Le bitcoin met en évidence le problème des subventions à l’innovation

L’histoire du bitcoin nous montre que la véritable innovation suit son propre chemin.

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Le bitcoin met en évidence le problème des subventions à l’innovation

Publié le 27 septembre 2023
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Par Dave Birnbaum.

 

Avez-vous entendu parler de l’économie de l’innovation ?

Cette école de pensée relativement nouvelle s’éloigne des théories économiques traditionnelles et met l’accent sur l’esprit d’entreprise, l’innovation technologique et, vous l’avez peut-être déjà deviné, l’intervention de l’État en tant que principaux moteurs de la croissance économique.

Étant donné que l’un des membres du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale souscrit au concept de l’économie de l’innovation, la compréhension de cette école de pensée peut nous aider à interpréter, ou même à anticiper les décisions des décideurs politiques qui nous affecteront tous.

Enraciné dans les idées de penseurs tels que Joseph Schumpeter, ce cadre cherche à reconnaître l’importance de l’innovation pour une économie, et pas seulement la gestion des ressources, et fournit un cadre théorique sur la façon d’encourager et d’accélérer la création de nouvelles technologies, de nouveaux produits et de nouveaux services.

Contrairement à l’économie classique, qui se concentre sur l’équilibre, l’économie de l’innovation considère les économies comme dynamiques et en constante évolution. S’il est vrai que l’économie est un système dynamique, ses partisans vont plus loin en affirmant qu’un soutien gouvernemental ciblé peut stimuler le progrès technologique, la croissance de la productivité et le progrès économique.

Cette approche a façonné les politiques des États-Unis au cours des vingt dernières années. Les partisans de cette approche citent comme résultats notables l’America COMPETES Act, les initiatives en matière d’enseignement des STIM, et les subventions à la recherche et au développement technologiques.

 

Cependant, lorsqu’on sort du jargon, il devient clair que l’économie de l’innovation n’est qu’un nouveau vernis sur un concept vieux comme le monde : le gouvernement qui choisit les gagnants et les perdants. Il s’agit d’une politique industrielle centralisée qui s’est enrichie des attributs du XXIe siècle, et qui se résume à une autre forme de capitalisme d’État.

La preuve en est un lieu improbable : le bitcoin.

Monnaie numérique décentralisée qui améliore radicalement l’économie mondiale, l’histoire du bitcoin est remarquable. En l’espace de 15 ans, un projet ambitieux visant à créer un registre honnête universel a été adopté par des centaines de millions de personnes, et même par des États-nations. Il s’agit d’une monnaie saine qui peut être envoyée partout dans le monde, et qui promet des changements que les deux côtés de l’allée politique pourraient soutenir, qu’il s’agisse d’une concurrence saine dans le secteur financier ou de la protection des populations des pays pauvres contre l’exploitation.

Paradoxalement, le bitcoin serait un candidat idéal pour une subvention à l’innovation, compte tenu de l’impact positif considérable qu’il pourrait avoir une fois les principaux problèmes techniques résolus. Son potentiel de révolution du système financier, d’amélioration de la vie privée et de démocratisation de la finance change la donne. Bien qu’il existe un solide écosystème commercial et industriel qui évolue naturellement autour du bitcoin, il ne fait aucun doute que cet écosystème se développerait plus rapidement s’il était subventionné.

Cependant, les avantages offerts par le bitcoin ont un coût pour le pouvoir des appareils d’État, qui dépendent du seigneuriage (profit tiré de l’impression de monnaie) comme levier clé du pouvoir. Quoi que l’on pense du bitcoin et de ses perspectives à long terme, il ne fait aucun doute que s’il réussissait, il rendrait inutile les monnaies fiduciaires contrôlées par l’État et les banques centrales qui les émettent, et réduirait le pouvoir de l’État sur l’économie.

Par conséquent, même si les subventions au bitcoin semblent compatibles avec l’objectif déclaré de l’économie de l’innovation d’aider les indvidus, le bitcoin ne recevra jamais de soutien gouvernemental, précisément parce qu’il va à l’encontre de l’intérêt du gouvernement à maintenir le contrôle sur la monnaie fiduciaire.

Cela met en évidence un défaut congénital de l’économie de l’innovation : elle doit être biaisée pour préserver le pouvoir et le contrôle de ceux qui décident ce qu’il faut subventionner.

Cela nous amène à une question plus large à laquelle le lecteur doit réfléchir. Si le bitcoin est un cas spécifique qui révèle le défaut général de l’économie de l’innovation, quelles autres opportunités sont supprimées ou manquées parce que le capital est mal alloué par les subventions à l’innovation ?

L’histoire du bitcoin, une innovation qui a émergé et prospéré sans le soutien des pouvoirs publics, nous rappelle que l’innovation véritable suit souvent son propre chemin.

En outre, il n’est pas possible pour le gouvernement de choisir les gagnants et les perdants dans la course à l’innovation sans préjugés ni intérêts personnels. Si l’économie de l’innovation a des promesses séduisantes et peut mettre en évidence des réussites spécifiques, elle n’échappe pas aux préjugés et aux conflits qui découlent inévitablement de l’intervention de l’État.

Malgré sa façade moderne et ses prétendues réussites, la théorie de l’économie de l’innovation n’est pas en mesure d’offrir une voie impartiale et efficace vers l’innovation technologique. Le cas spécifique du bitcoin, associé au risque général d’opportunités manquées en raison d’une allocation de capital biaisée, remet en question les fondements mêmes de cette approche. Les décideurs politiques et les économistes feraient bien d’examiner attentivement ces failles.

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  • le bitcoin est une monnaie « saine ».. donc..

  • Il y a déjà eu un article sur Contrepoints décrivant précisément l’innovation et l’état. L’état est contre l’innovation comme on l’entend. En effet, l’innovation, c’est une destruction créatrice, de nouvelles techniques qui rendent obsolètes les anciennes, et qui bien souvent emportent des grandes entreprises au profits de petites. C’est la perte des puissantes entreprises proches du pouvoir.
    L’innovation, dans l’esprit de l’état, c’est l’amélioration incrémentale des techniques, % par %, au prix de grands couts. Ce n’est pas Google, Uber, Facebook, Bitcoin, qui donnent un coup de pied dans une fourmilière et qui change le paradigme d’un coup. Remarquez, ces entreprises visionnaires deviennent peu à peu classiques, se rapprochent du pouvoir, sont régulées, et à la fin deviennent protégées à leur tour. Regardez pour le cas du bitcoin les CBDC, qui elles vont être subventionnées.

  • @titi Vous avez tout à fait raison. Plus généralement, depuis toujours, les classes au pouvoir (s’appuyant sur des « clercs », intellectuels dont la mission est de justifier ce pouvoir, d’où aujourd’hui les médias « aux ordres ») se sont toujours méfiées des inventeurs / ingénieurs dont les trouvailles ont souvent la capacité de mettre en cause l’ordre établi (cfr. Copernic n’osant pas publier de son vivant, procès de Galilée etc ). Vous décrivez très bien le phénomène dans le contexte actuel (Google, Uber, bitcoin …)

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