Le 15 mai, Emmanuel Macron, le prestidigitateur en chef de la République française, a annoncé « deux milliards de baisses d’impôts pour les classes moyennes ».
Qu’en est-il vraiment ?
Tout d’abord, si la somme est coquette à l’échelle d’un individu, ou même à celle d’un État qui ne réalise pas tout à fait qu’il est en faillite complète, c’est une minuscule goutte d’eau – de moins de 0,1 % du produit intérieur brut – à l’échelle du pays.
Mais c’est surtout, une fois de plus, une moquerie d’énarque envers des électeurs qui sont généralement trop peu curieux pour rechercher les quelques chiffres clefs du budget du pays.
Et, bien sûr, cette nouvelle supercherie peut compter sur une presse complètement servile composée de scribouillards qui n’iront jamais remettre les pendules à l’heure.
Au contraire, on peut compter sur ces êtres subventionnés à grands frais pour répéter ici ou là que grâce à une longue série de réformes, « tous les contribuables ont vu leur charge fiscale diminuer depuis 2017 » ou que « la pression sur les ménages a subi une cure d’amaigrissement depuis 2017 ».
Pour 3 hausses, 2 baisses d’impôts…
La vérité est tout autre.
Les recettes fiscales nettes de l’État sont passée de 287 milliards en 2018 à 322 milliards d’euros en 2022.
À lui seul, l’impôt sur le revenu – dont tout le monde sait qu’il a baissé, surtout pour les riches, je l’ai vu à la télé ma bonne dame ! – est passé de 73 à 82 milliards d’euros de recettes. Soit une hausse de 12 % en cinq ans.
Tous les Français ne s’y trompent pas : selon un récent sondage, ils sont seulement 28 % à penser que leurs impôts ont baissé entre 2017 et 2023.
En fait, le macronisme est surtout l’art de cacher trois hausses d’impôts discrètes grâce à deux petites baisses annoncées à grands renforts de médias.
Pour Frédéric Bastiat, « l’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde ». Le président Macron a simplement transformé ce qui était une simple remarque en manuel de politique…
Inflation
On me rétorquera que la hausse des recettes de 287 milliards en 2018 à 322 milliards d’euros en 2022 a surtout été due à l’inflation.
Cependant, d’une part les barèmes sont supposés être indexés ; et d’autre part, ceci illustre parfaitement l’existence d’un autre impôt dont personne ne parle jamais, l’« impôt d’inflation ». En tant qu’émetteur de mauvaise monnaie inflationniste, l’État bénéficie de cette manne indirecte.
Lorsque le chef de l’État évoque « les Françaises et les Français qui […] ont du mal à boucler la fin du mois » […] parce que le coût de la vie a monté, parce que la dynamique des salaires n’est pas toujours là » – à qui la faute ? Il met le doigt sur ce problème : ces deux milliards de réformette ne compenseront pas du tout la perte de pouvoir d’achat subie par les ménages.
Ces derniers consomment plusieurs centaines de milliards d’euros. Ils viennent de perdre plus de 10 % à cause de l’inflation. Ce ne sont pas deux milliards qui vont restaurer leur situation économique.
Flou artistique sur la baisse d’impôt
Comme la décision a vraisemblablement été prise à la va-vite pour avoir quelque chose à dire lors d’une homélie télévisée, deux semaines plus tard, on ne connaît toujours pas les modalités de cette baisse.
Y aura-t-il un allègement du barème de l’impôt sur le revenu ou un allègement de charges sur les bas salaires ?
Dans les deux cas, les deux milliards d’euros d’allègement auront un effet économique minime car ils ne changeront pas grand-chose aux taux marginaux auxquels font face les individus.
Or, il est un fait économique important, central dans toute analyse : les décisions économiques sont toujours prises à la marge.
Si l’on voulait concevoir la réforme fiscale la plus inefficace possible – celle qui laissent inchangés l’offre de travail et les investissements en capital – nous choisirions, bien évidemment, une réforme qui diminuerait le taux moyen d’imposition tout en laissant inchangés les taux marginaux.
Curieusement, après le passage des experts de Bercy, les saupoudrages du ministre, les arbitrages du Premier ministre, et les ukases du président, ce sera exactement le produit final de ce comité d’énarques, deux milliards pour rien…
Quel dommage de ne pas préciser que les 82 milliards d’IR payés en 2022 l’on été que par seulement 43 % des contribuables.
Il est fort peu probable que les classes moyennes en paient. D’après E Macron ce seraient les revenus compris entre 1500 et 2500 euros ce qui manque singulièrement de précision et combien dans cette fourchette vague ne paient pas d’impôts ?
Vous m’avez dit illusionniste ?
Balivernes, bien sûr que les classes moyennes payent l’impôt sur le revenu. Vous croyez peut-être que les classes moyennes ne désignent que les smicards ?
Les tranches de revenus de 15 à 20.000 et de 20 à 30.000 euros payent l’IR, et figurez-vous qu’à 3000 mensuels, on est encore dans la classe moyenne, et on paye bien sûr l’impôt. Les seuls qui ne le payent pas sont les classes modestes qui gagnent le smic et moins, et éventuellement des particuliers parmi les plus aisés qui ont accès à des montages fiscaux pour y échapper.
Pas d’impôts, mais des taxes à gogos, sans aucun doute 😉
+1
La veille du jour où Macron a annoncé 2 milliards de baisse d’impôts sur 4 ans pour les classes moyennes, il avait généreusement offert 2.5 milliards à consommer de suite à son viril visiteur Zelensky. Donc la cagnotte n’avait pas eu le temps de se reconstituer, évidemment.
La propagande du mafieux russe toujours a l oeuvre chez les populistes soi disant liberaux mais qui ne résistent pas longtemps à profiter de l aubaine d une petite subvention……
Les populistes européens sont très majoritairement des libéraux mais pas les français que ce soit le RN ou Zemmour qui ont la fibre jacobine chevillée au corps……..
La bave du crapaud…
Sauf qu’à Zelensky, on ne lui donne pas d’argent. C’est du matériel militaire, qui lors de la production, a couté ce montant d’argent. Si l’on faisait une estimation réelle de ces biens militaires (une vente aux enchères?), le prix serait sûrement bien moindre (voire nul dans le cas des produits obsolètes).
Aussi, vu que ces biens sortent des stocks et ne seront pas reconstitués avant belle lurette, cela n’a comptablement rien couté. Si attaque il doit y avoir contre ces aides à l’Ukraine, c’est sur l’abaissement de la défense nationale, qui est la dernière préoccupation de l’état français depuis des années d’ailleurs.
Le tour de passe passe du prestidigitateur national est surtout de transférer des impôts visibles (diminution d’impôts directs : taxe d’habitation, impôt sur le revenu, redevance TV) vers les taxes invisibles (droits indirects sur la consommation : TVA en augmentation proportionnelle aux prix, droits sur les carburants).
Ce transfert permet aussi de passer d’impôts progressifs (IR) à des impôts proportionnels (TVA) que chacun acquitte sans lien avec le montant de ses revenus.
Je ne comprends pas votre propos : la TVA, la CSG et la TIPP (depuis les gilets jaunes pour cette dernière) n’ont pas été augmentées.
Avec l’inflation tous les prix ont monté largement plus que du temps des gilets jaunes. Bien évidemment, grace à toutes les taxes qui ont été augmentés auparavant, l’Etat profite à plein de l’inflation pour renflouer ses caisses.
En d’autres temps, la TVA aurait diminué pour rendre du pouvoir d’achat aux francais et compenser. Mais rien n’a été fait en ce sens. Au lieu de cela il y a eu des cheques et maintenant ces cheques n’existent plus. Bref, c’est bien une augmentation d’impots déguisée.
Ça fait 40 ans que la TVA n’a pas baisser. La seule baisse de la TVA récente à eu lieu aux alentours des années 80 où la TVA à 33% sur les voitures a été ramenée au taux nominal.
J’ai tient un calcul très précis de mes dépenses. En 2022, et malgré l’inflation, mes dépenses courantes (alimentation, énergie, essence, assurances, impôts fonciers,…) ont été identiques à celles de 2021 et même 0,2% inférieures, uniquement grâce à la suppression de la taxe d’habitation. Ce qui signifie que cette année, ces dépenses vont exploser car le gaz va doubler, l’inflation ne sera compensée par aucune baisse d’impôt importante ou autre aide et les impôts locaux vont exploser.
Dans ce pays, il est impossible de baisser les impôts. Ce ne sont que des annonces électoralistes auxquelles personne ne croit plus. Je croirais aux baisses d’impôt pérennes le jour où l’État baissera ses dépenses drastiquement. Et ce jour n’arrivera que lorsque le FMI mettra enfin son nez dans les affaires publiques de l’État.
Un jour en visite au Québec un canadien me montre une énorme battisse et me dit c’est là que le gouverne… ment.
Eh bien si au Canada c’est concentré dans une seule bâtisse, aussi énorme soit-elle ils ont bien de la chance.
Quoique la cathédrale de Bercy ce n’est pas un petit oratoire de village.
3 hausses d’impôts cachées, selon l’article. J’en suis convaincue donc j’étais contente de découvrir cet article qui allait confirmer mon ressenti et me donner des arguments.
Mais je n’ai pas compris… Si j’ai bien suivi, il y a 2 hausses, l’IR et l’inflation ? Quelle est la 3e ?
En effet, l’intertitre prête un peu à confusion. Ma compréhension: (1) Le montant global des impôts a augmenté, (2) l’IR a augmenté, (3) l’inflation a fait monter les prix, donc la TVA a augmenté.
“Les impôts” c’est très vague. Certains impôts ont augmenté, d’autres ont baissé.
“Les classes moyennes” c’est très vague aussi. Certain ménages payent plus, d’autres moins.
Macron ou pas Macron, le taux de prélèvements obligatoires ne fait pratiquement qu’augmenter.
https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381412
Je vois un peu de confusion arithmétique dans certains commentaires.
Que les recettes fiscales suivent la hausse des prix paraît assez normal si les taux d’imposition ne changent pas.
Que les états endettés profitent de l’inflation s’ils émettent des obligations à taux fixe est normal aussi, c’est ce qui encourage les politiques inflationnistes qui permettent d’évaporer la dette aux dépens des prêteurs pigeonnés.
Quand on achète les électeurs ou la paix sociale à coups de cadeaux fiscaux (taxe d’habitation, redevance télé, gratuité des prothèses auditives et des lunettes bas de gamme, chèques de compensation …) sans toucher aux dépenses correspondantes (charges locales, budget de la culture, suppression des forfaits batteries auditives, …) c’est parce qu’on finance ces cadeaux à volume fiscal constant par une aggravation de la redistribution focalisée sur les contribuables plus aisés (taxes de non-habitation, hausse de l’impôt foncier, hausse des cotisations proportionnelles, inquisition fiscale accrue, …)
Bref, on reprend aux mains droites ce qu’on a offert aux mains gauches.
Quant à ceux, là -haut, qui comprennent le paradoxe Laffer (baisser les taux confiscatoires pour augmenter à terme les recettes et la prospérité générale) je leur souhaite bien du plaisir pour en convaincre la foule qui ne comprend que le langage des casseroles.