Retraites : et si on trouvait de vraies solutions ? (1)

Il est temps d’en finir avec les réformes paramétriques de notre système de retraite complètement inégalitaire se dirigeant tout droit vers la faillite. Tous les pays ont fait des réformes systémiques en introduisant la capitalisation. C’est à la France de le faire aussi.

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Manifestation du 23 septembre pour les retraites à Brest By: jyc1 - CC BY 2.0

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Retraites : et si on trouvait de vraies solutions ? (1)

Publié le 17 octobre 2016
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Un article de l’IREF-Europe

Retraites : et si on trouvait de vraies solutions
Manifestation du 23 septembre pour les retraites à Brest By: jyc1CC BY 2.0

Le système de retraite français est très inégalitaire. Le régime public est privilégié et financé par les contribuables tandis que le secteur privé, faute de réforme, se dirige vers la faillite. Presque partout dans les pays riches et démocratiques, on a introduit un pilier par capitalisation. En France, les fonds de pension ne représentent que 0,4 % du PIB contre 149 % aux Pays-Bas où les retraites sont les plus élevées de tous les pays de l’OCDE. L’IREF propose l’introduction de véritables fonds de pension en France et la création d’un Compte Personnel Retraite.

Retraites : Compte Personnel & Fonds de pension

Comme pour le chômage, « nous avons tout essayé » en matière de retraites… sauf ce qui marche. Selon le rapport annuel publié par le Conseil d’orientation des retraites, le besoin de financement (ce qu’en langage vulgaire on appellerait le déficit) des régimes de retraite sera de 0,2 % du PIB d’ici à 2020, soit environ 4,5 milliards d’euros. Cela représente un « besoin de financement » deux fois moins élevé que celui de 2015, une amélioration qui s’explique par l’accord trouvé par les régimes de retraite complémentaires AGIRC pour les cadres, et ARCCO pour les salariés du privé (des économies de 6 milliards d’euros d’ici à 2020), et une amélioration temporaire du niveau de croissance économique.

Toutefois, le problème n’est pas résolu, et il s’agit essentiellement de rustines sur un régime structurellement déficitaire qui pourrait être pénalisé gravement par une nouvelle récession. La France est attachée idéologiquement au système de répartition qui consiste à verser aux retraités des pensions correspondant aux cotisations payées par les salariés en activité. Les objectifs du système de retraite français sont définis au II de l’article L. 111-2-1 du Code de la Sécurité sociale :

« La Nation réaffirme solennellement le choix de la retraite par répartition au coeur du pacte social qui unit les générations. Le système de retraite par répartition assure aux retraités le versement de pensions en rapport avec les revenus qu’ils ont tirés de leur activité. »

Sauf que ça ne marche plus

De 1950 à 2010, l’espérance de vie à la naissance est passée de 63 à 78 ans pour les hommes et de 69 à 85 ans pour les femmes. L’espérance de vie instantanée à 60 ans progresse assez régulièrement en France métropolitaine depuis 1945. Pour les hommes, elle est désormais de 22,9 ans et celle des femmes est de 27,3 ans, et elle continue d’augmenter.

La conséquence est que de moins en moins de personnes en activité doivent financer de plus en plus de personnes pensionnées.

« La baisse du rapport démographique s’est accélérée à partir de 2006 – année où l’on compte 2,5 personnes de 20 à 59 ans pour chaque personne de 60 ans et plus – et le phénomène se poursuivrait jusque vers le début des années 2030 en raison de l’arrivée à l’âge de 60 ans des générations du baby boom. Au-delà, le rapport démographique continuerait à baisser mais à un rythme moindre, puis aurait tendance à se stabiliser en fin de période de projection ; en 2060, on dénombrerait 1,4 personne de 20-59 ans par personne de 60 ans et plus ».

Pour sa part, la CNAV note déjà que son ratio cotisants/retraités du régime général est de 1,39 cotisant pour un retraité. Ce ratio continue de se dégrader et il est bien pire dans certains régimes spéciaux (les mines, l’agriculture…). Au début des années 1960, ce ratio était supérieur à 4. Chacun comprend que le système n’est plus viable. Même en bricolant les taux et les âges de départ, il est dans une impasse. Le COR estime que le taux de remplacement (montant de la retraite par rapport au dernier salaire) d’un retraité non cadre type devrait rester autour de 66% dans les prochaines années.

Mais le jour où le ratio cotisant/retraité sera de 1, pour assurer un taux de remplacement de cet ordre il faudra que la cotisation des personnes en début d’activité soit de 100% de leur salaire. En effet eu égard à l’évolution des salaires entre le début et la fin de carrière, les 66% de fin de carrière doivent en moyenne représenter a minima la totalité du salaire de début de carrière.

Même avec le ratio cotisant/retraité de 1,4, c’est une ponction de l’ordre de 70% du salaire d’entrée qu’il faudrait pratiquer. C’est évidemment tout à fait déraisonnable. Alors il faudra que l’argent public prenne le relai, mais cela revient au même, autrement. Car l’argent public est celui des contribuables qui sont pour une large partie les actifs payant des cotisations !

Retraites : comment en est-on arrivé là ?

Comment en est-on arrivé là, sinon par imprévoyance ou peut-être surtout par la politique de l’autruche de ceux qui ne veulent pas voir, font des calculs avec des hypothèses béatement optimistes comme le COR qui, dans son rapport de juin 2016, retient un taux moyen de chômage de 7% (4,5% à partir de 2027) et un taux de croissance annuelle de la productivité du travail de 2% à partir de 2028.

À long terme on rase gratis ! Pourtant, on connaît la situation depuis longtemps. Dès 1974 les Nouveaux économistes libéraux, réunis notamment autour de Jacques Garello et Pascal Salin, ont tiré la sonnette d’alarme : une population vieillissante ne peut s’accommoder d’un système de répartition, puisque chaque année le nombre des actifs cotisants diminue par rapport à celui des retraités. S’agissant de documents officiels, c’est le Livre blanc de Michel Rocard qui, en 1991, a vraiment lancé le débat sur la réforme des retraites.

Les 20 rapports officiels suivants et les dizaines de livres parus sur le sujet l’ont tous confirmé : le vieillissement de la population exige une réforme de nos systèmes de retraite. Ni la baisse du chômage, ni la croissance, ni la natalité, ni l’immigration ne peuvent résoudre ce problème. Ayant fait le même constat, les pays européens, de la Suède à l’Allemagne, en passant par l’Italie et les Pays-Bas, ont déjà réformé leurs régimes publics et privés de retraite. Il ne reste que la France qui s’entête à vouloir préserver un système par répartition déjà en faillite.

Des privilégiés en surnombre

Bien entendu, cette situation catastrophique ne concerne pas les agents de l’État. Quand les fonctionnaires de l’État payent un euro de cotisation pour leur retraite, l’État employeur en paye près de neuf. Dans le secteur privé, ce rapport est de 1 à 1,6, soit six fois moins. Or, ce sont les contribuables qui paient les cotisations de l’État, au profit de fonctionnaires dont les pensions de retraites sont bien plus élevées que dans le privé. La liberté d’assurance de chacun doit guider une réforme vers plus d’égalité entre tous les bénéficiaires des différents régimes de retraite. Car la situation actuelle n’est pas acceptable plus longtemps.

Par rapport au salaire brut, le taux de cotisation des agents de l’État est de 9,94% en 2016, avant de converger en 2020 vers le taux actuel moyen de 11,15% des salariés du secteur privé. En ce qui concerne les employeurs, en moyenne, la cotisation de retraite à la charge des employeurs du secteur privé est de 16%, mais celle versée par les employeurs de fonctionnaires civils de l’État a été fixée pour 2016 au taux de 74,28 % et de 126,07% pour les militaires !

Par un tour de passe-passe, pour combler le gouffre que représente le régime de retraite de la fonction publique de l’État, il a été créé dans le budget de l’État un compte d’affectation spécial « Pensions » (programme 741), équilibré par l’ajustement des taux de contributions employeurs lors de chaque loi de finances, de façon à respecter apparemment l’exigence d’équilibre financier. Cette année, sur un total de ressources de leur régime de 52,785 milliards d’euros, les cotisations des agents publics représenteront seulement 5,660Md€ et la soi disant cotisation employeur 46,300 milliards d’euros. Si les cotisations employé et employeur étaient les mêmes dans le secteur public que dans le secteur privé, il manquerait 35,696 milliards d’euros, soit plus de six fois le montant des cotisations des agents concernés.

Ainsi et par la fiction d’une cotisation employeur vertigineuse, l’équilibre est assuré par une ponction sur le contribuable pour abonder un régime encore très privilégié en termes de calcul des pensions, d’âge de départ à la retraite…. Les bénéficiaires de ce régime disposent d’une pension moyenne de 2079 euros par mois contre 1 306 euros par mois en 2013 dans le privé. On comprend pourquoi les fonctionnaires ne veulent pas d’alignement sur le privé !

Il n’y a pourtant plus d’autre solution aujourd’hui que de glisser de la retraite par répartition à la retraite par capitalisation. Bien entendu, c’est une opération difficile parce qu’il faut continuer à honorer les engagements inconsidérés pris à l’égard des retraités, tout en permettant aux cotisants actuels de se prémunir de la faillite à venir du système en optant, s’ils le désirent du moins, pour des assurances de capitalisation. Il ne peut s’agir que d’un processus progressif ainsi d’ailleurs que l’expérience de nombreux pays en atteste.

Les réformes drastiques des retraites des pays de l’OCDE

Dans les autres pays de l’OCDE et d’une manière générale il a été pratiqué un relèvement de l’âge légal de départ à la retraite sensiblement plus important qu’en France. L’âge de 67 ans, voire 70 ans, remplace pratiquement partout l’âge de 65 ans. Et ceci est valable aussi pour les employés de l’État. Le taux d’emploi des 60-64 ans est de 25% dans notre pays contre 55% en Allemagne, voire 70% en Suède ! 14 pays sur 34 ont relevé l’âge de départ à la retraite et 11 pays ont instauré des mesures (épargne, capitalisation, etc.) pour augmenter les prestations.

Mais ce qui est marquant ailleurs dans les pays de l’OCDE, c’est surtout l’importance croissante de la capitalisation mise en place pour se substituer en partie plus ou moins significative à la répartition. Dans 17 pays sur 34, il existe des régimes privés obligatoires, tous par capitalisation, 75% des actifs de ces régimes privés étant détenus par des fonds de pension, 20% par des assurances et le reste par des banques. Dans tous ces cas, il s’agit bien de l’épargne privée qui se transformera en pension de retraite.

Dans quelques pays comme le Chili, l’Estonie, le Mexique et la République slovaque, les plans de retraite privés sont exclusivement financés par des fonds de pension. Dans les pays de l’OCDE, les actifs des fonds de pension s’élevaient à 24 800 milliards de dollars en 2013. C’est aux États-Unis que le patrimoine des fonds de pension est le plus important, avec 13 900 milliards de dollars d’actifs accumulés, ce qui représente 56,2% de l’ensemble des pays de l’OCDE.

Les autres pays membres où les fonds de pension occupent une place significative sont notamment le Royaume-Uni, avec 2 800 milliards de dollars d’actifs et 11,3% du marché des fonds de pension de l’OCDE en 2013, l’Australie (1 400 milliards de dollars et 5,8% du marché), les Pays-Bas (1 300 milliards de dollars et 5,4%), le Japon (1 300 milliards de dollars et 5,4%) et le Canada (1 300 milliards de dollars et 5,1%). En 2013, seuls quatre pays ont affiché un ratio actifs des fonds de pension/PIB supérieur à 100% : les Pays-Bas (148,7%), l’Islande (141,2%), la Suisse (113,4%) et l’Australie (102,2%). Outre ces pays, le Royaume-Uni (99,6%) et les États-Unis (83,2%) ont enregistré un ratio actifs/PIB supérieur à la moyenne pondérée de l’OCDE (82%).

Ces pays sont dotés de fonds de pension depuis longtemps et, à l’exception du Royaume-Uni et des États-Unis, de régimes de retraite privés obligatoires ou quasi-obligatoires. Dans les autres pays, l’importance des actifs des fonds de pension par rapport au PIB est assez variable.

retraites

Ainsi que l’indique le tableau ci-dessus la France est très, très loin par rapport aux autres pays membres de l’OCDE.

Les fonds de pension ne sont plus tabous

Certes, les fonds de pension subissent les aléas de la conjoncture boursière. Ils les ont supportés notamment en 2008, mais ils s’en sont bien remis depuis. En 2012, les fonds de pension ont connu, dans les pays de l’OCDE, un rendement moyen positif de 5,7% en termes réels. Dans la zone OCDE, ceux qui ont obtenu les meilleurs rendements en 2012 sont ceux du Mexique (9,7%), de la Turquie (9,6%), des Pays-Bas (9,5%) et de la Belgique (9,3%).

Aucun des pays de l’OCDE déclarants n’a affiché de rendement réel négatif en 2012. Le taux de rendement net des investissements a considérablement varié selon les marchés nationaux en 2013. Cette année-là, en moyenne, dans les pays de l’OCDE pour lesquels on dispose d’informations, les fonds de pension ont enregistré un taux de rendement réel des investissements de 9,7%, ce taux allant de 11,5% pour le pays affichant les meilleurs résultats (les États-Unis) à -7,6% pour celui enregistrant les plus mauvais (Turquie). Après les États-Unis, les pays obtenant les rendements les plus élevés en 2013 ont été l’Australie (10,3%), le Canada (9,8%), la Nouvelle-Zélande (9,5%) et le Japon (8,9%).

Les fonds de pension ne semblent plus être un sujet tabou de la politique française. Plusieurs candidats à la primaire de droite se sont prononcés en faveur de la capitalisation et par ailleurs le ministre Emmanuel Macron a osé mentionner les fonds de pension. Mais les avancées sont bien timides et hésitantes. Le 27 novembre 2015, celui-ci a détaillé son projet de « fonds de pension à la française » devant un parterre d’assureurs réunis à l’occasion de la COP 21. Alors ministre de l’Économie, il a dit vouloir créer un nouveau cadre réglementaire pour que l’argent épargné par les salariés en vue de leur retraite permette de mieux financer les entreprises.

Emmanuel Macron s’est néanmoins bien gardé d’utiliser le terme controversé de « fonds de pension », qu’il avait d’abord employé, le lundi 9 novembre précédent, lors de la présentation de sa loi Noé. Il s’est aussi défendu de vouloir révolutionner le régime français des retraites.

« Soyons clairs, notre objectif n’est pas de modifier les équilibres entre retraite par répartition et par capitalisation en France, ni de bouleverser le marché des produits d’épargne retraite. Ce n’est pas de livrer au marché la protection sociale« .

a précisé le ministre de manière très politiquement correcte.

Des fonds de pensions existent… pour les privilégiés de la fonction publique !

La position timorée du ministre est d’autant plus surprenante qu’il existe déjà plusieurs fonds de pension en France pour quelques privilégiés. Les fonctionnaires ont leur propre fonds, la PREFON. Les élus locaux bénéficient d’un autre fonds, le FONPEL. De même, nos sénateurs bénéficient d’une retraite — bien méritée bien entendu ! — par capitalisation.

Mais le Français lambda n’a pas le droit de substituer une retraite par capitalisation à sa retraite par répartition, ou plus exactement, s’il le fait, il ne peut pas déduire les cotisations de son revenu imposable. Il dépend des aléas de la répartition et des capacités, de plus en plus mauvaises, des caisses complémentaires. Tandis que les fonctionnaires ont leur retraite principale assurée par l’État, donc par nos impôts. Instaurer des fonds de pension serait déjà une forme de justice sociale.

Pratiquement tous les pays riches et démocratiques ont instauré un pilier capitalisation avec des fonds de pension à côté des autres piliers, par points et/ou répartition (ce dernier est de plus en plus rare).

Comparaison des retraites en Europe

D’après l’OCDE (Pensions at a Glance, 2009), le système de retraite aux Pays-Bas est parmi les plus généreux d’Europe. Le retraité reçoit en moyenne 105,5% de son salaire moyen (après impôts) et part à la retraite à 65 ans (allongé à 66 ans d’ici à 2019 et 67 ans d’ici à 2023). Les dépenses publiques de retraites représentent environ 5% du PIB et les dépenses privées à peu près la même chose. Quelle est la raison de ce bonheur pour les retraités des Pays-Bas ? Rien qui ne tienne du miracle : c’est le bienfait naturel d’un système de retraite par capitalisation.

  • Le système de retraite aux Pays-Bas

Le système de retraite néerlandais repose sur trois piliers. En fonction de sa situation personnelle, le retraité reçoit de l’argent en provenance du premier pilier, ou du premier et du deuxième, ou du premier et du troisième, ou des trois piliers. Le premier pilier consiste en la retraite versée par l’état, l’AOW. L’Algemene Ouderdomswet (Loi générale sur l’assurance vieillesse) a été adoptée en 1957. Elle sert de base à la pension de retraite.

L’AOW est une indemnité de base dont le montant est ajusté en fonction du salaire minimum légal. Les personnes mariées ou vivant en couple perçoivent chacune 50% du salaire minimum (environ 700 euros bruts par mois). Une personne célibataire perçoit plus, à savoir 70% du salaire minimum (environ 1000 euros bruts par mois). Ce premier pilier est financé au moyen d’un système de répartition. Cela signifie que la population active paie les dépenses liées à la retraite AOW des plus de 65 ans. Ces dépenses sont prélevées au moyen de cotisations sur le salaire ou les allocations.

À côté de la pension nationale de base par répartition (1er pilier), la plupart des salariés sont soumis à des régimes obligatoires de pension complémentaire (2e pilier) sous forme d’accords collectifs établis par secteur d’activité, de plans de retraite complémentaire d’entreprise ou de plans de retraite relevant de contrats d’assurance individuels ou collectifs.

Tous ces plans de retraite complémentaire doivent respecter certaines dispositions fixées par l’État. Plus de 97% de la population est affiliée à un fonds de pension. Il en existe plus de 600 aux Pays-Bas avec un rendement moyen annuel de 5,35% (avec des rendements réels observés allant jusqu’à 13,5% !). Le patrimoine total géré par les fonds de pension représente 700 milliards d’euros ! La part de la retraite couverte par un fonds de pension représente en moyenne environ 70% de la pension. Les retraites sont donc beaucoup plus généreuses que les retraites françaises alors que les dépenses y afférentes, publiques et privées, sont environ 50% plus élevées en France qu’aux Pays Bas (15% du PIB contre 10%).

Ces régimes de retraite par capitalisation du deuxième pilier peuvent être gérés par un fonds de pension ou par un assureur privé. Selon la loi néerlandaise, l’entreprise et le fonds de pension doivent être strictement séparés juridiquement et financièrement, la gestion des retraites complémentaires devant obligatoirement être externalisée hors de l’entreprise.

Enfin, le troisième pilier se compose de produits de retraite individuelle. Les entrepreneurs indépendants et les employés dans des secteurs dépourvus de régimes de retraite peuvent y faire appel. Mais n’importe qui peut conclure un contrat d’assurance-vieillesse du troisième pilier. En utilisant ces contrats, qui sont pour la plupart défiscalisés, chacun peut mettre de l’argent de côté pour bénéficier d’une retraite complémentaire.

Outre les Pays-Bas, bien d’autres pays importants ont choisi d’introduire au moins un pilier capitalisation dans leur système de retraite.

  • Le système de retraite en Suède

En Suède, la retraite par capitalisation fait partie intégrante du régime obligatoire de l’assurance vieillesse. C’est un système « à cotisations définies » : le taux de cotisation est fixé à 2,5% des salaires ; et les sommes sont versées par les cotisants sur un compte individuel. Une autorité parapublique – Premierpensionmyndigheten (PPM) – collecte les cotisations et les distribue à plus de 700 fonds privés suédois ou étrangers gérés par plus de 80 institutions choisies par les assurés. En principe, tout fonds d’investissement qui répond à certaines conditions et s’engage à respecter les règles du système peut intégrer le marché de la capitalisation.

L’assuré peut choisir au maximum 5 fonds différents et il peut en changer aussi souvent qu’il le souhaite. Lorsque les assurés ne choisissent pas les fonds, les montants des cotisations sont versés automatiquement par le PPM à un fonds par défaut appelé aussi septième fonds AP dont les investissements se font à 90% en actions et 10% en obligations. Chaque assuré crée son propre capital avec les cotisations annuelles et le rendement des investissements. Les Suédois peuvent choisir entre ces fonds pour placer cette épargne.

Environ 2/3 des assurés font des choix individuels en fonction de l’information dont ils disposent, 1/3 préfèrent laisser les institutions choisir à leur place. Sur les 90% des fonds investis en actions, environ 30-40% sont constitués d’actions « nationales » tandis que le reste est investi à l’étranger dont plus de 50% aux États-Unis. Par exemple, un des principaux fonds, Sjunde AP-Fonden, n’emploie qu’une quinzaine de personnes à Stockholm, le reste étant « délocalisé » avec des experts financiers par zone géographique.

Malgré la crise financière, les risques pris par les épargnants sont minimes. D’abord, parce que l’offre est très vaste et diversifiée avec des centaines de fonds qui sont en concurrence, ensuite parce que, à long terme, l’épargne est toujours porteuse de rendement. Le taux moyen de croissance annuelle est d’environ 5-6%. Une fois à la retraite, les Suédois peuvent choisir entre diverses manières de percevoir ce complément par capitalisation. Ils peuvent convertir la pension en rente fixe ou bien opter pour une rente variable. Dans le second cas, la pension mensuelle peut changer en fonction de l’évolution des fonds choisi par les individus et aussi des modifications de l’espérance de vie.

Environ, 20% des fonds détiennent 92% du capital, 59 % des fonds sont étrangers et 12% du capital est investi dans des fonds étrangers. Les capitaux gérés par ces fonds représentent environ 25 % du PIB. La valeur de la rente n’est pas garantie. Mais elle a été calculée pour rapporter un minimum de 3,5% avec un taux de croissance économique de 0% et 6% avec un taux de croissance à 2%. La valeur est calculée de la manière suivante : le compte est divisé par le nombre d’annuités (en fonction de l’espérance de vie moyenne) et la pension est versée sur la base d’un taux d’intérêt estimé à 3% (duquel il faut déduire les frais de gestion). Le coût de fonctionnement du système est actuellement estimé à 0,75% des actifs dont 0,3% pour le PPM.

  • Le système de retraite en Allemagne

Pour sa part, l’Allemagne a instauré (en 2001) une dose de capitalisation dans les retraites grâce à des incitations fiscales. Les salariés peuvent épargner jusqu’à 4% de leur salaire brut en investissant dans un fond de pension. La part des retraites par capitalisation correspond aujourd’hui à presque 15% du total des retraites.

  • Le système de retraite en Australie

L’Australie qui vient d’entrer dans sa 25e année de croissance économique ininterrompue (en effet, depuis 1991, il n’y a pas eu de récession et cela malgré la grande crise de 2008 !) a un système de retraite basé sur trois piliers : un de base et public par répartition, un deuxième par capitalisation créé en 1992 et un troisième d’épargne volontaire. Les fonds de pension représentent environ 105,4% du PIB contre 0,4% en France.

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  • la bourse …. des gagnants et des perdants , est ce que les gagnants accepteront l’entrée d’un nouvel associé pour plumer tout le monde ..la France est un gros morceau !
    la différence entre répartition et capitalisation … , ce sont toujours les actifs qui paient pour les inactifs !
    la capitalisation ne sert ..qu’aux banquiers et aux spéculateurs

    • La capitalisation sert aux épargnants qui ont besoin de moins cotiser, aux entreprises qui ont besoin d’investir et aux consommateur futurs qui auront de meilleurs produits moins chers. La répartition est juste le vol des jeunes par les vieux qui n’ont quasiment rien cotisé.

      • qui paie l’épargnant ce ne ne sont pas les actifs ?
        bon , je te l’accorde , une épargne bien investie rapporte a tout le monde , actifs et inactifs..mais est ce possible en France , dernier pays communiste en Europe ? non
        donc reste la répartition , personne ne perd, personne ne gagne ..enfin , si cette répartition était juste mais dans un pays communiste….

        • personne ne perd, personne ne gagne

          Non. Certains, privilégiés gagnent beaucoup pour peu de labeur, voire pas du tout. Et la grande masse perd énormément.
          Cela est corrigé avec la capitalisation, c’est pourquoi les anciens élèves de Ecole Nationale d’Aristocratie font tout pour que cela ne se produise pas.

        • Si vous pensez que ça vaut pas le coup d’investir en France, rien n’empêche d’investir à l’étranger. Alors que le systeme par repartition, c’est que les actifs en France.

          • Correction : le système par répartition, c’est faire confiance aux futurs actifs français pour honorer leurs engagements envers vous tels qu’ils ont été décidés par vos énarques d’aujourd’hui.

    • la différence entre répartition et capitalisation … , ce sont toujours les actifs qui paient pour les inactifs !

      Non. Dans la capitalisation les retraités bénéficient de l’épargne qu’ils ont constituée pendant toute leur carrière. Ils n’ont pas besoin de ponctionner les actifs.

      • il y 2 types d’épargne :
        le bas de laine ou le petit cochon , l’argent dort et tu consommes le capital à la retraite, enfin ce qu’il en reste…trés mauvais.
        l’investissement , tu comptes sur le travail d’actifs pour que ton capital de départ ne soit pas rongé par l’inflation .
        l’actif est le point essentiel pour que ta retraite réussisse . la répartition utilise ton capital d’actif pour rémunérer les retraites des inactifs , ce capital évolue en même temps que le PIB( si tout est transparent) . la capitalisation ..suit les aleas de la qualité de l’investissement ,bon lorsque tout va bien , mauvais lorsque cela va mal , c’est a la merci de tous les vautours de la finances.
        répartition et capitalisation sont basés sur le travail des actifs , l’un etant plus sécurisé que l’autre .

        • Différence essentielle entre la capitalisation et la répartition : la capitalisation est juste et morale. Dans le cas de la capitalisation, en tant qu’actif, je paie un retraité qui en échange, me prête son capital. Dans le cas de la répartition, je paie contre du vent. Je n’ai rien en échange. C’est donc du vol.

  • Merci pour votre article intéressant.
    Vu le peu de fiabilité des marches financiers, je m’interroge sur la pertinence de la capitalisation, voir les épargnants qui avait misé sur Lehman Brothers et qui se retrouvent sans retraite à la rue…
    Nous sommes aux portes de plus d’une nouvelle crise de ce système, voir l’affaire de la Deutsch Bank.
    D’autre part, la capitalisation fait des ravages dans les entreprises à l’image de cette TPE de La Rochelle dont j’ai oublié le nom qui bien que rentable avait fermé car elle rapportait mais pas assez….le boulot est parti dans un pays ou l’on exploite des pauvres gens à 2€ la journée.
    Voir le rachat de Général Electric avec 700 licenciements à la clé…
    La capitalisation oeuvre à ce que les entreprises produisent au moindre coût, n’importe comment, d’ou toutes nos fermetures d’usines et une concurrence intenable pour nos pays contres des pays ou le coût de la vie et de la main d’oeuvre est 10 à 20 fois plus basse.
    Faut-il sacrifier nos emplois et nos enfants pour que les retraités vivent bien et pour certains très bien?

    • Et la fiabilité des systemes de pension de l’Etat ? On en est à combien de réformes déjà ? Les gens qui ont mis tout leur argent sur une seule entreprise sont des imbéciles qui ont ce qu’ils méritent. La diversification c’est la B.A.- BA de l’épargne.

      Quand à la TPE fermée parce que pas rentable, c’est quoi le probleme ? On va pas perdre de l’argent pour le plaisir.

      Quand au fait que les problèmes d’emploi en France serait la faute de la capitalisation pourtant quasi-inexistante… Lol.

    • Vu le peu de fiabilité des marches financiers

      Ces institutions répartissent les actifs dans plusieurs entreprises. Aucune ne devrait dépasser les 5%.

    • Faut-il sacrifier nos emplois et nos enfants pour que les retraités vivent bien et pour certains très bien?

      C’est déjà le cas et le système de répartition est au bord de la faillite. Vou proposez quoi?

  • Nouvelle attaque des tenants du libéralisme pur et dur ?

    Contrairement à ce qui est écrit,

    – la répartition n’est pas en faillite : faillite signifie ne pas pouvoir payer ses dettes ; à aucun moment, les gestionnaires des régimes de retraite ont été dans l’incapacité de payer les retraites ; et les partenaires sociaux ont pris les décisions nécessaires pour que le choc démographique (accroissement du nombre de retraités vs le nombre d’actifs) soit surmonté ;

    – la capitalisation n’est pas la panacée : le rédacteur se garde bien de parler de la situation 2016 avec des taux négatifs et des alertes de la Banque de France et du haut conseil de stabilité financière sur le rendement des placements et les désillusions à venir sur des promesses impossibles à tenir.

    Le placement en capitalisation présente aussi des risques mortels : les articles de presse ne manquent pas sur le sujet (1).

    La capitalisation induit par ailleurs une pression sur les salariés pour dégager un maximum de rendement sur les placements effectués.
    Les actifs sont donc toujours mis à contribution pour payer les retraites des personnes âgées.
    Si la forme est différente, quelle est la plus acceptable ?

    La question centrale me semble être la suivante :
    – dans nos civilisations, les personnes âgées doivent-elles toujours être prises en charge par leurs enfants ?
    – pour les personnes n’ayant pas d’enfants, la mutualisation de ce principe de vie est-elle une approche recevable par tous ?

    Une autre question est celle du financement de l’économie par le biais de l’assurance vie et des fonds de pension.
    C’est la raison pour laquelle, sans renier notre modèle social basé sur la solidarité des générations et des parcours de vie, l’introduction d’une dose de capitalisation peut être utile … mais certainement pas suffisante.

    Ne jetons pas un modèle social que le monde entier nous envie, … y compris au Chili ou au Mexique …

    (1) exemples de réponse Google à la simple question « faillite de fonds de pension »
    http://www.atlantico.fr/rdv/revue-analyses-financieres/fonds-retraite-suisses-seront-en-faillite-dans-dix-ans-et-francais-jean-jacques-netter-2104464.html
    http://www.abcbourse.com/analyses/chronique-retraite_des_fonctionnaires_us_une_faillite_a_plus_de_1000_milliards_de_dollars-503.aspx
    http://sam-menerveovb.over-blog.com/2016/04/l-un-des-plus-gros-fonds-de-pension-us-en-faillite-250-000-retraites-sans-revenus-en-2025.html
    – …

    • Personne n’envie le systeme Francais. Meme les clandestins préfèrent aller en Angleterre et en Allemagne.

    • – la capitalisation n’est pas la panacée …

      Vous n’avez pas lu l’article : tous les pays en Europe ont plusieurs « piliers », dont un régime par répartition. Ou est le drame ❓

    • Le système de fonds de pension helvétique sera en faillite dans dix ans si les obligations continuent à offrir des rendements négatifs et si les liquidités déposées sur un compte bancaire ne sont pas rémunérées mais subissent au contraire un prélèvement.

      Et vous n’avez même lu et compris l’article que vous citez sur la Suisse. la Suisse est un pays dirigiste socialiste, moins que la France mais quand même.
      Ils veulent aussi faire les mêmes âneries que leurs voisins. Ils poussent à un déflation malsaine.

      • @michel C
        vous racontez n importe quoi.
        le systeme de retraite suisse est base sur 3 piliers: le premier repartition (comme en france), le second capitalisation (je suppose que c est celui dont vous annoncez la faillite) et un troisieme (lui volontaire par capitalisation aussi)
        Le second pilier subit bien evidement des problemes a cause des taux negatifs qui fait que les placements en obligation ne rapportent pas grand chose mais c est loin d etre le seul placement de ces fonds (ce sont par ex de gros proprietaire d immobilier et les loyers tombent tous les mois). et rien n empeche les gestionnaires d investir dans auter chose que des obligation allemande ou suisse. vous achetez des actions de nestle et vous avez 2-3 %

        • C’est vous qui racontez n’importe quoi. Relisez le commentaire. D’abord, j’ai bien cité plus haut les 3 piliers valables pour la Suisse.
          Le second pilier est bien par capitalisation, mais l’état ne se gêne pas pour intervenir dans la répartition des actifs, style immobilier limité à 30% du portefeuille. Précisez moi donc le montant exact 🙂 Comme si les gérants étaient tous des voleurs ou des incapables. 🙁
          On se demande bien qui est le voleur ou l’incapable. Mais chut, ne fâchons personne. 🙂
          Voyez vous, la Suisse, je connais très bien.

    • Le système par répartition est en faillite car c’est l’état qui augmente par la coercition le montant des prélévements obligatoires.
      Pour le système de retraite des fonctionnaire, c’est la faillite institutionnalisée renfloué par les impots.
      Le pire est que les idolâtres de la dépense public trouvent ça bien, car cela accelère la sovietisation de la société qu’ils appellent de leur voeux.
      Pour les citoyens ce sera double peine : une retraite de misère avec spoliation du capital correspondant.
      C’est ça le modèle social Français que le monde entier nous envie mais que personne n’arrive à mettre en oeuvre.

    • La répartition est en faillite, parce que la faillite s’apprécie non en fonction des échéances passées mais par la capacité à faire face à la totalité des échéances à venir dans des conditions normales et prévisibles d’évolution de l’économie. De même, l’Etat Français, prétendument garant des retraites, est lui aussi en faillite : ça fait 40 ans qu’il n’a pas fait un seul exercice à l’équilibre ou en profit.
      Les conséquences de cette faillite sont autre chose, elles ont pu être contenues à grands coups de propagande et de dénigrement des systèmes par capitalisation, mais le déni ne mène nulle part, concernant l’engagement que les actifs ont et auront, à leur insu en général, de payer pour les inactifs et de rouler la dette ad vitam aeternam.

    • « – la répartition n’est pas en faillite : faillite signifie ne pas pouvoir payer ses dettes ; à aucun moment, les gestionnaires des régimes de retraite ont été dans l’incapacité de payer les retraites

      jusque la, tout va bien, donc ca continuera a aller bien dans 20 ans?
      les fonds de retraite sont en deficit, ils doivent payer plus de pensions qu’ ils ne recoivent de cotisations. Pour l’ instant ils grignottent les reserves, une fois ces reserves mangees, ils seront en etat d’ urgence et a flux tendus. Une fois ce stade depasse… Game Over.

  • un point qui n’est pas abordé ici, est la mondialisation, et l’irrégularité des carrières qui commence à se faire importante chez les jeunes.
    L’individualisation des retraites pas toujours compatible avec la répartition va devenir une nécessité.

    Comment vont faire ceux qui ont travaillé 10 ans à l’étranger et passé 2-3 ans en chômage et/ou en vacance , pour obtenir leurs annuités?
    La capitalisation, en complément de la retraite de base devrait séduire tout le monde.

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