Il n’y aura pas de transition énergétique sans progrès technologique

Pour vraiment être moteur, il nous incombe de mobiliser nos scientifiques et ingénieurs pour développer les nouvelles technologies nécessaires et de remettre en cause les dogmes de la décroissance.

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Il n’y aura pas de transition énergétique sans progrès technologique

Publié le 13 février 2023
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Par Gilles David.

Construire ou reconstruire des centrales nucléaires et modifier nos comportements ne suffira pas à changer la donne. Avec seulement 0,9 % des émissions mondiales de CO2, la France n’aura presqu’aucun impact sur la nécessaire transition écologique mondiale.

Pour vraiment être moteur, il nous incombe de mobiliser nos scientifiques et ingénieurs pour développer les nouvelles technologies nécessaires et de remettre en cause les dogmes de la décroissance. Toujours pionnier en la matière, notre pays a le devoir moral de porter haut les couleurs du progrès technologique face aux menaces de théories malthusiennes qui se répandent.

 

Emission de CO2 et croissance du PIB : une corrélation démentie 

Si, historiquement, il est établi que les émissions de CO2 sont liées à la quantité de ressources économiques dont une civilisation dispose (cf. Edgar Hertwich « A Global, Trade-Liked Analysis, Environmental Science and Technology » 1), cette théorie est désormais démentie pour les pays aux PIB les plus élevés. Preuve en est que parallèlement à une baisse drastique de leurs émissions ces économies ont malgré tout connu une croissance économique. C’est le cas, notamment, du Royaume-Uni dont le PIB par habitant a progressé entre 2009 et 2020.

Figure 1  : Évolution des émissions de CO₂ par habitant et du PIB, Royaume-Uni

Dans ce cas précis, le remplacement des énergies fossiles par des énergies à faibles émissions, dont le nucléaire n’est qu’une des facettes, en est la principale explication. Preuve que certaines technologies peuvent s’avérer plus efficaces que certains discours mortifères.

 

En finir avec l’illusion de l’épuisement des ressources

Ce mythe ne date pas d’hier puisque déjà au XVIIIe siècle William Stanley Jevons théorisait un déclin rendu inévitable du fait d’un manque de ressources naturelles disponibles, conséquence d’un niveau de vie des populations en forte progression 2. Cette théorie fait le lit de nombre de décroissants mais est pourtant contredite par les faits.

Ainsi, depuis 2010, la consommation d’électricité domestique par habitant n’a cessé de baisser dans les pays occidentaux. Ce phénomène résulte d’importants gains en termes d’efficacité énergétique. Aujourd’hui, les ménages américains consomment ainsi moins d’électricité qu’il y a cinq ans.

Il s’explique par le fait que plus de 450 millions de LED y ont été installées à ce jour contre moins d’un demi-million en 2009. Idem avec les ampoules fluocompactes (CFL) encore plus courantes, et que plus de 70 % des ménages utilisent.

Pourtant, en matière d’efficacité énergétique dans un pays comme le nôtre, le potentiel reste énorme et très sous-exploité, parce que le coût de l’énergie était, est et sera peut-être encore demain, à un prix trop bas pour être économisé.

Autre mythe auquel il convient de tordre le cou pour, enfin, donner toute sa place au progrès technologique : le Peak Oil ou pic pétrolier. Depuis longtemps, des experts cherchent à déterminer le moment où les réserves mondiales d’hydrocarbures commenceront à décliner. Hélas, annoncé depuis toujours, ce moment risque de se faire attendre. Malgré les tensions géopolitiques, les instabilités spéculatives ou les crises traversées par certains pays, leur succès ne se dément pas 3. Pire, depuis 2008, la production mondiale de pétrole a même progressé plus vite que la demande.

En réalité, le Peak Oil se produira bien mais pas pour les raisons avancées par les partisans de la décroissance. Il sera le résultat d’une raréfaction de la demande et non de la ressource, raréfaction provoquée par le progrès technologique. N’avons-nous pas arrêté de chasser la baleine lorsque d’autres alternatives plus efficaces et moins coûteuses ont permis de s’éclairer ?

  1. Edgar G. Hertwich and Glen P. Peters, Carbon Footprint of Nations: A Global, Trade-Linked Analysis, Environmental Science and Technology (2009)
  2. Missemer, A. (2015). La peur du déclin économique face à l’épuisement des ressources naturelles, de W. Stanley Jevons à Herbert S. Jevons (1865-1915). Revue économique, 66, 825-842.
  3. Orsenna, E. (2014). L’énergie nucléaire, une solution à ne pas écarter. Dans : L. des économistes & E. Orsenna (Dir), Un monde de ressources rares (pp. 83-92).
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  • Bien sûr que si, construire des centrales nucléaires, et surtout continuer la filière nucléaire avec les centrales à neutrons rapides permettra de diminuer les émissions de CO2. Une technologie fiable qui durera plusieurs centaines, voire milliers d’années. Une technologie qui peut assurer une quasi indépendance énergétique, et qui fera que l’on brûlera beaucoup moins de produits pétroliers. Le prix du pétrole baissera par raréfaction de la demande. Alors que l’offre est pléthorique. Les plus grosses réserves du monde connues sont au Vénézuéla et quasiment inexploitées. Les lobbys anti nucléaire ne sont là que pour favoriser le pétrole et les énergies intermittentes.
    Le problème majeur c’est que le changement climatique si il est réel n’est vraisemblablement pas causé par les émissions humaines de CO2. Mais en ce qui concerne la France, une production électronucléaire permettrait des prix de l’électricité faible si ils n’étaient pas manipulés par les intérêts politiques.

  • « nous »…
    le concept de transition  » à faire » pluto que de transition qui advient;.

    sans moi..

    -1
  • La transition énergétique devrait en fait s’appeler la pauvreté énergétique. Aucun progrès technologique ne changera cela, retour à l’âge des cavernes et des feux de bois.

  • Si la transition énergétique, c’est de passer du mix pourri actuel (un peu de nucléaire, un peu d’énergie fossile, un peu d’éolien, etc.) à du tout nucléaire, en particulier avec des réacteurs à fusion (qui arrivent enfin à produire plus d’énergie qu’ils en consomment), je suis totalement pour.

    • Les énergies intermittentes ne sont que des petits gadgets qui peuvent assurer des petites consommations de manière intermittentes, comme leur nom l’indique. Mais si vous avez besoin d’une grosse quantité d’énergie, seules les énergies fossiles et le nucléaire peuvent l’assurer. Aux Français de choisir. Quant à la fusion, même si ça fait des progrès, ça va prendre des dizaines d’années et coûter incomparablement plus cher que la fission. Il faudra aussi produire le Deutérium et le Tritium, ce qui va coûter un maximum d’énergie.

  • Il découle du bon sens qu’il ne peut y avoir une amélioration énergique avec un retour en arrière.

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