ces messieurs qui interpellent et rompent notre liberté portent des armes à feu, pour le port d’un couteau et voir émerger l’épouvantail « d’acte de rébellion » pour finir de nous remettre dans les clous. Mon conseiller Pôle Emploi m’a dit que j’avais peut-être un problème avec l’autorité en parlant des Forces des l’Ordre. Je n’ai pas osé lui dire que les Forces de l’Ordre étaient au service des citoyens et des contribuables qui les paient, et qu’en tant que serviteurs, elles ne peuvent avoir aucune autorité. Donc nos droits naturels ne sont pas grignotés encore et encore, ils sont déjà morts et enterrés (autant que la DDHC de 1789, sauf qu’elle, on la sort de sa tombe et on l’exhibe tel un étendard). Un contrôle routier ou d’identité ne pourrait se faire avec nos droits naturels, fondamentaux et imprescriptibles.

  • ce jeune président si fringant fait une politique de vieux, avec des vieilles recettes. Centralisation, normes et régles nouvelles en pagailles, prelevements sans fin…
    Perso, mon pouvoir d’achat souffre depuis le mandat Hollande, mais je le ressens encore plus cette année… Et je me demande ce qui m’attend encore…

    • Il n’est qu’un paravent pour les lobbies qui l’ont mis en place.

    • Votre pouvoir d’achat est en baisse depuis depuis deux décennies au minimum. Le smic a augmenté de 48% en 20 ans (il était équivalent à 997€ en 1997, contre 1480 en 2017), les ponctions étatiques, elles, ont augmenté de 54% sur la même période. (l’Etat prélevait 2556€ sur le seul smic en 1997, il en a prélevé 3948 en 2017. Heureusement pour nous, il n’en prélèvera que 3933,3 cette année et pourra se vanter de nousfaire des cadeaux.)

  • « Macron face au congrès »: Mais, que fallait il en attendre?
    Tout simplement la grand-messe de l’Énarchie à la dévotion de cette noblesse de cette Vème République en charge du dirigisme Étatique que nous subissons et qui bloque le développement économique de ce pays.
    Dans un passé pas si lointain on a parlé de « culte de l’être suprême »…Étatique bien sûr!

  • E. Macron, comme ses prédécesseurs, pense que le fait d’avoir été élu par un nombre supérieur de voies que celles récoltées par son adversaire, fait de lui le patron, le « boss », le dirigeant de tous ceux qui ont voté ou pas, au lieu de leur réprésentant. En tant que « boss » il pense qu’il peut dire a ces millions de personnes « Sautez ! », et que celles-ci diront comme un seul homme « Chef ! De quelle hauteur chef ! ». Il n’est pas patron. Il est peut-être chef, comme un manager. Le patron, c’est le Peuple en démocratie.

    • C’est exactement cela. Dans notre pauvre reste de démocratie, chaque élu à son niveau comprend qu’il est élu monarque de droit divin, sait tout, peut tout, n’a plus de comptes a rendre a personne, et peut donc se passer d’écouter les électeurs qui l’ont mis en place… et ce n’est pas près de changer vu la tendance du moment…

  • Mikylux, STF, John Lasser
    Il est évident que nos dirigeants, élus et non élus, sont tous soit des Énarques soit, les personnes qui par intérêt, ont fait allégeance à l’Énarchie.
    L’objectif premier de ces gens là n’est pas de promouvoir, ni même à faciliter, un quelconque tropisme libéral qui serait contraire à leur éducation et à leur ambition dirigiste.
    Le congrès macronien objet de l’article commenté, a révélé, une fois de plus, la partie émergée de l’iceberg d’un Étatisme aussi glouton qu’inefficace.
    A l’analyse du discours macronien on pourrait en conclure: vous avez de la chance, moi « Manu » je suis là et soyez fiers d’être français!

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