La grève des riches va-t-elle s’étendre en dehors de la Catalogne ?

Nous assistons à une montée de la réticence des populations à financer la redistribution des richesses par un État central obèse. C’est une véritable révolte contre le socialisme et le centralisme.

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La grève des riches va-t-elle s’étendre en dehors de la Catalogne ?

Publié le 16 octobre 2017
- A +

Par Simone Wapler.

Nous vivons en démocratie, dans un système selon lequel une tête = une voix.

Rappelons que ce principe n’est pas une évidence, que les cités grecques pratiquaient une démocratie censitaire et étaient aussi peuplées d’esclaves qui ne votaient pas.

Si une majorité paie pour une minorité, ce type de démocratie « une tête = une voix » ne pose aucun problème. La majorité débat et s’accorde sur les aides et l’addition ; la minorité reçoit.

Grève des riches : quand une minorité paie pour la majorité ?

Dès lors qu’une minorité paie pour une majorité, ce système ne tient plus la route. La majorité qui reçoit quelque chose en voudra toujours plus tandis que la minorité qui donne a une capacité limitée.

« Pas de taxation sans représentation » : la guerre d’indépendance américaine a commencé avec ce slogan. Les Américains payaient pour l’Angleterre sans avoir de représentants au Parlement.

Mais l’inverse peut être dit : « Pas de représentation sans taxation ». Les voix de ceux qui ne paient rien mais reçoivent sont-elles nécessairement légitimes ?

Les capacités de la minorité ont été dépassées et nous sommes arrivés à la limite. C’est ce qui explique l’augmentation phénoménale de la dette publique dans la plupart des pays développés et démocratiques.

Une grève des riches ailleurs qu’en Catalogne ?

Cette dette finance des dépenses de « redistribution » des « transferts sociaux » qui dépassent largement les moyens de ceux qui payent – et même les moyens des générations futures.

Pour ne pas faire défaut, il faut forcer les taux d’intérêt à des niveaux dérisoires qui pénalisent les épargnants.

D’où cette tentation de « grève des riches » auquel nous commençons à assister en Europe.

Les Catalans disent qu’ils ne veulent pas payer pour les Espagnols.
Les Vénitiens et les Milanais renâclent au mezzogiornio.
Les Flamands ne veulent plus gaver les Wallons.
Les Écossais souhaitent garder la rente pétrolière pour eux…

D’une façon générale, les gens n’aiment pas payer pour ce qui est lointain et sans en voir les résultats.

D’une façon générale, les petites copropriétés sont mieux gérées que les grands ensembles.

D’une façon générale, plus les décisions sont prises à un échelon local mieux c’est. Chacun constate assez vite les effets des mauvaises décisions qui ont plus de chances d’être corrigées rapidement.

Bien entendu, un sentiment national ne tient pas à une comptabilité nationale. Mais les bons comptes font les bons amis et indépendance et autonomie sont deux choses différentes.

L’heure des comptes approche

Si la « grève des riches » tend à remettre en cause des principes de redistribution aveugle et d’assistanat permanent avec « l’argent des autres », tant mieux.

Si la « grève des riches » conduit à réfléchir sur le rôle de l’État central et son emprise sur l’économie, tant mieux aussi.

Si la « grève des riches » tend à faire revenir plus d’autonomie, encore mieux. L’Europe de ses débuts avait posé le principe de la subsidiarité selon lequel « la responsabilité d’une action publique, lorsqu’elle est nécessaire, revient à l’entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action ». Ce principe a été piétiné.

Comme disait Margaret Thatcher : « le socialisme ne dure que jusqu’à ce que se termine l’argent des autres ».

Le recours à la dette publique et à un système monétaire et bancaire intrinsèquement malhonnête a permis de maintenir les illusions alors que « l’argent des autres », le vrai capital gagné par les contribuables, était épuisé.

L’heure des comptes approche car même à taux zéro, de plus en plus de ménages comprennent que la dette est insoutenable.

Les Allemands le savent et Emmanuel Macron a peu de chance de voir aboutir son grand projet de « budget de la Zone euro ».

Pour plus d’informations, c’est ici.

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  • Les Catalans disent qu’ils ne veulent pas payer pour les Espagnols………C’ est plus compliqué que celà car parmis ces catalans séparatistes, les plus radicaux sont des enragés extrême gauche qui veulent carrément instaurer une république socialiste catalane. Au final les catalans les plus riches ne veulent plus se séparer de l’ Espagne capitaliste. Vous n’ avez qu’ à lire le programme des indépendentistes radicaux du parti CUP pour comprendre…..

    • Tout à fait d’accord avec le commentaire ci-dessus. En Catalogne c’est plutôt l’effet inverse. Les riches partiraient en cas d’indépendance.
      J’ajouterais qu’en Belgique les revendications flamandes étaient d’abord culturelles, et ont été aujourd’hui largement rencontrées. Il n’y a que 25% des flamands qui veulent l’indépendance « à tout prix ». Les autres s’en fichent même si une partie est susceptible de rejoindre le camp indépendantiste pour des raisons économiques – et encore pas tellement à cause de l’existence de transferts entre le Nord et le Sud mais à cause de la façon dont l’argent dans le Sud est utilisé.
      En bref, je ne crois pas du tout que la grève des riches se manifeste de cette façon. Elle se fait bien davantage par l’émigration (bonjour à tous les français de Londres). A la limite, elle peut être un élément mineur dans le cadre plus large d’une revendication autonomiste, mais c’est tout.

      • Autant de revendications autonomistes ou indépendantistes, autant de cas spécifiques, comme le montrent quelques exemples :

        1 – La querelle entre Flamands et Wallons tient fondamentalement au fait que la Belgique n’existe pas (à part quelques  » agrafes  » comme le roi et Bruxelles) et que l’organisation territoriale (des régions aux frontières intangibles) contraint de plus en plus souvent des gens qui ne s’aiment pas à cohabiter (cf. les querelles linguistiques, notamment à l’école, qui oscillent entre le grotesque et l’odieux).

        2 – Dans le cas du Québec, seule une indépendance pleine et entière (qui n’empêchera évidemment pas la signature d’accords avec le Canada et d’autres pays) peut garantir le maintien de l’identité linguistique et culturelle de ce peuple qui a si longtemps enduré persécutions et humiliations (il y a 50 ans, des anglophones répondaient  » Speak white !  » aux francophones qui voulaient s’exprimer dans leur langue) ; en effet, en dépit des indispensables lois linguistiques, une partie non négligeable des immigrants s’agglomèrent aux anglophones du Québec et on peut craindre que les francophones deviennent à terme minoritaires chez eux.

        3 – Le démantèlement brutal de la Yougoslavie dont les Serbes ont fait les frais (voir l’affaire du Kossovo – au passage, avec 2  » s « , comme dans tous les livres de référence (Braudel…) avant qu’on adopte la graphie étasuno-otanesque : car, avec 1  » s « , ça se prononce  » Kozovo  » – qui a pu se séparer de la Serbie alors que le nord de ce territoire à majorité serbe n’a pas eu le droit de se rattacher à la Serbie), 50 ans après les horreurs qu’ils ont endurées (cf. les crimes des oustachis croates, des SS recrutés dans d’autres groupes, etc.), ce démantèlement catastrophique aurait peut-être pu être évité par un redécoupage de la Yougoslavie en 30 ou 40 cantons et la mise en place d’un système de type suisse à la place des 6 républiques et 2 territoires aux frontières trafiquées par Tito et, de toute façon, impossibles à fixer justement (plus d’un million de couples serbo-croates en 1991 : allez tracer une frontière  » juste  » avec cela !)

        Conclusion : gare aux affirmations péremptoires – et souvent ignares –
        sur ces questions complexes, sensibles et parfois douloureuses…

  • Ce n’est qu’une histoire de gens voulant plus de pouvoir et utilisant la populace pour arriver à leur fin..le côté culturel…..bof , la maffia corse l’utilise depuis des années pour être libre d’agir .

  • nous avons intérêt à nous réveiller. ..nous ne sommes pas l’abri …
    il faudra virer dans un avenir proche ces abrutis ,prêt à tout pour garder leurs privilèges !!!

  • Simone Walper fait parti de ce courant des libertariens adeptes du catastrophisme: « Le système est foutu il va s’écrouler ».
    Tomber dans ce genre d’argumentaire les décrédibilise. Bien sûr que l’on peut être très critique envers le système actuel (ne pas l’aimer), que l’on peut être pessimiste sur l’avenir,..mais il faut arrêter le catastrophisme (qui est répandu chez certains libertariens) nous promettant un effondrement total du système. C’est totalement faux. Et cela décrédibilise tout le reste. Car ils peuvent dire des choses intéressantes, ils peuvent faire des critiques intéressantes sur le système mais leur catastrophisme s’est lassant.

    En plus, le nationalisme catalan (et même chose pour les autres nationalismes que vous citez) n’ont rien à voir avec le fait de refuser de payer pour les autres. La preuve s’ils devenaient indépendants ils seraient perdants économiquement (tout le monde serait perdant). C’est juste un argument des nationalistes destiné à convaincre la masse, à convaincre l’électorat.
    Prenons l’exemple de la belgique. Si on suivait votre logique les flamands ne voudraient régionaliser que les compétences où cela leur permettrait d’économiser de l’argent. Or, ils ont voulu (et obtenu) la régionalisation de compétences (comme l’énergie) où cela n’avait aucun sens économique. Depuis la régionalisation de l’énergie, les coûts ont explosés. Tout le monde ( à commencer par le contribuable flamand) est perdant de cette régionalisation.
    Ne pas payer pour les wallons est un argument électoral ce n’est pas leur motivation profonde.
    Par sécession des riches, moi je pense à sécession des gens riches. Ici on parle des régions riches. C’est très différent. Le titre porte à confusion.

  • Une partie des indépendantistes catalans, le SNP écossais,.. veulent partir pour mener une politique plus à gauche (et plus anti riche). Croyez vous vraiment que leur motivation c’est de ne plus payer pour les autres ?? Bien sûr que non

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