6ème rapport du GIEC : une équation démographique impossible !

Pour des raisons purement démographiques, la clé de la décarbonation se trouve dans les pays émergents et non pas dans les pays de l’OCDE.

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6ème rapport du GIEC : une équation démographique impossible !

Publié le 28 mars 2023
- A +

Le GIEC a publié ce lundi 20 mars 2023 la synthèse finale de son sixième rapport à destination des décideurs.

Le rapport proprement dit est divisé en trois parties contenant plus de 5000 pages que très peu de personnes liront. Nous nous contentons ci-dessous de commenter la synthèse et d’émettre quelques recommandations.

 

Ligne de référence – constat

Les données disponibles confirment que depuis le début des années 1960, la planète s’est réchauffée de 1° (1,1° depuis l’ère préindustrielle – valeur la plus élevée depuis 2000 ans).

Durant la même période, la teneur en GES dans l’atmosphère a augmenté de 100 ppm (130 ppm depuis l’ère préindustrielle) pour atteindre une concentration de 410 ppm en 2019 (valeur la plus élevée depuis 2,5 millions d’années). Aucun phénomène naturel (solaire, volcanique ou astronomique) ne peut justifier la rapidité de tels accroissements au cours de périodes de temps aussi courtes. Le GIEC en conclut donc avec une « forte confiance » que le réchauffement climatique est bien d’origine anthropique lié à la combustion des énergies fossiles (cause principale), l’agriculture et la déforestation (causes secondaires). Depuis 1750, ces émissions ont accru le flux radiatif terrestre de 2,72 W/m2.

Ce réchauffement climatique induit sur le moyen terme

  1. Une réduction de la surface glaciaire (calottes glaciaires, glaciers et neige).
  2. Une accélération de l’élévation du niveau de la mer (dilatation + fonte des calottes glaciaires).

 

À court terme, il accroît (avec une « forte confiance ») les vagues de chaleur et les précipitations extrêmes. En revanche, il n’y pas aujourd’hui d’évidence quant à son impact sur les sécheresses, les cyclones tropicaux et les incendies.

 

Scénarios

Sur base de nombreux modèles climatique, le GIEC a proposé cinq scénarios estimant le réchauffement en 2100 résultant de trajets d’émissions différents. Deux scénarios sont particulièrement intéressants1.

Le scénario SSP1–1,9 est conforme aux objectifs de Paris (réchauffement limité à 1,5° en 2100 et décarbonation totale en 2050) et atteint la neutralité carbone en 2050. Le scénario SSP2-4,5 (réchauffement de 1,5°C en 2030, 2° en 2050 et de 2,7° en 2100) assez conforme aux politiques publiques maintient jusqu’en 2050 les émissions à leur valeur actuelle (35 GtCO2/an) puis elles décroissent fortement durant la seconde moitié du XXIe siècle.

Une forte accélération des politiques actuelles pourrait permettre de faire un peu mieux que 2,7°. En revanche, le schéma 1,5°C est aujourd’hui hors de portée dans la mesure où il nécessiterait de baisser les émissions mondiales de moitié d’ici 2030.

Scénario SP1 et SP2 (source : GIEC)

Le schéma 2,7° (aussi appelé « intermédiaire ») induirait en 2100 un accroissement du niveau de la mer de 70 cm et dès 2050 le pôle Nord ne serait plus sous glace permanente.

 

Critique

On peut principalement reprocher au GIEC de ne pas aborder le problème de la démographie n’insistant que sur les inégalités Nord-Sud qui augmenteront face aux conséquences du réchauffement. Rappelons que la barre des huit milliards d’habitants a été dépassée en 2022. Sur ces huit milliards, les émergents représentent 84 % de la population mondiale. À l’horizon 2100 ce chiffre atteindra 87 %.

Nous avons sur les graphes ci-dessous simulé la décarbonation à l’horizon 2050 en différenciant la partie OCDE de la partie émergente (incluant Chine et Inde).

Quatre cas ont été envisagés :

  1. Cas de base (poursuite de la tendance actuelle avec un MWh décarboné de -1 % par an pour les deux parties)
  2. Scénario 2 décarbonant massivement l’OCDE (-10 % par an)
  3. Scénario 3 décarbonant massivement la partie émergente (-10 % par an)
  4. Scénario 4 décarbonant massivement les deux parties

 

Les résultats sont sans appel. Conforme au schéma 2,7° du GIEC, la poursuite de la tendance actuelle conduit à accroître significativement la part relative des émergents qui représenteraient en 2050 82 % des émissions globales (contre 67 % aujourd’hui). La décarbonation massive de l’OCDE ne réduit que faiblement les émissions qui stagneraient à 30 GtCO2/an jusqu’en 2050. En revanche, une décarbonation massive des émergents (et ce même sans décarbonation de l’OCDE) permettrait d’atteindre en 2050 un objectif proche des 1,5°.

Scénario de décarbonation 2050 comparés aux scénarios GIEC 2,7° et 1,5°. (Source des données : BP statistical Review 2022, GIEC et Banque Mondiale)

Pour des raisons purement démographiques, la clé de la décarbonation se trouve donc dans les pays émergents et non pas dans les pays de l’OCDE.

Résoudre une telle équation nécessiterait un transfert massif de fonds des pays de l’OCDE vers les pays émergents. Dans un récent rapport publié lors de la COP27 par les économistes Vera Songwe, Nicholas Stern et Amar Bhattacharya ont évalué ce transfert à 2000 milliards de dollars par an pendant une quinzaine d’années. Cette somme représente 3,5 % du PIB des pays de l’OCDE (58 trillons de dollars en 2021). En d’autres termes, décarboner massivement les pays émergents comme l’exigerait l’objectif 1,5° plongerait les pays OCDE en récession structurelle.

Une équation démographique socialement impossible à réaliser car socialement explosive.

 

Article mis à jour le 28/03/23 à 10h11.

  1. Les autres scénarios (SSP3 -3,7°) et SSP4 (4,3°) qui apparaissent trop pessimistes ne sont pas discutés.
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  • Vœux pieux : je cite l’auteur « Résoudre une telle équation nécessiterait un transfert massif de fonds des pays de l’OCDE vers les pays émergents. » Et si, au lieu d’envoyer des milliards à … … pour prolonger des guerres débiles, on les envoyait vers les pays émergents ?

    • Envoyer des milliards vers les pays émergents pour les décarboner, encore faudrait-il que les technologies existent et soient applicables dans des pays ou règnent la pauvreté, l’insécurité, et la corruption et où les faire passer au tout électrique nécessiterait la construction de dizaines de centrales nucléaires! Qui sera assez fou et fortuné pour se lancer dans un projet certes ambitieux, mais dont on ne voit pas le début d’un commencement de faisabilité technique!

  • Avatar
    jacques lemiere
    28 mars 2023 at 8 h 17 min

    « notre problème… »
    le malheur des uns fait le bonheur des autres..

    comment est établie cette » forte confiance???  » scientifiquement, rigoureusement..
    sans postuler que les modèles ont aptes à prédire..parce que..

  • He he he he, on n’est pas le premier avril ! Et arrêtez de parler « d’experts », ce n’en sont pas, seulement des « Bruno lemaire »

  • « la synthèse finale de son sixième rapport à destination des décideurs ».
    J’aurais plutôt écrit « synthèse initiale » parce que, peu de gens le savent, le petit résumé à l’intention des décideurs et du public est concocté par la direction de l’IPCC avant la rédaction des 6000 pages de rapports « scientifiques » qui sont ensuite retouchés sans consultation des auteurs pour ne pas affaiblir les conclusions prémâchées.
    Ce résumé est ensuite amendé par les votes de l’assemblée générale des délégués des 194 pays membres, très majoritairement « émergents », dans le but manifeste de redistribuer la manne de l’OCDE.
    En tous cas, la science de la propagande se porte vraiment bien et la naïveté des occidentaux est stupéfiante.

  • Les pays émergents se foutent de l’augmentation de la température mondiale. Ils y voient uniquement un moyen de se faire de l’argent sur le dos des pays riches. Cela fait plus de 60 ans que ces pays sont indépendants et touchent des aides colossales. Et ils sont toujours dans le même état voir pire (comme l’Afrique du Sud depuis la fin de l’apartheid). Ils ont compris que plus ils ont de crève-la-faim, plus ils reçoivent d’aide, et plus il en détournent en Suisse.
    Cessons plutôt toute aide et la démographie baissera naturellement. Rappelons que la démographie a augmenté dans ces pays lorsque les colonisations ont commencé les et y ont amené l’aide humanitaire comme l’hygiène de vie, les vaccins, la médecine, le traitement de l’eau, les infrastructures, etc ; bref, tout ce qui fait un crime contre l’humanité aux yeux de notre président.

    13
  • Dès le début de cet article, on note trois affirmations fausses :
    1 – il a fait plus chaud sur Terre lors de l’optimum climatique médiéval et lors de l’optimum climatique Romain,, comme l’indiquent les analyses des carottes de glace du Groenland, de l’Hymalaya et des Andes
    2- on ne connaît pas tous les cycles astronomiques ou solaires qui peuvent influencer fortement le climat terrestre, mais on sait que le Petit Âge glaciaire ( XIV ème-XIXeme siècle) était dû à des cycles astronomiques et une faible activité solaire.
    3- le dernier réchauffement climatique interglaciaire s’est déroulé en seulement une trentaine d’années, entre -11 730 et – 11 700.
    Enfin, on ne trouve aucune corrélation entre l’évolution des températures et celle du taux de CO2 atmospherique depuis 1800, au moins.

  • je vous cite:
    « À court terme, il accroît (avec une « forte confiance ») les vagues de chaleur et les précipitations extrêmes. En revanche, il n’y pas aujourd’hui d’évidence quant à son impact sur les sécheresses, les cyclones tropicaux et les incendies. »

    c’est faux

    cf: https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/downloads/report/IPCC_AR6_WGII_TechnicalSummary.pdf
    TS.B.2 Widespread and severe loss and damage to human and
    natural systems are being driven by human-induced climate
    changes increasing the frequency and/or intensity and/or duration of extreme weather events, including droughts, wildfires,
    terrestrial and marine heatwaves, cyclones (high confidence)
    and flood (low confidence). Extremes are surpassing the resilience of some ecological and human systems and challenging
    the adaptation capacities of others, including impacts with irreversible consequences (high confidence). Vulnerable people and
    human systems and climate-sensitive species and ecosystems
    are most at risk (very high confidence). (Figure TS.3) {2.3, 2.3.1,
    2.3.1, 2.3.3, 2.4.2, 2.4.5, 2.6.1, 3.2.2, 3.4.2, 3.4.3, 3.5.2, 3.5.3,
    4.2.4, 4.2.5, 10.1, 11.2, 12.3, 13.1, 14.1, 15.1, 16.2.3, CCB EXTREMES, WGI AR6 SPM, WGI AR6 9, SROCC SPM}

    -1
  • Il est intéressant que tout le monde semble avoir une excellente confiance sur les températures d’il y a 2000 ans versus actuellement… Alors que l’évolution de la prise de ces températures a changé du tout ou rien depuis les 200 dernières années environ… Pareil pour la concentration de co2 (j’espère d’ailleurs qu’ils ont pris les échantillons partout dans le monde pour affirmer tout ça…).
    Une excellente frise, visible au musée d’histoire naturelle de Londres donc visible de tous, montre pourtant des variations dans les températures sur une période de plusieurs milliers d’années (centaine de milliers ? je ne me souviens plus) : et elle sont plutôt liées à l’activité du soleil… Bref, j’imagine que ce musée est climatosceptique pour ne pas montrer une courbe en hockey (debunkée mainte et mainte fois, mais toujours présente dans le rapport du GEIC sans remise en question)… Remarque, ce sont des anglais, ils mettent le chaos dans l’UE, et même à une finale de football !

  • Pour démontrer l’inanité des scénarios cataclysmiques des gourous du climat, il suffit de dénoncer leurs intentions de s’attaquer non pas aux causes, mais à la richesse.
    Deux exemples:
    1) si la pollution des océans par les plastiques est bien réelle, faut-il rappeler que les dix fleuves déversant le plus de ces déchets sont tous, sans exception, situés en Afrique et en Asie? Comment des restrictions (et des taxes) en Europe pourraient-elles résoudre ce problème?
    2) l’explosion démographique (dont une partie envahit la vielle Europe et les USA) entraîne des dommages bien supérieurs aux « économies » que les pays développés pourraient réaliser, au prix de lourds sacrifices. Ce n’est pas moi qui le dit, mais … l’ONU, dans son rapport de 2009 sur la population. La RDC, qui comptait une dizaine de millions d’habitants en 1950, en aura (selon les estimations du Bureau de recensement US) 634 millions en 2100, horizon des millénaristes du GIEC. La population européenne, pour sa part (envahisseurs non compris), aura diminué.

  • «  » la planète s’est réchauffée de 1° (1,1° depuis l’ère préindustrielle – valeur la plus élevée depuis 2000 ans). » »
    Alors, SVP, présenter les mesures planétaires des 2000 dernières années -par satellite peut-être!
    Le GIEC est manifestement dirigé par les mêmes qui ont organisé le Covid.

    10
  • Penser que la décarbonation est un problème d’argent porte à rire . Surtout de la part de pays européens qui ont vendu leur énergie nucléaire pour une poignée de vote gauchistes .

  • Il est parfaitement impossible, je dis bien impossible, d’affirmer que 2019 est l’année ou la concentration de GES est la plus élevée de ces dernières 2.5 millions d’années.
    Plus c’est gros, plus ça passe ? et pourquoi pas 2.5 milliards d’années ?
    Je ne savait pas que Lucy (de Mr Coppens) mesurait la concentration de GES si précisément à son époque.
    Quand on sait (allez sur le site du GIEC pour savoir comment la température de la Terre est mesurée), que cela fait à peine 20 ans que des sondes sont installées un peu partout sur la planète, et que malgré tout, la température peut être différente de plusieurs degrés ne serait-ce qu’à 100 mètres de la sonde, cela laisse rêveur sur toutes ces affirmations « scientifiques »…

    11
    • Tout à fait, quand on voit que les mesures directes par sondes de ces 20 dernières années sont déjà discutables, les « mesures indirectes » des 2000 dernières années ou des 2,5 millions d’années ne restent au mieux que des hypothèses, les phénomènes observés ( carottages, glaciers, bulle d’air piégées…. etc) pouvant être interprétés d’une multitude de façons, sachant que les interactions atmosphériques à des époques aussi lointaines nous sont inconnues, et que les affirmations du GIEC paraissent sous cet angle, particulièrement hardies!!!!!

  • Et pourquoi faire du CO2 un ennemi est forcément un facteur de catastrophe ? N’est-ce pas la nourriture des plantes ? Ce qui fait reverdir la planète ?
    Je vis en Thaïlande depuis 15 ans. Et je constate plutôt un refroidissement et une augmentation des pluies pendant la saison sèche, ce qui est vraiment très positif.
    Et un réchauffement dans les régions glacées, n’est-ce pas la meilleure chose que nous puissions souhaiter aux populations qui y vivent ?

  • Il n’à jamais fait aussi chaud depuis 2000 ans ?
    Alors comment expliquer que la fonte d’un glacier en Norvège ait révélé l’année dernière une route viking, où l’on a trouvé des pièces, des outils, des chaussures … du Xeme siècle, enfouis sous la glace depuis mille ans ?
    Idem pour une voie romaine dans les Alpes, toujours coupée par un glacier aujourd’hui.
    Rappelons que lors de l’optimum climatique Holocene, de -8000 à-6000, le Sahara était verdoyant et il faisait ’plus de 3° de plus qu’aujourd’hui.

  • Le PICCA (Panel Intergouvernemental pour le Changement Climatique d’origine Anthropique) n’a pas à parler de démographie. Du moins pas dans le cadre de « décarbonation climatique ».
    La décarbonation est un dogme sans fondement scientifique: Même si les T° et le CO2 augmentent, leurs courbes sont loin d’être parallèles : la simultanéité est loin d’être établie. Quant au lien de causalité, le climat est une matière tellement complexe qu’attribuer la cause de son réchauffement à un seul facteur, quel qu’il soit, est une hérésie et ne tient bien sûr pas de la science.
    Lire « Climat, la part d’incertitude » de Steven Koonin.

  • Les commentaires sont fermés.

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