Comment repérer les mauvaises entreprises ?

Comment repérer les mauvaises entreprises ? Il existe deux visions antagonistes.

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Comment repérer les mauvaises entreprises ?

Publié le 12 mars 2023
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Les mauvaises entreprises font peur. On ne veut pas y travailler. On ne veut pas y investir. On ne veut même pas leur acheter quoi que ce soit. Mais comment les repérer ? Il existe deux visions antagonistes. Mais quelques indices convergents.

 

Deux écoles de pensée incompatibles

Qu’est-ce qu’une mauvaise entreprise ? Il existe deux écoles de pensées, incompatibles :

Première école de pensée : une mauvaise entreprise est une entreprise qui…

  • Ne fait pas assez de bénéfices
  • N’optimise pas assez fiscalement
  • Ne met pas assez la pression sur ses fournisseurs
  • Ne gruge pas assez ses clients
  • Ne fait pas assez travailler ses salariés

 

Deuxième école de pensée : une mauvaise entreprise est une entreprise qui…

  • Fait trop de bénéfices
  • Optimise trop fiscalement
  • Met trop de pression sur ses fournisseurs
  • Gruge trop ses clients
  • Fait trop travailler ses salariés

 

Ces deux écoles de pensée ont des visions antagonistes du meilleur des mondes. Les deux voient la même chose et sont d’accord sur ce qu’elles voient. C’est juste qu’elles n’ont pas les mêmes attentes : quand l’une est déçue, l’autre est satisfaite. Quand l’une a trop, c’est parce que l’autre n’a pas assez.

Aux extrêmes de ces deux écoles de pensée, il existe même des visions irréconciliables.

 

La mouche du coche et l’homoncule

À l’un des extrêmes, on estimera que le salarié se prend pour la mouche du coche, il croit savoir quelle est la bonne direction à prendre alors qu’il ne sait même pas où il se trouve, un genre de yakafocon qui n’a rien compris aux subtilités de la vie économique et ferait mieux de retourner bosser plutôt que d’errer à la machine à café.

À l’autre extrême, on estimera que le boss se prend pour un homoncule, regardant les acteurs jouer la pièce tragicomique qu’il a écrite pour eux, et qui le soir rentre chez lui pour se goberger autour du triclinium en compagnie de ses amis. Et tout ça sur le dos de ceux qui travaillent vraiment et qui se font enfumer.

Ces deux extrêmes ont donc eux aussi une vision très précise de ce qui caractérise une mauvaise entreprise. L’évidence leur saute aux yeux et paralyse la démonstration. Sauf que cette évidence n’est pas la même pour les deux. A priori, tout débat constructif entre les deux parties semble un défi impossible à relever. On ne le relèvera pas.

Mais tout n’est pas perdu.

Car il existe bien quelques indices susceptibles de rabibocher tout le monde. Comme des prodromes trahissant la mauvaise santé d’une entreprise, incontestablement, comme si l’expertise et la contrexpertise livraient alors la même conclusion. Ces indices n’ont rien à voir avec une analyse obéissant aux critères financiers ou extrafinanciers traditionnels. Ils n’ont rien à voir non plus avec les critères plus exotiques identifiés par la recherche académique et susceptibles d’identifier les entreprises qu’il ne faut surtout pas détenir dans son portefeuille d’actions.

Non, ces critères sont beaucoup plus simples et parlent à tout le monde, je crois.

 

Une mauvaise entreprise se caractérise par

  • Cuvettes des toilettes dégueulasses dès 10 heures du matin
  • Ratio têtes de cons croisées dans les couloirs/têtes croisées
  • Ratio décisions débiles/décisions nécessaires
  • Ratio tâches insignifiantes/tâches nécessaires
  • Ratio mails reçus/mails utiles
  • J’ai une idée, pas deux
  • Nombre de comités qui se terminent en étant moins informé qu’au début
  • Sensation du tapis roulant ou pédaler dans le vide
  • Word et excel mettent deux plombes à s’ouvrir
  •  Ça sent la cantoche à l’entrée dès 9 heures du matin
  • « Cette année est difficile, mais l’année prochaine sera meilleure »

 

Tous ces critères réunis donnent une forme de « mauvaise haleine » à l’entreprise, qu’on n’a donc pas forcément envie de croiser dans l’ascenseur ou avec qui on souhaiterait engager une conversation.

«… Les façades […] exhalaient une chaleur lourde de serre chaude […]toujours brisées par les cris et les clameurs sans fin, par le bourdonnement et le grondement de la bête collective en train de respirer, elle ne cessait pas d’être immobile : […] c’était l’haleine de la ville, unique et lourde exhalaison de la vie resserrée entre des blocs de pierre, et sa fausse vitalité putride, humus de l’existence, proche de la décomposition… » La mort de Virgile – Ermann Broch

Voir les commentaires (7)

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  • Une bonne entreprise, c’est celle dont le dirigeant gagne honnêtement sa vie à la sueur du front de ses salariés.

    -2
  • Une bonne entreprise:
    1-pour le client est celle qui lui fournit un bon rapport qualité/prix,
    2-pour l’employé est celle qui lui donne plaisir à travailler,
    3-pour l’actionnaire est celle qui paraît un bon placement.
    Il se trouve que ces trois critères sont souvent conjoints.
    Et
    4-pour le fisc une vache à lait qu’il faut s’empresser de tarir.

  • Mais comment les repérer (de l’extérieur donc avant c’est mieux) ?
    Comme pour les personnes, en général, les mauvaises entreprises parlent beaucoup trop d’elle et avec emphase. Trop beau pour être vrai ! Paroles et actes se disjoignent !
    Les bonnes entreprises, se sont les autres concernés qui en parlent, salariés, investisseurs, clients, médias etc, car elles agissent avant tout. Paroles et actes se rejoignent !

  • Je pense que l’article se veut comique . Bon pour moi une « bonne entreprise » c’est une entreprise dont les actionnaires ont une vision long terme de l’entreprise et qui sont capables de la faire progresser et croître . Une mauvaise entreprise à l’inverse est celle où les objectifs sont court termistes et donc pas en adéquation avec ceux des salariés (une entreprise qui va être vendue par ex , où une entreprise dont les actionnaires vont pomper tout le suc avant de la tuer ) . L’employé quel qu’il soit sent très bien quand il est dans une entreprise « bonne » ou « mauvaise » car les décisions du management ne font pas sens , un peu comme ce que l’on voit de notre Etat français ,en fait .

  • Une mauvaise entreprise est un pléonasme.
    Puisqu’une entreprise est là pour gagner de l’argent, c’est forcément mauvais.

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