Par Aurélien Chartier.
Le sujet de l’écart de revenus entre hommes et femmes est devenu depuis quelques années un des chevaux de bataille principaux des féministes modernes. De nombreux politiciens peu rigoureux dénoncent une inégalité criante avec des chiffres effarants montrant que les femmes touchent près de 25 % moins que les hommes. Bien entendu, ces chiffres prennent l’ensemble de la population tous postes confondus, ce qui permet de comparer des pommes et des poires. Autrement dit, la démonstration statistique est peu convaincante.
Inégalité des salaires : des arguments fragiles
Du côté des arguments plus sérieux, on retrouve celui des femmes qui ne sont pas encouragées culturellement à se diriger vers des secteurs payant des salaires importants, tel que les ingénieurs. En effet, l’image typique de l’ingénieur est plutôt masculine. Pourtant, cet argument résiste difficilement à l’épreuve du réel. D’un côté, les pays scandinaves réputés pour leur avance en termes d’égalité hommes/femmes ont une différence toujours aussi marquée dans les choix de métiers. De l’autre côté, l’Inde a un ratio presque égalitaire d’hommes et de femmes chez les ingénieurs en informatique pour un pays où des affaires sordides de viols collectifs sont malheureusement courantes.
Enfin, on entend souvent dire qu’il existe malgré tout une inégalité des salaires entre hommes et femmes pour le même métier. Si on parle d’un écart plus faible, il existe bel et bien un écart que montrent plusieurs études sur le sujet. Une étude de 2017 estime que les femmes gagnent 88 % du salaire des hommes pour un métier similaire1.
Cette étude note que la majorité de l’écart s’explique par le nombre d’heures travaillées ainsi qu’une continuité plus faible des femmes parmi la population active. Autrement dit, les femmes tendent à arrêter leur travail temporairement ou à travailler à mi-temps quand elles ont des enfants, ce qui freine leur carrière par rapport à leurs homologues masculins.
D’autres études plus spécifiques confirment ces explications, que ce soit chez les titulaires de MBA2 ou les pharmaciens3.
Pourquoi une inégalité de salaires chez Uber ?
Tout cela nous amène à une étude très récente qui s’intéresse à ces écarts de salaires chez les conducteurs Uber.
Cette étude réalisée en partenariat avec l’entreprise américaine a permis à deux de ses employés et trois chercheurs de Stanford d’étudier 740 millions de courses par 1,8 million de conducteurs (dont un tiers de femmes) dans 196 villes américaines de janvier 2015 à mars 2017.
L’intérêt principal ici est que certains facteurs habituels du monde du travail n’entrent pas en compte dans la rémunération des conducteurs Uber. Le prix d’une course est le même, quel que soit le sexe du chauffeur et son ancienneté. Ce dernier point est à noter car plusieurs études montrent qu’une partie de l’écart salarial s’explique par le fait que les hommes sont plus agressifs dans leurs demandes d’augmentation4.
La seule possibilité de discrimination reste donc celle des clients à préférer être conduits par un homme ou une femme. John List, un des auteurs de l’étude, avoue d’ailleurs qu’il pensait que ce facteur serait à l’avantage des femmes. Or, il n’existe aucune évidence de discrimination sur ce facteur dans un sens ou dans l’autre. Malgré tout, les résultats montrent qu’il existe un écart considérable de 7 % entre les salaires des deux sexes, ce qui se situe dans la lignée des autres études.
Premier facteur expliquant cet écart selon les auteurs : le choix des heures de travail, ainsi que les destinations. Les hommes ont tendance à privilégier les courses les plus rentables tels que celles vers l’aéroport ou les sorties de boites de nuit. On imagine sans mal que la perspective de devoir interagir seule avec des inconnus alcoolisés dans le second cas décourage de nombreuses femmes.
Second facteur mis en avant par l’étude : l’expérience acquise. Même sans augmentation, les conducteurs Uber apprennent à optimiser leur temps de travail pour optimiser leurs revenus. Or, les femmes ont nettement plus tendance à abandonner leur activité chez Uber. Après six mois, 63 % des nouveaux conducteurs Uber masculins ont abandonné. Ce chiffre monte à 76 % pour les femmes.
Enfin, le dernier facteur explique la moitié de l’écart selon l’étude. Il s’agit tout simplement de la vitesse de conduite. Les hommes conduisent en moyenne 2,2 % plus vite que les femmes, ce qui leur permet d’effectuer davantage de courses et donc d’avoir une meilleure rémunération.
L’économiste Claudia Goldin affirme que les écarts de salaire entre hommes et femmes s’expliquent non pas par la discrimination, mais par la demande de ces dernières pour davantage de « flexibilité temporelle ». Ce concept désigne la volonté de pouvoir organiser ses heures de travail comme on le souhaite. Son étude de 2016 portait sur les pharmaciens, un métier où il est plus simple de travailler avec des horaires à la carte. Les résultats de l’étude ne montraient aucune différence de salaire pour les personnes sans enfants et un écart de 4 % pour les personnes en ayant un ou plusieurs.
L’étude sur Uber rejoint donc ces résultats. Il s’agit d’un métier offrant une liberté complète sur les horaires travaillés. Si on écarte le dernier facteur qui est propre au métier de conducteur, les deux autres tendent à montrer une « flexibilité temporelle » différente entre hommes et femmes.
Un changement attendu ?
Un dernier point intéressant est à noter avec l’introduction des pourboires sur la plateforme Uber. Autorisé depuis peu, cet élément ne fait pas partie de l’étude, bien que les auteurs envisagent d’étudier son impact dans les mois qui suivent. Dans d’autres secteurs où la pratique du pourboire est courante aux États-Unis, il est estimé que les femmes reçoivent en moyenne 10 à 20 % de plus que leurs collègues masculins.
Si ces chiffres se confirment dans le cas d’Uber, ils pourraient bien réduire fortement, voire totalement, cet écart de 7 %. On suivra donc avec attention les futurs travaux sur le sujet.
- Francine D. Blau et Larwence M. Kahn, « The Gender Wage Gap : Extend, Trends and Explanations », Journal of Economic Literature, 2017. ↩
- Marianne Bertrand, Claudia Goldin et Lawrence F. Katz, “Dynamics of the Gender Gap for Young Professionals in the Financial and Corporate Sectors”, American Economic Journal: Applied Economics, juillet 2010. ↩
- Claudia Goldin et Lawrence F.Katz, “A Most Egalitarian Profession: Pharmacy and the Evolution of Family-Friendly Occupation”, Journal of Labor Economics, 2016. ↩
- David Carn, Ana Rute Cardoso et Patrick Kline, “Bargaining, Sorting, and the Gender Wage Gap: Quantifying the Impact of Firms on the Relative Pay of Women”, Quaterly Journal of Economics, 2015 ↩
le débat sur les inégalité de salaire sur base statistique donc collective est de toutes façons le reflet d’une idéologie..
le salaire est individuel.
A la rigueur si un patron payait moins cher un salarié qu’un autre pour des raisons autres que la performance et la rentabilité économique alors le salarié ,si il en est convaincu , peut aller voir ailleurs…et fin du débat.
ce que les gens veulent c’est que les femmes soient payées par la collectivité. pour faire et élever des gosses comme elles le veulent..
l’etat nounou..
Pour compléter votre argumentaire sur le % de femme ingénieures dans différents pays, plus les traditions du pays discriminent les femmes, plus le taux d’ingénieure est important, Inde, pays musulmans, etc. Cela avait été mis en avant pas Thomas Sowell.
Il n’y a pas de plus grande richesse que de mettre au monde un ou des enfants qui perpétuent l’humanité. Il n’y a aucune honte de gagner moins pour élever ses enfants et de s’occuper de son foyer familial. Et si l’homme gagne plus c’est justement pour augmenter le bien être de sa femme et de ses enfants
@ le papet
On est sans doute d’accord:
« à travail égal, salaire égal » Normal!
On comprend bien que cette égalité illusoire, conduise plus souvent la femme que l’homme à s’occuper de sa progéniture! C’est évident et un héritage archaïque!
Donc oui, les femmes sont encore amenées à s’occuper de leurs enfants en lieu et place d’un(e) professionnel(le) anonyme: cela a un coût! Financièrement et dans la progression statutaire!
Et alors?
Cest un choix à faire à 2, entre époux ou succédanés!
Mais un patron paie pour un travail et cotise pour le socio-médical, sans supplément de sa part en-dehors de la loi!
nous avons des chiffres de l’insee plus precis et exhaustifs qui amenent aux mêmes conclusions: l’etude des revenus des medecins liberaux elon le sexe
les medecins sont payes au même tarif il n’y a pas de preference de sexe, au moins pour les spécialistes vu les delais de rendez vous
on ne peut, non plus, accuser je ne sais quel complot machistte.
la différence de revenus ne peut donc s’expliquer que par une moindre implication dans la carriere, se traduisant par le choix de travailler moins.
une conclusion s’impose: dans la plupart des cas, et surtout pour les CSP+ les inégalités proviennent du choix de vie des femmes.
la parite reclamée par les feministes est, selon mon analyse, une escroquerie
@ polisagrater
Non, une escroquerie, c’est exagéré!
Une différence de carrière apparait patente! Mais est-ce injuste? Des absences pour grossesse ou accouchement : salaire ou/et congé d’allaitement, sont à ma connaissance, payées!
Par contre, l’ascension statutaire n’a pas suivi à cause d’une promotion loupée due à des congés (payés) mais choisis par la situation factuelle du salarié, sans perte de son boulot!
Mais que demande le peuple???
le mot est peut etre un peu fort; mais i fait réagir
et la reclamation d’une parite exacte est , elle aussi exagérée puisqu’il y a nettement moins de candidates que de candidats a certains postes
Françoise Giroud avait dit » il y aura parité quant il y aura des ministres femmes incompetente »
il me semble que ce critére est rempli deouis plus de 20 ans
J’ai étudié le sujet attentivement . A Mykonos, dans le milieu de la prostitution. Je puis affirmer que les hommes sont mieux rémunérés .
@ Esprit critique
Oui! et alors?
Il s’agit d’un secteur commercial nullement réglementé: les prix sont forcément libres et non taxés!
Donc vous consommez ce que vous voulez, en assumant les conséquences, évidemment!
de toutes façons il fait un constat..douteux d’ailleurs juste une affirmation, il ne donne pas d’explications,
tout bon féministe peut en trouver une pour vous expliquer que cette rémunération est le résultat de la patriarchie, plus rigolo, si les faits sont en réalité inverses , il vous en ressort une dans l’instant, tout le débat de salaire machin chose est un procès d’intention en vue d’appuyer une idéologie.
et si vous connaissez UNE femme qui gagne moins qu’un homme en faisant le même boulot..faites le lui noter..elle vous répondra qu’elle ne peut rien faire car elle est « exploitée » sans doute…certes mais par qui donc?
un prostitué homme fait il le m^me boulot qu’un prostitué femme?