Saccharine, aspartame, sucralose : attention, effets pervers !

Attention aux sucres de synthèse ! Leurs vertus ne sont pas aussi bonnes qu’on le dit.

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Saccharine, aspartame, sucralose : attention, effets pervers !

Publié le 25 septembre 2014
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Par Jacques Henry.

sucre credits paul (licence creative commons)

J’étais tranquillement assis hier matin à la terrasse de mon bistrot préféré, sirotant mon café matinal et j’observais deux femmes prenant leur café crème – ce n’est pas de la crème mais du lait – après y avoir ajouté un sachet d’aspartame. Ces deux femmes ne pouvaient visiblement pas cacher leur surpoids frisant la limite pathologique. Elles devaient certainement utiliser du faux sucre pour ne pas aggraver leur cas. Plus simplement, elles voulaient sans doute se donner bonne conscience en suivant l’avis de leur médecin nutritionniste qui leur avait très probablement préconisé l’usage systématique d’une de ces molécules artificielles dites « sucres de synthèse zéro calories ». Le problème est que les boissons « zéro calories » sont devenues une mode car il n’y a pas que le café… Il y a aussi des confiseries basses calories ! On a reculé les limites du surréalisme alimentaire.

Pourtant, depuis l’arrivée sur le marché de l’aspartame en 1965, suivi du cyclamate en 1970, de la saccharine, finalement autorisée à la fin des années 70, alors que ce produit était connu depuis 1950, un point final a été mis à la controverse sur ses propriétés cancérigènes. Le sucralose est apparu en 1998. Ce dérivé chloré du sucre ou saccharose, et d’autres agents sucrants cryptiques ont suivi sans que l’épidémie d’obésité ne cesse de progresser.

Rien de tout ça bien au contraire. Mis à part le stévioside qui a fait ses preuves au Japon depuis des dizaines d’années – difficile de rencontrer des obèses dans ce pays à part les sumotoris – et qui est un produit naturel, tous ces produits de synthèse aux propriétés « sucrantes » posent donc problème. On sait que le message « sucre » envoyé au cerveau se répercute au niveau du pancréas qui excrète alors de l’insuline à titre préventif. Comme l’organisme a réagi à un leurre on comprend dès lors qu’il était impératif d’étudier dans le détail ce qui se passe au niveau du système digestif supposé recevoir du sucre, ainsi qu’au niveau des bactéries intestinales qui ont peut-être aussi un rôle à jouer dans cette affaire de dupes.

Effets négatifs des sucres de synthèse

sucres de synthèse rené le honzecC’est justement sur ce dernier point qu’une équipe de biologistes du Weizmann Institute a focalisé ses travaux puisque depuis toutes ces années, l’usage de « sucres artificiels » n’a eu aucun résultat positif sur la progression de l’obésité. Ce qu’ont découvert deux étudiants en thèse au Weizmann sous la direction du Professeur Eran Segal est pour le moins terrifiant et inattendu. Les succédanés du sucre auraient tendance à favoriser l’intolérance au sucre, donc le syndrome métabolique (l’obésité) et par voie de conséquence le diabète de type 2 mais pas comme on le suspectait en modifiant la réponse du pancréas au « signal sucre » transmis au cerveau, en agissant au contraire sur la flore intestinale, une perturbation résultant en une intolérance au glucose.

Toute hypothèse devant être naturellement vérifiée, après avoir justement vérifié que des souris, quelle que soit leur lignée, devenaient intolérantes au glucose après avoir ingéré des agents sucrants à des doses équivalentes à celles préconisées pour l’alimentation humaine, ils ont traité ces mêmes souris avec des antibiotiques pour détruire en grande partie leur flore bactérienne intestinale. Comme ils s’y attendaient un peu, ils constatèrent que l’intolérance au glucose, c’est-à-dire une glycémie élevée, disparaissait très rapidement. Comme on sait que tous ces produits ne sont pas absorbés par l’intestin et ne se retrouvent donc pas dans le sang, ils ont ainsi tout le temps de baigner la flore bactérienne intestinale au cours de la digestion. Un effet sur cette flore était donc fortement suspecté. Pour apporter une preuve supplémentaire, des souris élevées stérilement ne répondaient pas négativement aux agents sucrants mais si on leur inoculait les bactéries intestinales d’autres souris alors elles développaient immédiatement une intolérance au glucose. C’était un peu comme si ces bactéries transmettaient l’intolérance provoquée par les agents sucrants.

La dernière étape fut donc d’étudier cette flore et les modifications induites par les agents sucrants qui se révélèrent très profondes en favorisant certaines bactéries connues pour induire l’obésité tant chez la souris que chez l’homme. Comment dès lors transposer ces résultants alarmants aux humains ? D’abord il existe une banque de données très vaste qui passe en revue les connexions entre la flore bactérienne et la nutrition.

Il y est répertorié un grand nombre de rapprochements entre nutrition et nature de la flore bactérienne intestinale. N’ayant pas froid aux yeux, ces deux étudiants ont voulu apporter des éléments de preuve supplémentaires en demandant à une dizaine de volontaires de se plier à une expérience toute simple. Ces personnes n’utilisaient jamais d’agents sucrants et leur tolérance au glucose, leur glycémie, fut vérifiée. Ils leur demandèrent alors de se soumettre à la consommation d’agents sucrants, pendant une semaine par exemple, avec leur café ou leur thé ou encore en buvant des boissons pétillantes de couleur brune bien connue affichant zéro calories sans aucunement changer leurs habitudes alimentaires. Le résultat fut évident : la majorité de ces volontaires bénévoles ont montré une intolérance au glucose à deux ou trois exceptions près. En analysant leur flore intestinale à l’aide du séquençage des ARN ribosomaux, ceux qui étaient restés indemnes, c’est-à-dire qui n’avaient pas développé d’intolérance au glucose, avaient une flore différente de celle des autres sujets. D’après les directeurs de thèse de ces étudiants, les Docteurs Segal et Elinav, certaines bactéries de l’intestin sécrètent au contact des agents sucrants des substances présentant des propriétés inflammatoires entraînant une modification de la capacité de l’organisme à assimiler le glucose.

L’usage d’agents sucrants provoque donc les désordres métaboliques contre lesquels ils ont paradoxalement été destinés, que ce soit la perte de poids, un palliatif au traitement du diabète de type 2 ou d’autres situations métaboliques comme l’hypoglycémie résultant d’un excès d’insuline lors de l’ingestion de glucose. On se trouve donc devant un phénomène de société extrêmement préoccupant puisqu’on retrouve des agents sucrants dans plus de 1500 produits alimentaires et, de plus, ces agents sucrants sont en vente libre dans n’importe quel drugstore ou supermarché. Personne ne vous empêche de préparer à la maison des sorbets à la saccharine ou des tartes sucrées avec de l’aspartame pour réduire la quantité de sucre contenue dans les abricots ! Mais si vous développez un embonpoint peu esthétique ne vous en prenez qu’à vous-même…

Source : The Weizmann Institute


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  • Les édulcorants semblent aussi jouer un rôle dans les allergies, en agissant sur les espaces interstitiels entre les cellules de l’intestin, le gluten jouant par après un rôle néfaste.

  • Sur 20 ans d’édulcorant pour mon café et autres boissons, j’ai évité plus de 60 000 morceaux de sucre…Et je suis svelte, avec mon « sunsuc », entre autres restrictions…

    • La fameuse flore ‘différente’ ! Aprés le mécanisme n’est pas mis en évidence directement ce ne sont que des suppositions…Mais à surveiller !

    • Cette histoire rappelle celle des acetylateurs lents et des acetylateurs rapides avec l’ingestion d’alcool (ceux qui tiennent ou qui ne tiennent pas !)

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Xavier Hollandts est professeur associé à la KEDGE Business School. Docteur et HDR en sciences de gestion, il enseigne l’entrepreneuriat et la stratégie. Spécialiste des questions agricoles, il intervient régulièrement sur ces sujets dans les médias. Ses travaux académiques ont notamment été publiés dans Corporate Governance, Journal of Institutional Economics, Managerial and Decision Economics, ou la Revue Économique.

 

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