Il y a 10 ans, l’éminent Gérard Depardieu assénait, dans une lettre ouverte ouverte au Premier ministre de François Hollande :
« Je pars parce que vous considérez que le succès, la création, le talent, en fait, la différence, doivent être sanctionnés. »
Connue de tous, cette remarque cinglante fait suite à une réaction épidermique de l’acteur face au poids de l’administration fiscale, mais aussi de l’état d’esprit général qui anime la classe politique française. Tout comme Depardieu – et bien d’autres avant et après lui – les exilés fiscaux sont régulièrement qualifiés de joyeux qualificatifs, entre autres : « minables », « voyous » faisant preuve d’une « absence totale de civisme ». Cette rhétorique traduit une mentalité esclavagiste ; les contribuables ayant toujours des comptes à rendre à l’État français, où qu’ils soient dans le monde.
Depuis 2009, nous observons une augmentation quasi constante de départs des plus hauts revenus en France – soit plus de 100 000 euros par an. Les dernières baisses enregistrées depuis le quinquennat Macron ne semblent pas remettre en cause le nombre toujours marginal de retours dans l’Hexagone.
Bien que la narrative officielle se limite à la description d’un phénomène minoritaire – ce qui est vrai – et ayant d’autres sources que la fiscalité – ce qui est certainement vrai aussi – ; l’analyse méritait d’être davantage poussée dans la compréhension d’un malaise persistant, et symptomatique d’un climat social et politique anxiogène. Autrement, comment expliquer qu’en plus de ceux qui partent, d’autres préfèrent éviter de s’y installer pour créer de la richesse ?
Signe de délitement, la perte d’attractivité économique de la France est particulièrement notable ces dernières années. En témoigne le dernier Baromètre EY sur l’attractivité du pays en 2022. Malgré une hausse notable des investissements en 2021, la très grande majorité d’entre eux ne sont que des extensions de projets existants. En réalité, la France peine toujours à attirer de nouveaux projets créateurs d’emplois, quand d’autres pays européens comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni en créent jusqu’à deux fois plus.
Le niveau de confiance des investisseurs étrangers est inquiétant.
Alors qu’en 2016, seulement un quart des décideurs envisagent d’implanter ou d’étendre leurs activités dans l’Hexagone, ils sont 31 % en 2022 à avoir une perception négative de l’attractivité de la France et de ses atouts – toujours selon ce baromètre. Cela fait déjà plusieurs années qu’ils déplorent un manque de flexibilité du marché du travail, et regrettent l’absence de stabilité normative.
Le recul de la compétitivité et de l’attractivité de la France ne se limite donc pas aux départs très médiatisés de grands fortunés. Il concerne également les investisseurs qui préfèrent éviter d’implanter de nouveaux projets créateurs d’emplois en raison du poids de l’administration et de la fiscalité. Voire de retirer purement et simplement leur centre de décision de l’Hexagone.
Parallèlement, l’expatriation des Français s’évalue à 3-4 % chaque année depuis 10 ans. Si ce phénomène s’inscrit dans la mondialisation, il est difficile de nier les problèmes d’ordre culturel au vu de la morosité ambiante et de l’organisation de la société française.
L’exil des talents est d’ailleurs devenu un enjeu politique.
Thomas, jeune expatrié, témoigne :
« La croissance est ailleurs. Impossible de faire quoi que ce soit sans investir beaucoup d’argent, des soucis administratifs, et ne parlons pas de l’esprit étriqué des gens qui vous assurent toujours que vous allez vous vautrer. Pas d’ouverture, pas de positivité. La France que j’aime encore devient un pays vieux, triste et sclérosé. »
Même constat pour Ludovic, ancien expatrié à Hong-Kong :
« Trop souvent les gens, les politiques, les managers – jamais expatriés – oublient que nous sommes ou pouvons être une ressource : financière, culturelle, source de changement et d’évolution positive. Personne ne demande de nous lécher les bottes, mais plutôt de s’ouvrir un peu l’esprit pour nous utiliser à bon escient. Malheureusement, l’étroitesse d’esprit gauloise, très fortement teintée de jalousie et de comparaison malsaine, nous rappelle toujours que la France ou plutôt les Français (dont je fais partie) ne sont pas prêts de changer. Alors oui, on pense à quitter le pays que nous chérissons, mais qui ne veut pas évoluer. »
Malgré ces constats, les gouvernements successifs peinent à mettre en œuvre les réformes libérales nécessaires pour résoudre les problèmes de compétitivité économique, de complexité administrative, d’inflation législative ou encore d’obésité étatique.
Au contraire, le réflexe habituel consiste plutôt à adopter une posture de déni – sous le regard consterné, presqu’empathique de nos voisins helvètes. Pendant ce temps, le délitement s’accélère : système éducatif, système de santé, sécurité publique, indice démocratique, liberté de la presse, dette publique…
Finalement, la France semble souffrir d’un mal plus profond qu’il n’y paraît pour engager les réformes dont elle a besoin. Pour les plus aventureux, l’expatriation peut donc être une solution pour s’éloigner de cette atmosphère étouffante.
Mon envie de partir remonte aux attentats de Charlie et du Bataclan. Il m’aura fallu plusieurs années pour me décider à franchir le pas, et encore quelques années pour obtenir l’opportunité professionnelle tant recherchée.
Mais je ne regrette pas un seul instant. Je ne me voyais pas laisser mes enfants grandir dans ce pays en train de se dégrader à vu d’œil : haine des autres, insécurité non-sanctionnée, hypercentralisation absurde, bureaucratie hors de contrôle et castratrice, conditions de vie de plus en plus pourrie en Île de France, etc.
Pour couper court aux fantasmes, là où je vis je paye beaucoup d’impôts, et je et n’ai droit ni à la sécurité sociale française, ni aux gadgets de l’Etat en tout genre du type « remise à la pompe ». Mais j’ai trouvé un cadre de vie incroyablement agréable ainsi que la possibilité de m’épanouir sur le plan professionnel.
Alors, à quoi bon tenter de faire changer un pays qui de toute manière se crispera rien qu’à l’idée d’évoluer ?
Vous êtes parti dans quel pays ? L’idée de quitter ce pays en voie de sous-développement et qui me devient étranger me tente !
Les Pays-Bas. Pour être honnête c’est plus l’opportunité professionnelle qui a choisi le pays pour nous que l’inverse. Mais même si tout n’est pas parfait, elle a plutôt bien choisi.
Foncez !
Merci, je vais y penser !
a mon avis le probleme n est pas tant le depart de quelques celebrités (depardieu) ou de quelque richissimes vieillards (comme B Arnault qui avait tente de le faire.)
Le probleme majeur c est le depart des jeunes francais comme evoqués a la fin de l article. ceux ci ne sont pas riches, mais ils sont entreprenants, motivés et bien formés.
Mais comment leur donner tort ? La France est un pays en train de couler, rien de serieux se passera avant des annees (aka apres Macron).
Et si on veut redresser le pays, ca prendra des dizaines d annees et faire que le travail paie signifie tailler a la hache dans les prestations sociales. Vous imaginez les boomers voter pour -20 % de leur retraite et qu ils paient leurs soins medicaux ?
N’oubliez pas que dans les autres pays aussi, il y a des boomers, et que le respect de l’autre indépendamment de sa classe d’âge est lui aussi un grand attrait de l’étranger.
Cette réponse est révélatrice de l’un maux qui ronge le pays, on cherche des boucs émissaires, riches, multinationales, boomers, exilés fiscaux,etc et on reproche aux autres sa propre incapacité à changer les choses.
il s agit pas de trouver des boucs emissaires (que ca soit les boomers, les fonctionnaires ou les martiens) mais de FAITS. Si vous voulez que le travail paie il fait reduire les ponctions sur celui ci. Et comme ces ponctions financent un systeme social (deja deficitaire depuis 30 ans), il faut donc reduire les prestations du systeme social. Et qui beneficie le plus de ces prestations ? Comment imaginer que des gens qui geignent quand on augmente leurs pensions « que » de 4 % acceptent -20 % ?
PS: dans mon cas personnel, ca me concerne plus vraiment. j habite plus en france depuis 15 ans (merci la france de Chirac de m avoir mit un bon coup de pied aux fesses)
Un autre des maux qui rongent le pays est que chacun imagine avoir la solution toute faite et ne comprend pas pourquoi elle ne devrait pas être imposée aux autres.
Il faut réduire les ponctions sur le travail : oui.
Il faut réduire les prestations du système social : oui.
Donc, il faut réduire les retraites en s’essuyant les fesses avec le contrat qui assurait ces retraites en échange des lourds prélèvements payés toute leur carrière par les anciens : NON, NON, NON.
C’est pourtant simple, il faut trouver un autre moyen de remplir les engagements du contrat sans pour autant maintenir le système social que le monde nous envie en se contentant d’en réduire les prestations. C’est facile, il suffit de basculer pour ceux qui le souhaitent les droits à retraite vers des droits à défiscalisation. Ce serait libéral, neutre pour le budget de l’Etat, favorable à l’économie, mais on sent bien que le problème est que ça ne punirait pas assez les vieux/riches.
le cas des retraites n’est pas une dépense sociale a la charge de tous mais le retour d’un dû par contrat. D’ailleurs si la capitalisation avait ete autorisée on n’en parlerait pas les vieux sont loin d’etre le problème. mais effectivement ce sont de bons bouc émissaires.
« il s agit pas de trouver des boucs emissaires »
C’est pourtant ce que vous faites non? Désigner des catégories sociales comme responsables des problèmes de la France alors que ces problèmes sont juste le résultat de la gestion catastrophique du pays par des politiques qui ne songent qu’à leur pouvoir, leur confort et leur réélection! Le seul FAIT véritable que vous mentionnez est que vous avez quitté le navire depuis 15 ans pour ne pas sombrer avec! On ne peut que vous féliciter de cette clairvoyance, mais de grâce, ne venez pas critiquer ceux qui n’ont pas eu la chance ou les moyens d’échapper à ce pays en plein naufrage et qui couleront avec lui. La seule chance des boomers comme vous les nommez, ce sera de ne plus être là quand ça arrivera!
ça y est, c’est reparti avec les retraites et les « boomers ».
Comme si le problème en France c’était les prestations de retraite.
Demandez au magistrat Ch.Prats, quelles sont les problèmes en France,
il va vous expliquer cela par le menu.
Sauf que, si on aborde les vrais problèmes des prestations sociales, à savoir
les fraudes (chiffrées en centaines de milliards d’Euros sur des décennies), la température risque de monter de 10 degrés (sans lien avec le réchauffisme).
Alors il est plus politiquement correct, plus simple et plus lâche de s’attaquer
à une des rares prestations contributives.
Quant aux « boomers », excusez moi mais quand je travaillais toute ma vie, y compris
quand j’étais dans l’armée, je n’ai jamais entendu ce néologisme.
il a fallu que j’atteigne 60 ans pour que des connard-asse-s (vous voyez l’écriture inclusive,
ça va vous faire plaisir), m’affuble de ce concept foireux.
Pourquoi travailler en France pour un salaire 50% inférieur à celui qu’on peut toucher à l’étranger ? Pour financer la CGT, une armée de fonctionnaires inutiles et aux 28h de présence/10h de travail, les partis politiques, les soins de santé à la moitié de la planète, des rond- points tous les 5 km, des secteurs comme la SNCF et l’EDF qui cumulent à eux 2, 100 milliards de dette, une éducation nationale qui distribue des diplômes sans travailler,….
Personne n’est dupe et surtout pas les investisseurs.
les 50 % me semble exageré surtout si prend en compte le niveau de vie (vous pouvez avoir +50 % en suisse mais tout y est nettement plus cher qu en france aussi. donc votre train de vie va pas faire +50%)
Par contre, il est clair que les francais sont sous payé (en net mais aussi en brut) . C est pas uniquement une question d impots mais aussi de mentalité (par ex un ingenieur francais est moins bien considere qu un ingenieur allemand. le premier sera vu par la direction comme un cout qu il faut reduire). apres notre declin a aussi fait qu on a souvent produit trop de diplomé par rapport a ce que l industrie declinante pouvait absorber. donc le trop plein a fait baisser les salaires
On a produit trop de diplômés par rapport aux capacités réelles que sont censées garantir le diplôme. Du coup, un ingénieur français est moins capable qu’un ingénieur allemand, et la direction, confrontée d’un côté à l’administration étatique et de l’autre à son personnel peu performant, est prise dans un effet ciseaux d’une ampleur inégalée dans le reste du monde.
« comment expliquer qu’en plus de ceux qui partent, d’autres préfèrent éviter de s’y installer pour créer de la richesse ? » : Oh ! Mais il y a plein, mais plein, d’autres personnes qui en risquant leur vie en mer le plus souvent viennent s’installer en France, et elles représentent pour celle-ci de véritables « chances » même si elles n’y créent aucune, mais aucune, richesse.
Il y en a plein, qui ayant risqué leur vie en mer pour venir en France, n’hésitent pas à la risquer à nouveau pour quitter la France vers le Royaume-Uni…
Certes, mais c’est la « lie » qui reste en France, et elle est impressionnante !
Les riches quittent la France.
Ce n’est pas très grave.
Les pauvres du monde entier viendront les remplacer.
Ce pays est de plus en plus collectiviste et étatisé empêchant les talents et les investisseurs de respirer.
Normal qu’il fasse fuir ses ressortissants qui n’acceptent pas de vivre dans une telle ambiance.
A tous ceux qui ne veulent pas cette vie pour leurs enfants, qu’ils les obligent dès leur plus jeune age à apprendre de langues étrangères avant que l’Etat ne leur interdise comme ce fut en fait le cas sous la 3eme république.
Oui, l’anglais, mais aussi le russe et le chinois qui risquent fort, en effet, d’être bientôt interdits.
Est-ce que nous ne sommes pas dans la forme de grève des élites décrite dans « Atlas Shrugged » d’Ayn Rand? En tant que frontalier qui songe fortement à s’expatrié pour sortir du climat hallucinant dans lequel la France évolue. Encore une fois ce matin sur France Info, une interview d’une député LFI suivit de Martinez de la CGT. On dirait que seul l’extrême gauche à la parole sur les médias…
Martinez, tiens il est rentré de vacances ?
À 80 balais, je serai bientôt expatrié d’ici où de là. J’ai créé ex nihilo ma petite entreprise ici, et l’exploitais péniblement ; mais au cours d’un voyage en Inde, j’ai trouvé un gus qui,avec le même capital en avait créé cinq ou six et passait son temps à circuler de l’une à l’autre pour ramasser la caisse! Pensez à vous expatrier dans les pays pauvre aussi!
Pour info, le PIB de l’Inde vient de passer devant celui de la France.
Nous sommes donc maintenant 7ème puissance mondiale.
Encore un petit effort et nous ne serons plus dans le G7.
Un peu plus jeune que vous ( 74), j’ai fait vivre ma petite entreprise pendant 20 ans avec beaucoup de plaisir mais aussi de déceptions et de brimades administratives. En 2005 je voulais délocaliser au Maroc où un marché très important dans la maintenance industrielle nous attendait, car nous avions plein d’introductions dans l’industrie après avoir pris une participation dans une entreprise locale; mais mon associé a décliné l’opportunité et le risque. J’ai pris ma retraite en 2016 et liquidé l’entreprise
Je suis parti voila 55 ans, sans regret. Lorsque j’ai senti l’arrivee de Mai 68, je suis vite parti finir mes etudes en RFA et ensuite en Afrique Australe. Pourquoi? J’ai compris que la France etait un pays anti liberal, ou le succes n’a pas place. A part un systeme medicale tres bon, le peuple francais est masochiste et jaloux. Maso? oui, tout le monde se plaint de l’administration mais chaque president augmente un peu plus le nombre de fonctionnairs creant une administration pire qu’en Afrique. Jaloux? que Dieu vous garde si vous reussisez, vous faites pati des riches. il faut se cacher, pas de reconnaissance pour le succes mais plutot les attaques des mediocres. Et l’administration fiscale est digne d’un pays totalitaire