Mittal, Florange : un triple drame

Petite chronologie des faits qui ont failli mener à la nationalisation du site sidérurgique de Florange.

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Manifestations à Florange lors de la venue de François Hollande le 24 février 2012

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Mittal, Florange : un triple drame

Publié le 6 décembre 2012
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Petite chronologie des faits qui ont failli mener à la nationalisation du site sidérurgique de Florange.

Article publié en collaboration avec l’Aleps.

Manifestations à Florange lors de la venue de François Hollande le 24 février 2012

Il est des mots qui fleurent bon la révolution prolétarienne. C’était le maître-mot du Programme Commun de la Gauche signé entre communistes et socialistes en 1973, mais il faudra attendre 1981, l’élection de Mitterrand et le gouvernement Mauroy, pour que l’on s’en donne à cœur joie. Les nationalisations de la quasi totalité de l’industrie et de toutes les institutions bancaires et financières auront été le haut fait de la V° République.

L’affaire Mittal nous ramène trente ans en arrière. Quelle est cette affaire ? Le groupe français Arcelor devait fermer l’ensemble sidérurgique de Florange en 2010. Par chance, la famille Mittal se porte acquéreur du site, avec une clause bien précise : l’Etat français aura la responsabilité de trouver un repreneur pour les hauts fourneaux avant la fin de l’année 2012, sans quoi ils seront fermés et le personnel sera licencié. En deux ans, pas de repreneur, et Mittal applique le plan prévu : il ferme les hauts fourneaux, tout en gardant tout le reste du site, dont l’intérêt technique et la rentabilité sont pour l’instant satisfaisants. Parade du gouvernement, et idée d’Arnaud Montebourg : on trouverait un repreneur si Mittal acceptait de vendre la totalité du site, car personne n’achètera jamais les seuls hauts fourneaux. Pas question dit Mittal : le reste du site est à moi, et j’en fais ce que je veux. Nouvelle avancée : alors on va nationaliser, et une fois que l’ensemble du site sera propriété de l’Etat français, celui-ci pourra vendre.

Mais Lakshmi Mittal ne l’entend pas de cette oreille et tient tête au Président de la République lui-même. Il a une arme à faire valoir : il emploie plus de 20.000 sidérurgistes en France. Montebourg, toujours délicat : eh bien qu’il parte !

Il y a trois drames dans cette affaire : le premier c’est que les nationalisations continuent à hanter les esprits faibles, le deuxième c’est que par « patriotisme économique » les socialistes reçoivent le renfort « de la droite », en l’occurrence Henri Guaino et Jean-Louis Borloo (droite un peu gauchiste quand même). Le troisième c’est que le gouvernement français ne sait pas que nous sommes en 2012, c’est-à-dire en pleine mondialisation, et que ce qui était possible dans le petit pré carré européen en 1981 ne l’est plus aujourd’hui !

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  • faites un peu de vulgarisation. Pourquoi être contre une nationalisation, j’ai pas tout compris !

    • Parce que donner une indemnité d’un million d’euros (voir deux) pour chaque futur licencié de Mittal coûterait beaucoup moins cher qu’une nationalisation.

    • Un emploi n’a de sens que si il crée de la richesse. Payer quelqu’un pour travailler dans une entreprise non-rentable revient à le payer pour creuser et reboucher des trous.
      L’emploi pour l’emploi est une aberration économique.

  • Qui dit nationalisation dit fonctionnarisation , c’est automatique dans notre beau pays marxiste-conservateur.On n’est pas aux states !

  • Je n’ai pas tout compris ce qui n’implique pas que je ne comprenne rien à rien !
    On voit des cégétistes casqués (je me suis toujours demandé ce que ce casque pouvait bien protéger !), en colère contre le grand capital qui ne voudrait plus assurer sa fonction. Dans le même temps et selon karl, il faudrait le supprimer pour que tout aille mieux ! (Entre nous, il n’a jamais dit cela mais Poutou, si.)
    Il existe des structures un peu économiques mais très sociales qui pourraient être explorées. La SCOP, chaque salarié victime du grand capital met la main à sa poche, un peu, et beaucoup dans celle du contribuable, j’anticipe ; et on fait tourner la boutique comme un capitaliste, mais sans le dire.
    Alors, les damnés de la Terre, on se dégonfle, on préfère attendre la becquée ? Ouhla qu’on va me dire, mais un haut-fourneau, il en faut de la thune pour le faire tourner ! (tiens, tiens, le capital servirait donc à quelque chose ?) et puis y’a le risque de perdre sa mise, qu’on s’y retrouve pas !… tiens, tiens, il y aurait donc des risques ?
    Il est vrai qu’il faut beaucoup de capital dans la sidérurgie mais qu’à cela ne tienne, Hamon, vous expliquera, comme il l’a fait dernièrement au congrès des SCOP, qu’il en appellera à des investisseurs… désintéressés (véridique).
    Alors, monsieur Hamon, quand un gusse me propose son désintérêt, je passe mon chemin, devinez pourquoi ?

  • Ah ah ! En lisant la presse on a l’impression que Mittal est malhonnête et qu’il ne respecte pas ses engagements.

    En réalité c’est l’État qui est de mauvaise foi !

  • En 1999 Mittal Steel à racheté l’usine de Gandrange (nationalisée) pour 1€ a Sollac (Société nationale et nationalisée en 1981), il a gagné des millions pendant des années avant de la fermée parce-que à ses yeux de financier elle n’était plus rentable, il fait partout en Europe la même chose, il ferme les usines en Belgique, au Luxembourg, en Espagne …… pour envoyer la technologie et les commandes en Inde ou au Maroc. Ce n’est pas seulement Florange qu’il faut nationalisé mais tout le groupe présent en Europe et surtout la chose dont il est si fière: le centre de recherche des produit sidérurgique qui est prés de Metz . Messieurs les journalistes faîtes donc de la vraie informations et non pas de l’information sélective ou sensationnelle .

  • Les commentaires sont fermés.

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