Le gouvernement va faire semblant de consulter les Français sur leurs impôts

Le gouvernement tenterait-il de rétablir une certaine confiance entre les citoyens et l’État ou s’agit-il d’un coup de communication supplémentaire pour masquer l’inefficacité des politiques fiscales actuelles ?

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Le gouvernement va faire semblant de consulter les Français sur leurs impôts

Publié le 18 avril 2023
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À l’occasion de l’ouverture de la déclaration d’impôts de cette année, l’actuel ministricule aux Comptes publics s’est récemment exprimé devant la presse afin de pousser un petit projet qui lui trottait dans la tête depuis quelque temps : consulter les Français eux-mêmes au sujet de l’impôt. Que voilà une réjouissante idée ! Gabriel Attal a ainsi expliqué qu’il allait lancer une grande consultation auprès des contribuables pour que « chaque Français puisse dire » comment il souhaite que l’argent de ses impôts soit cramé utilisé par l’État.

Baptisée « En Avoir Pour Mes Impôts » avec un goût certain du marketing McKinsey 2.0 frisant l’ironique aux petits fers au point de mal masquer une odeur entêtante de kératine brûlée, l’opération devrait avoir lieu dans un mois environ et proposera une plateforme permettant aux Français de « savoir exactement comment sont dépensés leurs impôts », avec cette assurance qui entre cependant quelque peu en collision avec les nombreuses autres initiatives précédentes régulièrement lancées par les mêmes administrations soucieuses de ménager le mécontentement du peuple qui, de son côté, note bien que les ponctions ne diminuent guère, au contraire de la qualité et de la quantité des services publics.

On se rappellera au passage qu’en 2018, une communication équivalente avait vu le jour au moment où les prélèvements obligatoires passaient gentiment le cap des 1000 milliards d’euros annuels : il s’agissait déjà de montrer où passait ce pognon de dingue ces ponctions diverses.

Lors des précédents communiqués équivalents sur l’emploi de l’impôt, il fallait apparemment montrer que l’argent partait vers des choses concrètes. Cependant, cette fois-ci et pour notre sémillant ministricule, il s’agit aussi de mettre un coût derrière les choses de notre quotidien : ainsi, grâce à une belle « transparence » régulièrement louangée sur les plateaux télé, dans les couloirs feutrés de la République et les rédactions des journaux de révérence, il s’agira de détailler le coût d’un kilomètre de route trouée et parsemée de radars, ou celui d’une gare TER sans trafic, d’un hôpital qu’on va fermer ou d’une préfecture qu’on devrait brûler.

Mais baste, nous voilà en 2023 et on peut supposer qu’il est temps de remettre les pendules à l’heure et l’idée est donc lancée : en plus de cette transparence indispensable, le gouvernement va donc organiser des « remontées d’idées » (qui sont aux consultations populaires ce que les remontées gastriques sont à la digestion, je présume) au travers de consultations de contribuables aussi bien en ligne qu’en  présentiel comme on dit maintenant dans le Monde d’Après où tout est connecté à distance suffisante pour ne pas risquer des pains dans la gueule un contact physique potentiellement pathogène.

Hé oui, vous avez bien lu : les Français pourront aussi détailler comment ils désireraient que ces impôts soient dilapidés dépensés. Comme quoi, Attal et Bercy n’ont reculé devant aucune prouesse en poussant ainsi des millions de contribuables au sein d’un nouveau métaverse dans lequel ils auraient effectivement leur mot à dire.

C’est hardi, c’est magique et rassurez-vous, c’est parfaitement fictif : si l’actuelle brochette de clowns au pouvoir a bien démontré quelque chose, c’est de n’absolument jamais tenir compte des consultations, forums et autres conseils citoyens enchaînés avec frénésie depuis que le peuple a justement commencé à grogner vertement jaunement. Avançant systématiquement des agendas déterminés de façon unilatérale, basés sur le mensonge, la manipulation et la dissimulation, ces exercices de consultation citoyenne n’ont jamais été rien d’autre qu’une manœuvre à la fois dilatoire et permettant d’enduire d’un fin vernis de démocratie artificielle les décisions arbitraires passées ensuite sans vergogne.

L’exercice démocratique (que ce soit celui du référendum ou celui des élections régulières) est normalement destiné à cela : par le choix d’un programme politique, les citoyens peuvent définir notamment l’emploi de l’impôt. Le décalage patent et souvent aux antipodes entre les déclarations des candidats et les réalisations des élus a largement dépourvu cet exercice de tout levier sur les ponctions fiscales et leur emploi.

Une idée beaucoup plus hardie consisterait à rendre prescriptif des choix clairement exprimés par les contribuables : chacun serait alors en droit et en devoir de définir précisément à quel(s) ministère(s) ses impôts seraient versés, et dans quelles proportions, favorisant ainsi une saine concurrence entre les ministères réellement utiles pour les citoyens et ceux qui ne sont plus que des instruments de propagande ou de manipulation du peuple (et dont on peut imaginer qu’il les financerait subitement moins).

Bien sûr, une telle idée serait aussi révolutionnaire que réformatrice en puissance : oubliez-la donc.

En revanche, il est maintenant certain que le cirque qui se met en place va durablement occuper les services de communication du gouvernement et tout une presse transie d’amour pour l’actuel pouvoir et permettre de faire oublier la dette colossale que ces imbéciles ont creusé avec un appétit inégalé (on est passé de 2200 milliards à 3000 milliards en six ans grâce à Macron) et l’incroyable gabegie de distribution sociale ponctionnée en dehors de l’impôt et qui constitue maintenant l’essentiel des délires budgétaires observés, sans qu’aucun frein ne soit jamais envisagé.

Alors que le pays est en proie à quelques tensions sociales dont on sait que la source n’est pas exclusivement cantonnée à la nature des réformes menées mais aussi à la façon générale dont ont été manipulés les Français pendant les dernières années, il faut admettre que se lancer ainsi dans une grande démarche de collecte d’informations auprès des contribuables ne manque pas de panache : agacer le peuple pour ensuite lui demander ce qui pourrait être amélioré démontre au mieux un certain courage, au pire une inconscience voire une désinvolture certaine.

Cependant, compte tenu de la façon dont les moquages de visage puissants et systématiques se sont enchaînés depuis que Macron est au pouvoir, on pourra raisonnablement pencher vers la seconde hypothèse (l’inconscience et la désinvolture totale) plutôt que la première, celle-ci mobilisant des qualités que ni le chef de l’État ni ses petits sbires frétillants n’ont su démontrer depuis leur arrivée au pouvoir.

Et pour rappel, les impôts, c’est mieux expliqués en bande dessinée. En deux pages, une ici et l’autre là, ça ira.

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  • A ce stade, ce n’est plus de l’inconscience ni de la désinvolture, mais carrément du f.. de g.. et de la provocation. Malheureusement, il y aura encore assez de mougeons pour croire qu’on leur demande VRAIMENT leur avis, et pour en remercier leur seigneur…

    10
  • On a bien compris que Macron, qu’on nous a vendu comme un prodige, n’a même plus la moitié d’une idée neuve.
    Il est, comme disait Jospin à propos de Chirac, déjà vieux, usé et fatigué.
    Comment croire un gouvernement, qui a été capable de balancer des centaines de milliards en confinant notre économie, qu’il serait capable de réduire la pression fiscale ?

    10
  • Code des Impôts à la poubelle (ou au feu).
    Prendre une nouvelle feuille :
    Article 1 Le seul impôt est sur le revenu déclaré de chacun.
    Art. 2 Il n’y a aucun autre prélèvement direct ni aucun autre indirect.
    Art. 3 La part est de 5% du revenu déclaré.
    Art. 4 Ces 5% sont composés de :
    1 point pour l’Exécutif ;
    1 point pour le Législatif ;
    1 point pour le Judiciaire ;
    1 point pour la commune de résidence principale ;
    1 point pour le Fisc qui aura pour tâche de collecter, de protéger et de redistribuer l’Argent Public collecté.
    Art. 5 Le FiSC, ses membres et ses agents n’ont aucun pouvoir de sanction.
    Art. 6 Le paiement de l’impôt est facultatif.

    [Le Judiciaire serait un pouvoir égal aux 2 autres, indépendant des 2 autres, avec des élus à plus de 51% de voix, aucun nommé par le Chef de l’Etat ni par des membres du Parlement.
    Les 3 pouvoirs étant indépendants, aucun ne demanderait à un autre une aide financière pour boucler son budget et ne pas être en déficit.]

    • « Art. 6 Le paiement de l’impôt est facultatif. » Là j’avoue ne pas trop comprendre. Si on laisse ce choix à un citoyen élevé au socialisme, il sera vite fait.
      « Les 3 pouvoirs étant indépendants, aucun ne demanderait à un autre une aide financière pour boucler son budget et ne pas être en déficit. » Et quel serait la grande œuvre de chacun de ces pouvoirs? Tout faire pour surmonter les deux autres, puis les supprimer…

  • Avatar
    jacques lemiere
    19 avril 2023 at 7 h 39 min

    les français adorent se mêler des impots des autres..surtout des plus riches..

  • Notre petit dandy ferait plutôt mieux de nous demander où nous ne voulons pas que nos impôts soient employés, et la roue plus haut illustre en partie ce que nous ne voulons plus, entre autre entretenir une armée mexicaine d’incapables qui nous gouvernent, qui ont des appellations pompeuses mais qui ne servent strictement à rien.

  • Pas besoin d’explication gouvernementale petits français : au niveau mondial, vous payez les impôts les plus chers du monde pour voir vos services publics systématiquement classés derniers… Mais rassurez-vous, on va vous faire payer de la com. pour que cela vous paraisse tout à fait normal !

  • Le PR s’entoure d’incompétents notoires à son image, des trop jeunes qui ne savent rien de la vie ; en revanche, faire c…r le peuple qui les nourrit, ce n’est jamais un début de commencement d’embryon de problème !

  • C’est trop cool…. Enfin, les riches a plus de 4000 euros vont morfler…. Et les autres aussi avec l’inflation volontaire du duo, bercy, grandes surfaces… Ils devraient changer de. Consultants…. Ha, ils n’ont pas le droit, nous sommes tous grecs.

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