Salaire minimum : Méfiez-vous des apparences !

La hausse du salaire minimum permet à la classe politique de bien paraître et de se donner bonne conscience. Toutefois, cette mesure a un coût et ce sont les travailleurs les moins qualifiés qui l’assument

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Salaire minimum : Méfiez-vous des apparences !

Publié le 5 mai 2012
- A +

La hausse du salaire minimum permet à la classe politique de bien paraître et de se donner bonne conscience. Toutefois, cette mesure a un coût et ce sont les travailleurs les moins qualifiés qui l’assument.

Par Nathalie Elgraby-Lévy, Montréal, Québec.

Il fut un temps où les comportements racistes et discriminatoires étaient socialement admis. Fort heureusement, des gestes et des déclarations, jadis acceptables, ne sont plus tolérés aujourd’hui. Néanmoins, nous avons beaucoup à apprendre de l’Histoire.

Au début du 20e siècle, le Brotherhood of Locomotive Engineers et le Brotherhood of Locomotive Firemen, deux syndicats américains qui représentaient les travailleurs de race blanche des chemins de fer, expri­maient ouvertement leur volonté de maintenir une ségrégation racia­le en empêchant les Noirs d’occuper certains emplois.

À la même époque, en Afrique du Sud, les syndicats des travailleurs des mines affirmaient sans réserve leur détermination à empêcher les Noirs d’accéder aux emplois convoités par les Blancs.

Pourquoi relater ces deux faits historiques ? Tout simplement parce qu’un des outils employés par ces groupes racistes est non seulement encore présent dans les économies modernes, mais encensé par la classe politique et par de nombreux groupes de pression. C’est outil, c’est le salaire minimum !

En effet, comme l’expliquent les économistes américains Walter Williams et Carter A. Wilson, les syndicats de l’époque n’appréciaient pas la concurrence exercée par les Noirs, qui acceptaient de travailler pour un salaire nettement inférieur à celui des Blancs. Pour évincer du marché du travail cette main-d’œuvre bon marché, ils ont demandé, entre autres, l’instauration d’un salaire minimum afin que les travailleurs noirs perçoivent la même rémunération que les Blancs. N’y voyez surtout pas de la compassion. En réalité, ils savaient qu’en obligeant les employeurs à verser aux travail­leurs noirs un salaire supérieur à leur productivité, ces derniers ne seraient plus « employa­bles ».

Attention ! Je ne dis pas que les groupes qui défendent aujourd’hui le salaire minimum sont racistes. Au contraire ! Je ne doute ni de leurs bonnes intentions ni de leur conviction profonde qu’il s’agit là d’une mesure qui exprime la solidarité.

Les moins doués

Or, la sincérité et la bonne foi ne changent rien à la réalité. Le salaire minimum, qui est un moyen et non une fin, était jadis et est toujours une mesure discriminatoire. À l’occasion de la fête des Travailleurs, l’État québécois a augmenté le salaire minimum à 9,90$. Il donne ainsi l’impression d’aider les travailleurs du bas de l’échelle. Dans les faits, à chaque hausse du salaire minimum, certains travailleurs peu efficaces ne peuvent plus justifier leur salaire et se voient refuser l’accès au marché du travail. Le salaire minimum est donc une mesure qui oblige l’employeur à exercer une discrimination envers les travailleurs les moins doués et à faire disparaître les emplois les moins qualifiés.

Bonne conscience

Ce n’est d’ailleurs pas sans raison que les jeunes de 15 à 24 ans, un groupe de travailleurs encore peu formé et peu expérimenté, ont un taux de chômage 70% plus élevé que celui de l’ensemble de la population. Ce n’est pas non plus un hasard si certains emplois, comme celui de pompiste, ont presque disparu.

La hausse du salaire minimum permet à la classe politique de bien paraître et de se donner bonne conscience. Toutefois, cette mesure a un coût et ce sont les travailleurs les moins qualifiés qui l’assument.

Depuis quand exclure les plus faibles est-il un gage de solidarité ?

—-
Sur le web.

Voir les commentaires (15)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (15)
  • D’un autre côté il faut tout de même que le salaire puisse permettre de subsister, car il ne sert à rien d’avoir un taux de chômage bas si une partie de travailleurs doivent vivre avec moins de 1000 euros par mois.

    • Sans salaire du tout le salarié peut encore moins subsister. Et une fois en place le salarié progresse, devient plus productif et dépasse ce fameux salaire minimum. Instaurer un salaire minimum, c’est scier les premiers barreaux de l’échelle. Si vous êtres très productif dès la sortie de votre formation, aucun impact, vous pouvez atteindre directement les barreaux supérieurs. Sinon, vous n’avez plus accès aux premiers barreaux qui vous auraient permis d’atteindre les suivants en quelques années.

      • Avec votre logique, soyons bénévole pour acquérir de l expérience

        • Bien sûr. Pourquoi pas ? Enormément de gens le font à un moment ou un autre de leur vie. Dans certains pays, tout le monde, je pense. En France peut-être un peu moins mais beacoup de gens quand-même. Ça peut être passionnant autant que gratifiant, en plus d’être une super opportunité d’apprendre et de se faire les dents.

        • ça s’appelle un stage et ça ce fait beaucoup et porte souvent ses fruits.

          • un stage n’est pas un travail, mais une formation, je parle de travailler gratuitement pas d’être formé. Personnellement, dans ce cas je suis d’accord qu’un stage est efficace, en revanche utiliser un stagiaire pour remplacer un poste qui aurait pu revenir à un vrai emploi, là désolé mais je désapprouve.
            Mais cette logique serait appliqué par toutes (ou presque) les entreprises si le smic venait à baisser et si on rendait le travail gratuit (hors stage) possible. En baissant le smic, le salaire des « barreaux supérieur » vont automatiquement baisser sauf ceux des compétences « très rare ». Il n’y aura plus de logique de minimum pour survivre.
            Limité le salaire minimum à des barreaux avec comme logique qu’on gagne grâce à l’expérience n’explique pas le licenciement des seniors également. L’effet direct sera donc moins de chômage chez les jeunes et plus chez les seniors. (pour que les entreprises puissent baisser leurs coûts salariaux).

  • J’ai rien compri à l’article mais la nana est joli.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Par Jack Elbaum.

En 2023, plus de la moitié des États augmenteront leur salaire minimum.

Bien que cela puisse ressembler à une recette pour un désastre, des rapports récents ont démontré que cela ne devrait pas avoir un impact significatif sur l'emploi ou les salaires. La raison en est simple : les salaires des emplois peu qualifiés ont augmenté ces derniers mois dans un contexte de forte demande de main-d'œuvre, ce qui a provoqué une pénurie de cette dernière. Ainsi, le salaire d'équilibre pour les emplois peu qualifiés - préci... Poursuivre la lecture

Syndicats
6
Sauvegarder cet article

Un article de l'IREF Europe

 

Depuis longtemps les syndicats français cherchent à faire la loi en France. La Constitution de 1958 leur en a fixé l’horizon en proclamant que « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Puis M. Gérard Larcher leur en a offert les moyens en faisant voter la loi du 31 janvier 2007 sur le dialogue social transposée notamment ainsi à l’article 1 du Code du travail :

Tout projet de réforme envisagé par le gouvernement qui porte sur les relations individuell... Poursuivre la lecture

Contre la réforme des retraites, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, appelle à « un mouvement massif en accord avec la CGT » et il ajoute : « Je préviens le gouvernement : vous n’allez pas nous faire porter le chapeau du blocage du pays ! » Fichtre. Quel panache, quelle insolence, quelle témérité !

 

L'alliée des communistes

Qu’est-ce que la CFDT ? Un syndicat social-démocrate. C’est-à-dire un syndicat qui se prétend de centre-gauche quand il ne se passe rien et s’allie aux pires communistes dès que les rues sont... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles