Le gouvernement veut faire passer une mauvaise réforme des retraites. Les syndicats veulent répondre par de puissantes grèves.
Nous entrons pour la énième fois dans la grande comédie de la lutte des classes. C’est un inlassable rituel unissant et gauche et droite, intellectuellement pitoyable et économiquement suicidaire : un ballet aquatique dans une piscine vide. Nous savons comment il commence et comment il va se terminer. Nous pourrions parfaitement ne pas du tout nous y intéresser car cela ne changerait rien à son déroulement. Mais ce serait manquer une précieuse occasions de rire. Offrons-nous un moment de détente en temps de crise.
Une phrase de bois
Hier matin, Élizabeth Borne a appelé les syndicalistes à, je cite, « ne pas pénaliser les Français ». Attardons-nous sur cette formule.
Toute grève de gauche a pour unique méthode, très précisément, de pénaliser les Français. En effet, pour obtenir de nouveaux acquis sociaux (récemment rebaptisés « conquis sociaux », afin de conférer des airs héroïques à ce mélange de farniente, de mensonges et d’émeutes), les syndicats doivent impérativement faire souffrir le peuple le plus possible. En l’empêchant d’aller travailler, en paralysant ses entreprises et ses usines et, cerise sur le gâteau, en transformant ses rues en foutoirs cacophoniques – au passage, on n’oubliera pas de casser des vitrines et de faire brûler des voitures : la révolte inutile n’est jamais aussi distrayante que lorsqu’elle s’attaque à la matière.
Bien entendu, on usera et abusera du terme « fascisme » et l’on fera pleuvoir sur Macron et ses sbires un déluge de points Godwin. On se gardera bien de rappeler que le système français de retraites par répartition est une idée de Pétain mise en place par un communiste. Qu’importe le tonneau, pourvu qu’on ait l’ivrognerie !
Les syndicats vont « pénaliser les Français » et ils ne vont faire que cela. Pénaliser ou humilier, supplicier et ruiner, si vous préférez. Or, le peuple veut pouvoir se déplacer et travailler : c’est pour lui une question de survie. Il va donc râler si fort, et crescendo, qu’au bout d’un ou deux mois qui nous auront coûté des milliards, l’État va prendre peur et reculer de deux pas après avoir vaillamment avancé de trois. Mission accomplie pour les camarades. On comprend alors qu’il est tout bonnement impossible, inimaginable, même pas en rêve, que les grévistes évitent de pénaliser les Français. Dans leurs têtes de fans hardcore de Fidel Castro, ils n’ont pas le choix.
Traduisons
La demande d’Élizabeth Borne peut ainsi être traduite de plusieurs manières, plus amusantes encore que l’original, et qui expriment bien mieux sa pensée. Dressons-en une liste rapide.
Élizabeth Borne appelle les syndicalistes à brûler les œuvres complètes de Lénine qui trônent dans leurs bibliothèques.
Élizabeth Borne appelle les syndicalistes à respecter la propriété privée, à admirer l’esprit d’entreprise et à vanter les vertus du marché.
Élizabeth Borne appelle les syndicalistes à s’autofinancer au lieu de vivre sur le dos des contribuables.
Élizabeth Borne appelle les syndicalistes à se montrer cultivés, intéressants, civilisés, humains.
Élizabeth Borne appelle les syndicalistes à choisir une bonne fois pour toutes entre utiliser les produits technologiques inventés par les capitalistes et accuser le capitalisme de détruire le monde.
Élizabeth Borne appelle les syndicalistes à citer Bastiat, Hayek et Rand.
Élizabeth Borne appelle les syndicalistes à préférer Donald Trump à Xi Jinping.
Élizabeth Borne appelle les syndicalistes à cesser d’avoir peur du climat.
Élizabeth Borne appelle les syndicalistes à comprendre que « lorsqu’il n’y aura plus de riches, il n’y aura plus de pauvres » est un énoncé d’une imbécilité proprement ahurissante.
Élizabeth Borne appelle les syndicalistes à déclarer que la CGT a passé le plus clair de sa longue histoire à vanter la supériorité du totalitarisme soviétique sur le monde libre.
Élizabeth Borne appelle les syndicalistes à regretter d’avoir défilé des décennies durant au son de « Patron, salaud, le peuple aura ta peau ! »
Élizabeth Borne appelle les syndicalistes à aimer travailler pour améliorer leurs vies et celles de leurs compatriotes.
Élizabeth Borne appelle les syndicalistes à se faire baptiser par l’Église catholique romaine et à confesser le péché de paresse.
Bref, Élizabeth Borne appelle les syndicalistes français à ne plus être des syndicalistes français. Elle ignore la donnée fondamentale de la philosophie : ce qui est est, ce qui n’est pas n’est pas. Elle est diplômée de Polytechnique et des Ponts et Chaussées : on ne lui a appris que des choses compliquées. Elle n’a pas eu le temps de réfléchir aux évidences.
Pour la bonne bouche, notons qu’Élizabeth Borne est Commandeur de l’Ordre du Mérite Maritime depuis 2019. Elle appelle les icebergs à ne pas pénaliser le Titanic.
Et maintenant que nous avons allègrement gloussé, reprenons le fil de la France contemporaine où nous l’avons laissé : au milieu de nulle part.
Un bel humour pour décrire une triste réalité.
Oui Elisabeth borne est très drôle aussi mais à son insu
Une énième. Réforme aussi inutile que les précédentes mais qui occupe les classes laborieuses et satisfait les votants retraités, y’a plus qu’eux pour voir en ces branquignoles des gens compétents.. Avec des petits cadeaux, ça passe mieux. Impôts locaux, redevance, la, 1z00 euros minimum pour quelques privilégiés, rares. On compte, ils comptent sur les syndicats pour en garantir l’echec apparent mais le dur de la réformette passera.
Quel talent ! Il me met en forme de bon matin.🙂
EB est une humoriste incomprise. L’auteur n’a pas compris sa vanne. Il est vrai qu’elle démarre dans le métier. Ce qu’elle réclame, c’est que les grévistes pénalisent le patronat. Il n’y a pas 36 manières. Il faut rendre les transports gratuits, distribuer l’essence et relever les barrières de péage. Ce qui est évidemment illégal, puisqu’il s’agit d’une atteinte à la propriété privée. C’est en cela que la saillie de Borne est drolatique.
Au passage.
Je signale aimablement à l’auteur que grève de gauche est un pléonasme
L’auteur se moque du slogan:
« lorsqu’il n’y aura plus de riches, il n’y aura plus de pauvres ».
Pourtant c’est parfaitement vrai, comme l’avait déjà compris 老子 (Lao Tseu):
« quand les gros maigrissent, les maigres périssent ».
Ou bien, Élisabeth Borne, en tant qu’écolo-gauchiste pure et dure appelle les syndicats à ne pas pénaliser les français en leur demandant ainsi de faire une grève d’enfer pour que la loi soit retoquée. Cette loi est en total désaccord avec sa pensée politique.
Elisabeth Borne n’a pas de pensée politique, juste des intérêts personnels.
Certe, elle a des intérêts personnels comme le montre le début de l’application de cette loi à partir de ceux qui sont nés mi 1961 (alors qu’elle est née le 1ier semestre 1961), mais cette loi imposée par Macron à une gauchiste reste difficile à porter. De là à ce qu’elle espère que les syndicats la fasse capoter, il n’y a qu’un tout petit pas..
autres exemples (plus anciens) : https://www.capital.fr/economie-politique/les-six-mandats-quelisabeth-borne-a-oublie-de-mentionner-dans-sa-declaration-dinterets-1373704
Excellent ! Un bonne tranche de rigolade au petit déjeuner …
E. Borne est le doigt de la lune des retraites.
Les retraites sont le doigt de la lune des problèmes français.
Les problèmes français sont le doigt de la lune du maintien au pouvoir des dirigeants incompétents.
Finalement, nous vivons sous le signe des doigts croisés et des complaisants qui nous les font regarder au lieu d’agir.
moi je l’aime bien Bebette
on prétend que le surréalisme est la marque des belges, elle en est le démenti le plus flagrant
n’a-t-elle pas en pleine crise covid abondé de 250 millions une académie du vélo
alors que l’inflation flambe, l’énergie devient inabordable elle en remet une dose de 250 millions,dans ce machin
je vois bien après le préservatif gratuit, la pochette de rustines gratuites
Le préservatif gratuit pourrait peut être être utilisé en rustine en cas de crevaison. Malin le Macron ! Mais ça va couler Michelin. Pas grave , encore un capitaliste exploiteur en moins comme dit LFI !
Merci ! Quel bonheur !