Grève des contrôleurs aériens : la privatisation comme solution

Cette nouvelle grève des contrôleurs aériens, qui bénéficient pourtant d’un statut privilégié pour une productivité inférieure à celle de leurs homologues européens, nous impose de relancer le débat sur la privatisation.

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Grève des contrôleurs aériens : la privatisation comme solution

Publié le 17 septembre 2023
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Le Syndicat National des Contrôleurs du Trafic Aérien (SNCTA) a déposé un préavis de grève pour le 15 septembre, exigeant des revalorisations salariales. Alors qu’il fait face à des défis majeurs, le contrôle aérien en France continue d’être perturbé par les grèves récurrentes des contrôleurs, soucieux de s’accaparer toujours plus d’avantages financés par le contribuable.

Bénéficiant du statut de la fonction publique, ils jouissent de rémunérations élevées : selon un rapport de la Cour des comptes de 2021, les agents de la DGAC (Direction générale de l’aviation civile) ont un salaire brut annuel moyen de 88 019 euros pour les agents de catégorie A, 53 135 euros pour la catégorie B, 43 034 euros pour la catégorie C et 50 757 euros pour les contractuels – ce qui est largement supérieur aux salaires des agents de la fonction publique d’État. La Cour met en évidence des avantages comme une semaine de 32 heures dont 8 heures de temps de pause ; 137 primes qui représentent 35 % du coût salarial brut en 2018 ; une retraite avant 59 ans, etc.

Depuis le 1er janvier 2023, les primes ont été augmentées de 3,5 %. Les contrôleurs aériens ont obtenu une prime d’intéressement de 1000 euros qui sera versée en fin d’année, sachant qu’une autre, pouvant aller jusqu’à 2100 euros par salarié, devra aussi être versée, conformément à la garantie du pouvoir d’achat (GIPA), un dispositif réservé aux fonctionnaires pour « compenser l’inflation ».

Ces privilèges sont d’autant plus critiquables lorsque l’on compare leur productivité à celle de leurs homologues européens : un temps de travail équivalent à 100 jours par an ; une règle du travail « un jour sur deux » qui conduit à des durées de vacations excessives selon la Cour des comptes… En mars, la grève des aiguilleurs du ciel contre la réforme des retraites a bloqué 10 millions de passagers, soit environ 30 % des vols européens.

De quoi relancer les débats sur la nécessaire privatisation du secteur.

Dans d’autres pays, tels que l’Angleterre et le Canada, la privatisation du contrôle aérien offre des perspectives intéressantes.

En Angleterre, le National Air Traffic Control Services (NATS), bien que partiellement privatisé, gère efficacement des aéroports majeurs comme Londres Heathrow. Les avantages de la privatisation se traduisent par des améliorations de services, comme la réduction des temps d’attente pour les avions. À Londres, ils ont été réduits de 50 % après la mise en place de réformes en 2015. Par ailleurs, la France compte davantage de contrôleurs, mais gère moins de passagers : le nombre de passagers par contrôleur est trois fois plus faible que celui des Britanniques, et près de 60 % inférieur à celui des Américains.

Les entités privées ont démontré leur capacité à fonctionner avec des budgets inférieurs à ceux des organismes publics, tout en maintenant des niveaux de sécurité élevés.

Au Canada, la privatisation en 1996 a permis des baisses de coûts significatives : la société Nav Canada est devenue une entreprise qui s’autofinance par la perception de redevances auprès des usagers, sans plus dépendre des financements publics. Le bilan est globalement positif : selon Kathy Fox, vice-présidente à l’exploitation, l’entreprise a réduit ses effectifs dans les rangs administratifs tout en recrutant de nouveaux contrôleurs aériens ; le montant des redevances a diminué de 20 % grâce au remplacement du système de taxation par un système de tarification ; et les plaintes des compagnies aériennes sur la qualité du service se sont raréfiées.

Le débat sur la réforme du contrôle aérien en France souligne les enjeux complexes liés à la gestion de ce secteur. Rémunération élevée, temps de travail inférieur à la moyenne européenne, productivité moyenne horaire parmi les plus faibles des pays d’Europe…

La privatisation émerge comme une solution pour améliorer l’efficacité du système, à la lumière des expériences internationales.

 

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  • Bof, à Toulouse, Tisseo (la compagnie de transport en commun) embauchent des gars en contrat privé. Cela n’empêche pas les salariés de faire grève dans des périodes charnières comme la coupe du monde de rugby. Bref, ce sont les règles du monopole qui permet aux syndicats d’emmerder les français, pas le fait que ce soit public.

  • « En Angleterre, le National Air Traffic Control Services (NATS), bien que partiellement privatisé, gère efficacement des aéroports majeurs comme Londres Heathrow » : pas de chance, leur grève actuelle perturbe le trafic

  • Privatisation ou pas, le souci est qu’il y a un monopole de fait. En particulier, il est quasi obligé de passer par un aéroport parisien pour du long courrier. C’est ce point qu’il faudrait revoir.

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