Par Daniel Tourre.

Votez en commentaire pour votre tweet préféré du mois dernier. Ou signalez-nous les perles que vous avez dégotées de votre côté sur Twitter !
a) Le chômage, c’est la faute des entreprises, tome 1.
De même, 300 milliards d’€ d’impôts en plus auraient pu permettre de créer 20 millions d’emplois publics.
b) Le chômage, c’est la faute des entreprises, tome 2.
Heureusement, pour compenser, nous avons des apparatchiks PS avec le goût du risque, créatifs et visionnaires.
Quel grand malheur pour la France qu’ils aient choisi de faire des synthèses de motions à l’UNEF puis au PS plutôt que de créer une entreprise.
c) L’opportunisme, c’est le réel.
Guillaume Peltier, en ce moment aux Républicains, politique depuis 15 ans, n’aime pas les idées politiques : c’est forcément des idéologies et elles empêchent de retourner sa veste facilement.
Le mépris de toute doctrine politique, appelée péjorativement idéologie, est à la fois convenu et suspect. Une doctrine est un effort pour ordonner sa pensée, pour poser des fondements appuyés sur des faits ou des principes, puis pour bâtir des arguments soutenant la pertinence d’un objectif et des moyens d’y parvenir. Cela n’est en rien un mantra purifié à réciter aveuglement, c’est un souci d’exposer rigoureusement une vision, y compris pour favoriser des réfutations argumentées d’adversaires, permettant des corrections ou des améliorations.
Lorsque l’on est un homme politique, ne pas avoir de doctrine -ou une tentative de doctrine-, c’est s’exonérer de cet effort de cohérence tant pour éviter de justifier ses actions que pour échapper à toute critique sur un parcours sinueux.
d) La confusion, c’est Christine Boutin.
Une certaine droite dure connaît le problème de la France : le libéralisme libertaire, enfin le libertinisme… euh le libertarianisme… enfin le truc américain pas bien où les gens fument des joints. Taubira est pas bien, elle est donc libertarienne. CQFD.
Que l’offre politique soit plutôt une sorte de progressisme postmoderne autoritaire mâtiné d’un État-mammouth absorbant 57% du PIB, c’est-à-dire une offre très éloignée du libéralisme, qu’il soit “libertaire” ou “traditionaliste”, ne semble pas troubler outre mesure cette droite décidément elle aussi dans la confusion.
e) Le retour du héros.
En France, il n’y a que quarante personnes compétentes. Alors forcément, de succès en succès, on retrouve souvent les mêmes aux postes clés.
f) Le Macronnisme de caste.
Emmanuel Macron a fait des déclarations sympathiques dans le ronron autoritaire PS.
Hélas, sous le vernis de liberté, il y a parfois le technocrate pro-business old school à la Française qui perce méchamment.
g) Taubira est libre.
Avec ce “nous”, Christiane Taubira veut vraisemblablement parler de la classe politique dont la liberté de contrôler les citoyens a effectivement été renforcée.
Le culte voué à Sainte Taubira démissionnaire n’est pas sans rappeler celui voué à Sarkozy, une admiration décorrélée des résultats, des intentions comme de la personnalité, clivante, de son bénéficiaire.
h) Nous citoyens est pour le discours des autres.
Oui, le libéralisme défend le droit naturel des entreprises dans la déclaration des droits de l’homme de 1789 ou le bill of rights des USA. Le libéralisme s’oppose à “social” même s’il occupe exclusivement de règles permettant la vie en société. L’entreprise s’oppose aux hommes, ce sont des entités conçues par des petits gris de Roswell. Mais l’écologie concerne tout le monde, les hommes et les petits gris. Grâce à ce sens de la synthèse sans sectarisme, Nous Citoyens est décidément pragmatique, prenant le meilleur des mondes, qu’ils soient hommes, sociaux, entreprises ou petits gris.
Sympathique dans les intentions -renouveler la classe politique-, un peu moins dans sa stratégie -aller récupérer Jean-Marie Cavada, aujourd’hui démissionnaire-, Nous Citoyens reste limité par ses postulats de base, propre à d’autres mouvements citoyens : faire de la politique sans idées politiques propres, simplement de manière plus “pragmatique” (?).
Cela donne un programme assez confus et un discours un peu ramasse-miettes, best-of du discours des autres.
i) FN, MEDEF, tous unis contre l’ultralibéralisme.
La convergence des luttes est en marche, cela s’appelle le capitalisme de connivence. Des subventions pour les proches de l’État-stratège. Des impôts pour les autres.
j) La banque centrale, super-héroïne du journalisme économique.
La banque centrale ne désarme pas, elle lutte, relance, soutient la croissance, combat la crise grâce à ses super-pouvoirs. D’ailleurs elle est maintenant aussi officiellement chargée de faire monter la bourse. Cela va aller mieux.
Bien sûr, un bon article à clics a besoin d’un storytelling de tragédie antique, bien sûr la banque centrale bénéficie de l’alliance curieuse des pro-business gourmands d’argent gratuit et des pro-planificateurs keynésiens gourmands d’institutions à la hauteur de leur génie créatif, bien sûr les experts en expertises ont besoin d’écrire des expertises, mais cette mise en scène hollywoodienne de la banque centrale depuis 8 ans, de catastrophe économique en résultats absents va finir par lasser, même les meilleurs spectateurs.
k) Arte nous informe.Nos sociétés ultralibérales, où l’État finance des séries télé commentées ensuite par des journaux subventionnés par l’État.
l) Taxis pédagogiquesIl est frappant de voir autant de commentateurs/dessinateurs très à gauche, défendant d’habitude les monopoles d’État, l’intervention de l’État, les subventions, trouver brutalement des vertus à la concurrence économique pour les taxis. C’est un très bon début… Merci les taxis !
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Merci à vous pour cet article qui fait du bien.
“Le mépris de toute doctrine politique, appelée péjorativement idéologie, est à la fois convenu et suspect. ”
Ah bravo: Philosophia perennis…
BRAVO ET MERCI, j’en redemande 🙂
Certains de Najat auraient mérité d’y être…
Je vote sans hésiter pour le tweet de Clémentine Autin. Le socialisme c’est vraiment magique 😀
Être communiste est vraiment un drame personnel.
+1
Ca fait longtemps qu’on la connait adeptes des phrases creuses et incohérentes, mais j’avoue qu’elle continue à me surprendre à chaque nouvelle intervention !
adepte*
2 millions de fonctionnaires ??? Selon mes calculs et le coût moyen d’un fonctionnaire pour sa carrière et sa retraite (soit 3,5 millions), cela aurait permit tout juste l’embauche de 8500 fonctionnaires et seulement si on gèle leurs salaires et retraites à vie !