Surveillance de masse : qui sont les coupables, qui sont les responsables ?

Les actions violentes de groupes activistes alimentent la mise en place de mesures de surveillance de masse, soulevant des questions sur leur efficacité, leur légitimité et leur impact sur les libertés individuelles.

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Surveillance de masse : qui sont les coupables, qui sont les responsables ?

Publié le 19 mai 2023
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Lors du défilé du 1er mai, des groupes écologistes comme Extinction Rebellion et Dernière rénovation s’en prennent à la fondation Louis Vuitton, en peinturlurant héroïquement sa devanture pour alerter – selon le porte-parole d’Extinction Rebellion : « Dans ce contexte social actuel où les Français renoncent à un repas par jour à cause de l’inflation, la santé des grands groupes est indécente ».

Que dire à cette personne ?

Sur le fond, ils sont en droit de s’offusquer (nonobstant le nombre de salariés de l’entreprise ayant des familles à nourrir, ce qui ne semble pas être une préoccupation : plus de 200 000 personnes, sans compter les partenaires de la marque, TPE et PME) ; sur la forme, si j’étais directeur de communication de la marque, je ne pourrais que les remercier, voire envisager un partenariat, alors que lors de reportages, de nombreuses chaînes ont recours volontairement au floutage pour masquer les marques, pour éviter d’être accusées par le CSA d’avoir diffusé des images susceptibles de relever de la publicité clandestine.

Que lui dire ? Quelle aubaine, étant donné le prix des prime times, quelle remarquable promotion internationale, sans le moindre centime d’euro à débourser. On me dirait que ces activistes héroïques sont sponsorisés par Louis Vuitton que je n’en serais pas surpris !

Europe 1 : « Paris : des militants écologistes aspergent de peinture la Fondation Louis Vuitton et la place Vendôme » ;

C News : « 1er mai : des militants écologistes recouvrent de peinture la fondation Louis Vuitton » ;

The Brussels times : « Environmental activists paint over Louis Vuitton Foundation » ;

RTL vidéo : « La fondation Louis Vuitton recouverte de peinture par des militants écologistes »

Ce type d’action est non seulement stupide mais contreproductive. Malheureusement, d’autres sont de plus en plus graves : elles concernent l’ensemble de la population, et accélèrent l’instauration d’une surveillance généralisée, bien loin de l’idéal qu’elles sont censées porter…

 

Les coupables d’une dérive vers la surveillance de masse

Les actions violentes de groupes minoritaires font évoluer sans cesse la surveillance de masse.

Si la surveillance à l’aide de drones par les forces de l’ordre revient régulièrement au cœur du débat, ces groupuscules devraient s’interroger sur les effets liberticides de leurs actions. Grâce à eux, des drones utilisés par la police pour surveiller la population sont devenus autorisés. Le 20 janvier 2022, le Conseil constitutionnel a validé l’utilisation des drones de surveillance par la police, prévue par un article de la Loi responsabilité pénale et sécurité intérieure, police municipale exclue.

À qui la faute ? Fort heureusement, la procédure d’urgence qui permettait de déployer les drones sans autorisation du préfet a été censurée. Pour obtenir cette autorisation préfectorale il faudra justifier que les drones sont le seul moyen d’atteindre les objectifs visés (ce qui est régulièrement évoqué pour les blacks blocs). L’article interdit également la reconnaissance faciale. Si cela semble offrir de nombreuses garanties, comme le soulignait Amnesty, « la liste des situations dans lesquelles les drones de surveillance pourront être utilisés reste très large, et l’absence de contrôle préalable indépendant du pouvoir exécutif continue de faire peser un risque pour nos droits humains. »

Naturellement, ceux qui prônent leurs usages ne s’interrogent pas sur une surveillance de masse à la chinoise qui n’a pas lieu d’être au regard de la qualité de nos services de renseignements. Ils mettront en avant leurs succès. Ainsi, le 1er mai, la préfecture annonçait « triomphalement » avoir interpellé deux individus repérés par un drone alors qu’ils allaient s’en prendre à la mairie du VIIe arrondissement… Pondérons cet enthousiasme : comme le pointait Lyon People : « Plus d’un millier de personnes – âgées de 20 à 30 ans pour la plupart – composant les rangs black blocs sont à l’origine du saccage de l’avenue Jean-Jaurès et du cours Gambetta lors du défilé de l’intersyndicale, ce 1er mai. » Soit deux interpellations sur le nombre de casseurs identifiés préalablement !

Nonobstant la non-fiabilité de nombreux outils de surveillance que j’évoque régulièrement, dont la reconnaissance faciale, nonobstant tous les lieux communs sur cette mouvance qui n’est aucunement hiérarchisée, mais qui relève d’une stratégie militante, bien loin donc de sa réalité originelle, la question qui se pose par rapport aux risques encourus (autant physiques que liberticides) par une majorité de la population pour maitriser une minorité qui « dérive », qui serait connue par le ministère de l’Intérieur informé par le renseignement –  ces risques de surveillance de masse à la chinoise mettant en danger notre démocratie sont-ils légitimes ? Sont-ils proportionnés ? Sont-ils efficaces ?

Voilà qui fait débat, voilà ce que je vais évoquer !

 

Problématique technique et dangerosité

Le risque de piratage technique des drones n’est pas neutre, et pointe la problématique de survol d’une population compacte (manifestation). Le risque est majeur et vital en cas d’accident ou de hacking si le drône chute. Les drones policiers sont équipés de caméras haute définition pourvues de zoom puissant ainsi que de caméras thermiques, capables de voir en pleine nuit comme de jour.

Le drone actuellement utilisé par la gendarmerie nationale est un ANAFI USA. Il est équipé de deux capteurs CMOS de 1/2.4″ et d’un capteur Flir Boson 320×256 pixels. Il dispose d’un zoom x32 et d’une autonomie de 32 minutes par charge. Il pèse 500 grammes avec une charge possible de 4 kg. Ces drones ne sont pas à l’abri de piratages, voire de simples accidents techniques, avarie ou panne, donc de mise en danger d’autrui.

Il existe plusieurs façons de pirater un drone, je ne vais pas toutes les énoncer.

Une fois le drone localisé, on peut potentiellement en prendre le contrôle par usurpation GPS, en lui communiquant de fausses coordonnées ; voire simplement le laisser tomber. Le signal radio est souvent non chiffré, ce qui le rend facilement décodable à l’aide d’un analyseur de paquets (ou renifleur). À ce jour, l’entreprise garantit toutes les protections sur les hacks actuels, en face il y a des prestataires comme drone hacks. Je me permets aussi de rappeler que ce qui est fait par l’homme peut, et sera, à court ou moyen terme, défait par l’homme.

 

Efficacité « douteuse » 

Les drones sont très sensibles aux conditions météorologiques, vent fort, pluie, neige, vent, etc.

Dans de telles configurations, leur vol peut être très délicat pour ne pas dire impossible ou dangereux, réduisant drastiquement leur efficacité. Il faut donc intégrer les conditions de leurs usages par la police au regard des scènes auxquelles nous avons pu assister lors des manifestations : gaz lacrymogènes,  fumigènes…  À cela vient s’ajouter une autonomie de vol très limitée…

Les drones fonctionnent sur batterie, ce qui limite leur temps de vol. Les manifestations en France sont régies par la loi du 30 juin 1881 sur la liberté de la presse, qui interdit l’anonymat des organisateurs de manifestations et prévoit des sanctions pour ceux qui enfreignent cette règle. Toutefois, le droit de manifester est protégé par la Constitution et est considéré comme une liberté fondamentale. (notons le nombre de recours du ministre de l’Intérieur pour tenter d’interdire des manifestations, sachant pertinemment qu’il sera débouté ; c’est préoccupant, mais à mon sens très stratégique : comme le disait Léon Zitrone, « qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle de moi ! »

Concernant les participants individuels, la loi française n’exige généralement pas une identification explicite lors des manifestations.

Cependant, les forces de l’ordre peuvent demander à un individu de présenter une pièce d’identité si elles estiment qu’il est nécessaire de maintenir l’ordre public, ou pour des raisons de sécurité. Nous sommes, vous en conviendrez, très loin de cela avec l’usage des drones ! Par-delà les assertions du ministère de l’Intérieur qui souhaite accentuer leurs usages, leur utilisation soulève de fait des préoccupations – entre autres – en matière de vie privée.

Les drones équipés de caméras peuvent être utilisés pour la surveillance et la collecte de données personnelles sans le moindre consentement des individus concernés. Lois ou pas, leur usage peut entraîner des atteintes graves à la vie privée et à la sécurité des personnes, un drone peut avoir une avarie, à défaut d’être hacké. Ceux qui œuvrent pour multiplier une surveillance de masse à la fois non fiable et physiquement dangereuse s’appuient sur l’ignorance…

Les coupables de cette dérive vers une surveillance généralisée et qui présente de multiples failles ne sont pas tant le pouvoir en place qui affiche une prétention de sécurisation et de protection de la population –  et ce, bis repetita placent – pour quelques centaines de personnes que les services de renseignements connaissent paradoxalement parfaitement. Les responsables de cette dérive liberticide et non maîtrisée sont paradoxalement ceux qui dérivent, manifestation après manifestation, qui, à force de laisser faire de la part donneurs d’ordres, exposent nos forces de l’ordre, et donnent du grain à moudre à un pouvoir qui s’inspire de plus en plus des méthodes de surveillance excessives du régime chinois.

Les responsables d’une surveillance généralisée dangereuse ne sont pas les coupables

Alors, nous pouvons continuer à affirmer que nous sommes dans un État de droit.

Mais permettez-moi de le trouver de plus en plus bancal. Sur les plateaux de télévision, les chroniqueurs, les journalistes peuvent continuer à affirmer que nous sommes en démocratie, persister à faire des comparaisons hasardeuses avec des régimes autoritaires qui ont au moins le mérite de ne pas agir de façon hypocrite.

Notre démocratie me semble de plus en plus bafouée dans ses fondamentaux, malmenée par des procédés alambiqués. On peut certes accuser le pouvoir de dériver lorsqu’il multiplie les outils de surveillances, sans oublier les préfets pour se faire bien voir du pouvoir.

Mais qui leur donne l’opportunité de ces dérives ? Des minorités inconscientes d’être utiles du fait de leurs excès et de générer toujours plus de moyens de surveillance ineptes, permettant au pouvoir d’infliger le pire au collectif et de le justifier.

Combien de fois devrais-je rappeler que les caméras de surveillance de Nice n’ont pas empêché le pire ! Si les moyens humains ne sont pas au rendez-vous, si les donneurs d’ordres laissent faire par-delà les informations des services de renseignements pour, in fine, effrayer la population, quels que soient les outils technologiques, plus ou moins fiables, le pire sera toujours au rendez-vous ! Et les « plus jamais ça », les  « inacceptables », les « atermoiements » de nos élites seront de plus en plus vides de sens !

Le mieux est le mortel ennemi du bien. Montesquieu

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  • Je ne suis pas d’accord avec la conclusion.
    Les responsables ne sont pas « des minorités inconscientes » , mais au contraire l’immense majorité de la population devenue apathique.

    La « gestion » du Covid en a été le révélateur, la plèbe a accepté toute les brimades sans rien dire, et en a même redemandé.

    • Je ne suis pas d’accord non plus, mais pas du tout pour les mêmes raisons. Les responsables sont d’abord les magistrats, qui devraient mettre les personnes qui ont déjà montré par leurs actes qu’elles méritent d’être surveillées dans des centres ou d’autres lieux où elles le soient effectivement, ce qui épargnerait de surveiller en même temps les honnêtes gens.
      On peut aussi accuser une certaine paresse du renseignement humain, nul en France (même pas capable de détecter un Teknival quelques jours à l’avance), qui s’il était correctement conduit, n’aurait qu’exceptionnellement besoin de ces aides automatiques.

      • Tout à fait d’accord : le corps judiciaire de par son laxisme et son idéologie, et l’état pas ses désinvestissements sur la justice, les prisons etc., sont les principaux responsables de l’état de fait actuel, les vandales agissant en toute impunité.
        A quoi peuvent servir des drones si après leur arrestation ils s’en sortent avec une peine minimale ?
        Par contre la dérive sur la surveillance des citoyens par Big Brother et une plongée dans l’univers d’Orwell se rapprochent inéluctablement.

      • « Les responsables sont d’abord les magistrats, qui devraient mettre les personnes qui ont déjà montré par leurs actes qu’elles méritent d’être surveillées dans des centres ou d’autres lieux où elles le soient effectivement »
        Proposer l’embastillement des délinquants arrêtés par la police, les magistrats le font déjà, sauf que les peines prononcées ne sont jamais totalement effectuées, faute de place dans les prisons, ce que les magistrats (et la population) déplorent bien évidemment! Et la multiplication exponentielle de la délinquance d’origine politique exigera sans doute d’autres solutions, si possible en amont en en traitant les causes plutôt que les conséquences. On peut rêver!!!!

  • Pour ma part la surveillance de masse est une conséquence partagée de ce qui menace l’ordre social, notre ordre social. On peut se focaliser sur Qui et ainsi alimenter une boucle qui s’autoalimente par un réflexe menace-réaction, ou bien se poser la question Pourquoi Qui menace l’ordre social. Et dans ce cas c’est peut être sur l’ordre social lui-même qu’il conviendrait d’agir ou sur un ordre social extérieur qui nuit au nôtre.

  • La démocratie va être obligée d’utiliser des drones à cause des manifestants écolo-gauchistes. Leurs exactions ne sont pas innocentes : elles préparent l’arrivée en France d’un Mélenchon (adepte de Staline, Maduro et autre Castro). Ce dernier aura alors à sa disposition tout l’arsenal juridique pour contrôler la population. Et personne ne pourra dire que c’est parce-qu’il est un dictateur puisque ces Loïs auront été votées par une démocratie. Ha ! la Chine et la Russie, quels formidables modèles à suivre pour prendre le pouvoir et faire croire au peuple qu’il est libre !

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