4 ans de Hollande : une politique de l’emploi en échec

La politique de l’emploi de François Hollande, un échec retentissant malgré les promesses d’inversion de la courbe du chômage. Pourquoi ?

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4 ans de Hollande : une politique de l’emploi en échec

Publié le 6 mai 2016
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Par Bertrand Martinot.

La politique de l'emploi de François Hollande : l'échec
By: Pôle emploiCC BY 2.0

Sur la liste des échecs du quinquennat Hollande, on peut, au bout de quatre ans de présidence, affirmer sans hésiter que la politique de l’emploi et de la formation professionnelle figurera en bonne place.

La politique de l’emploi de François Hollande, mauvaise réponse à un mauvais diagnostic

Il y a eu à la base une erreur de diagnostic difficile à rattraper ensuite. À son arrivée au pouvoir, la nouvelle majorité n’a tout simplement pas pris la mesure de la conjoncture du marché du travail qui s’était retournée dès le milieu 2011. On a peine à se rappeler l’état d’apesanteur et l’amateurisme qui ont caractérisé l’action du gouvernement Ayrault en la matière : absente, la question du coût du travail, des charges (qu’on pouvait donc augmenter ad libitum) et de la compétitivité ! Absente, la question du droit du travail (la lutte contre les licenciements boursiers étant, on s’en souvient, le seul viatique du candidat Hollande) ! Absente la réflexion sur l’assurance chômage ! Absente, la question de l’apprentissage et, plus généralement, de la formation professionnelle initiale ! En résumé, la seule pensée articulée portait tout simplement sur les contrats aidés (emplois d’avenir et contrats de génération). Or personne ne peut sérieusement considérer qu’ils auraient pu apporter un début de solution à la crise de l’emploi que nous traversions déjà à l’époque.

L’échec de cette politique de l’emploi, c’est aussi celle d’une méthode. Le président de la République a tenté de s’appuyer sur un dialogue social interprofessionnel dont il n’a manifestement pas vu qu’il était à bout de souffle. Et plutôt que d’« orienter » clairement le résultat des négociations, à l’instar de ce qui avait été fait en 2008 pour la rupture conventionnelle et de l’inversion de la hiérarchie des normes en matière de temps de travail, le gouvernement a choisi de laisser la bride sur le cou aux partenaires sociaux. Il en est résulté une série de textes de compromis, fidèlement retranscrits dans la loi – le législateur devenant simple greffier – dans lesquels l’emploi est sorti globalement perdant : aucune réforme sur le temps de travail, rien sur le licenciement, rien sur les institutions représentatives du personnel, une usine à gaz en matière de formation professionnelle, aucune réforme significative de l’assurance chômage… Tout au plus peut-on concéder à cette méthode une vraie réussite en matière de sécurisation des plans de sauvegarde de l’emploi, qui peuvent dorénavant être négociés par accord d’entreprise avec homologation de l’administration. Pour une fois, la sécurité juridique par le dialogue social a bien été au rendez-vous.

Une politique de l’emploi marquée par l’instabilité

L’instabilité, enfin, a été une troisième marque de fabrique de ces quatre années décidément erratiques. Instabilité de la norme : rarement la législation en matière de travail et d’emploi n’aura été aussi instable, malmenée, contradictoire, parfois incohérente. Pas moins de cinq lois en quatre ans sont venues modifier significativement le droit du travail. Les normes se sont empilées, parfois pour simplifier le droit, parfois au contraire pour le compliquer. Par exemple, il s’est agi de faciliter le renouvellement des CDD en août 2015 (Rebsamen), puis de les taxer à l’occasion des débats sur la loi El Khomri. Instabilité de la doctrine : on a, dans un premier temps, augmenté massivement les prélèvements sur les facteurs de production, capital comme travail, avant de lancer le CICE puis un « pacte de responsabilité » allant précisément dans le sens inverse. L’apprentissage a fait l’objet d’un véritable mépris pendant deux ans au bénéfice des contrats aidés avant de devenir une priorité absolue, du moins dans le discours, au vu de son effondrement entre 2012 et 2015.

Du fait de sa paresse intellectuelle pendant ses dix années d’opposition, la gauche de gouvernement n’a pas su renouveler sa doctrine. Une fois au pouvoir, elle a repoussé encore et toujours son aggiornamento économique et social, en poursuivant ses vieilles lunes et en attendant qu’un retournement de conjoncture venu de l’extérieur la sorte de ce mauvais pas. Malheureusement, celle-ci est restée désespérément maussade. Aujourd’hui, le bilan est sans appel : la France compte 100 000 emplois salariés marchands de moins qu’en 2012, malgré une amélioration tangible de la situation depuis 2015. Elle est dans la queue de peloton des grands pays européens. Il est urgent de changer de logiciel. Les reculades sur la loi Travail de Myriam El Khomri montrent qu’il est impossible de changer radicalement de pied au bout de quatre ans au pouvoir. Il appartiendra à une majorité nouvelle de remettre la job machine en mouvement. Encore faut-il qu’elle travaille, qu’elle tire toutes les leçons de l’échec de la majorité actuelle et ne se contente pas de quelques slogans simplistes qui se fracasseraient sur la réalité en 2017.

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