Université : ce tirage au sort qui va détruire l’avenir des bacheliers

Alors que le deuxième tour des admissions post-bac a commencé lundi, la sélection par tirage au sort dans les filières les plus demandées crée un sentiment d’injustice.

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Université : ce tirage au sort qui va détruire l’avenir des bacheliers

Publié le 28 juin 2017
- A +

Par Jean-Yves Naudet.
Un article de l’Iref-Europe

Les médias ont mis en avant le cas de l’Ile-de-France, où sont restés sur le carreau 857 candidats pour lesquels la médecine était le premier choix, car ils n’ont pas été tirés au sort.

Comme le cas est emblématique, le cabinet du ministre a promis de trouver une solution, ce que contestent les universités qui n’ont ni les amphis, ni les enseignants pour les accueillir. On a moins évoqué la province. Le cas d’Aix-Marseille est représentatif.

L’université a rassuré en disant que tous les bacheliers de l’académie seraient admis à s’inscrire, mais a ajouté que pour les autres, un tirage au sort serait envisagé, d’autant plus qu’il y a beaucoup de redoublants en médecine : beaucoup de candidats doivent s’y reprendre à deux fois pour réussir dans cette filière.

Le tirage au sort devrait concerner par exemple 500 candidats varois, relevant de l’académie de Nice et souhaitant faire leurs études à Marseille. Prenons un bachelier S de Toulon : il peut souhaiter aller à Marseille plutôt qu’à Nice, soit parce qu’il juge la Faculté plus cotée, soit en raison de la distance (65 km Toulon/Marseille, 150 Toulon/Nice).

Comme il n’est pas de la « bonne » académie, il risque d’être soumis-et recalé- au tirage au sort, alors qu’un Avignonnais titulaire d’un bac pro est automatiquement admis à s’inscrire, sachant que ses chances de réussir sont nulles (99% des reçus en fin de 1ere année ont un bac scientifique).

L’Université réclame, au minimum, de remplacer le tirage au sort par des prérequis en adéquation avec la discipline choisie. Pendant ce temps, pour certains IUT qui, eux, ont le droit de sélectionner, on peut avoir 3000 candidats pour 100 places : ainsi une filière courte est sélective sur critères académiques, mais, pour une filière longue, c’est le tirage au sort qui décide. Ubu est au pouvoir !

Le symptôme d’une université fonctionnarisée et étatisée

Que va faire le gouvernement ? Pour cette année, il gagne du temps, et espère qu’entre les échecs au bac et les changements d’avis, il ne restera que peu de filières concernées. Pour la suite, la ministre de l’Enseignement supérieur a dit qu’elle avait pour objectif d’éliminer le tirage au sort.

Mais d’une part elle voit une solution dans l’augmentation des moyens (comme si tout le monde avait vocation à faire n’importe quelles études), d’autre part elle veut « travailler sur l’orientation » par exemple en affichant les taux de réussite par bac !

Le gouvernement doit trancher

Pendant la campagne, Emmanuel Macron avait envisagé de recourir aux prérequis. On le voit, cela reste flou pour l’instant, par peur de provoquer des manifestations de syndicats dominés par l’idéologie (comme l’UNEF) pour qui la sélection est un mot tabou, alors que c’est la règle dans toutes les grandes universités étrangères (et en France dans les grandes écoles). Il faudra bien que le gouvernement tranche, car le refus d’une sélection sur critères objectifs conduit à une sélection arbitraire.

Faut-il s’étonner que les universités françaises soient si mal classées sur le plan international ? Elles n’ont pas d’autonomie financière, elles ne peuvent fixer leurs tarifs librement, ni recruter les étudiants de leur choix, ni décider de la rémunération de leurs enseignants, le tout reposant sur la fiction de diplômes nationaux de même valeur dans toutes les universités ! L’IREF, qui défend autonomie et concurrence et qui propose de défonctionnariser  et désétatiser  l’Université sera particulièrement vigilant sur ce dossier essentiel pour l’avenir du pays.

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Voir les commentaires (25)

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  • Par qui va étre organisé ce tirage au sort?
    Je suggère » la Française des jeux »
    Et bien sur par grattage….

  • Bonjour,
    remplacer la sélection objective par la sélection par le hasard, c’est un aveuglement idéologique grave.
    Le nouveau ministre a l’air pas mal. Il faut lui demander d’arrêter ce système ahurissant. J’ai vu passer une pétition en ce sens. J’ai signé. ça envoie toujours un message dans le bon sens ! http://www.citizaction.fr/petition-tirage-au-sort-universites/

  • Choisir la bonne filière et la bonne université est une question de chance vu le déchet des la première annee. Que disent les probabilités en cas d’ajout du tirage au sort pour sélectionner les admis ?

  • On est à ce point hostile à tout élitisme, donc au choix selon le niveau de compétences, qu’on en vient au tirage au sort!
    D’une part, on donne le bac à au moins 30% trop de jeunes, qui trouveraient des emplois dans les métiers techniques ou manuels, tout aussi nobles que les autres, d’autre part, on ne forme pas assez d’ingénieurss et de scientifiques.
    Bref, comme dans tant d’autres domaines la France a tout faux.

    • @gerald555
      Vu ce que gagne un inge en France (et les autres scientifiques c est encore pire), c est pas etonnant qu il y a une desaffection et que les jeunes veuillent faire medecine…
      Franchement, aller travailler pour un marchand de viande (SSII) c est quand meme pas l ideal

      • Deux choses : un informaticien peut toujours créer sa propre société aujourd’hui, sans gros capitaux. Les petits marchés de niche très rentables sont nombreux, il faut juste être un peu créatif et ne pas vouloir rester à moins de 50km de la maison de son enfance et bloqué dans les disciplines apprises à l’école.
        Pour ce qui est des médecins, s’il y a bien une profession de « prestige » qui ne paie plus, c’est celle-là !

  • Tout à fait d’accord Gerald555, pour aller dans votre sens, le bon modèle est le modèle Suisse (où avoir le bac est mêmes mal vu !) avec un tri très tôt dans la scolarité entre les « manuels » et les « intellectuels », d’où une compétitivité hors coût de haut niveau, car moins d’énarques ou de polytechniciens brasseurs de vent mais plus de techniciens et d’ingénieurs de haute volée. Dans cet esprit, on pourrait déjà supprimer le lycée unique en rendant le brevet des collèges très sélectif. (PS je ne suis ni Suisse ni « manuel »).

    • @Gerald555 et @victor pivert
      En France nous avons le collège unique qui se fait sans redoublement, sans notation, depuis cette année. Peut-être cela va-t-il changer ? Les élèves en difficulté scolaire se coltinent des cours jusqu’au Brevet : une souffrance pour eux. Le Brevet des Collèges ne sert à rien. Avec ou sans on quitte le collège pour ailleurs. Quand je l’ai passé, il permettait l’accès au lycée, en cas d’échec on redoublait la 3ème pour le repasser. Je vois le niveau de lecture et d’écriture actuel, je me dis qu’il faudrait même réinstaurer le Certificat d’Etudes qui ouvrait la voie au collège.

      • Quand j’étais petit, en 5e, j’ai eu la possibilité de passer le Certificat d’Etudes Primaires et Élémentaires.
        Cet examen avait été supprimé depuis un bout de temps, il était facultatif, sans incidence sur la scolarité.
        Mes parents m’ont incité à le passer…
        J’ai du apprendre des choses qui avaient déjà disparu du programme, ou que l’on ne pratiquait plus : calcul mental, récitation, liste de tous les rois de France avec leurs dates de règnes, liste des dates marquantes de l’Histoir, liste de tous les départements, préf et sous-préf et localisation sur une carte, « problèmes » de calcul, longueur des fleuves de France, composition de français, conjugaison, etc.
        Ce fut l’examen le plus difficile de ma vie tant le programme en était chargé de choses déjà plus enseignées.
        Aujourd’hui, si je peux en juger, sa difficulté correspondrait à celle du BAC…
        Effarant !

  • « L’IREF, qui défend autonomie et concurrence et qui propose de défonctionnariser et désétatiser l’Université sera particulièrement vigilant sur ce dossier essentiel pour l’avenir du pays. »
    Pourquoi ne montez-vous pas votre propre université privée, pour mettre en place tout cela ?

  • Tirons les épreuves olympique au sort, les politiques au sort, les entretiens d’embauche etc…

  • De toutes façons la plupart des familles ont renoncé (troisième génération de dégénérés depuis Mai 68…). Tout ces débats n’ont donc plus beaucoup d’importance à ce stade. Les enfants de famille riches et à potentiel iront faire leurs études à l’étranger, pour ne plus revenir, et basta. Merci à M. Bourdieu et ses zélotes qui ont gâché notre jeunesse et donc notre peuple.

  • je ne comprends toujours pas pourquoi un tel engouement pour les études médicales en France… se coltiner 2 concours très difficiles, des études très longues ou vous êtes esclave de l’hôpital pendant près de la moitié de celles ci… alors que vous pouvez aller dans les pays de l’est faire vos année d’ études pépère et avoir le même diplôme à la fin (merci l’ Europe) juste en sortant le chéquier ?

    en fait je crois que c’est le but caché du gouvernement, faire des économies en faisant assurer le coût de la formation médicale par d’autres

    • @ erima
      Sauf que les Français une fois diplômés et revenus en France de Roumanie, de Belgique ou d’ailleurs ne sont pas prêts à travailler aux conditions acceptées par les médecins africains en fonction dans les hôpitaux, à qui il faut des années pour obtenir l’équivalence permettant de pratiquer en France. Ils font le boulot sans le droit de signer pour la CNAM.

      • Je pensais que pour les diplômes CEE on demandait juste de parler français, sauf pour les spécialistes à qui on demande 3 ans d’exercice en France ou à l’étranger, 3 ans ce qui n’est pas grand chose.

  • @cdg la rémunération d’un généraliste est à peut près égale en net à celle d’ un ingé qui sort d’une bonne école (au début de la carrière en tout cas).
    par contre les avantages du salarié sont nettement supérieur à ceux du libéral (congé maternité, chômage, accident du travail, CE, congés payés, investissement dans son outil de travail…)

    j en sais quelque chose, ma femme est généraliste et son frère ingé chez EDF, ils ont 1 an de différence, 3500 de salaire net pour les deux à peu près.

    je ne comprends vraiment pas pourquoi les étudiants se jettent sur médecine… il vaut mieux faire ingé

    • @ erima
      Je crois franchement qu’il faut bien admettre que si ça demande sans doute des compétences différentes, les études d’ingénieur (universitaire*) sont plus exigeantes!

      * Dans nos pays il y a des ingénieurs « industiels », d’autres « civils » (eux, universitaires).

  • Et si on faisait un entretien pour évaluer le degré de motivation des futurs étudiants? Au lieu de tirer au sort des personnes parmi lesquelles le degré de motivation est le même que celui de la moyenne de la population demanderesse? Peut-on jumeler un entretien avec l’examen du dossier scolaire? Les idéologues sont contre toute forme de sélection mais cela est contraire aux intérêts des étudiants comme à ceux des universités. Cette démarche est indispensable et seule les mérites des candidats conduisent à la promotion sociale. On pourrait faire des économies sur les frais d’organisation du baccalauréat en le simplifiant et en le laissant aux académies. Si le baccalauréat est le premier diplôme universitaire, qu’on en laisse la responsabilité aux seuls universitaires. Les « correcteurs » (quelle prétention il y a derrière ce mot) des copies du bac sont rémunérés à la copie! Les sommes économisées ainsi permettraient un vrai examen des candidatures à l’université. Savez-vous que les professeurs d’université notent parfois plusieurs centaines de copies d’examens ; c’est compté dans leurs obligations de service.

  • @arima: les métiers de médecin et d’ingénieur n’ont strictement rien à voir. On ne peut pas démonter un malade, changer une pièce, et le remonter. Il n’y a donc pas de lien « ou », entre les deux carrières.
    Le problème réel est le niveau du baccalauréat, abaissé à celui d’un brevet facile. D’où un nombre de bacheliers qui ont des droits….que l’université ne peut satisfaire.
    Nous sortons, peut-être, d’une période de démagogie effrénée. On peut espérer des corrections efficaces, le « patron » sachant ce que sont les études.

  • Et pour faire l’ENA, on tire au sort???

  • @mikylux, vous vous trompez, un médecin roumain n’a besoin d’aucune équivalence pour exercer en France, en libéral (pays de l’UE). Un africain ou même un américain si.

    Quand à l’exigence, je ne crois pas qu’on puisse comparer ces 2 Cursus, la médecine étant très loin d’être une science exacte

  • Les commentaires sont fermés.

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