Par Karel Beckman
Traduit par Mathieu Chauliac, Institut Coppet.
Avant la publication par Hans-Hermann Hoppe de sa critique sans précédent de la démocratie dans Democracy The God That Failed en 2001, les libertariens ne considéraient pas l’analyse de l’idée de démocratie comme prioritaire. Il est probablement juste de dire qu’ils avaient tendance à la concevoir comme un système politique neutre, susceptible d’orienter une société dans la direction soit individualiste soit collectiviste. Les menaces représentées par le socialisme et le fascisme ont bien davantage préoccupé le XXe siècle.
Toutefois, avec l’effondrement de l’Union soviétique, et sous l’influence de Hoppe, les libertariens ont commencé à réfléchir davantage sur le système démocratique qui est la forme politique dominante dans le monde en ce début de XXIe siècle. Hoppe affirme que la démocratie est par nature un système collectiviste, en d’autres termes, que la liberté individuelle et la démocratie sont par définition antinomiques. Dans un livre publié en 2013 avec mon associé Frank Karsten Dépasser la démocratie, j’en arrive à la même conclusion.
Dans un contexte de regain mondial d’intérêt pour la démocratie – et d’une énième soporifique campagne présidentielle (ne finissent-elles jamais ?) – vous vous demandez peut-être comment les célèbres penseurs libertariens du passé jugeaient l’idée de démocratie. Je ne prétends pas donner une réponse scientifique et exhaustive à cette question, mais je peux proposer quelques aperçus historiques étonnants. Commençons par les Pères fondateurs.
Les Pères fondateurs et la démocratie
Chose intéressante, il existe pléthore de citations critiques des Pères Fondateurs sur la démocratie facilement trouvables sur Internet.
Thomas Jefferson est censé avoir déclaré :
La démocratie n’est rien de plus que la loi du plus grand nombre, où 51 % de la population nie les droits de l’autre 49 %.
Benjamin Franklin est quant à lui cité sur de nombreux sites pour cette phrase :
La démocratie se compose de deux loups et d’un agneau votant pour le menu du déjeuner. La liberté est un agneau bien armé pour contester ce vote.
Franklin est aussi célébré pour ceci :
Lorsque les peuples comprendront qu’ils peuvent voter pour des subventions, alors sonnera le glas de la république.
Surprenant et prémonitoire, n’est-ce pas ? Certes, mais le problème est que ni Jefferson ni Franklin n’ont jamais dit ces choses ! Il s’agit de citations inventées. Par qui ? Je l’ignore.
D’autres falsifications semblables peuvent être trouvées sur le web.
Par exemple, le célèbre John Marshall, juge à la Cour suprême de 1801 à 1835, est souvent cité pour la phrase :
La différence entre la République équilibrée et la démocratie est celle qui existe entre l’ordre et le chaos.
Même des auteurs très respectés comme Walter Williams reprennent cette citation. J’ai vérifié les écrits de John Marshall en ligne, or jamais cette citation n’apparait.
Mais n’est-il pas exact cependant que les Pères Fondateurs étaient très opposés à la démocratie comme l’ont affirmé de nombreux auteurs libertariens ? Par exemple, dans son célèbre ouvrage de 1943 La découverte de la liberté, Rose Wilder Lane écrit que Washington, Jefferson, Franklin, John Adams, Madison et Monroe avaient peur de la démocratie.
Selon elle : ils s’opposaient autant à la monarchie qu’à la démocratie. (The Discovery of Freedom, 50th Anniversary Edition, 1993, p 176-179.)
Pour illustrer sa thèse, elle cite cet extrait en apparence terrible de James Madison, le quatrième président des États-Unis :
Une pure démocratie ne peut céder à aucune revendication de l’opposition. Lorsqu’une orientation ou un intérêt commun est ressenti par la majorité, il n’y a plus qu’à sacrifier la partie la plus faible. De là vient que les démocraties ont toujours été jugées incompatibles avec la sécurité des personnes ou avec le droit de propriété, et qu’elles ont, en général, connu des vies courtes et des morts violentes. (p. 178)
Pourtant, lorsque nous nous tournons vers les écrits véritables des Pères fondateurs, les choses ne semblent pas tout à fait aussi simples. Ainsi par exemple – chose plutôt surprenante – Rose Wilder Lane a effectivement commis des erreurs en citant Madison. En outre elle a sorti les propos de leur contexte.
Dans le The Federalist Paper number 10, Madison avait écrit ceci :
De ce point de vue, on peut conclure que la pure démocratie, c’est à dire la société composée d’un petit nombre de citoyens qui forment et administrent le gouvernement, ne permet pas la réalisation des revendications de l’opposition. Lorsqu’une orientation ou un intérêt commun est ressenti par la majorité de la population, le résultat en est presque à chaque fois la formation d’un gouvernement d’union nationale et le sacrifice de la partie la plus restreinte ou d’une faction odieuse. De là vient que de telles démocraties ont toujours été le théâtre de turbulences et de discordes, et n’ont jamais été jugée compatibles avec la sécurité des personnes ou avec le droit de propriété, et ont eu en général des vies courtes et morts violentes.
En d’autres termes, pour Madison il est seulement question ici de la démocratie directe dans les petites collectivités. En fait, il plaide en faveur de la démocratie ou de son représentant. C’est un peu confusément qu’il nomme la démocratie représentative une République plutôt qu’une démocratie, comme on le voit dans le passage que suit immédiatement la citation ci-dessus :
Une république, c’est-à-dire un gouvernement dans lequel s’incarne un système représentatif, ouvre une perspective nouvelle et promet la solution tant recherchée, viable pour tous.
Pire, Madison prétend encore que la république avec un grand R (la démocratie représentative par exemple) est souhaitable, thèse qu’il étaye de divers arguments (pas très convaincants d’ailleurs). En d’autres termes, loin d’être un adversaire de la démocratie, Madison se révèle être un partisan d’un système centralisé : la démocratie représentative – système que nous avons aujourd’hui.
John Adams, le deuxième président des États-Unis, constitue un autre cas intéressant. Dans ses Lettres à John Taylor, il se montre très disert sur la démocratie.
Par exemple, il écrit :
Je ne dis pas que la démocratie a été plus pernicieuse dans l’ensemble et sur le long terme, que la monarchie ou l’aristocratie. La démocratie n’a jamais été et ne peut pas durer comme l’aristocratie ou la monarchie, mais lorsqu’elle est en vigueur, elle est la plus meurtrière qui soit. (Lettres à John Taylor, publiées dans « The Works of John Adams, second president of the United States » vol. VI, (1851), XVIII, p. 483.)
Plus loin, dans les mêmes lettres, il reprend le même argument un peu différemment :
Mon opinion est, et a toujours été, que le pouvoir absolu enivre aussi bien les despotes, les monarques et les aristocrates que les démocrates, les jacobins et les sans-culottes. Je ne peux pas dire que la démocratie soit plus pernicieuse dans l’ensemble que les autres systèmes. Ses atrocités ont été plus transitoires ; celles des autres systèmes ont été plus permanentes. L’histoire de tous les âges montre que l’instabilité, la cruauté, et les horreurs de la démocratie ont tôt fait de dégoûter, d’alarmer, et de terrifier.
En d’autres termes, Adams écrit que la démocratie était aussi mauvaise – et ni meilleure ni pire – que la monarchie ou l’aristocratie.
Adams est d’autre part célèbre pour cette citation qui figure aussi dans ses Lettres à John Taylor :
Souvenez-vous que la démocratie ne dure jamais longtemps. Elle gaspille les énergies, s’épuise rapidement et meurt. Il n’est point de démocratie qui ne se soit suicidée. Il est faux de dire que la démocratie est moins orgueilleuse, moins dispendieuse, moins égoïste, moins ambitieuse ou moins avare que l’aristocratie ou la monarchie. Cela est faux et ne se vérifie nulle part dans l’histoire. Ces passions sont les mêmes chez tous les hommes, dans toutes les formes de gouvernement, et lorsqu’elles ne sont pas régulées, elles produisent les mêmes effets : fraude, violence et cruauté.
Toutefois, dans les mêmes lettres, il écrit :
La démocratie, toutefois, ne doit pas être déshonorée, la démocratie ne doit pas être méprisée. La démocratie doit être respectée, la démocratie doit être honorée, la démocratie doit être chérie, la démocratie doit être un élément essentiel faisant partie intégrante de la souveraineté pour exercer un contrepoids sur l’ensemble du gouvernement, sans quoi la liberté morale ne peut pas exister, ni aucune autre forme de liberté. J’ai toujours été affligé par les abus grossiers de ce mot respectable.
Alors oui, les Pères fondateurs étaient fermement opposés à ce qu’ils appellent « démocratie directe » et à sa règle de la majorité absolue. Mais ils n’étaient pas opposés au système représentatif, ou « démocratie indirecte ». En dernière instance, la vérité nous oblige à rappeler, comme certains libertariens l’ont fait remarquer, que le mot démocratie n’apparaît ni dans la Constitution ni dans la Déclaration d’indépendance.
Alors que dire de Thomas Jefferson, qui – comme le note Hoppe – passe pour le plus « démocrate » des Pères fondateurs ?
Fait intéressant, une recherche dans la Online library of liberty révèle que Jefferson a très peu utilisé le mot démocratie dans ses écrits. (Jefferson est le fondateur, avec James Madison du Parti démocratique républicain, mais ce nom n’a été donné à ce parti que par les historiens postérieurs, Jefferson et ses partisans ont toujours utilisé le terme de « parti républicain »).
La démocratie au XIXe siècle
La démocratie a constitué un sujet âprement débattu par les penseurs politiques du XIXe siècle. Évidemment, le mot recouvre des acceptions différentes selon les personnes.
Prenez le chroniqueur et rédacteur en chef John Louis O’Sullivan (1813-1895), fondateur du The United States Magazine and Democratic Review, qui en son temps était un partisan déclaré de la démocratie. Fait intéressant, dans l’éditorial d’introduction de son nouveau périodique, qui consistait en une défense acharnée de la démocratie et de ce qu’il nomme « principe démocratique » ou « le droit du plus grand nombre », il a également inventé la fameuse expression libertarienne : le meilleur des gouvernement est celui qui gouverne le moins !
Cette expression a été rendue célèbre bien sûr par Henry David Thoreau qui l’a utilisé en exergue de son texte très libertarien sur la Désobéissance Civile. Thoreau, d’ailleurs, ajoute qu’il croit personnellement que le meilleur gouvernement est celui qui ne gouverne pas du tout.
Selon Erik Ritter von Kuehnelt-Leddihn, dans son livre de 1951 Liberté ou Égalité, beaucoup d’intellectuels classiques, libéraux et conservateurs du XIXe siècle ont exprimé de grandes réserves quant à l’idée de démocratie, y compris des penseurs célèbres comme Lord Acton, Alexis de Tocqueville, Walter Bagehot, Edmund Burke, James Fenimore Cooper, John Stuart Mill et Thomas Macaulay.
Citant le célèbre écrivain conservateur Edmund Burke, Kuehnelt-Leddihn écrivait :
Je suis convaincu que dans une démocratie la majorité des citoyens est capable d’exercer l’oppression la plus cruelle sur la minorité… et que l’oppression de la minorité s’étend ensuite à des catégories plus larges et se propagent avec une fureur plus terrible encore, presque jamais appréhendable autrement que par la domination d’un seul sceptre (la monarchie).
Thomas Macaulay, le grand penseur libéral classique britannique, émet un avis similaire :
Je suis depuis longtemps convaincu que les institutions purement démocratiques sont appelées tôt ou tard à détruire soit la liberté soit la civilisation, soit les deux.
Les nombreux exemples similaires donnés par Von Kuehnelt-Leddihn corroborent l’intuition selon laquelle ce genre d’idée était répandu à l’époque.
Rand et Rothbard
Désormais tournons nous vers deux des plus grands penseurs libertariens du XXe siècle : Murray Rothbard et Ayn Rand.
Tous deux étaient d’ardents militants politiques et d’attentifs observateurs des élections présidentielles américaines. Rand fit personnellement campagne pour le candidat républicain Wendell Willkie en 1940 et a toujours eu des opinions bien arrêtées sur les candidats. Par exemple, elle tenait en horreur Carter et Reagan. La vie politique de Rothbard est bien connue. Pourtant, les deux auteurs se montrent fort sceptiques sur la question de la démocratie, en particulier Rothbard.
En fait, Rand n’a pas consacré beaucoup d’attention à l’idée de démocratie dans ses écrits. Dans le Ayn Rand lexicon (éditions Harry Binswanger, 1986), recueil exhaustif de sa pensée et de ses publications, on ne trouve que deux citations pour le mot clé « démocratie », et toutes deux sont critiques.
La première est la suivante :
La démocratie dans son sens originel renvoie à la règle de la majorité absolue… un système qui livre votre propre travail, vos biens, votre esprit et votre vie à la merci d’une faction capable de rassembler contre vous les votes de la majorité, et ce à tout moment et à tout propos.
Voilà une assertion limpide, mais curieusement répertoriée – surtout pour un recueil prétendant être un lexique – car lorsque nous allons à la source nous constatons que la citation est inexacte. Elle provient d’un article intitulé « Comment lire et ne pas écrire », paru dans The Ayn Rand letter.
Dans cet article, Ayn Rand critique un éditorialiste du New York Times, et voici ce qu’elle écrit textuellement :
Il [l’éditorialiste] utilise le mot démocratique dans son acception originelle, c’est-à-dire au sens d’une règle de majorité absolue, et il nous invite à accueillir un système dans lequel votre propre travail, vos biens, votre esprit et votre vie sont à la merci de toute faction capable de rassembler les votes de la majorité, et ce à tout moment et à tout propos.
En d’autres termes, Rand ne s’oppose pas à la démocratie en tant que telle, comme le suggère The Ayn Rand Lexicon, mais à la règle de la majorité absolue.
La seconde citation du lexique est tirée d’un manuel de 1946 intitulé Text book of Americanism et s’oppose là encore à la règle de la majorité absolue, davantage qu’à la démocratie.
Rand y écrit :
Si l’on supprime la morale et que l’on lui substitue la doctrine collectiviste de la majorité absolue, si l’on accepte l’idée que la majorité peut faire tout ce qu’elle veut, et que tout action entreprise par la majorité est bonne puisqu’elle est entreprise par cette même majorité (celle-ci décrétant la norme du bien et du mal), comment cela se traduit-il en pratique dans la vie réelle ? Qui est la majorité ? Par rapport à chaque homme en particulier, tous les autres hommes sont des membres potentiels d’une majorité capable de le détruire à son gré, et à tout moment. Il s’ensuit que chaque homme devienne alors l’ennemi de tous les autres, que tous se craignent et se suspectent entre eux, que chacun essaye de voler et d’assassiner le premier, avant d’être lui-même volé et assassiné.
Le mot démocratie ne figure même pas dans cette citation. En fait, ce manuel (qui vaut le détour par ailleurs) est un pamphlet contre le collectivisme et contre l’idée du « bien du plus grand nombre » plutôt que contre la démocratie. Il semble donc que, même si Rand se soit opposée à la règle de la majorité absolue et ait résolument pris parti en faveur des droits fondamentaux de l’individu, elle n’ait pas beaucoup réfléchi au concept de démocratie.
Murray Rothbard avait davantage à dire sur ce sujet.
Par exemple, son livre Pouvoir et marché (1970), comprend une dissertation détaillée et critique sur la démocratie. Il y explique que la démocratie peut se décliner depuis un relatif laissez-faire à un relatif interventionnisme, mais il ajoute que la formation d’un gouvernement est un problème qui ne saurait être tout à fait séparé de la politique poursuivie par ce gouvernement. Dans ce contexte, il appelle démocratie un système truffé de contradictions internes.
Ainsi, il note par exemple que les différentes modes de scrutin, les différents découpages géographiques, sont arbitraires. Si quelqu’un prétend que la majorité dans un pays X devrait gouverner alors on pourrait rétorquer sur le même mode en décrétant que la majorité d’un quartier devrait avoir le droit de s’autogouverner et de faire sécession jusqu’à étendre cette logique au village, au pâté de maisons, à l’immeuble et finalement à chaque individu, et l’on aboutirait ainsi à la fin de tout gouvernement démocratique par l’annihilation de l’autonomie individuelle. Mais si l’on dénie un tel droit de sécession, alors le citoyen démocrate doit accepter aussi que des pays étrangers à population plus nombreuse perçoivent son pays à lui comme une sorte de faction minoritaire au sein d’un gouvernement mondial régi par la majorité absolue. En bref, le démocrate défenseur d’un gouvernement national se trouve face à une contradiction : il doit prendre fait et cause pour l’émergence d’un gouvernement mondial ou alors pour la suppression de tous les gouvernements.
Plus simplement, Rothbard réfléchit à la légitimité morale de la démocratie. Est-ce que la majorité est toujours juste moralement ? Rien ne le prouve, dit-il. Le meilleur argument en faveur de la démocratie, poursuit l’auteur, c’est que celle-ci peut assurer un changement pacifique de gouvernement, mais il pose des objections à cet argument.
Néanmoins, en dépit des critiques, Rothbard conclut que la démocratie ne doit pas être entièrement abandonnée : elle peut être employée comme un moyen d’aboutir à une société libre ou pour faire passer des lois qui se rapprochent d’une société libre. Que cela soit chose possible, écrit-il, dépend des circonstances – ce qui explique la tendance de Rothbard à entrer dans la vie politique chaque fois qu’il y voyait une opportunité de faire avancer ses idéaux.
Dans son livre Egalitarianism as a Revolt against Human Nature (1974), Rothbard note qu’avec l’avènement de la démocratie, l’emprise de l’État sur la société redouble de puissance jusqu’à faire naître des slogans contraires à toute raison et sens commun au premier rang desquels le célèbre » nous sommes le gouvernement ».
Dans L’éthique de la liberté (1982), Rothbard s’attaque encore à la démocratie, et spécifiquement à l’idée erronée selon laquelle un gouvernement démocratique agit au nom des individus – ce qui en d’autres termes revient à dire que le vote fait de chaque décision gouvernementale des décisions « voulues » par le peuple.
Bien que Rothbard soit par principe très critique sur la démocratie, il n’a pas jugé nécessaire d’écrire un traité de grande envergure à ce sujet. Là où ses sentiments envers la démocratie sont peut-être le mieux détaillés c’est dans le post-scriptum à Making Economic Sense (1995), dans lequel il écrit :
À quoi sert la démocratie de toute façon ? Lorsque l’on parcourt l’ensemble du spectre idéologique, depuis les socialistes aux libéraux en passant les néoconservateurs et jusqu’aux conservateurs officiels, la démocratie est considérée comme un totem sacré, comme un horizon moral indépassable remplaçant presque tous les autres systèmes de valeur y compris les Dix Commandements et le Sermon sur la Montagne. Mais malgré cette adhésion universelle et comme l’a souligné David Gordon du Mises Institute, pratiquement aucun argument n’existe pour soutenir la nécessité de… la démocratie, et le peu qui soient disponibles apparaissent désespérément faibles. L’impératif absolu de la démocratie est considéré comme tellement évident et sacré qu’il ne mérite pas même une discussion entre simples mortels. Mais qu’y a-t-il de si formidable dans la démocratie ? Elle n’est guère qu’une vertu en soi, et même pas une vertu primordiale, certainement pas aussi importante que la liberté, le droit de propriété, le libre marché, ou le gouvernement aux pouvoirs limités. La démocratie est simplement un processus, un outil pour choisir les dirigeants et les politiques gouvernementales. Elle n’a qu’une seule vertu, qui constitue effectivement une chose importante : être un moyen pacifique du triomphe de la volonté populaire.
Ainsi pour Rothbard, comme pour Rand, la démocratie n’était pas une préoccupation majeure. Elle est considérée « simplement comme un processus. »
De toute évidence, à l’époque de Rothbard et de Rand, il y avait d’autres chats à fouetter : le communisme, le socialisme, le fascisme. Malgré l’effondrement des utopies du XXe siècle, le collectivisme, comme Hoppe l’a montré, a pris une autre forme qu’on appelle la démocratie. Il s’agit là d’une petite chimère peut-être moins gloutonne – mais beaucoup plus difficile à vaincre. Telle est la noble tâche qui revient aux libertariens modernes.
Source : http://www.charlieville.nl
*Karel Beckman est co-auteur, avec Frank Karsten, d’un essai limpide sur la démocratie analysée à la lumière libertarienne. Dans ce livre, Beyond Democracy, les auteurs démontrent clairement à travers 13 mythes forts répandus, quels sont les problèmes posés par le système démocratique, et pourquoi l’idée de démocratie est fondamentalement opposée à l’idée de liberté. Beyond Democracy est disponible en français sous le titre Dépasser la démocratie.
À lire aussi sur le site de l’Institut Coppet :
- Attention à la démocratie liberticide. Par Richard Ebeling
- La promesse trompeuse de la démocratie
- Histoire de la liberté. Par David Boaz
- Du conservatisme et du libertarianisme. Par Hans-Hermann Hoppe.
Article publié initialement le 13 mars 2013
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Je comprends bien le problème soulevé mais qui a trouvé une solution ? A part limiter de façon constitutionnelle le pouvoir du politiquer et sans savoir de quelle façon… Avez-vous des pistes voir des lectures ? La Suisse ne s’en sort-elle pas bien ?
La démocratie est intéressante non en vue de distribuer des pouvoirs à des individus, mais pour empêcher qu’une forme de pouvoir indésirable prenne la place (dictature, social-démocratie…). Dans cette optique, le chef de l’Etat aurait à supporter une charge au lieu de disposer d’un pouvoir, serait une sorte de reine d’Angleterre temporaire, élu à intervalles réguliers approchés pour éviter la lassitude ou la corruption du pouvoir, sans autre devoir que d’occuper le terrain et de faire respecter les principes moraux fondamentaux nécessaires aux institutions de la société, notamment par la limitation des pouvoirs du gouvernement aux fonctions régaliennes.
Article très intressant- 3 commentaires rapides :
1/ Quelle alternative à la démocratie ? En effet, les risques inhérents à la démocratie (telle que définie ici), à savoir la tyrannie d un groupe (de 99% de la population à un homme seul) sur les autres se retrouvent dans tous les systèmes politiques alternatifs. En revanche grace à la démocratie, les changements sont possibles vers un systeme politique plus conforme à l interet du plus grand nombre (ce qui peut rester une tyrannie j en suis conscient).
2/ L’essence du libéralisme est à mon sens la confiance dans l action de chacun et dans le progrès. Seule la liberté permet d a’tteindre un niveau de satisfaction personnel (et collectif) plus élevé. Seule la démocratie a permis cette évolution. Ayons confiance dans nos concitoyen et la liberté finira par l emportercar c est objectivement le meilleur système sur le long terme pour chacun d entre nous.
3/ Comment s assurer que la démocratie ne se transforme pas en tyrannie de la majorité ? Tout simplement, en limitant le champ d intervention des gouvernants grace à des textes comme la DDH de 1789 ou la constitiution (US ou France). Les droits des individus sont au dessus de ceux du gouvernement. Autrement dit un gouvernement ne peut pas agir comme il l entend et doit se conformer à la loi.
C ‘est pourquoi, tout en reconnaissant les limites d’un système démocratique et notamment les risques de tyrannie inhérents, je ne vois aucune alternative politique viable. Le mythe platonicien du roi philosophe, du dictateur éclairé étant le pire des systèmes alternatifs à la démocratie. En effet, il présente tous les inconvénients de la démocratie en rajoutant toutes les négations des droits des individus (sureté, propriété, liberté de conscience …)
Amicalement
« grace à la démocratie, les changements sont possibles vers un systeme politique plus conforme à l interet du plus grand nombre »
Ca, c’est un argument fallacieux pour la démocratie.. qui mène tjs vers l’enfer. C’est vraiment le contraire du libéralisme qui est un ordre spontané. Oui les changements sont possibles, non, ils ne sont pas dans l’intérêt de tous ni du plus grand monde.
On va alors dans un système perdant-perdant.
Article très intéressant. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à une mesure qui assainirait le débat politique : l’abolition des partis et autres drapeaux-clichés sous lesquels les candidats iraient se poster. il y aurait uniquement des candidats recueillant des votes sur un programme politique à présenter, sans qu’on puisse les étiquetter comme de droite ou de gauche. Les candidats seraient d’abord obligé de réfléchir à un programme appuyé sur des arguments plus constructifs (car ils ne peuvent se reposer sur la puissance de leur parti) et la critique serait bien plus efficace que « c’est une mesure de droite »… On maintiens le systèmes tel qu’il est. On abolit juste le système des partis. Seulement des citoyens qui se présentent et qui recueillent sur la présentation d’un programme, de leur expériences professionnelles et d’autres critères, le vote des citoyens. Moins de cases prédéfinies, plus d’idées constructives et probantes. Qu’en dites vous?
Qui pourrait se présenter dans un tel système ? Car imagine si 15,000 personnes se présentent pour la présidentielle. Qui prendra le temps de lire 15,000 programmes ? Ou alors peut être faudrait il pour corriger ce problème, un système pyramidale indirect, où chacun vote pour un représentant d’un zone très délimité. Ces élus élisent la personne qui va représenter une zone un peu plus grande. Et ainsi de suite. Qu’en pensez-vous ?
Je prône plutôt la démocratie directe à la suisse.
C’est un système éprouvé, qui s’instaure par un simple amendement constitutionnel.
La possibilité de référendums d’initiative populaire, pour véto de lois adoptées par la représentation ou pour légiférer directement, affaiblit considérablement les partis.
De plus les programmes politiques perdent une grande partie de leur importance, le peuple pouvant trancher directement les questions.
Écoutez Yvan Blot « Le pouvoir irresponsable » sur Dailymotion.
Que la démocratie représentative permette le triomphe de la volonté populaire est une illusion maintenant presque totalement dissipée.
Les partis, les groupes de pression constitués bafouent l’opinion majoritaire. C’est un régime oligarchique.
La démocratie semi-directe permet d’y remédier, il est urgent de l’établir avant que la cohésion nationale soit complètement dissoute.
Sur les vertus de la démocratie: Selon J-F Revel, sa supériorité ne vient pas de la clairvoyance du peuple, mais du fait qu’il ne peut pas ignorer les conséquences des mauvais choix – et que donc ce régime s’obstine moins dans l’erreur.
Ayn Rand pose le vrai problème: Quelles limites poser ? Quel cadre ?
Là est le défaut de la démocratie: On ne peut pas efficacement la contraindre. Régulièrement l’alternance politique donnera le pouvoir à des socialistes qui s’empresseront d’imposer leurs vues.
La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen posait que les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit; que le but d’une organisation politique ne peut être que la conservation des droits naturels qui sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression; et d’autres articles que le socialisme piétine systématiquement: Statuts particuliers pour ses clients, négation de la propriété, impôt progressif…
Ici se pose la question de la dissociation entre le politique et le religieux, que le socialisme, religion séculière, rejette.
« Le problème avec les citations prises sur internet, c’est qu’on ne sait jamais si elles sont authentiques. »(Abraham Lincoln)
« Si la citation est bonne, on se fout de son authenticité. » (Moi 🙂 )