Hydrocarbures : pourquoi faut-il continuer leur développement

La stratégie consistant à arrêter l’exploration et le développement des hydrocarbures engendrerait à moyen terme une flambée structurelle des cours impossible à enrayer.

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Oil Well in Suraxanı By: Adam Harvey - CC BY 2.0

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Hydrocarbures : pourquoi faut-il continuer leur développement

Publié le 18 novembre 2020
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Par Philippe Charlez.

L’opinion publique a la fâcheuse tendance d’assimiler « neutralité carbone 2050 » à « zéro fossiles » et non à « zéro émissions de carbone ». Dans les faits, si la part des énergies fossiles dans le mix mondial 2050 aura été fortement réduite, elles y resteront encore bien présentes mais en proportions très différentes : pratiquement plus de charbon, beaucoup moins de pétrole mais encore une part significative de gaz notamment pour pallier les intermittences des énergies renouvelables.

Pour atteindre la neutralité carbone, ces émissions résiduelles devront être compensées principalement par le CCS (Carbon Capture & Storage) qui consiste à capter le CO2 puis à le séquestrer dans le sous-sol.

Continuer à produire des hydrocarbures

Pour satisfaire une consommation même fortement déclinante, il faudra donc continuer la production des hydrocarbures jusqu’en 2050 et même probablement au-delà. « Produire les réserves existantes oui mais ne plus explorer ni développer de nouveaux champs » d’hydrocarbures réclament certaines ONG environnementalistes.

Ainsi, en 2019, les Amis De La Terre avaient vivement critiqué le pétrolier Total de « continuer à investir massivement dans l’exploration et le développement de nouveaux gisements pétroliers et gaziers ». L’ONG réclamait que « les nouveaux projets fossiles ne puissent voir le jour, que ceux en développement soient arrêtés, que les États cessent d’accorder des subventions, que les banques, les investisseurs institutionnels et les actionnaires ne financent plus le développement de nouveaux gisements de gaz et de pétrole ».

Plus récemment, Gaël Giraud, Jean-Marc Jancovici et Laurence Tubiana écrivaient des propos similaires dans Le Monde : « développer des projets pétroliers et gaziers reviendrait à verrouiller l’économie mondiale dans la dépendance aux hydrocarbures ». Ces trois spécialistes du climat prétendent que « pour maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 °C, il faut arrêter dès aujourd’hui d’exploiter toute nouvelle réserve de pétrole et gaz ; développer de nouveaux projets pétroliers serait synonyme de capitulation devant le dérèglement climatique ».

Le problème du calcul

L’argument principal repose sur un simple calcul d’épuisement des réserves estimées fin 20191 à 1734 milliards de barils pour le pétrole et 1194 milliards de baril équivalent pour le gaz. Au rythme de consommation actuelle, ces réserves (qui ne sont pas toutes développées) permettraient théoriquement de couvrir nos besoins en pétrole jusqu’en 2068 et en gaz jusqu’en 2070.

Mais la consommation notamment de pétrole va inexorablement se réduire au cours des prochaines décennies. En supposant une baisse continue de la demande pétrolière de 1,5 %2 par an seuls 900 milliards de barils auraient été produits en 2050 et 1285 milliards en 2070.

Autrement dit les réserves prouvées et développées actuelles seraient largement suffisantes pour couvrir la queue de demande pétrolière. Les nouveaux développements seraient non seulement inutiles mais surtout contreproductifs dans la mesure où ils priveraient le développement des énergies vertes de 400 milliards de dollars par an. Le chant du cygne « d’entreprises déjà chancelantes, vouées à disparaître et dont il est illusoire d’espérer qu’elles puissent changer sans contrainte »12.

 

Figure 4 – Le déclin naturel des champs existant conduirait une rapide rupture offre demande

 

En raisonnant de la sorte, nos détracteurs confondent de façon très naïve réserves et production ignorant notamment que le déclin naturel du « socle3» est de l’ordre de 6 % par an, un déclin compensé grâce à la découverte, au développement puis la mise en production de nouveaux champs.

En d’autres termes, si on arrêtait toute exploration et développement et que l’on se contentait de vivre avec la production du socle déclinant, on assisterait rapidement à une rupture offre/demande. Ainsi, le déclin de 1,5 % proposé par l’AIE conduirait à cette rupture dès 2023. Même en considérant la réduction drastique de 4 % par an proposée par les Amis De La Terre, la rupture surviendrait en 2025.

La stratégie consistant à arrêter l’exploration et le développement des hydrocarbures engendrerait à moyen terme une flambée structurelle des cours impossible à enrayer dans la mesure où relancer l’exploration et le développement de nouveaux champs demanderait plusieurs années.

Cette flambée déboucherait sur une crise énergétique mondiale majeure source de tension internationale et de conflits sociaux particulièrement en Europe dépendante aujourd’hui à 95 % de ses approvisionnements pétroliers et à 80 % de ses approvisionnements gaziers.

  1. BP Statistical Review 2020.
  2. Scénario Développement Durable de l’Agence Internationale de l’Energie.
  3. Le socle est l’ensemble des champs existant et actuellement en production. Son potentiel 2019 était de l’ordre de 110 millions de bbls par jour.
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  • bizarre j’ai toujours vu jeanco comme un pichuiliste…

    ils font simplement chier…

    qu’ils arrêtent d’utiliser des fossiles..et voila …

  • La figure 4 est très jolie.

  • Donc, toust ça n’est pas grave on aura épuisé tout le fossile avant que la nature nous détruise avec plus 3 degrés en moyenne sur l’année en 2050 ha ha ha ha

    • Au début de l’Eocène, la température moyenne de la Terre était supérieure de 14°C par rapport à l’actuelle.
      Au-delà de 200 ppm de CO2 (teneur de l’atmosphère au début du XIXe siècle), l’augmentation de la concentration en CO2 ne joue plus de façon mesurable sur la température moyenne.
      Il n’y a pas de transfert d’énergie entre les molécules de CO2 ayant absorbé le rayonnement IR de la Terre et les molécules de l’atmosphère dans les conditions de pression de la basse et moyenne atmosphère (libre parcours moyen des molècules trop faible).
      Tout ceci démontre la supercherie du prétendu effet de serre par forçage radiatif.
      Svente Arrhénius vait lui même reconnu que sa théorie de l’effet de Serre était fausse ce qu’avait confirmé l’expériece de Wood dans les années 20.
      Alors les peurs millénaristes des réchauffistes, ça me fait ni chaud ni froid.
      PS. La Niña est de retour ; les cours de l’énergie vont flamber cet hiver. Merci à Macron d’avoir fermé Fessenheim.

  • Pas certain que l’auteur et les climatos parlent de la même chose, mais bon je ne suis un spécialiste. Je ne sais pas si une réserve prouvée est juste un point sur une carte ou un peu plus. Dans ce cas un développement serait la mise en route d’une réserve existante. Un peu plus de précisions sur les termes m’aiderait beaucoup.

    Janco & co parlent de stopper les “nouveaux” projets ce qui signifie dans mon esprit de “nouvelles” réserves en plus de celles existentes. Or l’auteur parle du socle qui ne comprend que les champs en production sans les réserves prouvées. En intégrant au socle les réserves connues, quel serait dans ce cas le point de rupture théorique offre/demande ?

  • Nos trois pieds-nickelés du climat, désespérés par l’absence de pic pétrolier, mille fois annoncé mais jamais survenu, décident de le provoquer en interdisant toute nouvelle recherche. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, hein. Petits futés ! Bien tenté !

    • en effet, et en effet si on interdit les voitures theories les voitures autre que thermiques c’est l’avenir..

      et si on augmente le cout l de l’energie, ça devient “intéressant” d’isoler etc etc..

  • Vous avez peut-être lu que nos amis canadiens du Québec veulent interdire (toujours la doxa socialo) les moteurs thermiques à partir de 2030 ou 35 (je ne me souviens plus). Alors que le Canada est silloné tous les jours par des milliers de gros camions à l’américaine qui brûlent 40l/100km de diesel et dont les moteurs sont loin d’être dépollués comme une Mercedes moderne.
    Non seulement, ils sont bêtes mais de plus incohérents.

  • il faut peut-être rappeler à ces braves écologistes que quasiment tout ce qu’ils utilisent au quotidien a été fabriqué avec des hydrocarbures à un moment ou à un autre du process…

  • Un signe que ça n’a absolument rien changé est la présence des légères déformations saisonnières, régulières dans le temps. Non seulement le rythme global n’a pas ralenti mais même le bruit résiduel ne laisse deviner la moindre trace d’un impact, même minime, de la baisse des émissions humaines.

    Toute cette histoire de CO2 n’est qu’un vaste gag scientiste fondé sur des théories bancales et dénuées de preuve, mais un gag en forme de pompe à fric géante (ou pire encore pour les aficionados du great reset en marche).

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