L’illusion de la réforme des retraites : un schéma de Ponzi en sursis

Le projet de loi du groupe LIOT menace la réforme des retraites soutenue par la Macronie. Pour Yves Bourdillon, cela ne serait pas forcément une mauvaise nouvelle. L’insoutenabilité évidente du système par répartition appelle, non pas à une réforme paramétrique, mais à l’instauration d’un système de retraite par capitalisation.

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L’illusion de la réforme des retraites : un schéma de Ponzi en sursis

Publié le 2 juin 2023
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Le projet de réforme des retraites sur laquelle la Macronie a misé tout son crédit est menacé par le projet de loi du groupe LIOT, le 8 juin à l’Assemblée. Mais cette réforme est-elle au moins nécessaire, ou utile ? La réponse est malheureusement triplement négative.

Une gifle menace la majorité. Si les récentes procédures initiées par les députés Renaissance ne parviennent pas à empêcher le vote, il n’est pas improbable que le 8 juin, une coalition inattendue de députés du RN, de LFI et d’une petite moitié des députés LR vote en faveur du projet de loi du groupe centriste et outre-mer LIOT, portant annulation de la réforme des retraites.

Certes, à cause, notamment, du vote ultérieur du Sénat, ce vote aurait peu de chance d’aboutir à un retrait de cette réforme sur lequel le gouvernement a misé tout son crédit politique, comme un joueur de poker faisant tapis, afin de faire oublier qu’il n’a pas instauré une seule réforme d’envergure en six ans. Les amateurs de psychodrame, voire de crise de régime, pourront se régaler au spectacle de la déconfiture d’un exécutif invoquant l’article 40 de la Constitution pour empêcher un nouveau vote, ou ayant eu un recours compulsif à l’article 49-3 (sans équivalent dans une Constitution démocratique, et pour cause, puisqu’il permet de faire passer une loi sans vraiment la voter au Parlement, principe pourtant fondamental de la démocratie depuis quatre siècles).

 

Enjeu, un septième du PIB, vice record du monde

Mais l’essentiel est ailleurs, et touche à la viabilité d’un régime de retraite absorbant l’équivalent d’un septième du PIB, record du monde derrière l’Italie.

En clair, le report de l’âge minimum de départ en retraite à 64 ans pour rétablir les comptes est-il utile et salutaire ? Malgré les arguties des partisans du projet ayant enfin découvert les contraintes de la science sociale ultime, la démographie, pourtant évidentes depuis des décennies, la réponse est non. Trois fois non.

Passons sur l’injustice qui consiste à demander des efforts supplémentaires à ceux qui travaillent et aucun aux retraités actuels, qui bénéficient pourtant d’un revenu supérieur à celui des actifs, cas sans équivalent au monde et inédit dans l’histoire de notre pays.

Tout d’abord, la réforme entraînera 12 milliards d’économies par an à l’horizon 2030. Soit 0,75 % des dépenses publiques, alors que le même gouvernement a claqué… trois cents fois plus pour le quoiqu’il en coûte d’un confinement inutile. Et qu’il distribue parallèlement des milliards pour acheter l’assentiment des contestataires. La sincérité et la cohérence du gouvernement en matière de dépenses ne saute donc pas aux yeux.

 

Un régime bien moins éthique qu’il n’y paraît

Ensuite, il s’agit d’éviter la banqueroute d’un système, la retraite par répartition, difficile à défendre sur le plan éthique, et au demeurant pas du tout instauré par la Résistance, contrairement à une légende urbaine, mais esquissée par… Pétain, eh oui, par décret de mars 1941.

En effet, sous la jolie formule de solidarité intergénérationnelle, il s’agit en fait pour la génération N de racketer la génération N+1 en la consolant par la perspective de pouvoir faire de même avec la N+2.

 

Ne sauvez pas le schéma de Ponzi

Enfin, cette réforme ne sauve pas du tout le régime par répartition à long terme.

Elle prolonge juste l’agonie de ce véritable « schéma de Ponzi » où les prestations sont payées par les nouveaux entrants jusqu’au jour où on en viendra à manquer de pigeons à plumer. Un rappel : la retraite par répartition a été instaurée à une époque où chaque couple avait trois enfants et où on s’arrêtait de travailler à 65 ans, c’est-à-dire à peu près l’âge de l’espérance de vie à la naissance. Aujourd’hui, 1,8 enfant par femme, espérance de vie de 82 ans, qui progresse de… deux mois par an depuis trente ans. Les paramètres ne sont plus du tout les mêmes.

L’effet comptable de ce report de deux ans de l’âge légal de départ, en fait neuf mois en moyenne compte tenu des dérogations, sera donc « annulé » par celui, au demeurant bienvenu, de l’espérance de vie d’ici 4 ou 5 ans. Il faudra tout recommencer en 2027, cadeau d’accueil au prochain président, tiens, tiens.

Dernier point, si vous persistez à penser que la répartition mérite tant que ça d’être sauvée.

Comparez la retraite de deux travailleurs, percevant chacun le salaire moyen actuel en France, soit environ 3000 euros brut par mois : Pascal, bénéficiant du régime en vigueur, et Camille, dont la retraite serait, elle, fondée sur la capitalisation. Le premier a cotisé l’équivalent de 27,5 %, soit 825 euros par mois, de son salaire total, qui lui donnera droit, s’il a commencé à travailler à 20 ans et part à 65 ans, à une retraite de 1500 euros net. Camille a épargné, lui, sur un compte bloqué la même somme de 825 euros chaque mois, ce qui sur 45 ans va constituer (vous pouvez vérifier aisément via un calculateur d’épargne) un pécule de 815 000 euros s’il est rémunéré à 2,5 %, hypothèse fort prudente. Ce pécule lui permettra alors de se verser jusqu’à sa mort une rente de 1700 euros par mois. Mieux que Pascal. Il pourra aussi léguer ce capital à ses proches, ou, pourquoi pas, à un fonds chargé de capitaliser l’industrie.

Au fait, malgré des hauts et des bas (elle n’est pas à l’abri d’un krach… comme d’ailleurs la retraite par répartition qui peut être engloutie par un épisode d’hyperinflation) la Bourse a donné un rendement net de 6 % par an durant les 45 dernières années. Cela aurait permis à Camille de se constituer un capital de 2,14 millions d’euros, lui versant une rente de… 3500 euros par mois. En gros, si vous partez en retraite aujourd’hui, vous vous êtes fait bien avoir…

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  • Il n’est pas exact de dire que les retraités n’ont pas été mis à contribution : ces dix dernières années, l’augmentation de la CSG sur les pensions et leur absence de revalorisation ont fait baisser leur pouvoir d’achat, d’autant plus que désormais l’inflation est importante !

    • Je rajoute que les retraites paient ou aident petits enfants ou enfants tout court. C’est une forme de redistribution qui se traduit en regain de consommation.

  • Tous les systèmes de retraite sont des systèmes de Ponzi, puisque ce sont les actifs qui nourrissent les inactifs. Cela quelque soit le lien financier entre les uns et les autres (voir mes innombrables articles sur Contrepoints à ce sujet). Les libéraux feraient mieux de défendre la liberté, y compris en matière de retraite, plutôt que de se lancer dans des débats techniques où ils peuvent se tromper comme tout le monde !

    -3
    • Ca n’est pas parce que vous ne maîtrisez pas la mathématique et la technique que personne d’autre ne peut le faire. Je tiens à la disposition de ceux qui seraient intéressés un rapport technique détaillé qui aboutit exactement aux mêmes conclusions que l’article de M. Bourdillon et même qui propose des manières concrètes complémentaires à celles des ouvrages de Jacques Garello et Georges Lane pour aboutir rapidement à un système stable et infiniment moins coûteux.
      Encore une fois, il n’existe rien de tel qu’un confinement par la vieillesse dans l’inactivité. Apporter du capital et des idées, c’est être bien plus actif que le fonctionnaire de 25 ans moyen !

      • Pour ceux qui souhaiteraient que je leur adresse ce rapport, me contacter à l’adresse jetable MichelO (at) yopmail.com

        -1
      • En posant comme postulat que l’économie est mathématisable, c’est certain que toutes les prévisions deviennent possibles. Et que tout le monde peut faire des simulations dans son coin (et y croire). Mais tout modèle étant faux par nature, je me garde bien d’afficher votre assurance et votre ton péremptoire vis à vis de M. Montenay.
        Plutôt que de baser entièrement votre argumentaire en faveur de la capitalisation sur vos calculs « maison », il convient tout d’abord de répondre à quelques questions « non mathématisables » :
        – Qui finance la transition entre les deux systèmes (la génération à laquelle j’appartiens n’est pas très motivée à l’idée de financer sa propre capitalisation ET les pensions de répartition pour les retraités actuels) ?
        – Qui finance la perte en capital en cas de crise majeure des fonds de pension (j’ai ouïe dire que çà peut arriver périodiquement) ?
        – Quelle capitalisation doit être favorisée (en actions avec le risque fort associé, ou en obligation souveraine avec la perte de rendement associée?) ? Ou peut-être imaginez-vous un monde ou chaque français diversifie soi même son portefeuille d’actions avec brio.

        Je postule à mon tour que le système par capitalisation, et le néolibéralisme en général fonctionne parfaitement bien dans les grandes périodes d’expansion économique, mais revient toujours vers l’état la queue entre les jambes pour recoller les pots cassés quand tout s’écroule. Cela s’est produit inlassablement dans l’histoire depuis 5000 ans, et il n’y a aucune raison de croire que nous ayons retenu la leçon. Ponzi ne se cache pas forcément là où on le cherche (hedge founds actions perfusion monnaitaire rente de situation).

        PS : Les neurosciences semblent avoir montré que du point de vue des idées, un fonctionnaire moyen de 25 ans que vous méprisez soit plus susceptible d’être touché par la grâce de la créativité qu’un vieillard tirant une rente de son capital. Mais vous me répondrez que nous devons garder un esprit très critique vis à vis de la science académique subventionnée.

        • Tomtom, en fait vous avez raison mais pas comme vous croyez.
          L’histoire nous dit que la retraite par capitalisation est plus efficace, mais régulièrement l’état fait main basse sur ces milliards et confisque les actifs des assurances retraite. Petain, Kirchner en Argentine ,etc..
          En cas d’alternance politique, les populistes gauchistes y voit une ressource facile et sans défense.
          Tandis que le passage répartition=>capitalisation est plus délicat. C’est assez facile si l’état n’est pas surendetté, un emprunt sur une dizaine d’années permet de lisser les choses.

          • Un emprunt sur une dizaine d’année… Ou comment faire payer insidieusement à la génération active en place la capitalisation de l’ancienne génération en plus de capitaliser pour sa propre retraite. Cela ne me semble pas être une « solution » mais plutôt une pirouette.

            -2
            • Non non. Les retraités auraient toujours leur petite pension, les actifs verront leur cotisation stable et leur pension s’améliorer, comme dit MichelO, l’emprunt permettant de trouver du cash pour la liaison, comme pendant la réunification de l’Allemagne. Un déficit du budget pour un but, ce qui est sain (comme EDF pour le nucléaire), et non pas un déficit pour rien, par lâcheté.

              • Il ne s’agit même pas d’un déficit du budget, mais d’un simple emprunt couplé à un investissement qui rapporte au minimum 4% de plus que ne coûte l’emprunt.

        • capitaliser (épargner), c’est travailler, produire de la richesse.
          répartir, c’est consommer cette richesse.
          Cela n’a donc rien à voir.
          D’ailleurs, d’un point de vue pratique, très nombreux sont les français qui capitalisent déjà pour compléter leur retraite qu’ils savent insuffisante, notamment en étant propriétaire de leur logement, en investissant dans l’immobilier, la bourse…

        • L’économie n’est pas plus mathématisable que le climat et la météo, mais les mathématiques permettent de dire qu’on a de bonnes chances de pouvoir récolter des pommes si on plante des pommiers en Normandie et de très mauvaises de récolter des noix de coco si on y plante des cocotiers, elles permettent même de faire un business plan pour chacune des deux cultures, et de renvoyer dans ses buts l’amateur de cocoteraies.
          – Qui finance la transition entre les deux systèmes ? La capitalisation, évidemment. Elle utilise une rentabilité annuelle moyenne de 6% quand la répartition fonctionne sur une de 2%. Aucun problème philosophique pour « déplacer » de l’argent à 2% en vue de le replacer à 6%, c’est juste une question d’implémentation pratique. Le seul sacrifice de la génération de transition sera de toucher seulement 4% quand la suivante aura pleinement les 6%. Ca reste bien mieux que 2%…
          – Qui finance la perte en capital en cas de crise majeure ? Idem, les crises majeures ont toujours été effacées en 10 ans. Donc c’est le même principe que les assurances, vous sacrifierez 1% des 6% pour vous garantir de pouvoir étaler une mauvaise décennie, et voilà.
          – Quelle affectation doit être favorisée ? Internationalement diversifiée, avec outre les actions de l’immobilier et des valeurs exotiques comme des oeuvres d’art, en évitant le plus possible les obligations d’Etat qui sont bien plus risquées, en fait, que les agences de notation ne le laissent penser aux profanes.
          – Comment mettre la gestion à la portée de tous ? 3 niveaux d’individualisation : le super PEA, la super gestion sous mandat, la super ligue collective, où tous les gestionnaires volontaires sont invités pourvu qu’ils soient réassurés, et où les cotisations leur sont réparties suivant un draft type NBA où les meilleurs et les moins déjà pourvus sont favorisés.

        • Bien sûr, il est évidemment plus confortable de s’en remettre aux politiciens pour gérer nos retraites. Autant de pouvoir en plus pour les élites au pouvoir et de douce inconscience irresponsable pour le vulgum pecus … On en revient une fois de plus au bon vieil adage socialiste qui a déjà démontré maintes fois toute son efficacité en politique : « faites ce que je vous dis et surtout pas ce que je fais » .

    • Alors revoyez d’urgence la définition du système de Ponzi. La répétition de la même ânerie, même sur un site de valeur, ne suffit pas à la valider, ça va de soi.
      Les systèmes de retraite fonctionnent sur le principe de l’assurance, à l' »accident » – celui d’atteindre 62, bientôt 64 ans – quasi certain.
      La répartition : votre « accident » est pris en charge par la masse des assurés.
      La capitalisation : vos versements vous octroient une rente, une fois la condition remplie.

    • Je confirme les dires de Michel. La capitalisation est bien plus intéressante que la répartition, qui sans être un Ponzi, est un beau marché de dupes, quand la démographie n’est plus de la partie.
      Et j’espère que nos dirigeants n’attendront pas une « bonne guerre » pour défaire ce que la précédente a fait.

    • C’est pourtant pas très compliqué à comprendre. La capitalisation est tout simplement plus indiquée. Voilà voilà.

  • Le jour où l’on « manquera de pigeons à plumer », dans le système de retraite par répartition… ce jour-là on aura clairement d’autres chats à fouetter. Car ce jour ne peut arriver que dans deux hypothèses. L’humanité sera devenue stérile. Ou immortelle.

    • Une fois le pigeon nu, on ne peut pas le plumer une seconde fois.

      • Les oiseaux font en général deux mues par an. Et ils ne perdent jamais totalement leurs plumes. Sinon ils ne pourraient plus voler. La première avant la nidification, ce qui agrémente le confort des petits. La seconde avant l’hiver et/ou la migration.
        Un peu comme nous, quoi !
        La nature est bien faite.

    • Il est possible de se reproduire à l’étranger. Du point de vue du gouvernement français, c’est comme si les français devenaient stériles. Heureusement, il y a la solution du bon vieux mur, qui a toujours tellement bien marché pour aller vers une humanité heureuse…

  • Je ne comprends pas pourquoi tous les députés s’exitent contre cette réforme.
    1) ils n’ont voté aucune motion de s’ensure contre le 49.3. Donc ils étaient d’accord pour qu’elle passe.
    2) il y aura abrogation de cette loi après la prochaine élection présidentielle.
    La vrai raison est que les syndicats aidés par la Nupes essayent de prendre le pouvoir de façon non démocratique.

    • Je ne comprends pas non plus pourquoi Macron s’est autant excité pour cette réforme. Il semblait évident que ça allait lui bousiller tout espoir de beau reclassement international en 2027. Il était aussi évident qu’après l’avoir proposée et avoir mesuré l’opposition, il fallait faire un brusque changement de pied en proposant la seule solution qui maintenait l’âge de départ mais au prix d’une concession idéologique majeure : la capitalisation.
      Il y aura peut-être abrogation de cette loi en 2027, mais pour tout ceux qui devaient partir avant 2030 et leurs employeurs, on aura 5 ans de bordel organisé qui vont bien peser sur le moral et la compétitivité, sans même parler des syndicats.

      • La seule raison possible est que la France est au bord de la faillite, et qu’il est difficile de payer les salaires à la fin de l’année et de plus en plus difficile d’emprunter.
        Macron veut s’assurer que son salaire et ses avantages soient financés jusqu’à la fin de son mandat. Il faut donc une réforme, mais à minima

        • Ben non. Comme le dit Gilib plus haut, les prêteurs sont ultra-faciles à convaincre quand on leur présente un « business plan » très rémunérateur comme le serait une réforme majeure. Macron veut d’abord garder le soutien de la gauche (caché derrière le théâtre quotidien des gesticulations, mais au final bien réel) en évitant la capitalisation. Parce qu’un effet probable pour les citoyens de posséder un capital en vue de leur retraite est de pousser leurs opinions à droite, vers la rentabilité.

    • Une abrogation ? Ce serait une première.

      • Notre ami Holland a bien abrogé les lois de son prédécesseur Sarkozy. Il suffit de proposer une loi pour ramener l’âge à 60 ans et la faire voter par sa majorité.

        • Personne n’est revenu en arrière sur les réformes des retraites, trop content que d’autres aient fait le boulot.

        • Il faut ramener l’âge à 60 ans (ou plus exactement la durée de cotisation à 40 ans), mais ça ne suffit pas, loin de là. Il faut en même temps et de l’autre main mettre en place la capitalisation en expliquant bien qu’elle seule permet cette réduction. En gros, vous avez le choix : partir à 60 ans avec une retraite honorable largement payée par la capitalisation ou alors avec une retraite de misère, exclusivement répartition mais idéologiquement pure, que vous aurez tout intérêt à augmenter un peu en travaillant 5 ans de plus. Ca n’aurait rien de choquant comme programme électoral.

          -1
  • A chaque évocation du sujet retraite la capitalisation revient sur le tapis. Sauf que je pose toujours la même question à tous les yaka : comment on finance la transition entre les 2 systèmes pour assurer le paiement des retraites actuelles ? A ce jour ZERO réponse. Alors faudrait revoir la citation de Coluche : il vaut mieux laisser des doutes en la fermant…vous n’ignorez sans doute pas la suite mais accepterez vous de vous l’appliquer ?

    -2
    • Je ne suis pas un yaka, mais je vais vous rappeler quand même les réponses.
      La première est de lire l’ouvrage Futur des retraites & retraites du futur de Jacques Garello et Georges Lane, et en particulier le volume III. La transition, ISBN : 978-2-35797-002-1, lequel décrit les différents aspects du problème, plusieurs manières de l’aborder, les méthodes appliquées par différents pays pour ce faire, et analyse dans quelle mesure elles seraient transposables en France malgré la situation économique peu reluisante qui est la sienne.
      La deuxième, je l’ai décrite maintes fois ici et je la détaille aussi dans le rapport évoqué plus haut. Elle consiste à constater que le principal obstacle à l’utilisation de la capitalisation est la fiscalité confiscatoire appliquée sur les plus-values et les revenus de l’épargne à long-terme. La solution devient évidente : il suffit de défiscaliser l’investissement long-terme en échange de l’affectation de ses produits et plus-values à la retraite de l’investisseur. Pour la transition, cette affectation peut être garantie par l’abandon de droits à la répartition. Ainsi, du jour au lendemain, le patrimoine existant est basculé en « droits » de capitalisation pour les retraités qui choisissent cette option. Pour l’Etat, l’opération est blanche, le manque à percevoir en impôts étant équilibré par une réduction équivalente de la dépense budgétaire d’équilibre des retraites. Les années suivantes, la part capitalisation fructifie à en moyenne 6% de plus que les cotisations de répartition, ce qui permet à terme de continuer à réduire la répartition et les cotisations correspondantes.
      La troisième est celle que n’importe qui peut inventer, à partir du moment où il sait compter et où on cesse de le considérer comme un paria néo-libéral fou de s’attaquer à un problème dont chacun sait bien qu’il est insoluble puisque syndicats et gouvernement en sont d’accord…

      • Merci. Je consulterai avant de me prononcer. J’espère seulement découvrir d’autres arguments plus convaincants que ceux de l’article. Exemples :
        1) salaire moyen 3000€. Il y a UN PEU de grosses retraites au-dessus pour BEAUCOUP de petites en-dessous
        2) espérance de vie 82 ans : ça n’offre aucune garantie, suffit de regarder les avis de décès et les survivants en état végétatif.
        Il ne faut pas croire que les statistiques sur le passé sont une vérité pour les projections de l’avenir.

        • Prenons d’autres hypothèses. Avec un mois de smic investi par an (soit 8.33% du salaire d’un smicard, moins que les 11.55% de cotisation actuelle) dans le CAC40 dividendes réinvestis sur les 42 dernières années, vous pourriez vous verser une rente mensuelle égale au smic pour l’éternité à venir si cette éternité présentait les mêmes conditions que ces 42 dernières années. Bien sûr, ce dernier point n’est pas garanti, mais l’examen du siècle passé montre que même avec de mauvaises conditions, on est incomparablement au dessus des offres de la répartition, et que même pour de faibles salaires, la retraite obtenue est décente. Tant qu’on est en franchise fiscale…
          La question de l’espérance de vie n’intervient que pour « revendre » votre capital à un gestionnaire qui vous le transformera en rente viagère, et assumera le risque que vous viviez plus longtemps que la moyenne (en échange du gain si vous mourez prématurément). Mais si les conditions sont bonnes, vous pouvez vivre en retraite des seules fructifications de votre capital sans l’entamer…

  • Avatar
    Pierre Allemand
    2 juin 2023 at 10 h 25 min

    Pourquoi donc nos dirigeants semblent si attachés à cette fameuse répartition ?
    Il est très intéressant d’apporter une réponse à cette question.

    • On parle évidemment de dizaines, voire de centaines de milliards qui passent par l’Etat dans la répartition et qui se passeraient sans lui dans la capitalisation. En supposant que la capitalisation prenne seulement la moitié de la place de la répartition, la part du public dans le PIB régresserait de 58.2% à 50.4%.

    • lire bismark c’est lui le concepteur des retraites et santé d’état, quand vous contrôlez les deux pas de révoltes des masses…

      • et puis en plus de ça, vous pouvez placer pleins de copains dans des jobs fictifs payés à 100k€, comme à la sécu, et puis prendre votre petite commission sur les flux, et puis pleins d’autres de choses très honnêtes comme ça…

  • Normalement la cavalerie financière (alias Ponzi) se nourrit de pigeons consentants par naïveté.
    Là c’est un peu différent, la contribution (alias cotisations) est obligatoire même et surtout pour ceux qui ont compris la perversion du stratagème.
    On peut facilement imaginer une transition salutaire et progressive vers la capitalisation (volontaire ou obligatoire) mais elle s’attaquera nécessairement in fine au parasitisme redistributif de notre socialothéocratie. Le mot « capital » donnant de l’urticaire à une vaste majorité de nos concitoyens dument aliénés par la propagande marxoïde, on ne voit guère d’autre solution que d’abréger l’espérance de vie et il semble qu’on s’en approche (malnutrition, refus de soins, pandémies, bruits de bottes, impréparation aux variations climatiques normales …). Parce que l’empilement de rustines paramétriques depuis quarante ans, ça ne va plus suffire.

    • Beaucoup plus facile sur la retraite que sur la Sécu.
      Retraite : vous vous constituez un droit de tirage en fonction de vos cotisations. Ce principe est conservé quelle que soit la nature de la chose : répartition ou capitalisation.
      Sécu : vous payez selon vos moyens et recevez selon vos besoins. Donc il y a redistribution des riches vers les pauvres. En finir avec la Sécu revient à jeter ce principe aux orties.
      Le passage à la capitalisation le fera que des gagnants. Pour la Sécu, il y aura des gagnants et des perdants.

  • Je ne suis pas favorable à la retraite par capitalisation qui contient trop d’incertitudes. Ce qui est un « schéma de Ponzi » c’est ce « pognon » de dingue » que la France dépense, comme dans un « open bar », et qui la saigne à blanc, pour la migration, les aides au développement de pays africains (maghrébins compris), mais pas que, qui lui crachent au visage à chaque occasion, l’éolien et le photovoltaïque (deux choses aussi inefficaces qu’inutilement onéreux), le mille-feuille administratif qui favorise des roitelets locaux incompétents et inutiles, l’aide médicale aux étrangers, les énormes subsides aux entreprises étrangères qui viendront remplacer les entreprises françaises qui se sont délocalisées, les aides militaires à la guerre en Ukraine où ni l’UE ni la France n’ont à y faire sauf à servir de sous-fifre aux décadents USA, la lutte contre le changement climatique et l’émission à effets de serre alors que la France ne représente qu’un pour cent (et encore !) … 12 milliards pour les retraites ne représentent rien à côté de toutes ces dépenses encore une fois de « pognon de dingue » qui n’enrichissent que les super et hyper riches.

    • On croirait entendre la marine…… avec son populisme anti liberal et pro russe……contrairement à la grande majorité des partis souverainistes européens comme la 1ère ministre italienne G Melonie avec fratelli d italia…. 😁😁😁😁

    • Bjr, je partage partiellement, de même qu’il ne faut pas mélanger choix de société, issu d’un scrutin électif donc assentiment politique, et mathématiques pures pour expliquer ou confirmer la supériorité d’un système sur l’autre….
      Certes la France est le seul pays au monde qui pratique un politique de redistribution aussi poussée, même si ça a baissé, en proportion de la richesse, si je me rappelle nous serions passés de 10% à 6% environ, il en résulte la société dans laquelle nous vivons, avec ses bons et mauvais cotés aussi, mais trouvez-moi une société parfaite et on en reparle, bien entendu je ne compte pas les sectes dans cette recherche….
      Je connais un autre pays immensément riche, et dont une portion non négligeable de la population (pratiquement 50 millions) vit dans la pauvreté et donc dans un état sanitaire déplorable, heureusement que dans ce pays croyant on pratique en quelque sorte la charité aussi, et le principe de base réside dans la résilience et l’adaptabilité, enfin ça dépend, et en conséquence le mérite, ou pas, d’être ce que l’on est…….Haiti ??………….non les USA !
      Alors je m’interroge, aimerais-je vivre aux USA ??

      • Quand j’avais 12 ans, j’avais un copain qui « avait » un cheval et qui n’avait pour dormir que le grenier à foin. Et j’avais un cousin dont le père ouvrier agricole buvait ce qu’il gagnait et qui du coup ne mangeait pas à sa faim tous les soirs. Le copain, c’était près de Seattle, le cousin en Normandie. Etrangement, à l’époque, les perspectives me paraissaient incomparablement meilleures pour le copain que pour le cousin.
        Et encore aujourd’hui, je me permets d’avoir des doutes sur la supériorité de la redistribution à la française. La France et les USA ont tous deux un taux de pauvreté autour de 14-15%. En comparaison, le Chili, un pays dont la conversion à la capitalisation peut servir d’exemple, est plutôt vers les 11%. Et à taux de pauvreté égal, on peut comparer les seuils de pauvreté. Et le niveau de vie aux USA d’une personne juste en dessous de leur seuil de pauvreté (2750€/mois) ne me paraît pas à plaindre tant que ça. Les vertus de la redistribution sont surtout journalistiques…

  • Expliquez-moi comment les retraités avec un taux de remplacement d’environ 50 % de leur revenu d’actif (c’est à dire des rentrées divisées par deux) sont injustement plus riches que les actifs ? c’est tout simplement parce qu’ils se sont rendus propriétaires , tout au long de leur vie, de leur logement dont ils ne payent plus le loyer. Est ce une injustice vs les actifs que de posséder son logement à la fin de sa vie ou une simple mesure prudentielle pour ne pas dépendre de la collectivité ? La remarque sentimentale et non documentée de l’article concernant le sort actuel des retraités discrédite l’ensemble du propos.

    • La question n’est pas de savoir si c’est juste ou injuste, c’est simplement un constat.
      Si c’est votre fierté est de vivre dans un pays où une classe d’âge possède tout et tire paisiblement une rente immobilière de son capital, reçoit une pension de retraite financée par une population active réduite de moitié par rapport à l’après guerre, laisse sa jeunesse manger à l’aide alimentaire, perpétue une orientation politique favorable à la rente capitalistique d’après guerre, profite d’une ubérisation des travailleurs, méprise tout jeune militant écologiste ayant quelques convictions, vous en êtes parfaitement libre !
      Mais ce sera aussi la liberté de cette jeune génération sacrifiée de vouloir renverser la table, et de se débarrasser d’une génération prédatrice avec.

      -3
      • La dernière jeune génération qui s’est durablement débarrassé des vieux barbons (bourbons) remonte à la fin du 18ème.
        Depuis, comme dans la chanson de Brel, les jeunes c.ns ne tardent pas à devenir de vieux c.ns.
        Qu’au lieu de geindre – même quand elle reçoit des récompenses…
        Qu’au lieu de verser dans l’éco-anxiété – même si elle ne veut pas renoncer au dernier IPhone…
        Qu’au lieu de ressasser les mêmes utopies mortifères – même quand elle a 2 sous de jugeotte…
        La jeune génération prenne enfin pour modèle le super-héros des films américains : courageux, astucieux et positif !

        • Dans une vision courte vous avez raison, mais je ne parlais pas du cycle des 200 dernières années et de l’explosition industrielle/technologique/énergétique, le monde de « la croissance infinie dans un monde fini » en quelque sorte. Certes certaines régions du monde ont été plus rapides que d’autres, mais l’énergie quasi gratuite (pétrole) fait que n’importe quel système économique aurait fonctionné (même si le capitalisme accélère grandement le processus).
          A l’humanité (5000 ans), les civilisations qui ont prospéré sur le long terme ont toutes pratiqué l’effacement des dettes et la redistribution brutale du capital pur et simple (si vous en doutez je vous invite à vous renseigner) dans un danse cyclique entre accumulation du capital et redistribution brutale. Voilà pourquoi je trouve le système par capitalisation peu pérenne à moyen terme (sans remettre en cause le sacro saint calcul de 6% de rentabilité considérant que « ce qui s’est passé se passera à nouveau »).

          • 1. Je crois à la croissance quasi-infinie dans un monde fini. E=mc2. Ça en fait de l’énergie dans un seul gramme de caillou. Juste trouver le bon extracteur !
            Jadis on s’éclairait à l’huile de baleine. Aujourd’hui à l’uranium. Demain ?
            2. Même gorgés de pétrole, certains pays végètent. Ou s’enfoncent. Capitalisme (sauf d’Etat), libéralisme et démocratie marchent de concert. Et ce sont les sociétés qui mettent cela en musique qui prospèrent. Cela n’interdit pas une attention aux plus faibles (paix sociale ?). Nos démocraties libérales savent faire. Le principal écueil aujourd’hui n’est pas le manque de redistribution – les sociétés occidentales ont un coeff de Gini qui tourne autour de 0,3 – mais la prise en compte des avis multiples du peuple.
            3. La répartition perd sa viabilité avec l’évolution de la pyramide des âges. Le Français moyen le sait bien, qui travaille à la construction d’une épargne solide pour ses vieux jours (AVie, pierre-papier ou physique, complémentaire,…). Il a des années d’avance sur un Etat qui par facilité ou démagogie refuse l’obstacle.

      • on peut ajouter que la fiscalité sur les donations/successions empêche toute redistribution volontaire des plus vieux vers les plus jeunes. Comme toujours, en dehors du régalien, l’Etat/administrations/poliques sont LE problème.

      • Critiquer les retraités qui ont fait et qui font de la capitalisation (car leurs revenus de retraites ne permettent pas d’en vivre), tout en glorifiant le système en capi (d’ailleurs à juste titre), vs le système en répartition ? c’est juste 2 poids, 2 mesures, ce qui est bon pour tous ne serait pas bons pour les retraités actuels ? On sent poindre la haine du « vieux » à plein nez.

    • Le taux de remplacement de qqn ayant été au RSA toute sa vie est une infinité de% de remplacement. Les taux de remplacements supérieurs à 100% ne sont pas rares, en particulier pour les femmes dont les carrières sont souvent courtes/ à mi temps.
      De plus la modalité du calcul doit être précisée. Qqn qui travaille 20 ans avec un taux de remplacement de 50% n’équivaut il pas à qqn qui travaille 40 ans avec un taux de remplacement de 100%?

  • enfin un article factuel sur le système de retraite par répartition, quer l’on doit bien à l’infâme pétain et non pas à nos valeureux résistants, une fois débarassé de son auréole de sainteté, il apparait pour ce qu’il est, une escroquerie politicienne, pour acheter des voix avec l’argent des autres (pléonasme) et mettre la société civile sous le contrôle de l’état, même chose pour la sécu entre autres…

    • Pétain se souciait assez peu d’acheter des voix, quand il a décidé de la répartition.
      Ce sont les dévaluations pré-conflit et le financement de l’effort de guerre qui ont asséché les fonds de retraite de l’époque.
      Mais il fallait bien payer la retraite des vieux. D’où la répartition. Et tant que la pyramide des âges fut favorable, la question ne s’est pas posée.
      Notez bien qu’on pourrait la rendre à nouveau favorable… Retraite à 70 ans !
      La capitalisation constitue un chantier moins ardu.
      Le politique préférant la facilité, on peut garder espoir.

  • Michel30,
    Arrêtez messieurs les ´´économistes ´´de taper sur les retraités qui auraient des revenus supérieurs à leurs enfants : c’est oublier qu’ils travaillaient 45 h par semaine, avaient droit à 15 j de vacances, ont connu dans les années 1980 des inflations à 2 chiffres.
    Comme dirait l’autre, apprenez vos classiques.

    • Ne vous trompez pas. Ce ne sont pas des économistes qui fustigent la richesse des retraités, mais des politiciens qui cultivent la jalousie et l’envie chez les jeunes paresseux.

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