Attentats de l’EI : l’État doit se concentrer sur ses fondamentaux

À l’effondrement du modèle social s’ajoute l’urgence de refonder le domaine régalien de notre État.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Justice (domaine public)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Attentats de l’EI : l’État doit se concentrer sur ses fondamentaux

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 18 novembre 2015
- A +

Par Aurélien Véron.

Justice (domaine public)
Justice (domaine public)

 

La France s’est réveillée samedi en état de choc. Dans un premier temps, le pays a compté ses victimes et entendu les témoignages poignants des survivants. Le Président de la république a tenu un discours digne et sobre. Les rues se sont vidées, le temps s’est arrêté, journées de deuil national. Qui ne pouvait saluer le courage des forces de sécurité, le dévouement des pompiers, médecins et personnels de santé mobilisés jour et nuit pour accueillir les centaines de blessés ou des passants qui sont intervenus parfois au péril de leur vie pour protéger des inconnus dans la rue, les restaurants ou la salle de concert ? Assez rapidement, la vie a repris. C’est l’indispensable réponse à ceux qui veulent nous terroriser au nom de leur idolâtrie. Nous ne devons en rien céder à la peur, nous devons renvoyer l’image d’une France debout malgré la rudesse du coup. Il y en aura d’autres, nous devons rester forts et sûrs de nous. Ces attentats nous amènent néanmoins à poser des questions éludées jusqu’ici.

La France découvre brutalement qu’elle est en guerre, que notre action extérieure inconsidérée peut amener des représailles. La guerre 2.0 ne connaît ni front, ni frontière. Personne ne sait très bien pourquoi nous nous sommes engagés en Syrie en août 2012 avec nos livraisons d’armes à l’opposition syrienne, par les mêmes qui refusaient l’entrée en guerre contre Saddam Hussein une décennie plus tôt. Il est dorénavant trop tard pour se retirer de ce bourbier qui nous promet des années bien sombres. Cette réplique sanglante nous oblige à aller au bout de la logique de guerre initiée il y a quatre ans. Nous avons mis le doigt dans un engrenage dont nous ne sommes pas près de sortir. Pour parvenir à nos fins et terrasser Daech, nous avons absolument besoin de fédérer l’Union européenne et de l’avoir à nos côtés. Ce sera un test supplémentaire de la cohésion européenne après la crise grecque et celle des réfugiés. Si le Royaume Uni semble proche de nos vues, l’Allemagne reste étonnamment silencieuse sur ce point.

À l’intérieur de nos frontières, le gouvernement apparaît aussi surpris que démuni. Des magistrats anti-terroristes ont pourtant tiré la sonnette d’alarme depuis de nombreux mois. Les signaux inquiétants se sont multipliés, en particulier les tentatives d’attentats déjouées. Nous payons le prix de décennies de coupes budgétaires dans la défense, un budget de la justice trop faible, longtemps inférieur à celui de la culture, une police nationale qui a déserté des quartiers entiers, devenus zones de non-droit, au profit de missions plus faciles, réprimer le Français moyen sur ses petits écarts de conduite, et rentables pour les finances publiques. L’État s’est transformé en monstre clientéliste au détriment de ses missions premières. La propagande du pouvoir a pris le pas sur la protection de nos droits, de nos biens… et de nos vies. Rien ne sert de charger le gouvernement actuel, droite et gauche sont responsables de cet abandon progressif de l’État régalien.

La terrible loi renseignement vient de prouver son incapacité à nous prémunir de tels attentats, au prix d’un lourd recul de nos libertés. L’esprit de combat n’est pas celui du reniement. Nous devons absolument rester fermes sur nos valeurs et montrer au monde qu’aucun acte de terrorisme n’ébranlera les valeurs de liberté et d’égalité qui ont façonné la France. Nous ne pouvons accepter les mesures d’exception qui renforcent les pouvoirs d’intrusion et de sanction d’administrations qui n’en ont ni les compétences, ni la légitimité. En revanche, l’hypothèse d’une nouvelle intervention au sol, lourde cette fois, si nous choisissons cette option dangereuse, va nécessiter une stratégie de la Défense dans la durée. Les priorités du ministère de l’Intérieur vont aussi devoir être révisées en profondeur. Enfin, le temps d’une hausse significative du budget de la justice est venu. Très marginal dans le poids de l’État, il ne menace en rien l’équilibre budgétaire pourvu que les coupes dans les domaines non régaliens, infiniment plus lourds, aient lieu, ce qui ne semble toujours pas se produire. Bref, à l’effondrement du modèle social s’ajoute l’urgence de refonder le domaine régalien de notre État.


À lire aussi : L’État doit assure le régalien : police, défense, justice

Voir les commentaires (10)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (10)
  • un sondage sur le figaro je crois , demande si les gens sont prêts à perdre plus de liberté pour avoir plus de sécurité : oui à plus de 60%……évidement , si ce sont les citoyens qui réclament plus de sécurité , le gouvernement va s’emprésser d’accéder à leur souhait ; ho , pas pour nous bien sur , mais pour les autres la haut ;une fois qu’ils auront la main mise sur le pays , ils nous restera les yeux pour pleurer , car il ne faut pas réver , nous aurons le chaos et la privation de nos liberté ; les grands perdants , comptez vous……

  • Et vous comptez sur l’ équipe actuelle de bras cassés pour entreprendre un aussi lourd aggiornamento??? Sérieusement???

    • Oui , c’est plus facile pour un fonctionnaire élu et vivant à la mamelle fiscale de piquer de l’argent à Pierre pour le donner au pauvre Paul ( l’assistant et l’état providence ) que d’assurer les missions de base de l’état …

  • En revanche, l’hypothèse d’une nouvelle intervention au sol, lourde cette fois, si nous choisissons cette option dangereuse, va nécessiter une stratégie de la Défense dans la durée.

    Seul, pure folie… Et même accompagnés de plusieurs pays dont ceux du Golf, ce n’est pas dans nos moyens.

    • les Russes l’ont bien compris , pour eux les troupes au sol sont fournis par l’armée syrienne et l’Iran.
      le problème c’est que nous n’avons pas d’amis sur le terrain , à part Al Nosra ( qui fait du bon boulot 🙂 )

      • Exactement, nos troupes au sol n’ont rien à faire la-bas (sauf commandos d’appui dont on ne devrait pas entendre parler). Les djihadistes français n’ont par ailleurs rien à faire ni en Syrie ni en France. Espèrent-ils être accueillis comme des maitres dans des zones tribales ou accueillis comme des héros à leur retour ? Leur destin est de toutes façons de mourir pour servir les ambitions de chefs de guerre locaux.

  • « Aucun acte de terrorisme n’ébranlera les valeurs de liberté et d’égalité qui ont façonné la France. »
    Aucun acte de terrorisme, mais nos politiques s’y sont bien attaqués depuis 30 ans. Aidés par les médias qui leur sont soumis…
    Qu’est devenue la liberté intellectuelle nécessaire au pluralisme et au débat? Sacrifiée au politiquement correct. Qu’est devenue la liberté des individus de simplement gérer leur vie? Encadrée et étouffée par l’Etat-nounou. Et surtout, qu’est devenue l’égalité de tous devant la loi? Elle a cédé devant toutes sortes de discriminations et favoritismes organisé par l’Etat lui-même. La loi Gayssot et ses avatars illustrent bien ces dérives en termes de liberté et d’égalité. Et le deux poids-deux mesures atteint des sommets depuis 2012…

  • « Cette réplique sanglante nous oblige à aller au bout de la logique de guerre initiée il y a quatre ans.  »
    Et pourquoi? Il faudrait peut-être mieux se désengager maintenant au lieu de nous réveiller dans 10 ans avec une dette sur les bras, des attentats, de nouvelles menaces en conséquence, des morts etc…

    « Nous avons mis le doigt dans un engrenage dont nous ne sommes pas près de sortir. Pour parvenir à nos fins et terrasser Daech, nous avons absolument besoin de fédérer l’Union européenne et de l’avoir à nos côtés. Ce sera un test supplémentaire de la cohésion européenne après la crise grecque et celle des réfugiés. Si le Royaume Uni semble proche de nos vues, l’Allemagne reste étonnamment silencieuse sur ce point. »
    Foutons-leur la paix aux allemands, ils ont bien compris qu’un engagement militaire était incompréhensible et inefficace. Ils ont bien raison de nous laisser seuls dans la merde que nous avons causé.

    Pour le reste l’article est bon.

    • Le soucis, c’est que Frankeinstein 1 (les etats-unis) avaient préparer le terrain en 2001 en Irak, ils avaient fait les plans du monstre, et tout préparer. Ensuite en 2012 avec l’intervention de Frankeinstein 2 (la France) en Lybie, a créé de toute pièce le monstre, et en gros la lacher dans la nature.
      Le monstre est devenu énorme, il reste enfermé en Syrie pour le moment, mais dès qu’il aura une taille correcte, il n’a aucune raison de ne pas déborder, en Irak, en Iran, en Turquie, en Europe,… par la suite, il utilise la Force pour conquérir des terres qui ne sont pas à lui, donc n’a aucune raison de s’arreter aux portes de l’Europe.
      Donc désormais, en effet, on peut se poser la que 2 questions :
      – soit on intervient TOUS avec TOUTES nos armées en Syrie (donc des Etats-Unis, a l’Iran) et nous detruisons totalement l’Etat islamique, seul, certains membrisots resteront en vie dans les autres pays, mais tout comme la disparition d’Hitler a fait disparaitre le nazisme a 99%, si on fait disparaitre l’Etat islamique, cela restera des groupuscules sans chef et sans vision, donc voué a changer de cap.

      MAIS, et c’est le plus important, si après cette intervention militaire, nous n’envoyons pas de « maçons » pour reconstruire la Syrie, aider les entrepreneurs et agriculteurs en leur achetant leurs productions, tout cela aura été sans interet, car un nouveau monstre réaparaitra. Mais voila, les Francais préfèrent que leur nounou Etat, sorte des millions d’EUros pour mettre des portiques de sécurité sur les quais des TGV (j’imagine bien le terroriste arrivant a hauteur des portiques, dire « oh zut, je vais rentrer à la maison par le métro, bus, et ensuite je passerais par le centre commercial, et je marcherais dans la rue pour finir par rentrer chez moi »), meme plutot d’accord pour payer les millions que nous coute « la provocation » car envoyer 3 bombes toutes les semaines, c’est juste une provocation, pas une guerre…. mais par contre ne voudra jamais aider a renconstruire, un pays qu’on a détruit… encore une fois les Francais encourage tout cela, sans jamais comprendre qu’on paira indéfiniment tout cela, si on continu sur cette lancée.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Ce vendredi 2 février, les États membres ont unanimement approuvé le AI Act ou Loi sur l’IA, après une procédure longue et mouvementée. En tant que tout premier cadre législatif international et contraignant sur l’IA, le texte fait beaucoup parler de lui.

La commercialisation de l’IA générative a apporté son lot d’inquiétudes, notamment en matière d’atteintes aux droits fondamentaux.

Ainsi, une course à la règlementation de l’IA, dont l’issue pourrait réajuster certains rapports de force, fait rage. Parfois critiquée pour son ap... Poursuivre la lecture

Le Maroc est un pays dynamique, son économie est diversifiée, son système politique présente une certaine stabilité dans une région en proie à des crises à répétition. Ce pays a fait montre d’une résilience étonnante face aux chocs exogènes. La gestion remarquée de la pandémie de covid et la bonne prise en main du séisme survenu dans les environs de Marrakech sont les exemples les plus éclatants.

 

Pays dynamique

Sa diplomatie n’est pas en reste. La question du Sahara occidental, « la mère des batailles », continue à engran... Poursuivre la lecture

Les Gilets verts ont bloqué le pays avec leurs tracteurs en demandant notamment que l'on n’importe pas ce que l’on interdit en France. Leurs revendications ont également porté sur l’accès à l’eau et sur la rigueur des normes environnementales françaises, qui seraient plus exigeantes que celles de leurs concurrents.

C'est la hausse du prix du gazole agricole qui a mis le feu aux poudres, en reproduisant les mêmes effets que la taxe carbone sur tous les carburants, qui avait initié le mouvement des Gilets jaunes cinq ans plus tôt.

Poursuivre la lecture
Voir plus d'articles