Si les hommes politiques gaspillent allègrement l’argent public, c’est parce que ce n’est pas le leur. Une solution, en avoir le moins possible !
Par David Descôteaux, depuis Montréal, Québec.
Je me demande à quoi Bev Oda, ministre canadienne responsable de la Coopération internationale, pensait en juin dernier. Pendant qu’elle buvait son jus d’orange à 16 $, dans le chic hôtel le Savoy, propriété du prince Alwaleed d’Arabie saoudite.
À comment aider les pauvres dans le monde ? Comment leur acheminer de l’eau ? Comment mobiliser des ressources pour trouver des vaccins pour les populations démunies ? Après tout, Mme Oda participait à une conférence organisée par les donateurs de l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation.
Rien de trop beau
Pour assister à cette conférence, à Londres, Mme Oda a annulé la réservation à son nom dans un hôtel cinq étoiles — où se déroulait la conférence —, pour réserver une chambre dans un hôtel plus luxueux. Et deux fois plus cher : 665 $ la nuit. Coût total du séjour pour les contribuables : 1995 $ pour trois nuits, incluant l’annulation de l’autre chambre.
Or cet Hôtel se situait à deux kilomètres de l’autre, et de la conférence. Mme Oda a dû également utiliser un chauffeur et une BMW (ou une Mercedes, ce n’est pas clair) au coût de 2850 $ pour trois jours.
Plongée dans l’embarras par la publication de ces informations par Jennifer Ditchburn, de la Presse Canadienne, la ministre Oda a finalement décidé de rembourser certaines de ses dépenses. Elle s’est également excusée, mardi.
Anodin ?
Est-ce une anecdote triviale, qu’on devrait oublier demain matin ? Non. L’histoire se répète dans le cas de Mme Oda, qui avait facturé aux contribuables près de 5500 $ en frais de limousine pour assister à la cérémonie des Junos en 2006 — pour ensuite en rembourser la moitié suite aux critiques. Une histoire semblable était sortie l’année suivante. Et c’est à peine si Stephen Harper lui a donné une tape sur les doigts.
Et c’est ici que le bât blesse. Cette histoire de jus d’orange, c’est la dernière en lice — ou le symbole, c’est selon — d’une série de déceptions pour tous les “conservateurs fiscaux” (transparence : je m’y inclus) qui ont placé leur espoir dans ce gouvernement. Après les histoires de F-35, de gaspillages au G-20 et d’endettement record, pour ne nommer que celles-là, ce gouvernement qui se targue d’être “fiscalement responsable” a perdu pas mal de crédibilité.
De toute évidence, on met plus d’efforts pour plaire aux “conservateurs sociaux” (transparence : je m’y exclus !), à la droite morale ou monarchique, appelez-la comme vous voulez.
C’est peut-être juste un jus d’orange (et bordel, qu’y avait-il dedans pour coûter 16 $ ?) Mais pour l’ensemble des contribuables, et pour les fonctionnaires fédéraux qui perdent leur emploi ces temps-ci, c’est un jus d’orange de trop. Qui doit laisser un goût très amer.
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