Demain le fascisme

L’autoritarisme macronien et le factionisme d’extrême gauche prennent le débat public en tenaille, marginalisant petit à petit les voix modérées et libérales qui appellent à un plus grand respect des libertés individuelles.

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Demain le fascisme

Publié le 29 mars 2023
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Les procédures classiques de la démocratie libérale, la délibération rationnelle et l’acceptation du pluralisme politique n’ont plus la cote dans le débat public. D’un côté, le centre autoritaire macronien s’appuie sur le cœur technocratique et policier de l’État pour gouverner, de l’autre les professionnels du désordre d’extrême gauche soufflent sur les braises de la colère populaire pour reprendre la main politiquement.

Dans les deux cas, la violence prend petit à petit le pas sur le droit, l’esprit de faction sur l’esprit public, le rapport de force brutal sur l’esprit de dialogue raisonnable.

Il devient de plus en plus courant de voir les dirigeants occidentaux s’appuyer sur les crises pour diriger, et Emmanuel Macron ne fait pas exception. Crise terroriste, crise climatique, crise sanitaire, crise en Ukraine : la situation exceptionnelle justifie toujours la législation exceptionnelle, les politiques publiques disruptives et toujours attentatoires aux libertés publiques.

La menace terroriste généralise la surveillance algorithmique des citoyens, celle climatique et ukrainienne l’économie de guerre, celle sanitaire le recours à la loi d’exception. Le périmètre de l’État de droit et des libertés individuelles se rétrécit constamment, devient secondaire, voire optionnel aux yeux de dirigeants qui ont fait sécession avec le reste du pays.

 

Une logique de guerre

La logique technocratique à l’œuvre ici est toujours la même, c’est une logique de guerre : il faut mobiliser vers un but, discréditer les tièdes et les sceptiques et surtout ne susciter aucun débat public sur les objectifs à atteindre. Le pilotage politique des technocrates se confondant avec celui de la Science et de la Raison, le citoyen ordinaire est prié de se soumettre et de se taire.

Dans le cas contraire, il encoure à la fois le risque d’être criminalisé, voire matraqué pour mauvaise conduite. Des Gilets jaunes à la réforme des retraites, l’envers du Macronisme tendance startup nation, c’est le recours à la police pour attiser la colère et pour couper court à toute contestation, quand la distribution d’argent gratuit n’est plus possible.

Malheureusement pour la nomenklatura politique française, cette dernière technique deviendra de moins en moins possible dans un pays qui s’appauvrit d’année en année.

Face au centre autoritaire, l’extrême gauche conflictualise toutes les questions politiques pour reprendre la place dans la vie publique qu’elle n’a pas réussi à gagner dans les urnes. Sa présence au sein du Parlement a choqué un exécutif habitué depuis des décennies à des institutions croupions, terrées dans l’ombre d’un gouvernement, et surtout d’une présidence, exceptionnellement puissant au sein du système constitutionnel de la Cinquième République. Son modèle reste le Venezuela, c’est-à- dire l’oligarchie socialiste accolée à la misère généralisée.

Avec la réforme des retraites, tout le ban et l’arrière-ban de la gauche révoltiste, les fonctionnaires de la révolution aux 35 heures et les petits bourgeois de centre-ville radicalisés sur internet pensent leur heure venue. Les blocages, les destructions et la violence des casseurs apparaissent comme légitimes à leurs yeux aveuglés par le romantisme révolutionnaire. Par détestation de tout ce qu’incarne Macron, ils sont prêts à toutes les manipulations et surtout à sacrifier les formes de la démocratie.

Les violences qui ont opposé manifestants et policiers à Sainte-Soline démontrent une fois de plus que l’ultragauche utilise par pur opportunisme la situation de désordre social pour pousser son agenda de chaos politique. Les politiciens et élus de gauche qui se prêtent à cette comédie révoltiste font office d’idiots utiles, comme d’habitude, absolvant par leurs paroles sirupeuses les actes terroristes d’une poignée de malades nihilistes.

 

La voix libérale en minorité

L’autoritarisme macronien et le factionisme d’extrême gauche prennent le débat public en tenaille, marginalisant petit à petit les voix modérées et libérales qui appellent à un plus grand respect des libertés individuelles, à davantage de décentralisation et à la responsabilisation des politiques. Hier macroniste, aujourd’hui mélenchoniste, l’éditocratie française elle-même règle son pas sur le dérèglement généralisé de la démocratie libérale française.

Petit à petit, l’idée d’un régime policier en rupture avec le « désordre établi » par la gauche marxisante et son sparring partner autoritaire fait son chemin dans l’opinion publique. Petit à petit, les citoyens s’habituent au piétinement du droit par les casseurs mais aussi les bureaucrates, révélant qu’au fond, seule la force paie.

Petit à petit, le national-populisme lepéniste apparaît au plus grand nombre comme un moindre mal face aux factions macroniste et gauchiste. La France prend progressivement le chemin du fascisme, et ce sont ses opposants les plus farouches sur le papier qui l’aura fait advenir.

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Créer un compte Tous les commentaires (12)
  • Il y a un air de révolution déjà connu dans l’histoire et qui souffle sur la France : l’époque de Lénine en Russie. On sait où la Révolution bolcheviks que nous vivons a conduit la Russie. La France va vivre bientôt cette « fabuleuse » expérience.

  • L’autoritarisme macronien : Il ne fait qu’appliquer la constitution (contrairement à des grévistes qui prennent la population en otage) . Il serait autoritaire s’il tentait de supprimer la constitution comme Israël

    -2
  • S’il y avait des débats à l’assemblée il n’y aurait pas de violence dans la rue. La macronie s’est montrée sourde et aveugle face aux gens qui manifestaient pacifiquement. Il ne reste malheureusement que la violence pour se faire entendre. Violence qui est ensuite aisée à manipuler.
    Il faut revenir à un vrai régime parlementaire comme nos voisins européens. Alors on aura des compromis que la Vème république n’autorise pas.

    • Revenir ? Avec des parlementaires qui n’ont pas la moindre idée de ce que devrait être leur travail ?

  • « la situation exceptionnelle justifie toujours la législation exceptionnelle »
    On a vu les prémisses de ce type de fonctionnement avec Sarkozy: un fait divers=une loi.
    Macron, ministre de Hollande devait bouillir, maintenant qu’il est au pouvoir, il se lâche!

  • Le respect des libertés individuelles est impossible tant que chaque individu ne respectera pas la liberté des autres et que la justice et la police ne l’y contraindront pas. La décentralisation et la subsidiarité ne seront possibles que le jour où les individus cesseront de chercher un plus haut degré d’autorité pour imposer leur lubies à leurs voisins. La responsabilisation des politiques sera une chimère tant que les non-politiques pourront impunément se conduire de manière irresponsable. Alors il y en a un peu marre de la dénonciation facile de l’arrivée du fascisme. Quand on se gare en ville, on cherche la proximité d’une caméra pour avoir des chances de pouvoir remonter dans sa voiture sans se faire agresser. C’est déplorable, mais ça montre que ça n’est pas le fascisme l’ennemi et que les beaux discours libéraux sont complètement à côté de la plaque.

    -1
    • Que voulez-vous… Notre amie Claire est trop jeune pour avoir connu le fascisme old school et pur sucre.
      Il se manque pourtant pas de pays dans le monde pour y faire une formation accélérée. A défaut de l’Histoire, se rabattre sur la Géographie.
      A ce stade, et en écho à votre rappel, je ne peux m’empêcher de penser à Maurice Schumann :
      – Quiconque rêve d’une liberté sans limites et sans frein porte en soi le germe du fascisme, même s’il crie son antifascisme à tue-tête.

    • Non, ce que vous dites relève de l’inversion accusatoire. C’est comme Macron qui aurait dit que les français sont ingrats, après tout ce qu’il a fait pour eux. C’est bien commode de traiter les moutons d’ingrats, parce qu’on leur a fait grâce d’un peu de foin frais, tandis qu’ils maigrissent et tombent malades enfermés dans un enclos de plus en plus malsain et puant !

      Ce n’est pas en culpabilisant les gens qu’on les responsabilise. Comment croyez-vous que les gens puissent cesser de se plaindre et de réclamer pour leur retraite, quand l’état leur impose SON système de retraite monopolistique, et SA réforme, dans le cadre d’un faux débat, d’une présentation des faits tronquée, mensongère et manipulatrice ? Et ainsi pour tous les autres pans de notre vie sur lequel l’état garde jalousement le contrôle.

      A l’inverse de ce que vous dites, « les individus cesseront de chercher un plus haut degré d’autorité pour imposer leurs lubies », ils se responsabiliseront à nouveau et s’occuperont de leurs affaires quand ils seront libérés de la geôle étatique, et qu’ils auront enfin retrouvé le pouvoir subsidiaire de s’occuper de ce qui les concerne personnellement.
      Et de toute évidence, le fascisme n’est pas si loin quand on constate la bonne conscience moralisatrice prompte à juger et condamner tous ces incapables de français, pas fichus de se responsabiliser devant la matraque, la taxe et la loi, hein ?

  • National-populisme lepéniste… Quel dommage, échouer si près du point Godwin !

  • L’utilisation du langage dans un but de prise du pouvoir entraîne une a dichotomisation radicale : amis ou ennemi, avec ou contre nous.
    L’option tierce « ni l’un ni l’autre » mais simplement autre, qui regarde le réel d’un point de vue propre, disposé à l’enrichissement mutuel de l’échange est humanisant.
    Au contraire, cette « mise en faisceau des esprit » qui définit le fascisme tourne le dos à notre accomplissement Humain. Seuls les assoiffés de pouvoir sur les autres sacrifient l’humain et le langage, dans un éternel retour de la barbarie. Depuis Babel !

  • Oui, l’étatisation est chez nous « en marche ». Le pire dans l’affaire, est que ceux qui la conduisent se font traiter au mieux de libéraux. Quant au seul parti qui pourrait avoir un pied dans le libéralisme, il trouve la réforme des retraites trop dure et s’est démené pour alléger le dispositif. Triste situation. Le fascisme ? Non, n’utilisons pas les mots « grossiers » pour être mieux entendus. Le déplorable est là, c’est déjà pénible. Quand 1 million de manifestants conspuant le pouvoir se promèneront en Russie ou en Chine comme chez nous, on en reparlera.

  • La chute m’étonne. Pour moi, le danger fasciste, n’ayons pas peur des mots, est incarné par M. Mélenchon et son parti « d’insoumis » (sic). M. Mélenchon est né troskiste à la politique, il n’a pas changé. Il admire les autocrates d’Amérique Latine, et même sous d’autres cieux, comme Poutine, et il ne s’en cache pas. Il a conçu son parti autour de lui, pour sa personne, le « Leader Maximo » et décidé qu’il ne devait pas y avoir de démocratie interne. Pour deux raisons : le « consensus » est plus efficace (!) et puis, M. Mélenchon déteste la Démocratie parlementaire et la Sociale Démocratie. Grand admirateur de Robespierre, lorsqu’il proclame « on va tout changer », on peut compter sur lui, quelques morts ne le feront pas reculer car la fin justifie les moyens. Donc non, le danger fasciste n’est pas le RN (qui n’a jamais remis en cause la démocratie comme le fait régulièrement M. Mélenchon) mais bien LFI. Je ne défends pas le RN qui a un programme économique aussi indigent que celui de LFI. Mais la rengaine des années 80/90 à son encontre ne fonctionne plus. J’ajoute que LFI s’est allié sans vergogne aux islamistes (ces derniers détestent le « progressisme » de LFI mais ils s’en accomodent pour le moment…) peu réputés pour leur goût de la démocratie, et pratique un anti sémitisme de bon aloi camouflé sous une diatribe anti sioniste. Non, vraiment, vos fascistes ne sont pas les miens…

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