La politique de santé à la française, un vrai conte de fées !

Le projet français de santé gratuite d’inspiration socialiste d’Agnès Buzyn n’a rien de social, c’est un formidable creuset à inégalité sociale et à exclusion de la classe moyenne d’une médecine de qualité.

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La politique de santé à la française, un vrai conte de fées !

Publié le 4 juin 2018
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Par Frédéric Bizard.

Marisol Touraine a promis aux Français qu’ils ne paieraient plus la consultation médicale. Agnès Buzyn va plus loin en leur promettant de ne plus rien payer chez le dentiste, l’opticien et l’audioprothésiste. Comme sur les photos de Dina Goldstein, les citoyens se doutent bien que ce conte de fée politique ne pourra avoir qu’une sinistre fin !

 

Une santé bradée pour la classe moyenne et de qualité pour la classe supérieure

Après celui de 2012, le deuxième conte de fée de la santé gratuite est sur le point de prendre forme en 2018. Les Français paient en direct un quart des dépenses auprès de ces trois professionnels de santé (soit 4,5 milliards d’euros), la baguette magique gouvernementale va bientôt éliminer ce reste à charge.

Le citoyen se doute qu’il y a un loup dans cette affaire puisqu’il faut bien que quelqu’un paie. L’assureur privé va financer en partie l’ancien reste à charge, faisant reporter cette dépense sur les primes des contrats. Outre cette rente supplémentaire pour les assureurs, le loup provient de la forte inflation des coûts d’accès aux soins puisqu’avec des frais de gestion de 30 % pour les assureurs et 25 % pour les mutualistes, le coût réel payé 100 % par un contrat d’assurance est bien plus élevé que l’autofinancement d’une partie des dépenses.

Ainsi, le coût de l’assurance d’une paire de lunettes simples sur trois ans pour un retraité est de 792 euros alors que son achat revient à 280 euros ! C’est la raison pour laquelle la plupart des pays développés n’assurent plus les lunettes.

La question centrale est la suivante : les Français sont-ils prêts à sacrifier la qualité de leurs soins en contrepartie du dispositif de tiers-payant ? Il n’y a en réalité aucune baguette magique mais une santé bradée pour répondre à cette promesse populiste de la santé gratuite.

Ainsi, pour ces trois secteurs, le gouvernement va annoncer l’instauration de paniers de soins sans reste à charge, à prix réduit et plafonné, qui représenteront une partie de l’ensemble des soins actuels. On parle d’un tiers en optique et de 45 % en dentaire. N’hésitant pas à prendre des vessies pour des lanternes, on va nous annoncer que la Dacia est l’équivalent de la BMW.

Cette mesure est une vraie destruction du modèle français solidaire qui vise à garantir l’égalité face à la qualité des soins. Si les paniers de soins sans solde à charge seront accessibles à tous, les autres soins, qui comprendront l’innovation et la qualité de service, ne serons plus accessibles qu’à une minorité.

En effet, la contrepartie d’un taux de couverture de 100 % par les assureurs privés est un désengagement de leur part sur le reste des soins dans les contrats standards. Le rêve de l’assurance privée se profile, le gouvernement supprime l’aléa du prix, renforçant la rentabilité des opérateurs financeurs, qui ne jouent plus le rôle d’assureur mais de caisse d’épargne, à coûts gigantesques.

Les paniers de soins de qualité auront un prix libre, condition pour que la concurrence régulée entre professionnels de santé libéraux se fasse sur l’innovation et la qualité des soins, et ils auront une couverture assurantielle très dégradée.

 

Le modèle de santé gratuite recherchée conduit au modèle américain

Le principe de santé gratuite existe au Royaume-Uni. Le système NHS est structuré pour cela : un financement et une régulation étatique, des opérateurs de soins publics. La maitrise des dépenses passe largement par le rationnement des soins à partir de files d’attente. Le secteur privé assurantiel et sanitaire est réservé aux plus riches pour éviter le rationnement. Certains experts et politiques français défendent une évolution à l’anglaise et rêvent d’un grand système public national de santé.

S’il a sa cohérence, il est adapté à une société d’inspiration utilitariste qui ne se préoccupe pas de l’égalité des chances entre les individus mais de l’utilité totale à l’échelle de la population. Seul un système de soins avec un payeur unique et des offreurs de soins publics peut fonctionner dans ce modèle. D’où cette politique opposée à l’exercice libéral menée ces dernières années, qui a tout autant affaibli le secteur public que désertifié médicalement de nombreux territoires.

En réalité, notre politique de santé gratuite nous dirige à marche forcée vers le modèle américain. Celui-ci est structuré autour des réseaux de soins des assureurs privés qui obligent l’assuré à ne consulter que les professionnels référencés par le réseau, et ces professionnels à ne prescrire que ce qui autorisé, sauf à payer les dépenses soi-même. Le projet français de santé gratuite d’inspiration socialiste n’a rien de social, c’est un formidable creuset à inégalité sociale et à exclusion de la classe moyenne d’une médecine de qualité.

Ce projet est ourdi depuis des années par les assureurs privés qui se sont donné les moyens de leur politique en achetant de nombreux leviers d’influence, comme le rachat par la mutuelle MNH du premier groupe de médias et services aux professionnels de santé (dont Le Quotidien du médecin, Le GénéralisteLe Quotidien du Pharmacien).

Leur objectif est d’imposer une pensée unique et de tenter de rendre tout autre scénario de réforme impossible. La nomination d’un assureur privé à la tête du cabinet de la ministre de la Santé en mai 2017, tout comme le pantouflage d’anciens membres de cabinets ministériels dans les conseils d’administration des plus grands assureurs, sont d’autres symptômes de l’influence croissante du secteur sur la conduite de la politique de santé ces dernières années.

Une tribune récente des patrons des trois familles assurantielles nous explique les vertus des contrats à reste à charge zéro mais conditionnent leur réussite au renforcement du pouvoir de régulation des assureurs via ces réseaux de soins. On nous expliquait jusqu’à maintenant que ces derniers faisaient baisser les prix et les restes à charge, ce qui est devenu inutile puisque les premiers sont plafonnés et les seconds supprimés par l’État.

Le  conte de fée 2018 nous fait donc traverser l’Atlantique pour découvrir, non pas le rêve américain de l’immigré pauvre qui fait fortune mais le cauchemar américain d’une classe moyenne mal soignée et dotée d’une espérance de vie parmi les plus faibles de l’OCDE. Cette mauvaise qualité s’accompagne d’une inflation des coûts du système (18 % du PIB aux USA contre 9,5 % en moyenne dans l’OCDE).

 

Une évolution en totale contradiction avec le sens de l’histoire

Outre la destruction de l’assise républicaine de notre modèle de santé, cette évolution est totalement à contre-courant de l’Histoire. La gestion du risque chronique, le vieillissement massif de la population et l’hyper-révolution technologique conduisent à une démocratisation de la santé, dont le libre choix et la capacité d’agir de l’assuré sont des piliers.

Passer à un seul financeur par prestation, évoluer vers des comptes personnalisés de santé de l’assurance maladie incluant prévention et soins, transparence des contrats privés, autorité de défense des droits des assurés… C’est une réforme globale du financement dont le système a besoin, tout en respectant les principes fondateurs, dont le triptyque républicain de valeurs.

La force de notre système de santé repose d’abord et avant tout sur ses valeurs et ses principes fondateurs. Toute refondation doit les renforcer et non les affaiblir ou les supprimer.

La fin du conte de fée est connue, une santé bradée et gratuite, une santé de qualité accessible uniquement aux plus riches et des primes d’assurance en forte hausse pour tous.

« Quand le sage montre la lune, l’idiot, lui, regarde le doigt ». Pas sûr que les Français acceptent encore longtemps d’être pris pour des idiots en santé.

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  • la plupart des Français ne retiendront qu’un mot : gratuit .

    • le souci en France c’est qu’avec le gratuit y’a toujours un pékin qui paie derrière…les gens sont d’une connerie sans nom..parfois je me dis qu’on mérite ce qu’on a quand même, on est cernés par les débiles et les profiteurs.

  • Tous les jours, c’est un peu plus de lois pour faire disparaître la France d’en bas, les Riens, les non rentables au profit des clandestins!!!
    Macron met en place une politique pour la finance internationale, pour qu’elle s’enrichisse encore un peu plus! Macron c’est l’ultralibéralisme et non une politique de droite comme le disent à l’envi les médias, journaux et journalistes!!!

    Hier c’était le projet de loi sur la réforme des retraites qui va à l’encontre de la France d’en bas, les Riens qui n’auront qu’un droit celui de crever la gueule ouverte pendant qu’on les remplacera par les migrants!!!
    Dans la « consultation citoyenne », à côté de propositions comme « Garantir un financement par la solidarité nationale des droits à la retraite pour les parents qui s’arrêtent de travailler pour élever leurs enfants », on trouve, par exemple : « Renforcer la politique familiale ou les avantages fiscaux plutôt que de développer des droits spécifiques pour la retraite. » Dans cette hypothèse, les bonifications de trimestres au titre de la maternité, la majoration de pension pour les parents de trois enfants ou plus disparaîtraient au motif qu’au moment de la retraite, les enfants ne sont plus à la charge des parents.

    Une telle mesure confirmerait que les familles nombreuses sont, une fois de plus, dans le collimateur : d’une part, les « avantages fiscaux » sont soumis à des conditions de ressources ; d’autre part, il paraît évident que les parents ayant eu plusieurs enfants ont dépensé plus que les autres pour les élever, leur faire faire des études, et ne disposent pas du même patrimoine quand ils cessent de travailler. Enfin, le fait même d’envisager une telle solution souligne le désintérêt des gouvernements successifs pour la politique démographique, qui pèse pourtant sur notre système de retraites.

    Le Conseil d’orientation des retraites (COR) prévoit qu’il y aura, à l’horizon 2040, moins d’un actif pour un retraité. Dans ces conditions, le régime actuel ne peut perdurer. Le gouvernement se prépare donc à s’attaquer aux classes moyennes et aux familles, tout en faisant un clin d’œil de connivence aux plus aisés pour leur signifier de penser à mettre de l’argent de côté en vue de leurs vieux jours.

    Il est étonnant que personne n’ait encore proposé de verser une prime aux Français qui persuaderont leurs parents d’avoir recours à l’euthanasie, sous prétexte qu’ils n’ont plus d’utilité sociale. Ce serait un bon moyen, pour les technocrates au pouvoir, de résoudre à la fois le problème de la dépendance et celui des retraites !

    Aujourd’hui c’est notre système de santé.

    Macron détruit, sur ordre de la finance internationale, “pierre après pierre” la France. Il peut bien se servir de nos châteaux et autres de prestige pour se mettre en avant face aux Français et au monde mais il est le fossoyeur de la France en réalité. Il n’aime pas la France et les Français en réalité, il ne comprend pas et n’a rien compris à la France, il n’est qu’un banquier et pour reprendre une phrase de Wauquiez “Macron, c’est le désert de l’âme. Il n’est porté que par un seul projet : lui-même.”.
    Macron est mondialiste, multiculturaliste, libertaire, narcissique.

    • La politique démographique justifiée par notre système de retraites que le monde nous envie ! Faisons évoluer d’urgence le système de retraites, nous aurons n’aurons plus besoin de cette politique démographique coûteuse et contre-productive, il suffit de se tourner vers l’Allemagne pour le constater.
      Quant au système de santé, une fois le bon sens revenu, il pourrait même lui aussi en bénéficier…
      Et un conseil : si vous appreniez à gérer et à compter, vous n’auriez pas besoin de l’argument de la « finance internationale »…

      • En Suède ils ont mis 14 ans pour réformer leur système de retraite … nous, les génies planétaires, nous torchons une réforme géniale, définitive et incontournable en 3 mois !!!!

        Tous les ……. 3 ans ………….

    • @lapaladine

      « Macron c’est l’ultralibéralisme… »

      Ah, si seulement c’était du libéralisme. Mais non. L’état qui intervient tous azimuts avec pour seul approbation du contribuable, le moment où il vote, ce n’est pas du libéralisme. Vous pouvez parler de capitalisme de connivence éventuellement (attention là encore à ne pas confondre avec le capitalisme tout court). Il ne faut pas se laisser berner par les discours en novlangue de nos politiciens.

  • Parce qu’il y aurait une politique de santé dans ce pays !!!!!
    Dont acte …
    C’est pourquoi tous les hôpitaux craquent que des suicides de soignants s’enchainent à Toulouse, à Grenoble et ailleurs, grève de la faim à St Etienne du Rouvray
    C’est pourquoi la désertification médicale galope en milieu urbain comme en campagne
    C’est pourquoi cette année encore 15.000 postes hospitaliers sont supprimés
    C’est pourquoi « ON » ferme des lits alors que la population vieillit (les tables démographiques ne sont pas faites pour les chiens)
    C’est pourquoi on meurt dans les services dits « d’urgence »
    C’est pourquoi la maltraitance à l’hôpital règne faute de moyens, qu’elle règne dans les cliniques privées à cause de la rentabilité
    C’est pourquoi la maltraitance règne aussi dans les EHPAD

    Alors dites vous bien, les financiers qui ont une calculette à la place d’une cervelle qu’à terme l’addition sera corsée à cause du renoncement au soins, de l’aggravation des pathologies, de la perte d’efficacité des salariés mal pris en charge (burn-out du management dit moderne), diminution de l’espérance de vie déjà constatée au modèle américain … il est vrai que seront des retraites en moins à payer …
    La destruction de notre système de santé est en route et bien en route et dire que nos girouettes politiques se gobergent encore de notre « modèle médical »

  • « le coût réel payé 100% par un contrat d’assurance est bien plus élevé que l’autofinancement d’une partie des dépenses. »
    Absolument. Mais les Français sont tellement gavés de « sécurité » qu’ils ne pensent même plus à prendre leur calculette !

  • Le « tout gratuit » n’est pas forcement le moins cher. On dirait que ce Pouvoir actuel veut ressembler à John Galt, héros de Ann Rand dans « Atlas shrugged ». Les programmes de gouvernement corollaires de la sécurité sociale ont grandi jusqu’à aujourd’hui et ont crée une augmentation incessante de la bureaucratie complexe et onéreuse que les Romains appelaient « panem et circenses » (du pain et du cirque).

    • Le tout gratuit est purement démagogique.
      Il permet de se refaire une virginité sociale au moindre coût.
      Je ne connais pas un médecin, digne de ce nom, qui n’a pas proposé des facilités de paiement à un patient et s’il n’est pas payé, il n’en est pas mort.
      Par contre toujours parler au niveau des responsables politiques de la santé uniquement en terme de coût est une aberration.
      La santé est aussi un INVESTISSEMENT: laboratoires pharmaceutiques, recherche, amélioration de la qualité de vie donc du bien être et de l’efficience des individus …
      Combien coûte à la collectivité la mode actuelle du management par le harcèlement en absentéisme, en soins; là ce ne sont pas les médecins qui sont responsables !!!

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