Et si tous les travailleurs pouvaient être indépendants…

Vers une fin de l’indépendance pour les travailleurs de plateformes dans l’Union Européenne ? La nouvelle directive approuvée par les eurodéputés pourrait remodeler le paysage du travail indépendant… au péril de l’innovation.

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Et si tous les travailleurs pouvaient être indépendants…

Publié le 1 juillet 2023
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Un article de l’Iref-Europe

Livreurs à vélo, chauffeurs VTC, professeurs ou psychologues…

Dans l’Union européenne, environ 28 millions de personnes travailleraient sous le statut d’indépendant pour des plateformes comme Deliveroo, Bolt ou Uber. Elles pourraient être 43 millions en 2025. Fonctionnaires et élus européens, surprotégés, ne peuvent pas imaginer que des travailleurs préfèrent leur indépendance au risque de leur inquiétude, être le loup plutôt que le chien de la fable.

 

La technocratie européenne s’évertue à tuer l’innovation

Les eurodéputés ont validé en février dernier une proposition de directive, publiée par la Commission le 9 décembre 2021, puis retravaillée et présentée par le Conseil européen début juin à l’effet d’améliorer les conditions de travail des travailleurs des plateformes.

Alors qu’aujourd’hui, ceux-ci doivent démontrer qu’ils sont, le cas échéant, salariés, si cette directive aboutit, les travailleurs seront légalement présumés être des salariés si dans leur relation avec une plateforme numérique celle-ci remplit au moins trois des sept critères énoncés dans la directive, à savoir que la plateforme :

  1. Détermine les plafonds du niveau de rémunération
  2. Exige de la personne exécutant un travail via une plateforme qu’elle respecte des règles spécifiques en matière d’apparence, de conduite à l’égard du destinataire du service ou d’exécution du travail
  3. Supervise l’exécution du travail, y compris par des moyens électroniques
  4. Restreint, notamment au moyen de sanctions, la liberté d’organiser son travail en limitant la latitude de choisir ses horaires ou ses périodes d’absence
  5. Restreint, notamment au moyen de sanctions, la liberté d’organiser son travail en limitant la latitude d’accepter ou de refuser des tâches
  6. Restreint, notamment au moyen de sanctions, la liberté d’organiser son travail en limitant la latitude de faire appel à des sous-traitants ou à des remplaçants
  7. Restreint la possibilité de se constituer une clientèle ou d’exécuter un travail pour un tiers.

 

Cette directive veut donc imposer de nombreuses obligations aux plateformes pour garantir les nouveaux droits des « travailleurs ».

Peu à peu, la technocratie européenne s’évertue à tuer l’innovation et préserver son vieux monde. Elle rend plus chers les services qui venaient augmenter le pouvoir d’achat de tous. Mais surtout, elle viole les droits élémentaires de chacun à travailler selon ses choix.

 

L’Europe ne comprend pas que certains salariés préfèrent être « indépendants »

Et elle refuse de comprendre que le meilleur accomplissement humain est dans la liberté et la responsabilité individuelles.

Elle devrait se ressourcer dans la lecture de Hyacinthe Dubreuil.

Il y a déjà plus d’un siècle, cet ouvrier syndicaliste CGT d’origine, mais chrétien, prônait la transformation du travail salarié en travail indépendant. Il voulait individualiser la situation de chacun en fonction de ses qualités propres. « Notre désordre actuel, ajoutait-il, provient de toute évidence, du fait que l’on veut soumettre l’individu aux lois du groupe en ignorant les siennes ».

Il proposait donc que les entreprises soient organisées en petits ateliers autonomes pour réaliser des tâches successives de fabrication avec des équipes dont les membres seraient rémunérés en fonction de l’efficacité de leur organisation. Les individus seraient ainsi maîtres et responsables de leur travail autant que de leur rémunération. Il voulait en fait que les salariés puissent disposer des moyens d’accomplir leur existence « sur les trois plans économique, intellectuel et moral ». Ce qui supposait pour lui qu’on leur rende leur autonomie et la responsabilité de leur travail. C’est précisément ce que peuvent trouver les individus dans le travail indépendant.

L’Europe aime les fonctionnaires et les salariés. Elle ne comprend pas que certains préfèrent être « indépendants », travailler pour leur compte. Parce qu’elle aime ceux qui ont besoin de sa protection, pas ceux qui aimeraient s’en passer. Elle voudrait donc que tous soient salariés, ou le plus grand nombre. Dans l’esprit collectiviste ambiant qui l’anime désormais, elle n’a de cesse de vouloir remettre tous les travailleurs sous le statut du salariat, soumis à des règles uniformes et publiques.

Au motif de les protéger tous, il s’agit de les assujettir tous à un même moule ; de les obliger à s’assurer auprès d’une sécurité sociale très onéreuse et peu efficace ; de les empêcher de souscrire des retraites par capitalisation pourtant plus protectrices ; de les soumettre à des conventions collectives plutôt qu’à des contrats qu’ils pourraient librement négocier.

Il est prévu que la directive entre en vigueur en 2025. Mais la négociation n’est pas encore achevée. Souhaitons que l’Europe retrouve ses esprits d’ici là.

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  • ah… ça doit poser des question d’abord sur les conséquences du salariat..ou du travail payé à l’heure…

    alors qu’un patron ne peut payer qu’un salarié qu’à la richesse produite donc en fonction de sa productivité..

    le salariat fait de tout patron un flic en coulisse de la productivité il n’a pas le choix.. ça déshumanise aussi le salarié qui DOIT aussi ne s pas trop en faire dans son interet.

    le travail se rémunère en fonction de la productive.. le salariat n’est pas fait pour tout le monde..il arrange qui définit et supporte la norme..le type lent ne peut même pas bosser..!!! sauf reconnaissance de handicap…
    le concept de salariat favorise la lutte des classe et la normalité…

  • ” L’Europe aime les salariés “. Ce n’est pas l’Europe mais le patronat. Imaginons chacun à son propre compte et se louant pour la durée d’une tâche à une entreprise. Cela poserait de gros problèmes pour l’entreprise.
    D’abord parce que l’innovation et donc la compétitivité et donc la pérennité de l’entreprise nécessite du temps pour capitaliser l’expérience : souvent les avancée de l’entreprise son le fait de ses salariés.
    Ensuite parce que, comme lorsqu’un particulier s’adresse à un plombier, le salarié indépendant serait justement indépendant et donc difficilement manageable dans son travail.
    Par contre, le travailleur indépendant a beaucoup d’avantages : il n’a aucun lien affectif avec son entreprise donc refuse tout stress, si le travail ne lui plaît pas ou s’il trouve mieux payé ailleurs, il peut faire durer sa tâche éternellement jusqu’à ce que son employeur doive le remplacer ou l’inciter, etc. On le voit, le salariat est le paradis pour le patron.
    Bien sûr, il n’y a pas la garantie de l’emploi ; mais le plombier indépendant ne l’a pas non plus mais gagne beaucoup plus qu’un plombier salarié. Et ça fait augmenter le coût du travail : que vous employiez un plombier indépendant ou un plombier salarié via une entreprise, vous payerez le même prix bien que le salarié soit payé au SMIC. Donc si tous les plombiers deviennent indépendant, les entreprises qui font appel à eux pour les gros chantiers vont s’écrouler puisqu’elles devront les payer au prix fort au lieu du SMIC et ne pourront plus faire de bénéfices.

    • Avant de regarder à qui cela profite, voyons le point de vue des travailleurs. S’il y a des plombiers salariés et des plombiers indépendants c’est tout simplement que les tous les plombiers n’ont pas la capacité ou la volonté d’être indépendant. Combien d’employés plombiers se cassent la figure une fois à leur compte. Les non-indépendants forment même la majorité, c’est le cas aujourd’hui et dans toute l’histoire de l’humanité. C’est une donné anthopologique. Les sociétés se sont construites sur cette donnée. Le patronat n’est lui-même que le reflet de cette donnée puisqu’il représente une partie des indépendants. Les gouvernants essaient de réguler cette relation dépendants/indépendants employeurs. Par exemple l’Europe au travers de cette directive a pour objectif de distinguer clairement les faux indépendants des vrais. Sur le site de la Commission, il est question que la dite directive permette à, entre 1,7 et 4,1, millions d’indépendants sur les 28 millions, de changer de statut pour devenir salarié. Maintenant la question qui m’intéresse, combien de ces “faux indépendants” selon la Commission voudraient être des salariés ?

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