Propreté de Paris : les factures, les rapports et les rats s’accumulent

La Capitale, envahie par les rats, bénéficie maintenant d'un rapport payé et commandé par la Mairie ET d'un rapport parallèle produit par d'autres édiles. Devant tant d'ardeur et tant le contribuable supporte, les rongeurs peuvent continuer à trotter.
Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Propreté de Paris : les factures, les rapports et les rats s’accumulent

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 2 février 2018
- A +

Traditionnellement dans ce pays, le vendredi est plutôt le jour du poisson. Cependant, ce vendredi-ci, à la faveur d’une actualité très humide, je vous propose plutôt du rat et de l’âne.

Ces dernières semaines, il a beaucoup plu. La Seine s’est donc naturellement gonflée. Ses berges peu entretenues et de plus en plus encombrées des aménagements humains qui la contraignent fort ont pas mal contribué à l’augmentation du niveau des eaux au point d’inquiéter la capitale du pays dont les doigts de pieds ont commencé à tremper.

Parallèlement, savamment entretenue dans une crasse indigne par des générations de syndicalistes, de politiciens dogmatiques et de fonctionnaires déresponsabilisés, la Ville a vu ces dernières années sa population de rats et d’autres parasites des sociétés humaines exploser au point qu’on constate maintenant leur présence bien au-delà des seuls laboratoires de l’institut Pasteur (ou de ceux de Volkswagen dont la rupture de stock les a sans doute poussé à prendre des sociali singes).

Et si la plupart de ces parasites n’ont pas eu à souffrir des crues soudaines (c’est le cas des agents de verbalisation qui ont pu continuer leurs rondes sans problème), il en va différemment des rats qui, repoussés par les eaux hors des égouts, sont devenus nettement plus visibles ces dernières semaines au point de faire grogner un peu partout dans les journaux. Apparemment, la Seine et ses inondations ont un bras séculier et le glaive rongeur…

J’avais d’ailleurs évoqué le problème dans un précédent billet en me demandant ce qu’allait bien pouvoir faire pour résoudre ce problème récurrent une équipe en place depuis des années et qui n’a pour le moment montré ni sa capacité d’action, ni un historique particulièrement flamboyant en matière de gestion de l’hygiène en général et les rats en particulier.

Question qui n’est pas restée en suspens très longtemps puisqu’un début de réponse se profile déjà : on apprend en effet, par le truchement du journal Le Canard Enchaîné et du magazine Capital, que la Maire de Paris, Anne Hidalgo, a organisé des conférences citoyennes sur la propreté des rues.

Cependant, quelques détails rendent l’affaire particulièrement poivrée (et quand on parle de rats, il vaut mieux, ça occulte certaines odeurs) : afin de mettre en œuvre la volonté de la Maire d’impliquer davantage les citoyens dans son plan propreté de mars 2017 (le troisième depuis son élection), Anne Hidalgo a fait organiser des conférences citoyennes dans ce thème, soit sept commissions de 15 habitants chacune. On attend les marches exploratoires sur le thème avec gourmandise.

Avec son phrasé inimitable et si spécifique de la nouvelle logorrhée socialiste, à la fois creuse et pleine d’adjectifs agressivement niais, la Maire souhaitait alors « faire émerger de belles propositions » pour rendre à Paris une hygiène un tantinet plus en ligne avec son statut de grande capitale touristique.

Or, l’émergence a un coût : 224 580 euros selon un rapport d’une mission d’enquête du Conseil de Paris. Plus de 200 000 euros qui couvrent bien sûr l’organisation de ces intéressantes réunions de quartier depuis l’automne dernier mais aussi la réalisation d’un rapport dont les résultats méritent un détour dont nous fait profiter Le Canard, avec par exemple une conclusion qui laisse songeur puisqu’on peut lire dans le document de 14 pages que, je cite, “la perception de la propreté à Paris se fonde en négatif sur des constats relatifs à la malpropreté”, probablement pour dire en plus diplomatique que Paris est devenu assez crado.

Le montant de l’addition reste particulièrement salé pour un document de 14 pages dont on se doute qu’il contient quelques belles évidences et qui ne risque pas de révolutionner la gestion des parasites, la dératisation en milieu urbain et les idées en matière de poubelles, d’égouts et de détritus. Cependant, cette addition, ce document et ces comités de quartiers vitaminés animés par l’Anne de Paris s’ajoutent en pratique à une précédente mission d’information et d’évaluation (MIE) sur la propreté de la ville, qui n’a elle pas coûté un rond aux contribuables et avait déjà effectué le gros du travail que la Mairie s’est empressée de lancer en parallèle.

Comme nous l’apprend cet article du Figaro, il apparaît en effet que cette MIE, lancée par Florence Berthout, maire Les Républicains du 5e arrondissement de la capitale, a auditionné, sur l’année écoulée, 78 maires d’arrondissements, adjoints, bailleurs sociaux, représentants de syndicats hôteliers, et d’autres, pour collecter leurs constats et idées sur la propreté de la ville, aboutissant à un rapport de 232 pages et 45 propositions.

La conclusion de la présidente de cette MIE est sans appel :

90 % de ce qui est dit dans cette étude est […] présent dans notre rapport. On a bâti des propositions concrètes sur le ‘moins salir’ et le ‘mieux nettoyer’

Oui, vous l’aurez compris : on a donc dépensé une coquette somme pour rassembler des données et des idées, pardon, de « belles propositions » sur un sujet qui avait déjà été traité et qui avait déjà permis l’élaboration d’un épais document dans lequel se trouvaient déjà des propositions concrètes.

Propositions concrètes qui, sans surprise, reviennent à passer le balai… dans certaines pratiques depuis celles concernant l’absentéisme chez certains agents de la municipalité et les sanctions afférentes, jusqu’au processus décisionnel trop complexe nécessitant une vraie simplification. Comme tout ceci provient de l’opposition, cela n’a probablement aucune chance d’aboutir à quoi que ce soit de concret auprès d’une Maire aussi dogmatique qu’arc-boutée sur ses procédés dilatoires. De réunions en comités, de happenings festifs et citoyens en commissions consultatives colorées, les discussions vont donc âprement continuer pour savoir qui va nettoyer la capitale, quand et comment.

En attendant, les rats de Paris dansent.
—-
Sur le web

Voir les commentaires (12)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (12)
  • Les rats sont dans Paris et les ânes à la Mairie!

  • Si j’ai une « belle proposition » à faire à madame Hidalgo c’est de se sortir les doigts des poches, à commencer par celle des citoyens, et de les plonger sans attendre dans le cambouis.

  • Les rats étaient loin de Paris
    En Croatie, en Germanie

    Les rats ont regardé vers Paris
    De Croatie, de Germanie

    Des rats sont entrés dans Paris
    L’un par Issy, l’autre par Ivry

    Cent rats sont entrés dans Paris
    Soit par Issy, soit par Ivry

    Les rats ont envahi Paris
    Soit par Issy, soit par Ivry

    Je ne sais pas quand, ni même si, le dernier couplet s’appliquera !

  • Anne Hidalgo, ne sachant pas venir à bout de toute cette saleté, vous faites œuvre de bienfaisance en lui passant un savon !

  • Les rats sont entrés dans Paris, toutes sortes de rats…Certains, hélas, s’y complaisent.

  • Quel dommage de s’acharner ainsi sur les rats. Ce sont des animaux très intelligents, qui, bien employés, pourraient nous débarrasser des détritus qui encombrent la ville, du fait de l’inaction des pouvoirs publics.
    J’ai beaucoup plus de sympathie pour ces petites bêtes que pour les grosses, bien plus nuisibles, qui s’agitent à la mairie…

  • j’ai ouïe dire que les rats éliminaient plusieurs tonnes de déchets et de détritus dans les grandes villes ; en fait , ils nettoient les villes ; et puis si les gens étaient moins sales , de rats il n’y auraient point ;

    • En gros, les Parisiens seraient les premiers responsables de l’omniprésence des rat.te.s chez eux. J’ai tendance à être d’accord.

      • La présence des rats est surtout liée ..au tout à l’égout,c’est là qu’il trouve sa nourriture,rarement en surface …c’est pas la faute des parisiens mais de ….romains.

  • Mais le rat, c’est du bio, tout comme les petites bestioles microscopiques qu’il véhicule, non ❓

  • En écologiste convaincue , pourquoi veut-elle supprimer une espèce ( protégée?) qui participe à la biodiversité ?

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Mardi 27 février, Florian Grill, le président de la Fédération française de rugby, menaçait de délocaliser les matchs du XV de France hors du Stade de France à l'occasion d'un entretien à l'AFP. Le bras de fer entre la mairie de Paris et le PSG au sujet du Parc des Princes avait, lui aussi, connu un nouveau rebondissement le mois dernier : l’adjoint écologiste à la mairie de Paris, David Belliard, ne souhaitait pas le voir vendu au Qatar. Le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi s’en était ému, accusant à demi-mot la mairie de Paris de racisme.... Poursuivre la lecture

4
Sauvegarder cet article

Une fois de plus, Anne Hidalgo a transformé deux bonnes idées en un échec cinglant. Les Parisiens expriment depuis longtemps leur souhait d’être écoutés par leurs élus sur des enjeux locaux au cours du long mandat municipal de six ans. C’est particulièrement vrai pour les enjeux de densification et de mobilité qui sont au cœur du dynamisme d’une ville comme le rappelle Alain Bertaud, urbaniste de renommée mondiale et directeur de recherche à l’Université de New York. Il n’était a priori pas absurde de solliciter les Parisiens sur ces sujets.<... Poursuivre la lecture

Anne Hidalgo
10
Sauvegarder cet article

Par Aurélien Véron, élu LR à la Ville de Paris.

Un nouveau Plan Local d’Urbanisme a été voté par le Conseil de Paris le 5 juin dernier.

Il traduit en filigrane la nouvelle ambition d’Anne Hidalgo : faire de Paris la première ville-monde décroissante. Ce gosplan foncier vise à verrouiller les règles d’urbanisme de la capitale au lieu de lui permettre d’évoluer en fonction de ses activités sociales et économiques, et d’intégrer les innovations urbaines et architecturales à venir en matière climatique.

Cette stratégie a comm... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles