Par Charles Bwele.
Enseignant à Sciences Po, Pierre Conesa est l’auteur de Surtout ne rien décider. Manuel de survie en milieu politique, ouvrage qu’il résume comme suit : « l’art de la non-décision consiste à agir avec méthode et savoir-faire, assurance et détermination afin de laisser les inévitables réformes aussi intactes que possible à ses successeurs. »
Lors de sa succulente conférence à l’ANAJ-IHEDN, il énonce quelques principes de la vie politique :
- Le long terme en politique est la prochaine échéance électorale.
- En politique, se méfier de ses amis plutôt que de ses ennemis.
- Le réformateur est un zébulon immaîtrisable et dangereux qu’il faut tuer (politiquement).
- La réforme crée des inimitiés durables alors que la subvention ne fâche personne et crée des amitiés : toujours penser à la subvention.
- Un homme politique d’avenir est un homme qui promet.
- Un homme politique n’est mort que s’il est biologiquement décédé.
- Tout homme politique accusé de corruption est présumé innocent jusqu’à ce qu’il soit réélu.
Entre humour décapant et lucidité à tout crin, l’ancien adjoint au Directeur de la Délégation aux Affaires Stratégiques explique « pourquoi faire aujourd’hui ce que les autres peuvent être contraints de faire demain » en quelques principes :
- 1er principe : Démonter la prétendue urgence de la réforme.
- 2ème principe : Énoncer des principes ambitieux et généreux qui expliquent la lenteur et la complexité de la réforme.
- 3ème principe : Étudier bien et longuement le problème : commissions, haut conseil, haute autorité, etc.
- 4ème principe : Toujours communiquer pour expliquer l’inaction : novlangue, complexité juridique, exemples étrangers non-transposables, etc.
- 5ème principe : Quand toutes les voies de l’inaction ont
été explorées, il reste à créer de la complexité.
Ainsi, on constate quelques dossiers typiquement français (qui s’accumulent sur les tables basses des cabinets ministériels) en instance permanente depuis plus de trente ans : la réforme des professions protégées, la réforme des retraites, la réforme de l’Éducation nationale, le statut des fonctionnaires, la réforme de la PAC, le statut de la presse, les aides à la presse, le cumul des mandats, les tribunaux de commerce (dont les greffiers gagnent 30 000 €/mois !), etc.
Quelques années plus tôt, j’avais énormément apprécié un ouvrage de Pierre Conesa titré La Fabrication de l’ennemi : ou comment tuer avec sa conscience pour soi (Ed. Robert Laffont, 2011), qui conserve toute sa pertinence au regard de l’actualité internationale. En 2013, cet agrégé d’histoire avait obtenu le prix de l’impertinence pour cette petite phrase : « En politique le ridicule ne tue pas, seule la réforme est létale. »
- Pierre Conesa, Surtout ne rien décider. Manuel de survie en milieu politique, Robert Laffont, 2014, 138 pages.
Bonjour
Certes, mais d’un autre coté on est plutôt envahi par un trop de reforme.
Elaguer le trop de loi-reglement. Stabilité ensuite (surtout).
Attention, réformes, vent et gesticulations sont des concepts très différents.; les réformes, les seules qui vaillent, citées dans l’article par l’auteur, font l’objet d’une procrastination parfaitement calculée. La farce politique n’amuse guère que ceux qui en vivent et en profitent…
Nous sommes envahis de lois, pas de réformes.
on a l’impression que c’est le livre de chevet de hollande et qu’il l’applique à la lettre !
catégorie “Humour” ?
Hélas, j’ai l’impression que c’est la triste réalité
comme c’est bien dit.
Que font il tous ?. de merveilleux acteurs,
A eux tous ils pourraient faire un film sur le deluge économique.
eh oui,le rire est le propre de l’homme
(merci de ne pas me censurer pour propos sexiste)