Paris s’enlise dans la crasse

Une tribune de Jérôme Dubus, élu du 17e arrondissement de Paris.

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Paris s’enlise dans la crasse

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 6 février 2018
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Par Jérôme Dubus.

Plus un jour ne passe sans que la Ville de Paris ne soit pointée du doigt pour la déréliction de ses espaces publics, alors qu’il y a un an déjà, Anne Hidalgo annonçait déjà ne pas vouloir « nier ou contourner ces difficultés ».

Qu’a-t-il bien pu se passer pour que la ville, considérée comme la plus belle du monde, capitale du tourisme mondial, s’enlise aujourd’hui dans la crasse ? Cette question est complexe, mais une chose est sûre : l’enjeu de la propreté urbaine parisienne est en passe de prendre les proportions d’une affaire d’état.

Incurie

Monceaux de détritus accumulés sur la voie publique, chaussée en état de délabrement avancé, multiplication des campements sauvages insalubres et même invasion de rats, dont les attaques se multiplient depuis des mois… Nous nous croirions revenus à une autre époque, où attractivité touristique, développement durable et santé publique n’étaient que de très vagues notions.

Et cela alors qu’à l’approche des Jeux Olympiques de 2024, rendre à Paris la propreté qui lui est due devrait être la première des priorités.

L’exécutif municipal a certes affiché sa volonté de remédier à cette situation, mais ni les moyens alloués, ni les ambitions défendues, ni même les orientations suivies n’ont été à la hauteur des enjeux en présence.

Après celle des rats, faudra-t-il une invasion de sauterelles pour qu’enfin madame Hidalgo prête attention à ce sujet ? Il n’est plus aujourd’hui possible de se contenter béatement de changer de modèle de poubelles publiques, d’embaucher une poignée d’agents et d’augmenter le montant théorique d’une verbalisation inexistante pour espérer compenser 17 ans de réductions budgétaires, de coupes de personnel, de désorganisation des services, d’absentéisme systématique et de vieillissement des engins.

Il semble pourtant que la seconde vague de mesures proposée par l’exécutif, sur la base de travaux menés par la mission d’information, ne soit pas plus novatrice, ni plus efficace. Une goutte d’eau claire jetée dans un océan d’immondices.

Propositions

La Maire de Paris semble purement et simplement incapable d’accorder sa politique de propreté urbaine avec l’évolution des usages des espaces publics et de la population parisienne. Pourtant, la mise en œuvre d’un nouveau plan moderne, ambitieux et adapté aux enjeux globaux comme localisés de la capitale est loin d’être une utopie.

Audit

Le premier enjeu est celui de l’optimisation des moyens existants, concernant la collecte des déchets sur la voie publique et le nettoyage des rues. À ce titre, un audit extérieur complet doit être réalisé sur les coûts et l’efficacité de celle-ci, comparant notamment ses différents modes de gestion : régie directe ou délégation au secteur privé. Les Parisiens ont le droit de connaitre la vérité des coûts. Seule l’efficacité les intéresse en dehors de toute idéologie.

FARP

Dans le même ordre d’idées, cet effort d’optimisation passe également par la prise en compte des urgences diverses des interventions effectuées par les services. Si certaines sont priorisées du fait de leur nature exceptionnelle ou complexe, d’autres plus ponctuelles se retrouvent négligées, bien qu’étant tout aussi nécessaires au maintien de la propreté de Paris.

De facto, il convient d’agir par la création d’une force d’action rapide propreté, la FARP, plus moderne et plus efficace, en liaison systématique avec l’application DansMaRue.

Direction de la maintenance urbaine

Par ailleurs, la mise en œuvre de cette nouvelle direction, incarnée par un adjoint de la Ville de Paris et d’une équipe technique, en liaison avec une organisation symétrique au niveau des arrondissements, semble être une nécessité, afin de poursuivre cette logique de meilleure coordination des interventions des services et de meilleur entretien de l’espace public très négligé.

Dératisation

Enfin, la problématique des rats, émanation directe de la malpropreté des rues de Paris, est une urgence de santé publique et doit être réglée au plus vite par l’adoption d’un nouveau plan massif de dératisation couvrant l’ensemble de l’espace public parisien.

Si l’exécutif parisien n’a plus ni idée ni volonté concernant la propreté urbaine, cet enjeu ne saurait passer au second plan plus longtemps, car il en va du rayonnement de Paris, en tant que capitale moderne, saine et attractive.

Anne Hidalgo le disait d’ailleurs elle-même : « la propreté est au cœur d’enjeux essentiels pour une ville-monde au XXIe siècle ». Le XXIe siècle ne fait que débuter : il n’est donc pas encore trop tard pour le prouver.

Voir les commentaires (23)

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  • Allez donc à Londres, New York, Tokyo, Hong Kong… qui sont des villes beaucoup plus grosse que Paris et jamais vous ne verrez un tel merdier. Et je ne parle pas de Singapour où on pourrait littéralement manger par terre tellement c’est propre.
    Sûrement que tous ces gens là sont bien plus conscients du bien commun et que directement ou indirectement ils payent le nettoyage.
    CONTREPOINTS => Passage supprimé, merci d’éviter les insultes dans vos messages.

    • il ne faut pas généraliser.

      • Si c’était le fait d’une minorité Paris ne serait pas dans cette état.
        Il y a un vrai problème de respect de l’autre et du bien commun en France.

        Il faut peut-etre pas généraliser mais avez-vous appris à vos enfants à ne pas mettre les mains sur les vitrines des magasins ? Si vous êtes fumeur/fumeuse jetez-vous toujours votre mégot dans une poubelle ? Quand il n’y en a pas (de poubelle) et que vous avez un papier à jeter, attendez-vous d’être chez vous pour le jeter ?
        La propreté ça commence par ça…

        • Oui, non fumeur, et oui, toujours. Et j’enseigne la même chose à mes enfants, comme mes parents l’ont fait avec moi.
          Comme dit plus haut, il ne faut pas généraliser. Le problème de la propreté, c’est qu’une minorité peut très facilement mettre un sacré bazar – typiquement, il suffit d’une famille crade pour pourrir un endroit…

          • Anagrys, vous confondez certaines notions et ne saisissez pas ce qui a été dit, par inculture. Parce que lorsque Pixys cite Singapour, ce n’est pas par hasard, puisque c’est une ville-état modèle.
            Ainsi, il est certain qu’aucune minorité ne peut  »mettre le bazar » où que ce soit, dès lors que les services publics sont stricts.
            C’est donc l’antithèse de Paris, ou l’incurie règne. Sauf quand cela rapporte, ce qui est l’autre face de l’incurie.
            Alors, lisez, et renseignez-vous avant d’émettre un avis. Ce serait tellement plus judicieux.

  •  »La Maire de Paris semble purement et simplement incapable… »
    Bon, d’accord, vous avez un peu développé l’idée !

  • mame hidalgo est sur une mauvaise pente…..celle des sondages qui la concerne ….les parisiens ne veulent plus d’elle ;

    • @véra

      si c’est pour élire le prochain socialiste venu, à quoi sert votre rengaine ?

    • Les parisiens n’en ont jamais voulu, ils ne l’ont d’ailleurs jamais élue, y compris dans son arrondissement. Seulement voilà, a Paris, on n’élit pas le maire, on laisse la décision à une bande organisée… le maire de Paris est en fait un sénateur de quartier… a qui on donne le droit de s’affranchir de la chienlit quotidienne en se pavanant devant les gens biens… Pour la gestion du quotidien, et bien, il y a bien des gens pour ca , qui ne sont surement pas élus… c’est pas assez gratifiant comme job 🙂

  • Cette saleté parisienne ne serait elle pas une légende urbaine ?

  • Et si des contractuels privés faisaient mieux respecter l’amende de 68€ pour jet de détritus?
    https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F31963

  • Et que dire des chiens dans nos villes, qui déversent des milliers de litres d’urine et des tonnes de caca journaliers à même le trottoir, sous le regard peu scrupuleux de leurs maîtres ? Passé 22h00, quand le citadin somnole, ils sont peu nombreux à se courber pour ramasser les déjections de leurs toutous chéris… Triste réalité que de voir ces animaux enfermés dans des espaces réduits et à sortir pour faire leurs besoins… Dans mon quartier, c’est un véritable champ de mines qui pose des problèmes de salubrité publique.

    • Et c’était bien pire il a 30 ans, il y a beaucoup moins de chiens aujourd’hui.
      Souvenez vous de Chirac et de ses moto-crottes.

  • En 2024 A.Hidalgo ne sera plus maire de Paris et en bonne socialiste qu’elle est , elle aura refilé le bébé avec l’eau du bain sale et sans couche culotte

  • On dirait bien que les rats sont à Paris ce que le serpent était au paradis. Un fauteur de trouble, voire l’inquiétante figure du mal.
    Pourquoi ne considère-t-on pas ces animaux comme les pigeons, à qui l’on donne parfois du pain dans les jardins publics ?
    Si à Paris, ils sont devenus synonyme d’incurie, dans certains endroits du monde, ce sont des animaux sacrés :
    http://inde.piganl.net/deshnok/temple.html

    • « Particularité du temple, il abrite des milliers de rats qui sont vénérés par des millions de visiteurs qui voient ces animaux comme étant la réincarnation de leurs défunts. »
      De ce passage de l’article dont je viens de donner le lien, il ne faudrait pas se laisser aller à la facilité, en supposant que les rats parisiens sont la réincarnation des écolos-socialistes défunts…

    • Bonne remarque, il y a beaucoup trop de pigeons en ville, il faudrait en limiter le nombre.

  • Cette situation ne gêne nullement les Parisiens : ils reconduisent leurs maires socialistes depuis plus de 20 ans. Pourquoi en faire une histoire : ils ont ce qu’ils ont choisi d’avoir.

  • nouveau mode de vie …chacun pour sa gueule !!!
    Rien à foutre des autres !!!!

  • Si les rats prolifèrent, c’est que cet environnement écologique leur convient parfaitement. Je ne vais pas accuser les écolos, quoique…. Un fait est sûr, c’est que la capacité de nourriture de ces bestioles a du augmenter sérieusement, mais où et quoi? Voilà les questions.

  • « 17 ans de réductions budgétaires, de coupes de personnel » vous auriez du préciser dans les domaines du nettoyage
    Effectif sous Chirac 22 000 agents (fonctionnaires) Hidalgo 55 000 ! ! ! , la hausse est astronomique !

  • Les commentaires sont fermés.

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