C’est une étude de février 2022 qui reste sujet de questionnement pour les entreprises : ayant interrogé 994 employés français salariés à temps plein ou temps partiel et qui n’ont pas changé d’entreprise depuis janvier 2020, la plateforme Capterra (plateforme d’avis et de logiciels) dévoile qu’un Français sur deux considère ne pas avoir une bonne santé mentale en entreprise.
C’est sûr qu’une entreprise avec une proportion aussi importante d’employés en mauvaise santé mentale ne doit pas réussir à être au top niveau de performance.
Certains vont aller chercher les causes et les solutions dans le management des entreprises. Oui, ces méchants et mauvais chefs qui rendent dingues leurs collaborateurs.
Mais le phénomène ne semble pas propre à quelques entreprises, mais selon les études et enquêtes, il touche toute la société. Il y a donc aussi des causes peut-être plus profondes à détecter.
Pour résoudre le problème, on pense aussi, bien sûr, aux médecins et aux médicaments. Les business qui se sont rués sur le créneau sont légion. La santé mentale constitue en France le premier poste de dépenses de l’assurance maladie, et a représenté en 2020 23,3 milliards d’euros de remboursements, les boîtes d’antidépresseurs remplissant les armoires à pharmacie.
Doctolib a publié une autre étude en juin dernier qui a montré que les consultations de psychiatres ont grimpé de 32 % en 2021, tandis que celles des psychologues ont explosé, passant de 2,97 millions en 2020 à plus de 6 millions en 2021. Et ça continue en 2022, puisqu’au cours du premier trimestre, le nombre de recherches sur la plateforme pour trouver un psychologue a bondi de 69 % sur un an.
Cela fonctionne bien, aussi, pour les livres dits de développement personnel, ainsi que les cours de yoga, les médecines douces, les ateliers de méditation. On trouve même des applications pour smartphones, comme « Petit Bambou » (mais il y en a paraît-il au moins 500 000 sur le même créneau). Ce qui a créé un nouveau commerce qui propose des « certifications » de la sûreté et de la qualité de ces applications (comme Dekra).
Autre business, celui des trucs à boire et à manger (oui, on peut dire qu’il y a à boire et à manger) pour soigner sa santé mentale : infusions relaxantes au CBD, gélules de toutes sortes pour améliorer les capacités de notre cerveau. Même chez Monoprix ou Franprix.
Il va falloir forcément faire le tri dans toutes ces initiatives. La bonne nouvelle c’est que cela crée un terreau pour l’innovation et la créativité des entrepreneurs. Et il n’y a pas que des charlatans, heureusement.
La science et la technologie s’associent aussi pour trouver les solutions permettant de préserver et même d’accroître ce que l’on appelle maintenant le « capital cérébral » (brain capital). Car face aux défis et agressions que subissent nos cerveaux (surcharge d’informations, anxiété, dépression, fake news, et même éco-anxiété maintenant, c’est-à-dire cette angoisse de fin du monde face au réchauffement climatique et changements de l’environnement), les spécialistes du « capital cérébral » cherchent les bonnes solutions.
La robotisation et l’emprise des technologies de la quatrième révolution industrielle n’y sont pas étrangères non plus : les emplois les plus menacés par l’automatisation et la robotisation créent forcément ce type d’angoisses.
C’est dans ce cadre que l’OCDE a lancé cette année une initiative : la Neuroscience-Inspired Policy Initiative (NIPI), pour soutenir le développement des projets sur ce sujet du capital cérébral. L’étape suivante est la constitution, depuis juillet 2022, d’une Alliance internationale pour le capital cérébral, permettant de mobiliser des organisations diverses.
Voilà pourquoi la préservation et le développement du capital cérébral doivent retenir l’attention des entrepreneurs, des entreprises, et des pouvoirs publics. Une compétition mondiale sur ce terrain a déjà commencé.
La quatrième Révolution industrielle va encore nous surprendre. À nous de nous y préparer pour ne pas perdre ce capital cérébral.
—
Ce qui attaque mon état cérébral, c’est l’incompétence de nos dirigeants . Mais je me soigne, je lis contrepoints.
« une bonne santé mentale en entreprise »…
Et en dehors de l’entreprise, ou même dans la fonction publique ?