Les annonces fantoches de Bruno Le Maire sur le désendettement et la baisse d’impôts

Dans un interview donné au Figaro, le ministre de l’Économie et des Finances promet de réduire la dette et des impôts. Pour Philippe Lacoude, cette promesse est mensongère.

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Les annonces fantoches de Bruno Le Maire sur le désendettement et la baisse d’impôts

Publié le 13 septembre 2023
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Dans une récente interview avec Le Figaro, l’inénarrable ministre des Finances, Bruno Le Maire, prétend que la future « loi de programmation des finances publiques » (LPFP) va « présenter la trajectoire accélérée de désendettement du pays ».

De surcroît, cette annonce fantoche s’accompagne d’une « nouvelle ancienne » annonce de baisse d’impôts sur les ménages de deux milliards d’euros.

Les deux points sont d’immenses plaisanteries.

 

Les déficits

Bruno Le Maire, l’homme qui « n’a jamais été doué en maths », n’a absolument aucune idée des catastrophes qu’il a créées depuis qu’il usurpe le poste auquel il a été propulsé par un miracle que j’avoue ne pas comprendre.

Tout d’abord, sous son règne, la dette publique a absolument explosé.

Comme nous l’avions correctement prédit dès le 4 avril dans ces pages, la dette de la France dépassait déjà 3000 milliards d’euros au premier trimestre 2023.

En France, le niveau de la dette est en effet rapporté avec près de trois mois de retard par l’INSEE. Ainsi, donc, cette dernière ne publiera pas la situation à la fin du second trimestre avant le 29 septembre.

Mais nous connaissons bien la trajectoire.

Les déficits sont saisonniers : depuis 2010, ils augmentent en moyenne de 56 milliards au premier trimestre, de 28 milliards au second, et de 11 milliards au troisième trimestre (si nous excluons le second trimestre de 2020.)

Ils baissent de 4 milliards au quatrième trimestre quand les hommes de l’État redoublent de subterfuges pour faire entrer la dette publique dans le carcan autorisé par les hauts fonctionnaires français postés à Bruxelles.

Nous pouvons ainsi d’ores et déjà prédire que la dette publique est d’environ 3052 milliards à l’instant où ce billet est publié.

Au cours des derniers 25 trimestres de son ministère, ce dangereux personnage a laissé la dette augmenter de 799 milliards d’euros, un record au cours de l’histoire de France.

Le chiffre est tellement dévastateur que nous pourrions nous demander si le fait que « son intelligence est un obstacle » (comme il le dit lui-même) n’explique pas pourquoi il est au pouvoir : sans la capacité de mesurer son immense échec, et tout occupé qu’il est à écrire de mauvais romans, il permet aux hommes de l’État de dépenser à tout-va sans obstacle politique.

 

Trajectoire

La dette ne baissera pas – loi de programmation des finances publiques ou pas… – car les dépenses ne baisseront pas, et la charge des intérêts augmentera.

Comme nous l’avions vu dans un précédent billet, la charge de la dette est sur une trajectoire fortement ascendante : elle va rapidement absorber une part croissante des dépenses publiques.

C’est d’autant plus déplorable que cela fait des années que Bercy emprunte sur des durées beaucoup trop courtes, ce qui oblige l’État à constamment refinancer sa dette.

Tout allait bien lorsque les taux baissaient, mais ceci va conduire à une énorme facture maintenant que les taux d’intérêt remontent.

C’était parfaitement prévisible et nous dénonçons cette mauvaise gestion dans Contrepoints depuis 10 ans (ici, ici et ) : le niveau d’amateurisme est proprement incroyable en ce qui concerne une très simple base de la finance en général et de la gestion des dettes en particulier.

 

De 112 % à 108 % ?

Supposément, cette nouvelle loi de programmation des finances publiques permettrait de réduire la dette publique, de plus de 112 % aujourd’hui, à 108 % du produit intérieur brut (PIB) d’ici 2027 en ramenant le déficit public en dessous du seuil critique de 3 %.

Là encore, l’arithmétique est tout simplement fausse, et j’aimerais vraiment avoir une discussion avec l’équipe qui pense que c’est possible, car, si c’est logiquement correct, elle doit avoir inventé une nouvelle branche des mathématiques.

Pour ce faire, il faudrait, soit, engendrer des excédents budgétaires, soit avoir une croissance du PIB beaucoup plus élevée que celle de la dette…

Plus probablement, il ne s’agit là que des mêmes chiffres complètement fantaisistes que l’Agence France Trésor avait eu l’outrecuidance de présenter aux économistes de marché fin 2017 et qui prétendaient montrer que la dette allait baisser de 96,8 % en 2017 à 91,4 % en 2022 (ici) !

 

Réforme fiscale

Quant à elle, la pseudo-réforme fiscale conduisant à une baisse de deux milliards pour les ménages modestes en 2025 est une insulte de plus faite aux Français.

Représentant seulement 0,0699 % du PIB de 2025, cette réforme naît dans le flou le plus complet : peut-être pour les ménages dont le revenu est compris entre 1500 et 2500 euros par mois, peut-être via une réduction de l’impôt sur le revenu, peut-être un allègement des cotisations salariales, peut-être en 2025, peut-être pas.

Que d’amateurisme ! Que d’impréparation ! Que d’esbroufe !

Les hommes de l’État prennent vraiment l’électeur médian pour ce qu’il est peut-être.

De plus, cette nano-réforme est la même que celle annoncée à la va-vite par le président Macron le 15 mai (ici).

Comme nous l’avions vu, cette pico-réforme fiscale était essentiellement une réaffectation de fonds de la réforme des droits de succession et de la « conjugalisation » (sic) de l’impôt sur le revenu pour les couples non mariés, qui n’auront pas lieu.

Ainsi, donc, cette femto-réformette consistait vraiment à prendre de l’argent promis à Paul pour le donner à Pierre lors d’une prestation télévisée pilotée par les habituels journalistes de complaisance.

Cette vilénie se double du fait que les impôts ont considérablement augmenté – en moyenne – pour l’ensemble des contribuables sous la présidence Macron.

Chaque année, à 4 % de taux d’intérêt, les 799 milliards de nouvelle dette publique du sieur Le Maire vont coûter un petit 32 milliards d’euros aux contribuables : comme le faisait remarquer David Ricardo, un déficit d’aujourd’hui est un impôt de demain.

Finalement, le Macronisme est l’art d’annoncer plusieurs fois les mêmes fausses baisses d’impôts – bis repetita placent –, programmées plusieurs années à l’avance, pendant que l’on augmente discrètement la pression fiscale sans fanfare.

Il faut revenir des années et des années en arrière, il y a bien longtemps, – peut-être sous la présidence Hollande ou la présidence Sarkozy ou la présidence Chirac – pour trouver des exemples d’une telle duplicité !

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  • « Les hommes de l’État prennent vraiment l’électeur médian pour ce qu’il est peut-être. »
    Que dire ? CPEF peut-être?
    Mais comme 80% des électeurs pensent que tout va bien, alors, wait and see ( de loin si possible et surtout sans rester contribuable français)!
    CPEF, c’est pratiquement sûr maintenant!

    • Mais les électeurs sont très contents. Plus il y a de dettes, plus il y a d’adeptes au RSA. Et si les électeurs sont contents, alors les élus nagent dans le bonheur. Depuis Mitterrand qui a inventé le concept des 3% pour ne pas effrayer ses électeurs avec l’augmentation de la dette, tous les présidents ont appliqué la méthode. Notre PIB/habitant est ainsi passé du 4ieme rang mondial au 27ieme. Mais tout va bien, dormez tranquille dans le pays qui se tiers-mondise.

  • Bon, nous sommes cuits sans même l’aide du réchauffement climatique. Maintenant, j’aimerais que nous puissions avoir quelques lumières de l’auteur, dont je garde un souvenir ému de la compétence sur l’effet Laffer, sur ce qu’un modeste tâcheron au service d’un autre gouvernement pourrait bien faire pour nous entrouvrir une porte de sortie.
    Je dis « modeste tâcheron » pour écarter les solutions évidentes genre virer un million de fonctionnaires, envoyer paître 95% des règles de l’UE, etc.
    Intuitivement, il me semble que l’effet Laffer serait le levier idéal pour renverser la situation, et que le principal obstacle à sa mise en oeuvre est l’incertitude quantitative qui pèse sur lui, et même l’objection craintive que nous pourrions ne pas encore être du « bon » côté du sommet de la courbe. Or sur cet aspect, un vague calcul de coin de table montre que lorsque la part non-publique du PIB (100-58=42% en France) est inférieure à la pression des prélèvements obligatoires (48% en France), toute baisse de taxation se traduit mathématiquement par une augmentation des recettes de Bercy grâce aux autres taxes ; nous sommes indéniablement du « bon » côté du sommet de la courbe de Laffer.

    • Lorsque la « part non-publique » est inférieure à 50% du PIB, cela signifie que plus de la moitié du PIB est constitué de dépenses publiques. Ces dépenses alimentent une foule d’entreprises (dépenses de fonctionnement et investissements publics) ainsi qu’une foule de ménages (bénéficiaires d’allocations diverses, fonctionnaires, employés des services public, employés des entreprises qui ont l’Etat comme client).

      Au final il est probable que plus d’un électeur sur deux profite de la dépense publique (ou en vit exclusivement). Pas facile de se faire élire si on promet de réduire les dépenses…

      • Exactement. Mais l’effet Laffer permet de ne pas réduire les dépenses puisqu’il revient à augmenter au final les recettes de Bercy, permettant donc de donc maintenir les dépenses et réduire le déficit. L’effet Laffer repose officiellement sur la motivation des agents économiques, mais en fait il y a dedans une très grande part purement mécanique : si vous laissez un euro à une entreprise au lieu de le lui faire payer en disons impôt de production, elle va le dépenser, et le fisc va déjà en récupérer 52 centimes par la pression fiscale et sociale : il n’a abandonné que 48c. Mais celui chez qui l’euro aura été dépensé ne va pas attendre d’avoir payé ses impôts pour dépenser ses 48c restants. Il va dépenser une grande partie de l’euro en sachant que ça va lui rapporter avant l’échéance plus que les 52c qu’il devra au fisc. Et ainsi de suite. Ce qu’on appelle « motivation accrue » n’est que le bon sens de ceux qui savent faire fructifier l’argent dont ils disposent avant que le fisc n’en récupère sa part du lion.
        Donc le résultat final est une augmentation de la part privée du PIB, avec un maintien de la part publique. Ceux qui vivent de cette dernière ne sont pas lésés, ceux qui vivent dans la part privée sont moins pressurés.

  • Bravo pour l’éloge tant mérité que vous faites de notre ministre !
    Je m’étonne qu’il n’ait pas encore inventé le concept de « dette ressentie ».
    Je m’étonne encore plus que les journalistes économiques et tous les Alain Minc, adeptes du « cercle de la raison » n’aient pas dénoncé cet imposteur.
    Je ne m’étonne même plus que certains sondages nous vendent la compétence, voire l’accès aux plus hautes fonctions en 2027 de ce personnage.
    Quand un pouvoir n’a plus de contre pouvoir en face de lui, tout est possible…

    • il ne fait pas d’ombre au président et il fait parler de lui sur des sujets annexes pour cacher la réalité de son inaction.

  • Dans le domaine de l’esbrouffe, ils sont vraiment trop forts.
    Je m’incline. bas. Très bas. Même très très bas!

    • Pas trop bas quand même, on va bientôt racler le fond et même le petit Bruno lui-même semble ignorer ce qu’on va y trouver! Prudence prudence!

  • « Bruno Le Maire, l’homme qui « n’a jamais été doué en maths », n’a absolument aucune idée des catastrophes qu’il a créées depuis qu’il usurpe le poste auquel il a été propulsé par un miracle que j’avoue ne pas comprendre. »
    Risquerai-je une comparaison avec le djeun des cités, qui privé de l’usage du vocabulaire et de la culture suffisants pour exprimer posément sa pensée, verse rapidement dans la violence verbale la plus crue, symptôme d’une urbanité défaillante ?
    Je crois que oui.

  • Les diminutions d’impôts ont été réalisées à crédit, c’est les impôts de demain. Pour qu’il y ait baisse d’impôt réelle il faut baisser les dépenses, à commencer par les pensions des boomers, les doublons dans les administrations et la profusion d’élus qui ne servent qu’à faire du clientélisme.

    • Les diminutions d’impôts passées… Vous aussi !

    •  » il faut baisser les dépenses, à commencer par les pensions des boomers »
      Il est quand même stupéfiant que des commentateurs présumés « libéraux » énoncent de façon récurrente de telles âneries! Il me semble que les pensions de retraite sont servies aux personnes qui ont cessé leur activité après avoir cotisé et dont le montant résulte d’un savant et obscur calcul ( très inégalitaire entre public et privé mais c’est un autre débat!) plusieurs fois remanié en cours de carrière ( l’Etat se permet de changer à son gré les règles du jeu). Cette promesse de prestation plus ou moins floue ne résulte même pas d’un vrai contrat puisque la cotisation est obligatoire et le « contrat » purement tacite.
      Que les jeunes trouvent le système injuste à leur égard ( ils ne sont pas les seuls, qu’ils se rassurent) semble leur faire oublier qu’ils seront un jour des « boomers » et qu’ils feraient bien dès à présent de s’interroger sur les conditions de leurs retraites futures, et que s’ils veulent que le système change, cela ne dépend que d’eux! Râler régulièrement contre les prétendus avantages de retraités, ça peut défouler, mais ça ne fait guère changer les choses!

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