Par Guillaume Nicoulaud.
Si vous avez déjà fait appel à un professionnel du bâtiment – quel que soit le corps de métier – vous avez sans doute constaté que ces gens-là ne tiennent jamais leurs délais. C’est systématique. Un chantier qui devait durer trois jours, dans le meilleur des cas, prendra une demi-journée de plus.
Peut-être avez-vous pensé qu’il y a là une démarche volontaire, que votre interlocuteur réduit sciemment son estimation pour vous inciter à signer le devis. Sur la base de mon expérience personnelle, je peux vous confirmer que ce n’est pas le cas : pendant plusieurs années, mon beau-père, qui est retraité du bâtiment, nous a aidé mon épouse et moi-même à retaper une maison et ce phénomène s’est manifesté à chaque fois. Électricité, plomberie, peinture… Quel que soit le chantier sur lequel nous nous sommes lancés, mon beau-père sous-estimait systématiquement le temps nécessaire pour arriver à nos fins.
Que les choses soient claires : mon beau-père est un professionnel très expérimenté. Il a commencé tout en bas de l’échelle, est devenu chef de chantier et a terminé sa carrière en tant que formateur. Par ailleurs, dans la mesure où il nous a aidé à titre tout à fait gracieux, il va de soi qu’il n’avait absolument aucun intérêt à sous-estimer le temps que prendrait nos travaux. Pourtant, à ma plus grande surprise, c’était le cas à chaque fois.
Eh bien figurez-vous que ce phénomène dont on peut observer les effets dans à peu près toutes les activités qui nécessitent la planification d’un grand nombre de tâches séquentielles et interdépendantes porte un nom : c’est la loi de Hofstadter. Elle s’énonce comme suit :
« Il faut toujours plus de temps que prévu, même en tenant compte de la loi de Hofstadter. »
(Notez, ô merveille, que cette loi est récursive !)
Ce que cette loi a d’extraordinaire, c’est que même en tenant d’elle-même, nous tendons toujours à sous-estimer le temps nécessaire à la complétion d’un plan. Bien sûr, n’importe quel plombier expérimenté sait pertinemment qu’il rencontrera fatalement des difficultés ; pourtant, même en tenant compte de ce fait incontournable, il tendra à sous-estimer le temps qu’il mettra à réparer votre plomberie. Bien sûr, tous les développeurs savent que l’écriture d’un programme implique toujours un temps incompressible de débogage ; pourtant, même lorsqu’ils souhaitent sincèrement être conservateurs, ils commettent la même erreur que votre plombier.
Et pour en savoir plus : la loi de Hofstader sur Wikipédia.
Idem, avec mon mari, nous avons effectué des travaux dans notre maison, cela a duré 2 mois de plus que prévu, disponibilité des ouvriers qualifiés notamment et pour notre jardin, événement malheureux…
Je m’attendais à une vraie explication des causes pas à l’existence d’une loi empirique qui se contente de décrire l’existence du problème, dommage mais marrant quand même.
De mon expérience, c’est un mix de vantardise et d’envie de faire plaisir
Et vous voulez que ça explique le retard dans l’inversion de la courbe du chômage ?
Cet article est ecrit pour s’amuser, c’est toujours rigolo; Il y a des raisons aux retards, mais même pour des chantiers à contrats particuliers, les 2.5% de parfait achèvement ne sont pas la règle.
Toutafé. Il est aussi grandement temps de faire un gros ménage dans toutes ces lois dites naturelles (gravitation, thermodynamique, etc..) qui sont autant d’entraves à l’exercice de nos libertés.
Coupons les têtes, raccourcissons les Murphy et consorts, c’est ça le nivellement par le haut !
Il y a un excellent bouquin à l’esprit so british : “Vous plaisantez Monsieur Tanner” (rien à voir avec le film insipide qui en été tiré et qui est un nanar insipide).
http://www.amazon.fr/plaisantez-monsieur-Tanner-Jean-Paul-Dubois/dp/2879294681
Il faut absolument voir, en revanche, le film “Un million clefs en main” (Mr. Blandings builds his Dream House) de H.C.Potter (1948) avec Cary Grant et Myrna Loy. Tout y était dit de manière hilarante bien avant les déboires de M’sieur Tanner (mais ce livre est effectivement très drôle aussi).
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J’avais remarqué les retards sur les réalisations de travaux lors de ma vie professionnelle.
J’attribuais ça une attitude inconsciente consistant à vouloir être pris en considération sur la fin des chantiers et à une maitrise du temps.
Qui maitrise le temps a le pouvoir.
Bonjour,
Ou est le problème, si ce n’est que l’artisan en question perd de l’argent.
Un chantier est un forfait, à moins d’être payer à l’heure effectué.
En tant qu’artisan, pour changer une gouttière c’est au mètre linéaire. Donc plus je travaille vite plus je gagne et inversement.
Il faut dire aussi que pour pas mal de clients, le chantier devait être fini avant que l’on est commencé.
Bien à vous
Le problème est que tout retard entraine des coûts pour le donneur d’ordre (parfois difficiles à évaluer). Mais comme le dit l’article, le problème n’est pas spécifique au bâtiment : dès qu’un travail est complexe et qu’il existe des aléas, les délais ne peuvent être respectés.
Ce qui est étonnant, c’est qu’on n’arrive pas à maîtriser l’espérance (mathématique) de l’allongement du délai (et du coût) de réalisation.
Article amusant, mais la fameuse “loi de Hofstadter” n’est pas toujours vérifiée.
Pour ma part, parmi la dizaine d’entrepreneurs auxquels j’ai eu affaire dans les dernières années, un bon tiers ont été strictement conformes à leurs prévisions. Chantier qui commence le jour prévu, à l’heure prévue, qui se déroule comme prévu, et termine à l’heure sans surprise sur la facture. Il est vrai qu’il s’agissait de petites entreprises, où le patron n’hésitait pas à payer de sa personne pour pousser les feux là où c’était utile …
C’est à peu près la proportion de retards que j’ai constaté en tant que daf d’une tpe bâtiment TCE. Il y a énormément de vraies raisons aux retards, dont une partie due á l’optimisme indispensable à la direction d’une entreprise, les ideratas des clients qui en cours de chantier obt réfléchi à une modification souvent pertinente, et qui que ne produira pas de Tx supp, des imprévus genre intempéries ou même chaleur ou conditions de mise en oeuvre(poussière, évacuations difficiles(gravois), ou même l’usure du personnel sur le chantier de plus de trois semaines (seuil que j’ai remarqué).
Les problèmes apparaissant de façon aléatoire, mais leur sources étant extrement nombresues, on ne peut résonner que de façon probabiliste. Comme toujours, et pas seulement dans le batiment, un certain nombre de dérives peuvent être rattrapées par l’implication des intervenants, au prix de travail supplémentaire, de fatigue ou de stress – ce qui est plus aisé dans de petites structures.
L’implication des travailleurs devrait en toute logique être prise en compte dans la pénibilité du travail. Mais difficile à évaluer et stupide de quantifier de façon négative la conscience professionnelle. Ce qui me laisse à penser qu’une fois de plus, l’état prend le problème par le mauvais bout dans sa volonter de légiférer sur la pénibilité du travail.
Il suffit de comparer avec la réalisation des marchés de restauration Monuments H. Ou très vieux bâtiments inscrits ou non classés.
Outre les temps prévus de mise en oeuvre et les coûts pas vraiment concurrenciels, les maçons, même couverts de poussière de pierre pour la moindre corniche, se sentent valorisés à chaque m3 de pierre transporté.
Ils parlent avec intérêt de leur travail sur les chantiers, rien à voir avec la construction. Même avec des structures B. Armé exceptionnelles, le travail n’est pas valorisant du point de vue de l’exécutant. Le butonnage et les voiles contre terre n’ont pas la cote!
Merci d’avoir trouver un mot à ce biais qui fait parti de mon quotidien professionnel.
Dommage que ce nom soit trop barbare (c’est comment déjà ?) pour le sortir devant un client mécontent 😉
Notez que cette loi ne s’applique pas en Allemagne, dont je suis frontalier:
Prix et délais: le contrat, et rien que le contrat.
Conséquences: efficacité, confiance, expansion économique…
Y’en a marre de ces Allemands toujours meilleurs en tout !
Ils avaient laissé entendre qu’en 13 minutes ils feraient notre malheur…
Ca me rappelle la loi de Parkinson : “tout travail au sein d’une administration augmente jusqu’à occuper entièrement le temps qui lui est affecté”
Les deux lois interagissent probablement
Loi “off-starter” ? C’est pour ça alors.
Nous c’était : ” loi de l’emmerdement maximum” qui complète donc l’autre imprononçable.
J’arrive a avoir des délais exacts voir plus courts que ceux annoncés. Ma méthode est simple. Je prend l’évaluation des délais et je multiplie le tout par 2,5. CA fait des délais énormes à première vue surtout parce que l’on s’attend souvent au dépassement horaire. La seule fois que nous avons été en retard pour livrer c’était à cause d’un naufrage.
En général multiplier le temps annoncé par 2,5 est suffisant.
Le 2.5 me semble un peu arbitraire. Un coefficient plus spécifique peut être déterminé en comparant simplement les délais prévus et les temps réel sur un certain nombre de ses propres évaluations et appliquer ce coefficient là .
Oui, 2,5 c’est ce qui marche dans ma boite… Pour les autres je sais pas…
Multiplier par Pi, ça fait plus, science vachement élaborée, et vous aurez encore moins de risque de dépassé…
C’est formidable cette information. Je vais de suite expliquer à ma femme que si la réfection de la chambre de mon gars prend plus de temps que prévu, c’est du fait de la Loi de Hofstadter. C’est imparable et devrait lui clouer le bec à cette râleuse.
Merci Guillaume, toi tu es un vrai pote !
Le problème de tenue des délais a plusieurs origines :
– pas d’analyse de risques , pas d’anticipation, mauvaise coordination des intervenants
– utilisation de ressources extérieures donc peu impliquées et payées à l’heure : plus ça dure, plus je gagne
– délai peu réalistes : tout le monde fait semblant d’y croire (“le chef a dit”)
– délai ou budget trop confortable : en général on bouffe le délai ET le budget (“on a le temps”)
– intervenants habitués à bouffer le délai et ce, sans conséquence : ils en déduisent que les délais sont faux
– pas de suivi d’avancement au jour le jour pour se rendre compte des dérives et les stopper
– pas de suivi de budget : les dérives de budget sont souvent des dérives de délai
– méconnaissance du point de non retour sur chaque projet : par exemple 4 semaines de retard sur un projet de 12 mois ça peut se rattraper au début mais plus à mi-projet
Pêle mêle :
les intervenants adaptent souvent leur rythme de travail à leur visibilité de la charge de travail à venir
=> il faut tenir les gens au courant de la charge de travail et les impliquer assez tôt dans la suite.
Dès que le travail est fini il faut le retirer du circuit afin que les intervenants ne se disent pas qu’être à l’heure n’a servi à rien. S’il s’agit d’un matériel et que l’on ne peut pas le livrer il est préférable de le stocker à part, hors de la vue : sinon les intervenants n’auront plus confiance dans les objectifs fixés et ils vivent la réussite comme un échec. Dans tous les autres cas il faut expliquer aux intervenants (attente paiement client etc…)
Je suis chef de projet et tous mes contrats sont à l’export avec des crédits documentaires aà date limite d’embarquement et indemnités de retard. On est bien obligé de s’organiser pour.
Analyse de risque par exemple : je n’utilise pratiquement jamais le port de Fos sur mer… à cause des dockers de la CGT. Je préfère aller à Anvers.
En science cela se nomme “gestion des contingences”…
Tout projet rencontrera forcément des contingences : phénomènes imprévus qui entravent ou modifient le déroulement du projet !!!
Et comme personne ne peut prévoir l’imprévisible; il en découle des retards sur le projet !!!