Une Wallonie française ? On en est loin

On est encore loin d’un éclatement de la Belgique et plus loin encore du rattachement de la Wallonie à la France.

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Grand place, sun after rain (Brussels) crédits RobinTphotos (CC BY-NC-ND 2.0)

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Une Wallonie française ? On en est loin

Publié le 3 juillet 2022
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On reparle d’un éventuel rattachement de la partie francophone de la Belgique à la France. Ce débat est un serpent de mer qui réapparaît périodiquement1 parce qu’il a une certaine logique, mais les conditions de ce rattachement sont-elles vraiment réunies ?

La Belgique est profondément divisée, linguistiquement et politiquement et chaque Belge a sa vision passionnée du problème.

Je vais commencer par interroger l’histoire.

 

La Belgique, française de 1792 à 1814

Vers 1950, jeune collégien, je suis intrigué par la formule « Anvers est un pistolet braqué au cœur de l’Angleterre ». Je tends l’oreille et pose des questions. Voici que je retiens.

La Belgique a été française durant 20 ans sous la Révolution et l’Empire, de 1792 à 1814. Elle ne sera rendue au royaume des Pays-Bas qu’en 1815.

La République française en 1800Mais ses habitants avaient goûté à la Révolution et n’étaient plus en phase avec les royautés traditionalistes d’Europe. De plus, ils étaient catholiques alors que le reste des Pays-Bas était protestant, ce qui était très important à l’époque. C’est ainsi que quinze ans plus tard, en 1830, la Belgique se révolte et demande son rattachement à la France.

Hélas les Anglais s’y opposent, et ressortent la fameuse phrase sur le pistolet braqué au cœur de l’Angleterre, déjà utilisée pendant la Révolution.

Le roi de France Louis-Philippe, qui cultive l’alliance anglaise, accepte alors que la Belgique soit érigée en royaume indépendant. On lui choisit un roi, Léopold 1er, de Saxe-Cobourg-Gotha, qui était lié à la majorité des couronnes européennes, et était notamment oncle de la Reine Victoria, « la communauté internationale », comme on dirait aujourd’hui, étant encore allergique au mot « république ».

Louis-Philippe a donc ainsi manqué une occasion historique de repousser plus loin de Paris la frontière nord de la France, ce qui était pourtant l’objectif séculaire des rois de France. Cela a malheureusement facilité les invasions allemandes, en 1914 et 1940, qui sont passées par cette même Belgique pour entrer en France.

Mais revenons à l’histoire de la Belgique : la question linguistique n’existait pas en 1830 lors de la création du pays.

 

La situation linguistique en Europe au début du XIXe siècle

En France et dans bien d’autres pays européens, il y avait à cette époque une noblesse et une bonne partie de la bourgeoisie parlant une langue commune, souvent le français, notamment aux Pays-Bas, mais aussi le hochdeutsch qui deviendra la langue officielle de l’Allemagne et de l’Autriche, mais pas celle des Pays-Bas, ou le florentin, qui deviendra la langue officielle de l’Italie.

Le reste de la population des pays européens est paysanne dans sa très grande majorité, et parle une langue locale comme le provençal en France, le bavarois dans la future Allemagne ou le piémontais dans la future Italie.

En Belgique les langues locales sont, au nord, diverses variétés du flamand, différentes du néerlandais et, au sud, des langues romanes proches du français, dont le picard et le wallon.

Mais l’élite sociale et politique est alors francophone, quelle que soit la langue locale.

 

L’apparition des Wallons et des Flamands

Comme en France, le français va faire disparaître les langues romanes, ou du moins les renvoyer dans la vie privée d’une minorité toujours plus réduite de la population. Le français va également remplacer le dialecte germanique de la partie proche du Luxembourg.

À la fin de cette évolution, dans le courant du XXe siècle, le mot Wallon signifiera « francophone ». Par opposition, Flamand désignera les habitants du Nord. Nous verrons plus bas le cas particulier des Bruxellois et des germanophones.

Les Flamands sont majoritaires en Belgique, ce qui sera décisif au fur et à mesure de la démocratisation. Or elle va gagner du terrain aux XIXe et XXe siècles. On passe à un « suffrage universel pondéré par le vote plural » en 1893, qui favorise les élites et donc le français, puis au suffrage universel masculin en 1921, avant d’adopter le suffrage universel complet en 1948.

Cette démocratisation donne l’avantage aux Flamands à une époque où les questions nationales, et donc de langue de la majorité l’emportent sur les habitudes de fidélité à des personnes, notamment royales. L’héritage de la Révolution française a fini par s’imposer et triomphe dans le découpage de l’Europe de 1918, construit sur des données linguistiques considérées comme nationales, alors qu’elles n’étaient pas prises en compte au début du XIXe siècle.

Mais l’élite est francophone en Flandre et l’opposition au français va y prendre une tournure sociale.

 

Le mythe de la colonisation francophone

Pour moi, le mot mythe ne renvoie pas à une vérité ou à une légende. C’est un récit auquel une communauté est profondément sensible, peu importe que l’histoire valide ou non ce récit. Le mythe existe et cela suffit.

Ce que je ressens en tant qu’observateur extérieur est un puissant sentiment de revanche de la part des Flamands, en réaction au mythe de la « colonisation wallonne ». Cette « colonisation » est perçue à plusieurs points de vue : sociale, comme nous avons vu, mais aussi économique, parce que les gisements de charbon de Wallonie avaient généré une puissante industrie métallurgique qui contraste avec une Flandre relativement rurale et moins riche.

Du coup, les Flamands se répètent des récits de brimades par les francophones, véritables ou légendaires, la plus répandue étant celle de l’officier wallon s’exprimant en français à ses troupes flamandes pendant la Première Guerre mondiale et responsable de ce fait de la mort des soldats qui n’ayant pas compris les ordres. Cette anecdote paraît surprenante vue de l’extérieur, tous les Flamands ayant appris le français à l’école…

À cela s’ajoute la tache d’huile bruxelloise, c’est-à-dire la constatation que Bruxelles et ses environs bien que situés géographiquement en Flandre, comme l’illustre la toponymie, deviennent francophones probablement du fait de son rôle de capitale du pays, où se regroupent les élites et où le travail se fait en français. Bruxelles et certaines communes de la périphérie sont maintenant en quasi-totalité francophone (à 85 % ou 95 % pour Bruxelles, simple évaluation car il n’y a plus de recensement linguistique).

Les Flamands avaient donc l’impression que leur territoire se rétrécissait. C’était ressenti comme une menace qui s’ajoutait à la domination économique et sociale des francophones.

Enfin, pour peser plus lourd c’est le néerlandais qui est choisi comme langue officielle en Flandre, et non l’un des dialectes flamands.

Cela explique la célèbre phrase d’un politicien belge à son roi :

« Sire, il faut vous dire la triste vérité : il n’y a pas de Belges, mais seulement des Wallons et des Flamands » dont une des variantes est « vous êtes le seul Belge du royaume ».

 

Les Flamands ont inversé la situation

Aujourd’hui, le problème s’est inversé.

Le déclin de l’industrie sidérurgique belge, parallèle à celui de la sidérurgie française et d’autres pays européens, a appauvri la Wallonie tandis que la Flandre s’industrialisait, ce qui a inversé le poids économique des deux parties du pays.

Les Wallons rappellent avoir « porté les Flamands financièrement quand les mines fonctionnaient et finançaient l’État belge, alors que les Flamands étaient pauvres. Maintenant que le rapport financier s’est inversé, ils refusent de nous rendre la pareille. C’est pour cela qu’ils sont séparatistes ».

Les Flamands majoritaires et maintenant supérieurs économiquement vont multiplier les mesures juridiques « de défense de notre langue face au français », qui sont devenus aujourd’hui, à mon avis, une brimade du français en Flandre.

Les Flamands commencent par fixer une frontière linguistique en 1921 qui vise dans un premier temps les activités communales et découpe le pays en trois régions :

  • les communes du nord doivent désormais utiliser exclusivement le néerlandais,
  • celles du sud le français,
  • la région bilingue de Bruxelles étant privée de certaines banlieues.

 

Les lois des 8 novembre 1962 et 2 août 1963 établissent un unilinguisme général, par exemple au travail et non plus seulement au communal, en Flandre et en Wallonie, et le bilinguisme dans l’agglomération bruxelloise.

Langues en Belgique : communautés flamande, française et germanophone
Langues en Belgique : communautés flamande, française et germanophone (Vascer, KnorckCC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons)

 

Stopper l’avancée du français

Les Flamands ont limité puis interdit l’usage du français dans les entreprises. Y veille le VEV (Vlaams Economisch Verbond) Association économique flamande fondée 1926, devenue le VoKa en 2004 suite à sa fusion avec huit chambres de commerce flamandes.

Pour les Flamands, cette frontière a pour but de stopper l’avancée du français. Ils interdisent corrélativement les recensements linguistiques qui pourraient amener à en changer le tracé.

Cela laisse notamment côté flamand les communes francophones de la banlieue bruxelloise, « communes à facilités » (pour le français), dont les élus protestent régulièrement devant diverses instances internationales, dont la cour européenne des droits de l’Homme.

 

Louvain, une université coupée en deux

Carte : les deux Louvain avec, en pointillé, les limites de la zone bilingue de Bruxelles.
Carte : les deux Louvain avec, en pointillé, les limites de la zone bilingue de Bruxelles.

Le sort de l’université millénaire de Louvain, proche de la frontière linguistique, mais du mauvais côté, illustre la pression flamande.

En 1968, les étudiants et professeurs néerlandophones défilent aux cris de « Walen Buiten » (les Wallons dehors !) pour protester contre la décision de conserver le bilinguisme de l’Université.

Les étudiants et enseignants francophones quittent alors Louvain pour fonder Louvain-la-Neuve, à Ottignies, 30 kilomètres plus au sud, donc en terre francophone, qui bientôt rattrape et dépasse sa concurrente flamande en nombre d’inscrits, tandis que les mauvaises langues ironisent sur l’anglicisation de Louvain « la vieille ».

Université Catholique de Louvain
Université Catholique de Louvain (côté Wallonie francophone)

Les Wallons désormais en minorité

Bref, c’est au tour des Wallons de se sentir minorisés et de réagir parfois violemment comme Jacques Brel autrefois dans ses chansons plus qu’ironiques (Les Flamandes en 1959 et Les Flamingands en 1977).

Les Flamands y sont décrits comme des catholiques traditionalistes à forte fécondité, ce qui s’oppose à l’image des Wallons laïques, voire rouges, avec leur électorat ouvrier ou ex-ouvrier de l’industrie lourde votant socialiste.

Un mythe battu en brèche aujourd’hui : la fécondité flamande est tombée à 1,57 en 2020 en Flandre, tandis que les églises se vidaient.

Les Flamands restent néanmoins vexés : français et néerlandais sont enseignés dès le primaire – techniquement comme une langue étrangère – mais si les Flamands ont une bonne connaissance du français, les Wallons n’ont pas le même niveau en néerlandais, perçu comme une langue moins utile que le français. Ou, pour parler comme Jacques Brel, les Wallons ne veulent pas « aboyer flamand ».

 

Les Wallons se sentent moins bien accueillis à la côte belge, surtout depuis les résultats des dernières élections ! par Oli dessinateur et caricaturiste belge.

 

Le séparatisme flamand

Ce séparatisme est alimenté par le Vlaams Belang, qui prône un État flamand avec Bruxelles comme capitale. Il avait 18 % des voix en Flandre lors des élections fédérales, régionales et européennes du 26 mai 2019. Inutile de dire ce qu’en pensent les Bruxellois !

Un autre parti flamand, le N-VA, Nieuw-Vlaamse Alliantie, libéral, préconise une sécession dans le cadre d’une confédération partagée entre deux entités Wallonie et Flandres, avec Bruxelles pour capitale, ne se retrouvant que mensuellement pour traiter de quelques rares questions spécifiques. Aux mêmes élections il a obtenu 25 % des voix en Flandre.

Les partis séparatistes ne rassemblaient donc que 43 % des électeurs de Flandre. Selon un sondage de décembre 2019, seuls 37 % de ceux-ci souhaiteraient une séparation d’avec la Wallonie.

 

Le cas de Bruxelles freine le séparatisme flamand

Rue de la Loi Wetstraat, célèbre rue de Bruxelles symbole du bilinguisme
Rue de la Loi Wetstraat, célèbre rue de Bruxelles symbole du bilinguisme

Nous avons vu que Bruxelles était francophone en terre flamande, or « la terre flamande est sacrée » et les militants flamingants ne veulent pas l’abandonner. Certains militants disent que Bruxelles n’est pas wallonne puisque composée largement de Flamands francisés et d’immigrés et de leurs descendants, notamment marocains et turcs, aujourd’hui largement francophones.

La Flandre a néanmoins obtenu une égalité entre la minorité flamingante et la grande majorité francophone.

Cela se traduit par un bilinguisme officiel. La parité des langues, soit 50 % de flamand et 50 % de français, s’applique pour la Cour d’arbitrage, le Conseil d’État, la Cour de cassation, le Conseil supérieur de la justice, etc., et un nombre important d’autres organismes gouvernementaux.

Cela donne aux Flamands une capacité scolaire excédentaire. Certains militants flamands font donc « la cour » aux descendants d’immigrés : « venez dans les écoles flamandes, où les conditions matérielles sont meilleures et l’enseignement du français est présent », ce dernier point étant indispensable pour trouver du travail en ville.

Du côté francophone, il y a eu un regroupement entre Bruxelles et la Wallonie avec la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB).

Elle représente 4,8 millions de francophones, dont 1,2 million pour Bruxelles, et concerne l’enseignement et la recherche scientifique, la culture, l’éducation sanitaire et la médecine, l’aide à la jeunesse et la politique sportive ainsi que les maisons de justice.

 

La communauté germanophone

La séparation des langues en 1932 a entraîné la création d’une communauté germanophone de 78 000 habitants (en 2020). Ces germanophones furent intégrés à la Belgique en 1919 à la suite de la victoire des alliés sur l’Allemagne. La raison en a été la récupération de la ville allemande mais francophone de Malmédy. Cette annexion fut élargie aux territoires germanophones environnants pour des raisons de meilleure défense militaire.

Je suis allé voir sur place, et il me semble que le français y progresse : je parle allemand et j’ai abordé les habitants dans cette langue mais on m’a toujours répondu en français.

Cela recoupe mes lectures sur un progrès du bilinguisme dans les zones germanophones, et une disparition des dialectes, particulièrement du francique au profit du français

D’où la question : un éventuel rattachement de la Wallonie à la France comprendrait-elle partie de la petite « région germanophone » ?

 

Qu’en pensent les Wallons et les Français ?

Les derniers sondages « rattachistes » effectués en Wallonie en 2008, 2010 et 2011 n’accordent que respectivement 49, 32 et 38 % de sondés en faveur de l’annexion de la Wallonie par la France avec, dans les deux derniers cas, un nombre majoritaire d’opposants.

La variation des résultats montre que les sondages n’étaient pas très sérieux, avec un échantillon limité à 500 sondés à chaque fois. Par ailleurs les Bruxellois ne semblent pas avoir été interrogés, ce qui est quand même surprenant, s’agissant de la capitale !

Notons que les Français sont prêts à accueillir la Wallonie à une assez forte majorité, de 60 à 66 % suivant les sondages.

 

Conclusion : une Belgique sans Belges

On est encore loin d’un éclatement de la Belgique et plus loin encore du rattachement de la Wallonie à la France, ce qui ne veut pas dire que ça ne se fera jamais.

Il faut en effet d’abord que les Flamands décident l’indépendance de la Flandre. Il faudrait ensuite une majorité wallonne pour un rattachement à la France.

Et quid de Bruxelles ? Les Flamands feront le maximum pour la garder.
À l’issue de cette épreuve suivra-t-elle la Wallonie vers la France ? Préférera-t-elle être une ville libre, à statut européen par exemple ?

En attendant, « la Belgique sans Belges » continue…

Sur le web

  1. Tribune de Jules Gheude, écrivain belge et militant wallon prônant le rattachisme, le 7 mai 2022 dans Le Monde : « Et si, en 2024, la Wallonie devenait française ? »
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  • « On a déjà assez à faire avec nos pauvres à nous que pour nous occuper des pauvres des autres! »
    Michel Charasse, ministre des finances de Mitterand ( socialiste, bien sûr ), à propos du rattachement de la Wallonie à la France

  • Une wallonnie Islamique, on y est presque.

  • Avatar
    PhilippeHermkens
    3 juillet 2022 at 9 h 56 min

    Le seul vrai motif d’une absence de rattachement de la Wallonie à la France est l’incroyable médiocrité du personnel politique wallon qui sait pertinement qu’il perdrait toute chance de carrière ministérielle voire de député ou de sénateur.
    Les politiques wallons préfèreront toujours un entre soi de minables mais tellement confortable.

  • Ne pas oublier que le basculement démographique en faveur des Flamands est dû en bonne partie à la libération rapide des prisonniers de guerre flamands, considéré comme « germains » par Hitler, même s’il est vrai que -plus catholiques que les Wallons-, ils ont longtemps fait plus d’enfants.
    Ensuite est venu le basculement économique avec, dans les années 60, le déclin du charbon (qui était en Wallonie) et des grosses industries qui lui étaient liées.
    Ce passé industriel a laissé chez les francophones une forte culture socialiste et syndicaliste, qui décourage les investisseurs plus attirés par la fiabilité et le multilinguisme des néerlandophones.
    Aujourd’hui deux dentistes belges, l’un wallon l’autre flamand, ont moins en commun qu’un berger calabrais et un bourgeois milanais. Ils ne parlent pas la même langue, n’ont pas la même spiritualité, ne lisent pas les mêmes journaux, ne regardent pas les mêmes programmes TV ni les mêmes films, ne mangent pas la même chose, et pas à la même heure.
    Et si les Wallons se rattachent à la France, ils auront la joie de payer un impôt sur les plus-values immobilières double du leur actuel, ainsi que les taxes sur les donations, absolument inconnues en Belgique. (Moi j’dis ça… j’dis rien !)

  • Deux grosses erreurs:
    – La parité au niveau bruxellois où les francophones sont majoritaires (les francophones bruxellois ne se voient pas Wallons) est la contrepartie de la parité au niveau fédéral où les Flamands sont majoritaires
    – Malmédy n’a jamais été germanophone, il s’agissait d’une petite région prussienne francophone mais au traité de Versailles on y a ajouté des villes allemandes comme Eupen et Saint-Vith qui n’ont accepté leur inclusion en Belgique qu’après la douloureuse expérience du retour à l’Allemagne en 40-45 (depuis lors ce sont eux qui ont probablement la sensibilité belge la plus forte).
    Certains disent que la Belgique survit parce que les Flamands ne veulent pas être Néerlandais, les Wallons ne veulent pas être Français (il existe un parti rattachiste aux résultats électoraux des plus anecdotiques) et les Germanophones ne veulent pas être Allemands

  • La Belgique existe encore du fait que Bruxelles est la capitale de l’UE si une des deux régions quittait le royaume de Belgique, elle quitterait d’office l’Europe. Une étude avait été réalisé dans chaque province, il y a des années et se fut la surprise du chef, les provinces de Namur et Luxembourg auraient demandé un rattachement au Grand Duché du Luxembourg, les territoires germanophones Eupen et Malmédy retourneraient a l’Allemagne, province de Liège se tâte encore, le Brabant tenterait le coup avec les Flamants, reste la province du Hainaut

    • Très intéressant !

    • En même temps, si j’étais belge francophone et qu’on me proposait de me rattacher à la France ou au Luxembourg : mon choix serait très vite fait … Si on faisait un référendum en Savoie et Haute-Savoie sur le rattachement à la Suisse ; je ne doute pas non plus du résultat.

  • Les cantons rédimés (Eupen, Malmédy, Saint-Vith) lorgnent déjà langoureusement vers le GD du Luxembourg et nombre d’habitants de la région d’Arlon se verraient sans aucun doute bien mieux administrés par les grand-ducaux plutôt que par les particrates de Namur.

  • Concernant le « profil bas » adopté par Louis-Philippe en 1830, même si je suis d’accord avec Yves Montenay pour regretter la perte de cette chance … je pense que ce n’en était pas vraiment une en ce sens que, 15 ans après Waterloo et le Congrès de Vienne, 12 ans après la fin de l’occupation par les troupes de la coalition (Anglais, Autrichiens, Prussiens et Russes) de la France napoléonienne vaincue, notre pays « sentait encore le soufre » pour toutes les grandes puissances européennes plus ou moins regroupées dans la Sainte Alliance : en particulier, après le tragique épisode (qui fut une désastreuse erreur) des Cent Jours, une nouvelle « éruption » de la France aurait certainement été considérée comme une nouvelle provocation de l’insolente « Grande Nation » à laquelle on ne pouvait décidément pas faire confiance.
    En outre, la grande puissance qui se serait sentie – à tort ou à raison, peu importe – la plus « agressée » par le rattachement de la Belgique à la France aurait été l’Angleterre, la plus grande puissance du monde de par son avance industrielle [les Anglais tirèrent les premiers schrapnels contre Napoléon de 1808 à 1815 et on peut craindre que, en 1830, leur avance technique, y compris militaire, se soit accrue], qui avait été l’âme et le financier de toutes les coalitions contre la France napoléonienne, mais qui avait joué un rôle globalement modérateur lors du Congrès de Vienne dans un souci de maintien d’un équilibre entre grandes puissances européennes continentales. En cas de volonté ferme de la France d’intégrer la Belgique, il aurait été possible que ce soit l’Angleterre qui « ameute » les autres puissances européennes contre la France et ce ne sont pas la Prusse ni la Russie – ni même l’Autriche, ex-maîtresse de la Belgique avant la Révolution, qui auraient joué un rôle modérateur.
    Ajoutons que Louis-Philippe venait d’arriver au pouvoir [Lieutenant-général du royaume le 31 juillet 1830, roi des Français le 09 août 1830] en « se faufilant » habilement entre monarchistes légitimistes, bonapartistes et républicains : son pouvoir tout récent était fragile.
    Enfin, quinze ans après la fin des guerres de la Révolution et de l’Empire (1790-1815) qui avaient coûté à notre pays 1 million de soldats tués, chiffre énorme, quasiment sans précédent à cette époque, il est douteux que beaucoup de Français aient été disposés à combattre une nouvelle et puissante coalition européenne …
    En résumé, cette attitude « peu glorieuse » de Louis-Philippe était, à mon avis, la seule envisageable dans ces circonstances.
    Toujours aussi prudent, lors de l’affaire Pritchard en 1844 (la France expulsa de Tahiti un missionnaire anglais qui intriguait contre nos intérêts (en travaillant évidemment pour ceux de l’Angleterre) en poussant la reine de Tahiti à rejeter le protectorat français (ce qui aurait ouvert la voie à celui de l’Angleterre). Le Gouvernement britannique s’émut, le très impérialiste et belliciste Premier Ministre, Lord Palmerston, proféra de sérieuses menaces. Pour contenter les exigences de Londres, Louis-Philippe fit des excuses, accepta – provisoirement – le retour au statut de protectorat et le versement d’une indemnité au pasteur Pritchard pour la spoliation de ses biens … mais la France garda Tahiti. En gros, au prix d’une petite « humiliation » permettant à Palmerston de sauver la face, Louis-Philippe conserva l’essentiel de l’objectif recherché, à savoir une implantation durable de la France à Tahiti. Bien joué, vu le jeu dont il disposait à ce moment-là.

    PS : il ne faut pas oublier le principal scandale entraîné par la domination des Néerlandais sur les Belges entre 1815 et 1830, à savoir la prééminence donnée aux coupables de la pire gastronomie d’Europe [les Néerlandais : demandez aux Flamands ce qu’ils en pensent] sur une population de gourmets [les Belges] qui, entre autres, connaissent les vins de France souvent mieux que les Français ; et c’est un des rares points communs entre Wallons et Flamands car, entre deux odieuses injures francophobes, ces gens-là préparent une cuisine délicieuse !

  • L’éventualité de mettre la Wallonie sous le giron de la France (certains disent « rattacher ») me paraît très peu probable.
    La première raison en est la structure des pays francophones de Belgique qui est un véritable mélange de régions (Bruxelles, aussi capitale de la région flamande, et qui n’est pas du tout wallonne ; les pays de langue allemande dits « rédimés » ; les vieux pays belges de langue originelle germanique (pays d’Arlon) ; les provinces du Hainaut, proches de la métropole de Lille ; la Province de Namur, capitale de la région wallonne, le pays de Liège et la Province, très férue de culture française et bassin industriel encore actif.
    Il faudrait un vrai dépeçage pour contenter tous ces gens et pourquoi ?
    Pour pas grand-chose.
    Etant capitale de l’UE, Bruxelles gardera un statut enviable qui ne sera pas lâché sans grimaces par ses habitants ; il serait pourtant indispensable que Bruxelles fasse partie de l’espace cadeau offert à la France…
    Il y a, contrairement à ce que disent les commentaires, de nombreuses activités techniques et scientifiques en Belgique de langue française, y compris en Wallonie, et les développements de nouvelles entreprises y est bien plus facile et rapide qu’en France. D’ailleurs, si la Wallonie était une Région française, elle se situerait dans les quatre premières ; vu de la France, cela peut sembler une bonne affaire.
    Sur le plan des études supérieures, les Universités de Bruxelles, Liège, Louvain-la-Neuve, sont mieux classées que la très grande majorité des universités françaises et n’ont rien à envier à Paris-Saclay Toulouse ou Lyon.
    Grâce à la structure fédérale, la Belgique a donné aux Régions des pouvoirs que ne possèdent pas les Régions françaises, même après regroupement ; elles ne devraient donc pas accepter de régresser dans ces domaines de l’indépendance économique, financière, et politique.

    L’administration française est terriblement centralisée et contraignante, par la place et le rôle que jouent les Préfets, désignés de Paris, et se mêlant des affaires locales comme des affaires nationales dans chaque département et dans chaque région. De plus, elle change tout le temps les règles, tant en matière d’impôts, nationaux ou locaux, santé, interventionnisme économique et industriel.
    Les mœurs politiques françaises ne connaissent pas la nécessité de constituer des coalitions permettant de négocier les programmes de gestion : c’est vrai à tout niveau où n’existe pas de suffrage proportionnel représentatif : communes, département, Assemblée nationale.

    Avant de parler « rattachement », il faudrait parler de réforme du fonctionnement de l’Etat en France, dans le sens de la régionalisation et de la démocratie, c’est une contrepartie indispensable. L’ambiance ne s’y prête pas ; les trois principes Liberté, Egalité, Fraternité sont en train de fondre comme les glaciers.

    Je ne peux donc imaginer que les Wallons choisissent de se soumettre à la gestion parisienne dès lors qu’ils ont toute liberté dans la plupart des domaines.

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