Marine Le Pen à l’Élysée ? C’est la promesse du dernier sondage Elabe pour BFMTV paru cette semaine et annonçant la victoire de la candidate nationaliste avec près de 55 % des voix au second tour si ce dernier se déroulait en ce moment.
Ce n’est pas la première fois que le Rassemblement national est jugé en passe de prendre le pouvoir en France. En 2014, un sondage IFOP donnait déjà Marine Le Pen gagnante avec une marge similaire en cas de second tour face à François Hollande.
Toujours selon ce sondage, en cas de dissolution de l’Assemblée nationale, le Rassemblement national obtiendrait entre 150 et 175 sièges, soit autant que la NUPES, contre 130 à 155 pour la majorité relative actuelle. Autant dire que toute dissolution plongerait un peu plus ce pays dans le chaos.
Ces sondages sont à relativiser. L’abstention différenciée déjà évoquée lorsque des journalistes de gauche s’amusaient à se faire peur en 2017, contribue largement à ces résultats. À cette abstention s’ajoutent des législatives partielles mauvaises pour le Rassemblement national.
Quoi qu’il en soit, le Rassemblement national montre une nouvelle fois qu’il a gagné la bataille des oppositions à la Macronie. Le premier parti et groupe d’opposition à l’Assemblée semble avoir si bien lissé son image qu’un nouveau type de front républicain apparaît désormais, non plus contre l’extrême droite comme ce fut le cas depuis cinq décennies, mais bien contre l’extrême gauche.
Un front anti-NUPES
Vers un front républicain anti-NUPES ? C’est ce dont s’est félicité l’ancien Premier ministre chiraquien et désormais soutien du gouvernement, Jean-Pierre Raffarin. Le 2 avril dernier, une candidate socialiste dissidente l’a ainsi emporté contre la députée sortante, la LFI Bénédicte Taurine, qui s’est récemment faite connaître pour avoir cosigné la proposition de résolution sur « l’apartheid » israélien.
Une victoire saluée de Renaissance au Rassemblement national en passant par Les Républicains, faisant ici front commun.
Ce n’est pas une première
Du côté du gouvernement, on évoque des questions locales qui n’auraient pas à s’étendre au niveau national. Une réponse qui n’est pas sans rappeler celle du « ni ni », doctrine de l’UMP lors des élections cantonales de 2011 et qui avaient déjà fait polémique lorsque Jean-François Copé et le Premier ministre de l’époque François Fillon, qui reconnaîtra deux ans plus tard qu’un candidat socialiste pouvait être plus sectaire qu’un candidat Front national, avaient décidé de placer un signe « = » entre PS et FN. Les habituels cris d’orfraie de la Socialie n’avaient pas tardé à résonner.
Six et dix ans plus tard, lors du second tour de l’élection présidentielle et des régionales de 2021, les instituts avaient noté un effritement du front républicain avec une explosion du vote blanc.
Une drôle de communication
À chaque fois, les élus dits républicains communiquent de la même manière : renvoyer dos à dos les extrêmes tout en appuyant un peu plus sur le Rassemblement national.
Élisabeth Borne n’a pas manqué d’utiliser la même technique. « Pas une voix pour les extrêmes, et encore moins pour le Rassemblement national », semblent-ils tous s’exclamer. J’en perds mes maths…
Une Macronie entre deux feux
Du côté des principaux concernés, on dénonce la courte mémoire du camp présidentiel.
Ce dernier n’oublie généralement pas de faire des appels du pied à la gauche dès lors qu’il se retrouve au second tour face aux représentants des « heures sombres ».
Diviser pour mieux régner
Malgré ces incohérences, la communication macronienne n’est pas sans rappeler celle d’un autre président de la République. Accusé de faire monter le Front national pour gêner la droite, François Mitterrand a savamment su diaboliser toute tentative d’union de la droite au Front national, à l’époque encore reaganien, en particulier après l’historique victoire de cette union aux élections municipales de Dreux en 1983. Dès lors, la gauche n’a cessé de faire monter l’extrême droite tout en interdisant au RPR et surtout à l’UDF, plus poreuse que son partenaire à ces alliances de par son antigaullisme, tout dialogue avec le camp Le Pen.
Aujourd’hui, une telle stratégie semble s’inverser, Emmanuel Macron distinguant LFI du reste de la NUPES, y compris des communistes, en rendant explosif tout rapprochement avec les Insoumis.
Toujours lors des dernières régionales, LR avait demandé à LREM de retirer ses listes dans les régions où EELV risquait de l’emporter, appuyant sur l’extrémisme de cette formation.
L’extrême gauche n’est pas républicaine
Pour cause : l’extrême gauche, tellement tentée qu’elle en fît partie un jour, n’appartient aujourd’hui plus à l’arc républicain, nom donné aux partis situés entre le centre gauche et le centre droit dépeint sous le sobriquet d’« UMPS » par le camp mariniste et qui s’est matérialisé, comme un amas de roches devenant une planète, dans la mouvance macronienne. Notons dans ce sens que le caractère républicain ou non ne préjuge aucunement de la nature autoritaire ou libérale d’une politique.
Idéologiquement, l’arc républicain recouvre le refus de la distinction des individus en fonction de leur race, sexe ou religion. Or, c’est bien ici que la NUPES pêche désormais.
Émergence d’un front républicain anti-NUPES
En effet, le socialisme d’antan a progressivement évolué depuis un demi-siècle. L’électorat classique de la gauche votant désormais pour le Rassemblement national, elle s’est trouvé un électorat de substitution résumé par le qualificatif « islamogauchiste », terme inventé il y a 20 ans par le sociologue spécialiste du racisme et de l’extrême droite Pierre-André Taguieff pour désigner une frange de l’extrême gauche perméable à la cause palestinienne. À cette convergence des luttes entre trotskystes et pro-palestiniens se sont agglomérées plusieurs idéologies, toutes fondées sur une lecture marxisante d’un collectif opprimé : militants LGBT, wokes et écologistes.
Dans cette logique, les prolétaires d’hier sont désormais les immigrés, les trans et la Nature elle-même. Les capitalistes d’hier, eux, sont tout simplement les Caucasiens, les hétérosexuels, les mangeurs de viande et les exploiteurs de ressources.
Ces théories, souvent teintées de complotisme voire d’antisémitisme, sont surtout marquées par une lecture binaire de la société fondée sur la race, le sexe ou l’orientation sexuelle, et n’ont rien à envier à ce que peut produire l’extrême droite lorsqu’elle évoque de son côté l’opposition binaire entre l’immigré musulman et l’autochtone chrétien.
Les deux extrêmes se rejoignent par un refus total de la complexité de la société, aboutissant généralement à la planification dont l’histoire a montré les atrocités.
Aujourd’hui, les petits calculs politiques laissent espérer que l’élite dirigeante a pris conscience de cette mortifère symétrie.
Le RN n’a jamais eu qu’un véritable ennemi : l’arabo-musulman.
LFI s’en invente tous les jours, par la grâce de son immarcescible marxisme.
Si vous avez la chance de ne pas être arabo-musulman, vous ne risquez rien avec le premier.
Si vous n’êtes pas arabo-musulman, vous pouvez à tout moment être jugé l’ennemi du second.
Le citoyen averti, lorsqu’il sera face à ce choix, préférera ne pas prendre de risque.
Ne pas oublier qu’à l’exception de l’immigration, le programme du RN est 100% un programme de gauche extrême.
En France, à part l’extrême gauche et la gauche extrême, il ne reste plus que la gauche clientéliste.
Tous à vos bulletins de vote !
Quel programme ? Il me semblait qu’à part l’immigration, le RN n’avait pas de programme, et que les grandes déclarations bien gauchistes pouvaient du jour au lendemain faire place à autre chose si ça permettait de séduire l’électeur.
Retraite à 60 ans, embauche de fonctionnaires sont au moins les 2 pilliers de base du programme RN
Ne pas oublier qu’à l’exception de l’immigration, le programme du RN est 100% un programme de gauche extrême.
En France, à part l’extrême gauche et la gauche extrême, il ne reste plus que la gauche clientéliste.
Tous à vos bulletins de vote !
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