Prix des carburants : la bonne idée des LR

Les Républicains suggèrent de ramener le prix du litre entre 1,8 euro et 1,5 euro en jouant à la fois sur la TVA et la TICPE.

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Prix des carburants : la bonne idée des LR

Publié le 18 juillet 2022
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Lors de son allocution du 14 Juillet, le Président de la République fût comme à l’accoutumée excellent dans son analyse. En déclarant que « la France essuie les conséquences de la guerre en Ukraine, notamment sur les prix de l’énergie », on peut toutefois lui reprocher de ne pas avoir suffisamment insisté sur les causes profondes de la crise énergétique apparue à l’été 2021. Cette dernière repose principalement sur une rupture structurelle offre/demande dont les sources remontent à 2015. Un problème évident dès 2018 et sur lequel je me suis exprimé à de nombreuses reprises dans Contrepoints. La crise ukrainienne ne fût qu’un révélateur de la crise énergétique sous-jacente.

En revanche, on peut se montrer beaucoup plus critique sur les solutions proposées pour alléger la facture des Français.

 

Un problème de taxes

En choisissant comme principal palliatif un « système qui ciblera davantage les foyers les plus modestes et les classes moyennes », le chef de l’État reste fidèle à l’obsession égalitariste française. Si la mesure est votée au Parlement, il en résultera une usine à gaz truffée d’effets de seuil sur les revenus et les kilomètres parcourus. En agissant de la sorte, Bercy n’apaisera pas la colère des Français. Il alimentera au contraire l’amertume de ceux qui en seront exclus.

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Mais surtout, le président de la République a passé sous silence que l’État était le principal bénéficiaire de cette situation. Avec une TICPE frôlant les 70 centimes et une TVA de 20 % s’appliquant à la fois sur le prix HT mais aussi sur la TICPE (la fameuse taxe sur la taxe !), l’État français est l’incontesté champion européen de la taxation sur les carburants. Sur les 2,15 euros que vous payez à la pompe, la moitié se retrouve dans les caisses de Bercy. Face à la gourmandise de l’État français, les compagnies pétrolières pourtant vilipendées par les médias et l’opinion publique apparaissent comme de bien piètres joueurs ! Si en lieu et place d’un inefficace saupoudrage qui ne contente personne (il aura coûté sur l’année la bagatelle de 60 milliards d’euros), le gouvernement avait décidé de ramener la taxe sur les carburants à la moyenne européenne, le prix du litre aurait diminué de 30 centimes. En se calquant sur les taxes imposées outre-Rhin, Bercy aurait fait économiser au citoyen français près de 50 centimes par litre.

Face à un gouvernement borné dans ses certitudes (chacun le sait, un politique ne se trompe jamais) l’opposition essaye d’exister en proposant des solutions diverses et variées.

Ne nous étendons pas sur l’idée folle de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale qui propose de bloquer les prix des carburants à leur niveau de début 2021 en faisant payer (lutte des classes oblige) les distributeurs et les compagnies pétrolières. Quel industriel accepterait de vendre à perte ? Dès la promulgation de la loi, les pompes à essence se videraient instantanément. La réponse serait la pénurie généralisée.

 

Une baisse de la TVA bienvenue pour réduire les prix des carburants

En revanche les propositions du Rassemblement national (ramener la TVA de 20 % à 5,5 %) mais surtout de LR iraient dans le bon sens. Les Républicains suggèrent de ramener le prix du litre entre 1,8 euro  et 1,5 euro en jouant à la fois sur la TVA et la TICPE. Leur proposition est de supprimer totalement la TVA sur la TICPE (« la taxe sur la taxe » est moralement inacceptable) puis de moduler périodiquement la TICPE (TICPE flottante) pour ramener le prix du litre de carburant entre 1,8 euro (fourchette haute) et 1,5 euro (fourchette basse). La mesure est simple à mettre en œuvre puisqu’elle s’applique à tous de façon indifférenciée. Elle a l’avantage décisif de fixer un prix protégeant le consommateur des aléas du marché.

Compte tenu des prix actuels, cela reviendrait à concéder une réduction comprise entre 0,3 euro et 0,6 euro par litre (sur base d’un prix actuel de 2,1 euros/litre). L’option à 1,80 euro consisterait à ramener la fiscalité française dans la moyenne européenne alors que les options à 1,70 euro et surtout à 1,50 euro placeraient la France dans la fourchette basse de la taxation européenne. Le manque à gagner est certes significatif pour l’État (en référence à l’année fiscale 2021) : 22,8 milliards d’euros (pour 1,50 euro) et 8,8 milliards d’euros (pour 1,80 euro). Loin des 60 milliards d’euros (one shot) dilapidés par l’État cette année.

Forte de son opposition « constructive », LR semble décidé à négocier cette mesure pertinente en échange de son vote pour le package pouvoir d’achat proposé par le gouvernement. Piégé par sa majorité relative, ce dernier risque de ne pas avoir le choix. Dans cette situation parlementaire inédite pour la Cinquième République, la droite française pourrait-elle enfin faire une cure de vrai libéralisme. Moins d’impôts mais moins de dépenses publiques. Peut-on encore en rêver ?

 

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  • On ne peut prôner une baisse de taxes sans prôner en face une baisse de dépenses de même ampleur. On ne peut critiquer le « quoi qu’il en coûte » et les aides ciblées et en même temps être favorable à une baisse conséquente des recettes de l’état

    • Relisez l’article.
      Il ne s’agit même pas de diminuer la *recette* fiscale mais de la fixer à son niveau d’avant l’explosion du cours du brut. De maintenir le même prélèvement fiscal €/litre de carburant en diminuant le *taux* de la fiscalité pour préserver la recette au lieu de l’augmenter.
      La réalité est que la maffia de Bercy cherche à profiter de l’aubaine en comptant sur l’inaptitude calculatoire du peuple qu’elle calmera en offrant aux « pauvres » une ristourne extorquée aux « riches ».

      • La mesure ne concerne que la TVA. Mis à part de passer en TVA négative, on ne compensera pas la hausse. Et dans ce cas, pourquoi ne pas supprimer la TVA sur les medocs, sur la bouffe, sur tout en fait… Pour le reste, 100% d’accord,

  • Supprimer des taxes, c’est excellent. Les moduler, c’est très douteux. D’une part, il est très pénalisant de ne pas laisser jouer le libre marché sur les prix, d’autre part c’est mettre le doigt dans l’engrenage de la fixation autoritaire de ces prix. La révélation a été le niveau excessif des taxes, pas que les prix devraient être entre 1.5 et 1.8 même si le baril descend à 60$ et que l’euro remonte à 1.2$ !
    Suppression définitive des taxes sur les taxes, c’est un principe sain !

  • Entendu sur les ronds-points (éloignez les enfants, svp) :
    – Mon auto suce, les taxes me pompent, l’Etat m’enc.le !

  • Favoriser le cout des déplacements comme toutes les communications est une hérésie en France, pays longtemps nasse, où l’Etat veut tout contrôler. Partir à l’étranger était trahir, avant Pompidou, le téléphone était un luxe, acheter son carburant moins onéreux à l’étranger était interdit notamment pour les frontaliers,…..
    Bercy a fait main basse sur les recettes de tout un chacun et continue cette tradition par ses taxes.
    Macron aussi d’ailleurs en voulant un droit permanent sur les interdictions d’aller et venir (Covid et confinement par ex) ou en ne faisant rien pour obliger ses bureaucrates à mettre fin aux délais délirants pour obtenir un passeport!

  • Nous sommes en France les champions de la Taxe sur la Taxe ; ce n’est pas simplement vrai pour l’essence , mais également sur le prix du gaz et de l’électricité . Et que dire de la CSG dont une partie est fiscalisable !

  • Compte tenu de notre dette, impossible de baisser des impôts sans les compenser par ailleurs.
    Et il faut abreuver nos fonctionnaires aux 10 h effectifs de travail par semaine en moyenne, nos syndicats qui ne vivent que de subventions car personne ne veut y adhérer et ne représentent qu’eux et les fonctionnaires, notre presse subventionnée pour se taire, et les partis politiques non représentatifs de la population (vu les abstentions), nos politiciens professionnels tous issus de la fonction publique,…

    • Erreur commune de ceux qui raisonnent en pourcentages ou en partage d’un montant fixe. En fait, la France est la candidate idéale pour l’effet Laffer, et une baisse bien conçue des taxes conduirait à une augmentation des recettes de l’Etat et à une augmentation conjointe des ressources du privé ! Si la taxe supprimée permet, et c’est quasiment toujours le cas, de stimuler l’activité, les autres taxes qui pèsent encore sur cette augmentation d’activité font bien plus que compenser la réduction.
      Imaginons que la suppression de la TIPP « coûte » 15 Mds à l’Etat, elle générera sans peine 60 Mds d’activité supplémentaire, et donc 24 Mds au moins de recettes supplémentaires pour Bercy puisque toute activité en France est, même sans TIPP, taxée à plus de 40%…

      • Waouh ! Encore plus fort que le multiplicateur de Keynes.

        • Surtout, un concept beaucoup plus validé.

          • En fait, le principal argument contre Laffer est qu’on ne peut pas chiffrer avec certitude la position du sommet de la courbe. Donc, pour résumer, on est certains que ça s’applique chez nous, mais comme on ne peut pas donner de chiffres précis, on ne saurait pas défendre la mesure face à des socialistes hostiles, donc on préfère vivre malheureux sans contestation qu’heureux sans pouvoir prouver pourquoi.

          • Ah mais, pour moi, Laffer fait l’affaire !
            Ma sidération, c’est à l’enchaînement et à la taille de vos chiffres que je la dois : 15-60-24.

            • J’ai estimé à 4 la vitesse de circulation de la monnaie. Je ne trouve pas de chiffres pour le confirmer (pas plus que Laffer !), mais ça me parait plutôt conservatif. L’immense majorité des acheteurs de carburant dépenseraient le montant économisé pour d’autres achats le même mois. Ceux qui recevraient cet argent le dépenseraient à leur tour dans les 2 mois. Donc en un an, que ce fric ait été réutilisé 4 fois, à partir du moment où il est chez les consommateurs frénétiques, ça me paraît sensé. Croyez-vous que le montant économisé alimenterait au contraire les livrets et les assurances-vie ?

              • Ma crainte, en effet.
                Les dépenses d’énergie sont contraintes, ne dépendent pas du profil des consommateurs.
                Tous n’étant pas frénétiques – cas de celui qui vous parle – une partie du gain irait sur l’épargne, donc confiée aux bons soins de la dépense publique (logement, dette souveraine etc), au désespoir du non-keneysien. Lequel ne croit guère à la multiplication des pains par la fiscalité.
                Consacrée à la consommation, l’autre partie serait taxée à seulement 20 % (TVA, les autres recettes fiscales liées à ce surplus restant marginales). Et vouée sans doute à l’essor du Made in China. La désindustrialisation nous joue ici un sacré tour de cochon.
                Connaissant l’esprit de lucre de Bercy, si votre estimation était fondée, je vois mal Picsou laisser 9 milliards dans la nature – et perdre l’occasion de se vanter d’avoir boosté le Pib.
                C’est là sans doute l’argument le plus solide que j’ai en stock. Les autres n’étant pas moins grossiers que les votres.

                • Bercy ne tirerait aucun profit propagandiste et politique d’avoir laissé ceux qui ont gagné légitimement leur fric le dépenser à autre chose que la TIPP. Pour eux, il vaut bien mieux le prendre avec la TIPP et le distribuer à ceux qui ne l’ont pas gagné, en primes de transport aux télétravailleurs et en chèques pouvoir d’achat aux chômeurs et autres réfugiés. Mais en pratique, s’ils consacrent moins à leur essence et à leur chauffage, les ménages consacreront plus à d’autres dépenses : personne n’a l’intention d’augmenter son épargne parce que le plein coûte moins cher. On va plus souvent voir la famille, au café ou au restaurant, on change la douche pour en avoir une de vieux, etc. Une consommation qui n’est pas au final taxée à seulement 20% mais bien plus, parce que le supermarché, le cafetier, le restaurateur ou le plombier paient des charges. Les 40% que j’ai utilisés sont bien modestes, le serveur ou l’ouvrier plombier rapportent sans aucun doute de quoi les dépasser, même avec une TVA réduite à 10%, au final pour l’Etat. Et ensuite, le restaurateur chez qui vous êtes allé avec vos proches parce que la baisse du prix de l’essence vous l’a permis, ce restaurateur aura eu 4 clients de plus ce jour-là, et aura après avoir payé les charges de quoi lui aussi faire un petit extra de plus : il changera, par exemple, les fleurs de sa terrasse ou il ira lui-aussi voir ses proches. Donc l’argent sera encore dépensé et l’activité aura augmenté de plusieurs fois la somme initiale avant que l’Etat ne touche son dû. De toute façon, c’était un exemple d’illustration d’un principe bien connu et accepté, « Les hauts taux tuent les totaux », Barthélemy de Laffemas, conseiller de Henri IV. Bercy ne l’ignore nullement, mais ne saurait pas en tirer parti comme ils le peuvent avec les taxations punitives et record. Et mes chiffres, tout stupéfiants qu’ils soient pour le profane, n’ont rien d’absurde, je vous le garantis.

                  • Vous me semblez tourner en rond : les hauts taux tuent les totaux, la courbe de Laffer, trop d’impôt tue l’impôt… c’est kif kif bourricot.
                    Egalement retournable, votre argument principal : s’il s’agit de prélever 15 pour satisfaire sa lubie redistributive, pourquoi diable l’Etat refuserait de le faire avec 24 ?
                    En l’absence d’une France-placebo, dans laquelle les taxes sur les carburants seraient dans la moyenne européenne, je ne puis faire un pas de plus dans votre direction.
                    Cela ne m’interdit pas d’être séduit par l’idée d’une baisse drastique de ces taxes.

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