Clause Molière, l’incohérence à portée des caniches politiques

Avec la Clause Molière, des élus tentent de bouter l'étranger hors de France ce qui entraîne foule d'effets indésirables et incontrôlés, comme d'habitude.
Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Chantier travaux (Crédits Limousin, osez la différence, licence Creative Commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Clause Molière, l’incohérence à portée des caniches politiques

Publié le 6 septembre 2017
- A +

Parce qu’en Socialie, il faut bien trouver un angle ou un autre pour empêcher les individus de travailler, certaines régions ont trouvé un moyen assez pratique pour y parvenir : faire jouer une « clause Molière » dans leurs chantiers.

Bien évidemment, les choses ne sont pas présentées ainsi. Si les socialistes (de droite ou de gauche) sont généralement incultes économiquement parlant, ils n’en gardent pas moins un sens aigu du spectacle lorsqu’il s’agit d’enfumer leur électorat.

C’est ainsi qu’ils présenteront l’une ou l’autre mesure protectionniste comme un élément de sécurisation — des prix, du territoire, de l’emploi, de la culture ou de n’importe quel truc qui ira bien, peu importe tant que l’électorat suit. Et ce, même si l’analyse, deux minutes de réflexion et une myriade d’exemples d’application dans le passé prouvent sans mal que c’est une erreur grossière.

L’exemple récent de cette fameuse Clause Molière vient immédiatement à l’esprit.

Cette clause a été récemment introduite par différentes institutions républicaines comme les Conseils régionaux des Pays-de-Loire, d’Ile-de-France ou d’Auvergne Rhône-Alpes qui avaient ainsi cherché à endiguer la présence de travailleurs étrangers sur les chantiers de leurs territoires.

L’idée générale – bien comprise – qui trotte dans la tête des présidents de région est de lutter, à leur manière, contre la méchante et vilaine possibilité qu’ont les travailleurs détachés d’autres pays de l’Union Européenne de venir travailler chez nous. De ce point de vue, les élus (ici, tous LR) qui appliquent cette trouvaille juridique rejoignent au moins dans l’esprit les récentes déclarations matamoresques du président Macron, tout frétillant à l’idée de remettre en cause la directive européenne encadrant justement le détachement de ces travailleurs.

Pour le moment, il semble que la justice administrative suive la tendance impulsée par ces fougueux politiciens, puisqu’en juillet dernier le tribunal administratif de Nantes a validé cette clause.

Et comme de juste, les arguments invoqués sont d’abord sécuritaire : pour Martine Vassal, présidente du conseil départemental des Bouches du Rhône qui vient d’utiliser une telle clause pour ses chantiers, l’imposition d’une même langue sur un chantier est avant tout dictée par des impératifs de sécurité. Elle déclare ainsi à la Provence :

Si on dit : attention, une poutre va tomber sur un chantier, il faut que tout le monde puisse comprendre pour éviter un drame. Puisque la justice a dit que cette clause était légale, il n’y a aucune raison qu’on ne l’applique pas

Mais n’oublions pas l’électeur, ce petit ruminant doux, un peu bête, qui a tant besoin qu’on ne lui explique rien et qu’on le choie du mieux possible en l’engonçant, de loi en loi, dans un parfait cercueil matelassé dans lequel il sera à l’abri de tous les aléas de la vie et, à terme, à l’abri de la vie elle-même. Pour ce dernier, rien de tel que rappeler que cette mesure a d’agréables effets bénéfiques (si si) :

Cette clause permet de lutter contre le taux de chômage élevé. Ce sera aux entreprises d’apporter la preuve qu’elles appliquent bien la clause. Si ce n’est pas le cas, c’est une défaillance du prestataire qui peut aller jusqu’à la dénonciation du marché

Ah voilà, nous y sommes : non seulement, parler en français sur les chantiers évitera des pluies de poutres et les drames qu’elles provoquent, mais en plus cela permettra de créer ces emplois dont nos compatriotes sont de friands demandeurs.

Il n’est qu’à voir les longues files qui se forment devant chaque chantier de ces Français qui veulent, eux aussi, participer à l’édification de tel ou tel bâtiment ! Il suffit de constater la bousculade à Pôpol Emploi lorsqu’on annonce qu’un poste de maçon se libère ! Et il suffit de voir les mines réjouies des entrepreneurs qui peuvent piocher dans les nombreuses mains levées lorsqu’ils viennent chercher main d’oeuvre à vil prix devant les bureaux de l’ex-ANPE.

Bref, il était temps que nos politiciens agissent pour qu’enfin les travailleurs détachés ne viennent pas piquer le travail tant demandé par nos compatr… Ahem.

On me souffle dans l’oreille que l’industrie du bâtiment est en recherche chronique de main d’oeuvre et que cela dure depuis des années. Il semblerait en outre que les travailleurs détachés concernent très majoritairement ces domaines.

Ah zut. L’argument économique semble quelque peu s’émousser.

L’argument sécuritaire, logiquement, ne tient plus trop non plus : eh oui, si on ne peut pas recruter des Français, on va devoir chercher des bras ailleurs. Dès lors, imposer qu’ils se crient les consignes de sécurité en français alors qu’ils sont tous Polonais ou Portugais semble non seulement contre-productif, mais aussi carrément dangereux.

Flûte, l’argument sécuritaire est finalement en carton.

À l’analyse, cette « Clause Molière » commence de plus en plus à ressembler à de la fumisterie politique, à moins bien sûr de vouloir ralentir voire stopper certains chantiers (l’activité économique étant, dans l’esprit particulièrement brumeux de nos politiciens, complètement décorrélée de la création d’emploi, parce que, parce que, parce que c’est comme ça et Ta Gueule C’est Magique™).

À ces éléments qui devraient pourtant largement discréditer l’idée s’ajoute un autre, plus philosophique, de cohérence générale de l’ensemble « intellectuel » dans lequel nos élites politiques barbotent joyeusement.

Il est en effet particulièrement étrange pour ces mêmes politiciens de tout faire pour refuser ces travailleurs détachés, migrants temporaires majoritairement économiques, qui remplissent un besoin clair et créent évidemment de la richesse en France, pour au contraire accueillir à finances ouvertes (les nôtres) d’autres migrants, eux aussi majoritairement économiques mais nettement moins temporaires, dont on se demande encore comment ils vont venir s’intégrer.

Le « deux poids deux mesures » est flagrant, l’incohérence d’ensemble évidente mais cela ne semble gêner personne. Après tout, nous sommes en République Française : qui voudrait de politiciens logiques, affûtés, pragmatiques ? Que diable, c’est tellement mieux le paraître, le populisme et la redistribution tous azimuts !


—-
Sur le web

Voir les commentaires (8)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (8)
  • Pas tout à fait d’accord avec l’article.
    Je connais nombre de cas, où des particuliers ont pris une entreprise qui sous traitait ses artisans avec des salariés détachés car le prix était inabordable avec des artisans locaux. La raison est bien sûr à chercher du côté du prix du « Modèle Sociale Français Que Le Monde Entier Nous Envie ».

    Par ailleurs, la difficulté de recrutement pour les métiers du bâtiment est du côté de note Education Nationale, qui s’est donnée pour mission de faire des génération de bacheliers, à qui on a menti sur leur capacité à poursuivre des études. tant qu’on maintiendra dans l’illusion des générations de jeunes comme quoi tout le monde est appelé à faire un travail dans un bureau après avoir décroché un BAC+5, bien peu comprendront que leur avenir peut être ailleurs.

  • La clause Molière a-t-elle été appliquée pour la construction du bâtiment du Conseil Régional d’Auvergne, inoccupé car le siège est resté à Lyon grâce à lé géniale et peu coûteuse fusion des régions ? Qui va construire les infrastructures pour « Saint-Denis 2024 » ? Cette clause sera mystérieusement oubliée d’être appliquée.
    Le politicien pense que l’Economie c’est lui qui la dirige, et qui la crée.

  • L’idée que les locaux refuseraient certains métiers et qu’il faut donc combler la pénurie par des non locaux mériterait d’être mieux examinée. On peut sans grand risque de se tromper penser que chaque acteur du marché recherche la ligne de moindre effort pour obtenir le résultat qui lui est le plus profitable. C’est cela qui est sous-jacent à la loi de l’offre et de la demande dans un marché libre. Si un employeur peut trouver une main d’œuvre bas de gamme suffisante pour ses besoins, il n’a donc aucune raison pour faire un effort d’imagination et une prise de risque pour trouver une autre solution. En revanche si pour une raison ou une autre il ne peut plus compter sur cette solution de facilité, il va chercher autre chose. Dans le bâtiment qui est un gros employeur de main d’œuvre peu qualifiée, la solution est d’enrichir les taches par la technologie. Au lieu d’avoir un empileur de parpaings, on utilise des composants préparés en usine avec des machines de plus en plus perfectionnées, on peut même construire avec de gigantesques imprimantes 3D !
    Il est vraisemblable que les pays confrontés à une grosse pénurie de main d’œuvre du fait du vieillissement (comme le Japon) seront ceux qui généraliseront les premiers ce type de solution. Et il n’auront pas besoin d’importer de la main d’œuvre génératrice de problèmes (pression à la baisse sur le niveau de vie des locaux et difficultés d’assimilation) pour cela.
    Le libre marché est un moyen efficace d’optimisation. Encore faut il valoriser correctement ce qui rentre dans ce qui doit être optimisé. Oublier certaines externalisations peut conduire à de mauvais choix.

  • Bah , il faut les comprendre, ils ont abandonné l’industrie au profit des chinois et esperaient se refaire une santé avec l’emploi non délocalisable , que vont ils nous inventer lorsque le robot sera généralisé les services informatiques en Inde et les produits bio en Europe de l’est et en Afrique ?

  • Travaillant, il y a une vingtaine d’années, dans le cinéma je me souviens que les productions américaines qui tournaient des films en France payaient bien mais nous obligeaient à parler anglais sur les plateaux.
    Donc la clause Molière ne me choque pas.

  • Les citoyens se désintéressent du fonctionnement de la société en ne votant plus .Maintenant Les élus représentent une caste de démagogues , mondialistes donnant l’impression de défendre l’intérêt de notre pays. Mais réglementations innaplicables ou mieux encore nuisibles.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
7
Sauvegarder cet article

Notre nouveau et brillant Premier ministre se trouve propulsé à la tête d’un gouvernement chargé de gérer un pays qui s’est habitué à vivre au-dessus de ses moyens. Depuis une quarantaine d’années notre économie est à la peine et elle ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins de la population : le pays, en conséquence, vit à crédit. Aussi, notre dette extérieure ne cesse-t-elle de croître et elle atteint maintenant un niveau qui inquiète les agences de notation. La tâche de notre Premier ministre est donc loin d’êtr... Poursuivre la lecture

Le Maroc est un pays dynamique, son économie est diversifiée, son système politique présente une certaine stabilité dans une région en proie à des crises à répétition. Ce pays a fait montre d’une résilience étonnante face aux chocs exogènes. La gestion remarquée de la pandémie de covid et la bonne prise en main du séisme survenu dans les environs de Marrakech sont les exemples les plus éclatants.

 

Pays dynamique

Sa diplomatie n’est pas en reste. La question du Sahara occidental, « la mère des batailles », continue à engran... Poursuivre la lecture

Le fait pour un gouvernement de solliciter et d’obtenir la confiance de l'Assemblée contribue à la prévisibilité, la stabilité et la sincérité de l’action publique, et cela devrait être reconnu comme indispensable.

Le 30 janvier dernier, Gabriel Attal a prononcé son discours de politique générale, sans solliciter la confiance de l’Assemblée, avant qu’une motion de censure soit soumise, puis rejetée le 5 février. Le gouvernement Attal, comme le gouvernement Borne avant lui, a donc le droit d’exister, mais sans soutien de la chambre.

... Poursuivre la lecture
Voir plus d'articles