Le « Grand bond en avant » de la transition énergétique

La France s’enferme dans le carcan le plus contraignant possible malgré ses faibles émissions des gaz à effet de serre.

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Transition énergétique (Crédits : René Le Honzec/Contrepoints.org, licence Creative Commons)

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Le « Grand bond en avant » de la transition énergétique

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 1 janvier 2015
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Par Michel Gay

Transition énergétique (Crédits : René Le Honzec/Contrepoints.org, licence Creative Commons)

Le « Grand Bond en avant » est le nom donné à une politique économique lancée en Chine communiste par Mao Zedong, et mise en œuvre de 1958 à 1960. La campagne du « grand bond en avant » voulait donner une nouvelle orientation politique à la Chine. Elle visait à stimuler la production en un temps record par la collectivisation agricole, l’élargissement des infrastructures industrielles, et la réalisation de grands projets de travaux publics. Elle a mobilisé l’ensemble de la population par la propagande et par la coercition. Ce programme irréaliste se révèlera être un fiasco. La Chine échappera de peu à l’effondrement complet de son économie.

Dans le principe, il y a un étonnant parallèle entre « le Grand bond en avant » et l’actuel transition énergétique menée tambour battant par le gouvernement actuel, en vue de la conférence sur le climat en 2015.

La réduction de la production des gaz à effet de serre (GES) semble être considérée comme un moyen de maîtriser l’évolution du climat. La nécessité pour la France de s’engager d’urgence dans cette lutte fait débat, car notre pays est déjà un bon élève : il émet peu de GES par rapport à ses voisins, grâce à sa production d’électricité majoritairement nucléaire. Chez nos voisins, notamment en Allemagne, elle est surtout issue du charbon et du gaz…

La France s’est pourtant enfermée dans le carcan le plus contraignant possible malgré ses faibles émissions des gaz à effet de serre.

Ainsi, elle s’engage à :

  • réduire sa production de CO2 de 40% en 2030 par rapport à 1990,
  • réduire sa consommation d’énergie finale de 50% en 2050 par rapport à 2012 (et de 30% en 2030),
  • réduire sa consommation d’énergie fossile de 30% en 2030 par rapport à 2012,
  • atteindre 32% d’énergie renouvelable en 2030 (23% en 2020),
  • réduire de 33% le pourcentage d’électricité d’origine nucléaire en 2025 par rapport à la situation de 2015,
  • imposer la norme de construction « RT 2012 » qui favorise le chauffage au gaz au détriment de l’électrique.

L’aveuglement idéologique de nos gouvernants les conduit à une fuite en avant dans le développement d’énergies aléatoires, intermittentes et fatales telles que les éoliennes et les panneaux photovoltaïques. Le prix à payer par la collectivité sera celui de « l’exemplarité » écologique du pays, destinée à être brandie au sommet climatique de l’an prochain. Il est inutile d’espérer que le gouvernement transigera sur le contenu de cette démarche « vertueuse », foi de Nicolas Hulot, conseiller spécial de deux présidents de la République particulièrement « brillants » dans le domaine de la production énergétique de la France. Leurs inepties font redouter de graves préjudices pour le pays dans la durée.

Un engagement imprudent soit ne sera pas tenu, soit le sera aux dépens du niveau de vie des Français et du statut de la France. Personne, en 2014, ne peut prévoir l’évolution dans le domaine énergétique d’ici 2100. Dans quelques années, des solutions peuvent émerger (nucléaire, remplacement du pétrole et du charbon par du gaz1…) qui permettront de diminuer notre consommation de combustibles fossiles et de maîtriser nos émissions de gaz à effet de serre.

Il ne s’agit pas d’imposer aux Français des contraintes arbitraires. Les forcer à réduire leur consommation d’énergie par le biais de taxes, et vouloir diminuer la production d’électricité nucléaire2 (la moins chère) aura un impact négatif sur leur niveau de vie.

Les gouvernements successifs semblent s’être mis « durablement » des œillères pour s’attirer les bonnes grâces d’une frange électorale « verte » aux dépens de l’intérêt général.

  1. Les États-Unis ont pratiquement déjà atteint leur objectif pour 2025. Ils ont enregistré la baisse d’émission de gaz à effet de serre la plus marquée. Ils sont revenus à leur niveau du milieu des années 1990 grâce au remplacement du charbon par le gaz de schiste dans la majorité de leurs centrales électriques.
  2. En fermant, par exemple, la centrale de Fessenheim.
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  • Les socialistes se rendant compte que leur marche forcée vers le partage et la « qualité de vie » ont totalement stoppé la croissance (et enclenché une récession) espèrent relancer l’économie par une politique keynésienne fumeuse à base d’écologie.

    En comparaison, le « Grand Bond en Avant » chinois qui a ruiné leur économie était une mesure sensée car visant au moins à développer l’industrie.

  • A toutes ces interrogations et actions erronées, le « normal » qui préside temporairement à notre destinée hexagonale ne trouve rien de mieux que de proposer ses « droits de l’humanité ».
    Droits ajoutés à la panoplie des errements récents du Conseil de l’Europe.
    Soit un moyen (de plus) de détourner l’attention du public vers des aspects sur lesquels une France « laissée pour compte au niveau mondial » n’aura aucune SOLUTION tenant la route !
    Egarements répétés, bis repetita …

  • Puisque les écolos préconisent le chauffage domestique au gaz, s’ils étaient logiques avec eux-mêmes ils préconiseraient aussi l’exploitation du gaz de schiste dont regorge la France. Les réserves de gaz de schiste estimées en France sont les deuxièmes d’Europe après la Pologne et correspondraient à 100 ans de consommation de gaz naturel au rythme de 2012 selon une estimation des services géologiques américains ! Or le gaz de schiste, comme l’énergie nucléaire sont des sujets tabous pour les écolos qui confondent uranium et émissions de CO2. Le but final de leur idéologie malthusienne et rétrograde sera une paupérisation de l’ensemble de la population et une destruction du tissu industriel français irrémédiable et à beaucoup plus court terme qu’on ne l’imagine. L’avenir sans CO2 est un rêve mortel et que survienne un refroidissement climatique, ce que les spécialistes du Soleil prévoient depuis plusieurs années, ce sera la fin (et la faim) dans la misère généralisée. Bonnes années 2015 et suivantes …

    • Comment voulez-vous que les écolos fassent preuve de logique et de cohérence? Ils en sont incapables et leurs discours sont toujours irrationnels et surréalistes.

    • @ Jacques Henry, au-delà de la logique toujours très approximative des écolos, les réserves de gaz de schistes estimées par les services géologiques américains relèvent du jeu d’écriture beaucoup plus que de la géologie. Sans doute aurez-vous remarqué, si vous avez suivi l’actualité dans ce domaine, que les mirifiques réserves annoncées pour la Pologne se sont transformées en pet de lapin dès que l’on a commencé à forer. Il n’y a pas plus de certitudes pour la France, et étant de ce métier, j’ai beaucoup de doutes sur l’importance de ces fameuses réserves. Mais tant qu’on ne sera pas allé y voir, on peut toujours espérer.

  • A quand un bilan prévisionnel de ce que coûtera in fine la transition énergétique.
    L’on nous vend une hausse modérée du kWh en oubliant de nous préciser que cela est compensé par une hausse immodérée de la Contribution au Service Public de l’Electricité, dont nul ne peut nous donner les limites hautes pour les 20 années à venir…
    Et en plus l’on parle de participation citoyenne aux financements des éoliennes et panneaux photovoltaïques alors que dans les faits l’on ne fait que rémunérer une épargne grâce aux intérêts acquis sur le dos de tous les consommateurs via cette CSPE.
    L’on prélève sur les factures de tous, y compris les précaires, pour rémunérer une épargne d’affairistes qui ne prennent aucun risque puisqu’on leur garantit un revenu…

    • Il y a déjà une dette nouvelles énergies qu’il faudra rembourser à EDF.

      Autrement dit : les augmentations actuelles financent l’énergie qu’on a consommé précédemment. Maintenant, les consommateurs d’aujourd’hui payent pour ceux d’hier.

      • Aujourd’hui on paye 840 millions d’euros (ce qui revient à dire on fait 840 millions d’euros de dette supplémentaire) pour expier les conneries de Sarko avec le Grenelle de l’environnement et Ecomouv. Ce n’est qu’un début. On imagine quelle sera la facture de Hollande laissée à son successeur.

        C’est le premier effet Kisscool bisounours : le projet mal-fagoté – spécialité de l’état. On n’a même pas le temps de s’apercevoir que ça ne sert à rien et que ça ne génère pas de recettes (2e effet Kisscool) et que cela a des conséquences catastrophiques et coûteuses par effet de bord (3e effet Kisscool).

  • Au programme des vœux de celui qui nous sert de président, l’écologie sous la forme de « droits de l’humanité à préserver de la planète ». Mais derrière cette expression fumeuse qui veut rappeler les Droits de l’homme, n’est-ce pas la planète qui prend la place de l’homme qui lui, est sacrifié sur l’autel de Gaïa par un appauvrissement généralisé ? (enfin pas pour tout le monde…)
    Car ce qui est au programme, c’est que ce seront les États qui décideront, et pas toujours de façon démocratique, de ce qui est « bon pour la planète ». Nos concitoyens seraient-ils d’accord avec la loi de transition énergétique si on les informait de ses conséquences ?

    • Oui je me suis fait exactement la même réflexion.

    • C’est pour ça que la Science (avec un grand S) du GIEC est bien pratique – et qu’il faut absolument faire taire les sceptiques. Ils n’osent pas nous imposer leur « vision supérieure » de l’avenir de l’humanité à travers la politique (pas encore). Mais au nom de la science, on peut décréter l’intérêt général, l’état d’urgence, le sacrifice ou même la famine générale sans aucune restriction. Ca s’appelle un coup d’état – mais ce n’est plus au nom de la patrie : la Science c’est encore mieux.

      • Oui. N’ayant pu imposer leur point de vue par la politique, ils tentent de l’ériger en dogme et de s’approprier le savoir, pour la première fois en occident depuis la renaissance, le savoir est soumis à une autorité spirituelle qui prétend s’en arriver le monopole. Nous vivons une époque bien sombre, et dangereuse.

  • Bon, ca va nous coûter combien cette rigolade ?

    Allez on va être sympa : on va juste compter une hausse de 20% du prix de l’électricité : 6 Milliards d’Euro … un impact au minimum du double sur la croissance -0.6% de croissance, et quelques centaines de milliards dans la dette pour les investissements et les arrêts de centrales nucléaires… allez on doit bien approcher les -1.2 à -2 % de croissance à vue de nez.

    Cool !

  • Evidemment, personne parmi ceux qui ont voté n’a pris la peine de se demander combien ça va couter. Quand on croit on ne compte pas.

    • Il n’ont pas besoin de compter : l’argent est quelque-chose de virtuel, un jeu d’écriture dans les comptes des banques. Il y a tout un tas de moyen pour financer n’importe quoi au dessus de ses moyens quand on gère la monnaie. La seule limite, c’est l’effet Laffer : on ne peut pas dépouiller ceux qui travaillent au delà du point où plus personne ne veut faire d’effort. Mais malgré la situation économique désastreuse, ils arrivent à se persuader qu’ils ont encore de la marge avant que tout ne s’écroule.

      • Non, l’argent n’est pas quelque chose de virtuel. Cette notion d’argent virtuel avait un sens avant : avant que les états puissent se financer chez des banques privées, avant que l’état français utilise l’euro, avant que les banques privées couvrent leurs encours en se capitalisant, avant que les multinationales se libèrent d’une monnaie de référence, avant que la Chine ne couvre sa monnaie pour financer sa croissance…

        Ce qui est assez hallucinant, c’est que toutes ces libéralisations du secteur bancaire n’aient eu qu’un seul effet : financer la gabegie des gouvernements…

        Le volume d’argent ‘public’ dans le système bancaire est devenu tel qu’il bloque tout développement en dehors des opérations spéculatives, dont les rachats de crédits étatiques.

  • N’oubliez pas que le ministre en charge de l’énergie, Mme S. Royal à déclaré dans une interview sur France Info, à propos de Rosetta, Philae et de la comète :

    « C’est extraordinaire ce qui vient de se passer. C’est une prouesse européenne qui vient de se réaliser dans la conquête de l’espace. Nous allons peut-être en savoir plus sur l’origine de la vie humaine car cette comète est restée en dehors du réchauffement climatique, c’est une avancée fondamentale. »
    « Les informations que l’on pourra en tirer nous permettront d’agir plus efficacement afin de protéger notre planète commune, car c’est là le but de cette mission. »

    Ne vous étonnez donc pas de voir ce ministère nous concocter des lois farfelue, malheureusement aussitôt approuvées par une majorité dont les députés ne se caractérisent pas par leur indépendance d’esprit.
    YB24

  • Carcan ? Bof… Vu le peu de valeur de la parole de l’Etat, je ne donne pas cher du moindre « engagement » à un horizon supérieur à 6 mois.
    « Nous respecterons l’engagement de réduire le deficit à 3% »
    « Dans un an la courbe du chômage s’inversera »
    « Des 2014 il n’y aura plus de hausses d’impôts »
    Dès lors, pourquoi pas « en 2017 le soleil sera bleu » ou « nous aurons deux lunes à compter de 2020 » ?
    Nous leur faisons trop d’honneur en argumentant contre leurs lubies.

    • « Nous leur faisons trop d’honneur en argumentant contre leurs lubies. »

      Oui, mais nous sommes au bord du gouffre et on nous propose de faire un « grand bond en avant » pour la transition énergétique. Il y a encore 6 ans, je trouvais ça déjà stupide mais ça me gênait un peu moins.

  • Petit rappel historique :
    Le » grand bon en avant » qui a tant fait reculer la Chine et qui a a perduré jusque dans les dernières années des sixties a surtout couté la vie à environ 40 millions de chinois ( d’après les historiens les plus crédibles)

  • Le CO2 est de tous les gaz à effet de serre le moins actif . Ni lui , ni ni l’homme n’ont d’influence véritable sur le climat
    Le CO2 actuel , d’après l’analyse des isotopes du carbone et de l’oxygène provient essentiellement des océans qui restituent le CO2 accumulé depuis le moyen âge ; la température est stable depuis près de 20 ans alors que le taux de CO2 n’a cessé d’augmenter pendant cette même période.
    Nicolas HULOT est en effet avec le gouvernement un des responsables de cette double idiotie actuelle qui pénalisera de façon irréversible toute la FRANCE ; ces dépenses inutiles serait bien plus utiles pour aider ceux des Français qui sont dans le besoin ,et ils sont nombreux , de plus en plus !

  • Ni le CO2 , un des gaz à effet de serre les moins influents , ni l’homme , ne sont responsables du réchauffement climatique.
    Le CO2 actuel provient essentiellement de la restitution par les océans du CO2 accumulé depuis le moyen âge si on en croit les analyses des isotopes du carbone et de l’oxygène.
    La température est stabilisée depuis une vingtaine d’années alors que le taux de CO2 n’a cessé d »augmenter pendant cette même période .
    Les énormes dépenses envisagées pour rien en FRANCE pour lutter contre le réchauffement seraient bien mieux utilisées pour venir aux Français qui ssssont de plus en plus nombreux à deveni pauvres !

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