Socialisme et libéralisme, du rêve à la réalité

Sur l’axe libéralisme-socialisme, la réalité politique contemporaine apparaît ainsi comme un compromis.

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Socialisme et libéralisme, du rêve à la réalité

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 26 mai 2018
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Par Patrick Aulnas.

Libéralisme et socialisme restent les deux pôles idéologiques majeurs qui structurent l’offre politique. La résurgence du nationalisme, de droite ou de gauche, devient aussi un phénomène important en Occident. L’intelligentsia le qualifie désormais de populisme. Mais le nationalisme est un simple repli sur une réalité contemporaine : l’État-nation. Il ne comporte pas de corpus idéologique fort.

Libéralisme et socialisme demeurent donc, contre vents et marées, les deux manières d’envisager l’avenir à court terme. Le court terme historique est l’horizon des politiciens et de la plupart des essayistes. Pour le long terme, seules des spéculations sont possibles et il est très probable que nos querelles idéologiques paraîtront puériles à nos descendants lointains.

En se limitant à l’aspect économique et social, le pôle libéral est représenté par la droite modérée dans les pays occidentaux ; le pôle socialiste par la gauche et les écologistes, ces derniers ayant adhéré au principe socialiste d’un interventionnisme étatique très important.

Les socialistes s’acoquinent avec le libéralisme… à dose homéopathique

Ces deux pôles cherchent à accentuer leurs différences par le verbe mais l’action édulcore largement les proclamations de campagne électorale. Ainsi, le socialisme se propose de réduire les inégalités par des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques jouant un rôle redistributif. Les prises de position à ce sujet fluctuent en intensité selon les formations politiques. À l’extrême-gauche, les proclamations ressemblent comme deux gouttes d’eau aux programmes des anciens Partis communistes, aujourd’hui en désuétude. Les extrêmes n’ayant pratiquement aucune chance d’exercer le pouvoir, ils peuvent dessiner sur le papier une société rêvée sans courir le risque d’être placés au pied du mur. Ils seraient évidemment incapables de le franchir.

Du côté de la gauche modérée, la prudence s’impose. Les dépenses publiques atteignant dans de nombreux pays riches des sommets (40 à 60% du PIB environ), il devient difficile de promettre encore leur augmentation. L’impossibilité d’accroître massivement prélèvements et dépenses fait naître un discours qualifié de social-libéral. La jonction est ainsi faite entre socialisme et libéralisme. Elle se traduit en pratique par des tentatives très modérées de desserrer certaines contraintes règlementaires et par des promesses de maîtrise de la tendance haussière des dépenses publiques, sans aucune baisse des dépenses en valeur absolue. Bien qu’il s’agisse d’une rupture pure et simple avec la doctrine socialiste traditionnelle, de telles mesures sont des modèles de modération.

La droite pseudo-libérale et la quasi-absence de droite libérale

La droite de gouvernement ne se comporte pas très différemment. Les promesses électorales conduisent à clouer au pilori l’interventionnisme public mais l’exercice du pouvoir n’amène jamais une réduction significative des prélèvements obligatoires ou des dépenses publiques. La droite parvient parfois à stabiliser ou à réduire d’un point de PIB les prélèvements, mais cela ne représente en rien une politique libérale. Il en résulte que les piliers du socialisme restent en place : protection sociale publique et parfois monopolistique, fonction publique pléthorique, programmes scolaires uniformes, participations publiques importantes dans de nombreuses entreprises, réglementation publique d’une densité jamais atteinte.

La France est la démocratie occidentale la moins libérale. Les propositions libérales ne s’y sont jamais imposées électoralement. Elles consistent à réduire sensiblement le rôle de l’État et concomitamment à laisser une place plus importante au marché. Mais le marché a toujours été regardé avec suspicion, au moins depuis Louis XIV et l’instauration de la monarchie absolue. Au cours de son histoire, notre pays a toujours privilégié la puissance de l’État. Le seul candidat à l’élection présidentielle se réclamant du libéralisme fut Alain Madelin en 2002. Son score se limita à 3,91% des suffrages exprimés.

Le rêve et la réalité

Sur l’axe libéralisme-socialisme, la réalité politique contemporaine apparaît ainsi comme un compromis. L’État est très puissant économiquement dans tous les pays riches et l’inflation législative et réglementaire est omniprésente. Les théories ont peu de poids face à cette réalité. Elles ne servent qu’à mobiliser les électeurs et à susciter l’intérêt des lecteurs de journaux ou d’essais. Elles appartiennent au domaine de l’onirisme, abondamment utilisé par les professionnels de la politique et des médias. L’avenir socialiste rêvé est fait de justice, d’égalité, de solidarité sous la houlette d’un État tout-puissant. La liberté individuelle est seconde, sinon secondaire. Quant au futur libéral, il se dessine en théorie sur fond de liberté individuelle, d’initiatives sans entraves, de consensualisme généralisé dans un cadre institutionnel d’État minimum.

Tout cela relève de l’hallucination entretenue par les politiciens et les essayistes. Le socialisme rêvé, comme le libéralisme rêvé, n’ont jamais existé et n’existeront jamais. Mais les politiques et les écrivains savent qu’il ne faut pas briser le rêve et réduire le réel au présent constaté. Même si ce présent n’évolue que difficilement, lentement, et qu’à tout prendre un pragmatisme modéré vaut mieux pour les sociétés qu’une succession de crises suscitant le chaos, il faut toujours, par le verbe, donner de l’espoir pour mobiliser les enthousiasmes.

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  •  » Le socialisme rêvé, comme le libéralisme rêvé, n’ont jamais existé et n’existeront jamais. Mais les politiques et les écrivains savent qu’il ne faut pas briser le rêve et réduire le réel au présent constaté. »
    .
    Bien au contraire, il faut briser le rêve et réduire le réel au présent constaté.
    Car il n’y a absolument rien d’autre que le présent constaté, tout le reste n’est qu’imaginaire.
    Le rêve nous rassure et nous satisfait mais il nous permet de ne pas faire l’effort de voir le réel, de voir le présent constatable.
    Ni socialo ni libero ne sont objectifs et ne voient la réalité telle qu’elle est.
    A partir du moment où l’on observe à partir d’un point de vue idéologique, on ne voit pas la réalité, on déforme la réalité pour la conformer à notre rêve.
    La seule opportunité de changement juste est en observant la réalité de manière objective, sans faire intervenir aucune idéologie.
    C’est a dire en laissant parler son cœur et son âme d’enfant, tout en encadrant cela avec la raison d’adulte, mais une raison objective (impersonnelle, sans faire référence à soi ou ses idées chéries, il faut être capable de tout remettre en cause )

    • Justement, et ce n’est pas la 1ère fois, vous mettez socialisme et libéralisme sur le même plan.
      Le socialisme est une idéologie (système prédéfini d’idées à partir desquelles la réalité est analysée).
      Le libéralisme n’est qu’une philosophie du droit cherchant à garantir les droits des individus contre tout autoritarisme en laissant chacun libre de s’exprimer et d’agir dans ce cadre du respect du droit. L’idéologie a une fâcheuse tendance a s’asseoir sur le droit, toujours pour la bonne cause bien entendu!
      Votre post est typique des tenants d’une idéologie qui cherchent à tout prix à réduire le libéralisme à une simple idéologie concurrente.

      • Vous ne retenez qu’un détail de mon discours….
        .
        Que le libéralisme soit une idéologie au sens strict du terme ou pas , n’a pas d’importance. L’effet sur la vie des gens est identique à celui d’une idéologie.
        vous ne remettrez pas en caus:e le capitalisme, la création monétaire, la nature humaine et donc la connivence que pourtant vous décriez tant, et vos sacro- saints droits qui sont peut être « naturels » pour l’égo(ïsme) mais qui ont des implications perverses.
        Le Monde est la résultat de ce que nous sommes individuellement.
        Vous n’êtes pas près à regarder objectivement la réalité hors de vos point d’ancrages.
        J’appelle cela observer à partir d’une idéologie (un mode de pensée) et non observer objectivement.
        Par exemple, l’ego peut et doit être remis en cause.
        Lorsque cela est fait, toute votre logique tombe à plat , comme le socialisme ou le communisme ou toute autre idéologie.
        Pour vous le libéralisme n’est pas une idéologie car vous n’être pas près à le remettre en cause et ne le regardée pas objectivement, sans attache.
        La liberté ne s’enferme pas dans un cadre, vos droit sont restrictifs, d’autant plus qu’ils émanent de l’ego, lui même une prison.

        • « Vous ne retenez qu’un détail de mon discours…. »
          Non, justement. Ce n’est pas un détail. C’est un point fondamental que tous les gens de gauche cherchent à gommer pour passer rapidement aux annonces de grands principes et de lendemains qui chantent… à condition de respecter leurs précepts et modes de fonctionnement nécessitant à chaque fois l’abandon de certaines libertés aux profits de ceux qui « savent ».

          « Que le libéralisme soit une idéologie au sens strict du terme ou pas, n’a pas d’importance. »
          Oh si, cela a de l’importance. Une idéologie embrigade l’individu dans un mode de pensée et restreint ses possibilités de choix. Vous passez une partie non négligeable de vos commentaires à nier cet état de fait. Il serait évidemment dommageable pour toutes les idéologies existantes que les individus en prennent conscience.

          « vous ne remettrez pas en cause le capitalisme, la création monétaire, la nature humaine et donc la connivence »
          La connivence serait la conséquence des trois éléments précédents ? Voilà bien un discours de gauche, qui explique d’ailleurs la volonté de tous les gauchismes de vouloir modifier la nature humaine. Le capitalisme de connivence est l’avatar de l’étatisme. Plus un pays est libéral (au sens économique et politique) moins il y a de capitalisme de connivence, simplement parce que c’est une dépense d’énergie (et d’argent) non rentable.

          « vos sacro- saints droits qui sont peut être « naturels » pour l’égo(ïsme) mais qui ont des implications perverses. »
          La défense des droits naturels n’a jamais entrainé de génocide jusqu’à présent. Le socialisme et ses variantes ont fait des centaines de million de victimes.

          « Le Monde est le résultat de ce que nous sommes individuellement. » Seul point sur lequel nous sommes d’accord.

          « Vous n’êtes pas près à regarder objectivement la réalité hors de vos points d’ancrages. » Lol. Et vos points d’ancrage à vous ? Ils sont plus objectifs ?

          « J’appelle cela observer à partir d’une idéologie (un mode de pensée) et non observer objectivement. »
          Définition qui vous est personnelle mais non démontrée. Quant à l’objectivité d’un idéologue, c’est celle de son idéologie.

          « Pour vous le libéralisme n’est pas une idéologie car vous n’être pas près à le remettre en cause et ne le regardée pas objectivement, sans attache. »
          Je ne le regarde pas comme un idéologue donc, de facto, pour vous, je ne suis pas objectif. Merci d’apparaitre comme ce que vous êtes.

          « La liberté ne s’enferme pas dans un cadre, vos droit sont restrictifs, d’autant plus qu’ils émanent de l’ego, lui même une prison. »
          Suite d’affirmations sans liens de causalité. Si les droits défendus par le libéralisme sont restrictifs, que dire des droits défendus par le socialisme et les différents gauchismes ? Une mise en asservissement d’une partie de la population par une autre ? Lol.

          Merci d’avoir récité vos mentras idéologiques, très gauchisants d’ailleurs. Tout idéologue sait le faire. Vous démontrez que c’est plus difficile d’en faire une construction logique qui se tient. Si vous voulez taper sur le libéralisme, pourquoi pas ? Mais il vous faudra trouver d’autres arguments. On n’est pas sur Paris-Lutte.info ici, ni sur le site de l’Humanité. 
          Bonne journée.

  • Écoute tout ce que disent les communistes sur le capitalisme,c’est vrai.
    Et tout ce que disent les capitalistes sur le communisme,c’est vrai.
    Seulement la différence, c’est que notre système marche parce qu’il est fondé sur la vérité : l’égoïsme humain; le leur ne marche pas parce qu’il est fondé sur un conte de fées : la fraternité humaine.
    Extrait de j’ai épousé un communiste- Philip Roth, écrivain américain mort dernièrement le 23/05/2018.
    Et cela dure depuis 100 siècle et même plus. Je dirais depuis que l’humanité existe.

    • +1/2 🙂
      « Seulement la différence, c’est que notre système marche parce qu’il est fondé sur la vérité : l’égoïsme humain; le leur ne marche pas parce qu’il est fondé sur un conte de fées : la fraternité humaine. »
      Les 2 coexistent en chacun de nous.
      Le plus facile à flatter est l’égoïsme humain…
      sauf que le centre de l’égoïsme, l’ego, peut et doit être questionné, doit être remis en cause; et vous le prenez pour indéboulonnable, c’est là une erreur.
      Méditez et vous verrez.
      Le monde égoïste est ce que vous avez sous les yeux, avec pour conséquence votre connivence tant décriée.
      Vous êtes devant une impasse à ce niveau.
      Un système(le libéralisme tel que vous le prônez) flattant l’égoïsme risque d’enfermer l’humanité dans ce penchant « naturel » et je dois dire que la perspective n’est guère réjouissante.
      N’aspirez vous pas au fond de vous à un monde de fraternité ?
      Il faut bien qu’il y en ai un qui lâche son égoïsme et qu’il commence par être fraternel.

      • Vous confondez le droit à l’égoïsme, dans le respect de la responsabilité et des valeurs de solidarité choisie que peuvent vous dicter votre morale, avec le droit à la spoliation d’autrui du moment que vous en avez l’occasion et les moyens, qui est en effet commun aux systèmes socialo-communistes et à ceux de connivence (en supposant que vous parveniez à trouver des critères pour distinguer les deux).

      • @leham
        Bonsoir,
        Vous en êtes toujours à considerer le libéralisme comme de l’égoïsme, à vouloir des droits pour soi, et surtout plus que le voisin. Ceci est la marque du social-communisme avec ses connivences induites par des privilèges distribués.
        Comme l’a écrit cyde en réponse à un de vos commentaires plus haut, le libéralisme cherche à garantir les libertés individuelles, lesquelles sont au nombre de 4. Ces libertés individuelles sont, dans le libéralisme, reconnues pour tout un chacun et assurent le bonheur de tous. Les libéraux reconnaissent ces libertés à tous et chacun : que ce soit vous, moi, cyde, pascompliqué, MichelO, MichelC, l’auteur de l’article, h16, nathalieMp, ou E. Macron, J-L. Mélenchon ou même Marine LePen.
        Ce sont des questionnements et des constatations qui m’ont amené sur ce site. Ce site a mis un nom et une réponse à ces questionnements et constatations : libéralisme. Ce que véhicule le libéralisme n’est pas ce que je croyais être en place en France.
        Peut-être devriez-vous aller, ou retourner, dans un monastère pour y méditer. Avec quelques dizaines d’euro, vous aurez votre cellule pour votre égo pendant quelques semaines, peu de perturbations, peu de discussions, un très bon niveau d’égalité, de la fraternité en abondance et aucune propriété.

      • La « fraternité’ socialiste et communiste a entraîné des centaines de millions de morts. Cela n’est pas suffisant comme démonstration?
        La fraternité est quelque chose de spontané et volontaire. La fraternité du socialisme est forcée et, in fine, tout à l’avantage de ceux qui ordonnent aux autres d’être fraternel.

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