L’agriculture française « expliquée » en classe de troisième

Témoignage personnel sur l’agriculture française « expliquée » en classe de troisième.

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L’agriculture française « expliquée » en classe de troisième

Publié le 1 juin 2022
- A +

« Papy ! Ma prof d’histoire-géo a dit que le glyphosate est cancérigène ». Mon petit-fils a osé contester… Résultat : une menace de punition (dit-il)… Petite plongée dans le formatage des jeunes cerveaux.

Mon petit-fils m’a montré son cahier avec, collé dedans comme c’est maintenant d’un usage répandu, une page intitulée « Fiche de révisions sur l’AGRICULTURE FRANÇAISE ».

J’imagine cette fiche utilisée à Paris, pour et par des élèves qui ne sont jamais sortis au-delà du périphérique…

 

Des « savoirs » à « mémoriser »

Tout d’abord, il faut mémoriser des savoirs :

  • le nombre et l’évolution des actifs dans l’agriculture ;
  • la place de l’agriculture française dans le monde et en Europe ;
  • les aspects de la modernisation agricole et ses conséquences (+ ou -) – on imagine que ces signes appellent des aspects positifs et négatifs ;
  • les difficultés de l’agriculture aujourd’hui ;
  • les différents espaces agricoles en France et leurs caractéristiques.

 

Les fondamentaux de l’activité agricole, de la production alimentaire ? Passés à la trappe, semble-t-il.

 

Du vocabulaire à acquérir

Les élèves doivent aussi mémoriser un vocabulaire : exploitation agricole, PAC, agriculture productiviste – intensive, mécanisation, irrigation, monoculture # polyculture, filière agroalimentaire (ex. : activités en amont et en aval), pesticides, engrais chimiques, OGM, élevage hors-sol # extensif, agriculture durable – biologique.

Les élèves sont bien sûr plongés dans un environnement qui les imprègne de préjugés et de partis pris. Mais cette « fiche de révisions » – sans nul doute concoctée par quelque officine fournissant du matériel « pédagogique » – amplifie le phénomène.

 

Non, ce n’est pas la ferme Playmobil

Que doivent retenir les élèves ? Voici, résumé ou cité le texte qui leur est proposé (les mots en gras sont ceux que les élèves doivent entrer dans le texte).

La mondialisation (!) et la politique agricole commune (!) de l’Union européenne ont poussé les agriculteurs à se moderniser dans les années 1960. En fait, le début de la modernisation est bien antérieur aux années 1960, et ce qu’on appelle « mondialisation » est venu bien plus tard.

Les exploitations se seraient donc mécanisées et spécialisées, avec à l’appui les inévitables exemples bateau : « la Beauce est devenue une vaste plaine dominée par la monoculture du …, la Bretagne a développé un élevage intensif de porcs et de poulets » (il y a débat avec mon petit-fils sur ce qu’il devait mettre à la place des trois points ; l’espace alloué étant petit, il doit s’agir du blé).

Nos exploitations pratiquent aussi « massivement » l’irrigation – avec l’inévitable exemple du maïs –  et la culture sous serres.

Elles utilisent des pesticides et des engrais chimiques, mais, est-il précisé à juste titre, pour augmenter les rendements (enfin presque à juste titre : les produits phytosanitaires permettent d’éviter des pertes).

On développerait la recherche, la chose citée étant… les OGM !

 

Cocorico quand même, mais…

Poursuivons :

« Cette agriculture très intensive est fortement liée à la filière agroalimentaire qui emploie 20 % des actifs en France. La France est ainsi devenue la première puissance agricole de l’UE et le cinquième exportateur mondial de produits agricoles […] Mais cette agriculture productiviste a des conséquences négatives ».

Et de citer, ou faire citer par les élèves, l‘endettement des exploitations, la dépendance des prix du marché fixés mondialement, la pression sur les prix par la grande distribution, ainsi que les effets sur l’environnement qui « sont nombreux (sols appauvris, eau polluée».

Le bio coche les bonnes cases

Et voici le bouquet final de ce feu d’artifice :

« Des citoyens s’interrogent pour leur santé (cf. débat sur le glyphosate accusé d’être cancérigène). C’est pourquoi, une agriculture plus qualitative se développe appuyée sur des labels (AOC), des pratiques plus durables. C’est le cas de l’agriculture biologique qui utilise ni engrais chimiques ni pesticides et qui cherche à être proche des consommateurs (vente locale/sans inermédiaires) pour s’assurer un revenu décent»

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    jacques lemiere
    1 juin 2022 at 7 h 11 min

    ouaip..

    quand on laisse un vocabulaire idéologique prendre place sans le contester voila le résultat ..
    il suffirait de demander des définitions claires…
    qu’est qu’un engrais « chimique »…que signifie intensif…
    que signifie industriel..
    que signifie sol appauvri?
    que signifie sol pollué..???
    quant au fameux « productivisme.. ». ça m’a toujours fait rire..

    seul l’etat à les moyens d’etre productiviste.. les agriculteur..regardent la rentabilité. leur revenu…la hausse de productivité est pour eux un moyen pas un but!!!

    Maintenant… pouvez vous enfin comprendre pourquoi de temps à autre des profs se prennent des coups de poing dans la figure???? pouvez vous comprendre pourquoi c’est aux parent de décider du contenu programmatique de l’enseignement de leurs enfants?

    j’ai vu une vidéo de classe de met ou le moniteur faisait jurer à ses élèves de défendre la mer et la plage… qu’ils venaient de fouler et littéralement de degrader..certes avec des petits pieds innocents..

    avec l’ecologiisme nous avons tous les éléments pour faire que les enfants dénoncent leurs parents d’etre de mauvais citoyens… des destructeurs de planètes.. un petit livre vert doit être en préparation..

    protéger la nature est contraire au développement humain….

    la générosité c’est de donner soi…la charité est admirable mais elle diot commencer par soi même!!!!

    la sobriété ,c’est être sobre..soi… c’ets tout à fait respectable..mais ce n’est pas but viable d’etre toujours plus sobre…

    être écologiste c’est dire la bonne façon de faire c’est la mienne parce que c’est moi..

  • Est-ce qu’on ne pourrait pas expliquer tout simplement que les agriculteurs sont les travailleurs qui produisent ce que nous mangeons tous? Et que s’ils utilisent du glyphosate, cancérigène ou pas je n’en sais rien, ce n’est pas pour le plaisir de polluer notre belle planète toute verte, mais simplement parce que c’est grâce à ça qu’on arrive à faire bouffer tout le monde? Pourrait-on aussi rappeler qu’en France, en 1950, pas au moyen âge, hein?, des gens ne mangeaient pas à leur faim faute de production agricole suffisante? Bon, vous allez dire que j’en demande trop, j’arrête.

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    • Désolé d’évoquer des souvenirs personnels :
      Quand j’étais enfant, mon grand-père invitait mon cousin du même âge, fils de cultivateurs, à séjourner quelques semaines avec nous à notre maison de vacances, après les foins (la fenaison) auxquels il fallait qu’il aide malgré son jeune âge. Parfois nous allions l’après-midi à vélo (65 km AR) chez lui récupérer ceci ou cela. Un jour, en arrivant tôt chez lui et au vu de l’absence de vaisselle sale, il m’a expliqué « ce midi, ils n’ont pas mangé, et ce soir ils mangeront du pain et du hareng parce le boulanger ne fait payer qu’à la fin du mois et que le hareng est le truc le moins cher qui donne du goût au pain ». C’étaient les années 60. Ces gens sont morts jeunes, le dos cassé d’avoir sarclé les carottes et les navets et de s’être privés quand la maladie avait dévasté leur potager. La généralisation des pesticides et produits phytosanitaires m’a causé un bonheur immense, celui de croire que ce temps ne reviendrait plus jamais. Que les opposants au glyphosate aillent sarcler les carottes pendant une semaine, à genoux sur la dure planche de bois sous le chaud soleil d’été. Ensuite, nous les écouterons bien volontiers, et nous leur confierons tout aussi volontiers nos petits-enfants à instruire.

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    • Oh là là, un tel texte est dangereux pour les écolos-bobos-socialopes.
      Ils vont boguer après avoir aligné 3 mots, certains mots vont faire redémarrer ce qui leur reste de cerveau, et ils vont finir par faire un AVC tout en grillant le peu de neurones qu’il leur reste.
      Pitié pour ces gens là 😉

    • Avatar
      jacques lemiere
      1 juin 2022 at 16 h 41 min

      des tas de produits cancérigènes…ne génèrent pas de cancers de façon statiquement visible..

      en l’etat actuel des connaissances le glyphosate ne cause pas de problème de santé publique point barre???
      en tant que tel l’aspect cancérogène d’un produit est insignifiant pour la sante.. c’est assez similaire avec la toxicité…

      en fait, il est , hors exposition professionnelle, difficile de trouver des substances présentant un risque sensible pour le clampin . exposé de façon non voulue.. parce que dès qu’on en trouve…on les réglemente ..or seule la nuisance subie devrait intéresser le législateur..

      à la rigueur…le débat sur l’effet de la somme totale des expositions indésirables poserait une question de santé publique qui mérite attention
      c’est combien??? et si on arrive à savoir combien…ce qui est douteux.. il faudra savoir desquelles il est « intelligent » de se passer…: pas le glyphosate!!!l
      gain en santé publique de l’interdiction du glyphosate= effets du glyphosate MOINS effets des alternatives!!!

      ajoutons l’effet kiss kool..

      Il n’est pas impossible qu’ en chiffre brut les morts par problèmes cardiaques liés à la pollution de l’air soient plus frequents à la cambrousse alors que les incidents sont plus nombreux en ville.. l’effet nocif et compensé par l’effet bénéfique.. mais une personne orientée mettra l’accent sur les incidents..et pas leur issue..

      on vit sur quelle planète…????
      on voit l’espérance de vie augmenter..et on doit croire que le risque de mourir ne cesse d’augmenter.. GLOBALEMENT ça signifie que les risques liés au monde moderne, pétrole et toussa, compensent les effets négatifs..
      sauf exception les améliorations à faire sont subtiles…et demande demande réflexion..

      • Le vrai problème, c’est qu’il y a sans doute eu quelques morts réellement attribuables au glyphosate. Je ne suis pas spécialiste du sujet, je ne veux donc pas donner de chiffres. Cependant, ces quelques morts, c’est très malheureux pour eux, mais il faut les mettre en balance avec les millions de gens qui ne sont pas morts de faim grâce au même produit. Le malheur, c’est que les effets positifs, c’est-à-dire les morts évités, sont invisibles, alors que les effets négatifs sont eux bien visibles. On peut dire la même chose à propos d’à peu près tous les médicaments, vaccins, et ainsi de suite…

  • J’ai le privilège de gérer ma garderie de « chicoufs » entre 17Hrs et 18 Hrs, en attendant que les parents « rentrent du boulot ». Ce qui est intéressant dans cet exercice, c’est le suivi des devoirs et le coup d’oeil au passage sur les programmes du primaire et du collège…… Et manifestement il n’y a pas que l’agriculture qui est « enseignée ».
    Clairement c’est le programme EELV qui est incorporé dans l’enseignement public. Je confirme qu’il s’agit bien d’un embrigadement soft, qui peut être délétère s’il est digéré sans commentaires (j’ai plein d’exemples effarants….). Un autre constat : les programmes semblent rester d’un niveau correct, mais c’est l’exigence du travail qui parait faible en regard du contenu théorique.

    • Avatar
      jacques lemiere
      1 juin 2022 at 16 h 44 min

      oui…en dépit du fait qu’il perdent les élections..
      les idées « vertes » GAGNENT du pouvoir …

    • @Nanard et aux autres

      Cette emprise des syndicats d’enseignants de gauche et des « idées » escrologistes témoigne de la dégradation du sens de l’éthique et de la déontologie au sein de l’Éducation nationale, dont la dénomination est déjà en soi alarmante puisqu’elle proclame qu’il s’agit non de former mais d’éduquer (donc de prendre en tout ou partie la place des parents et de la famille). Il faudrait revenir au nom d’autrefois – et, surtout, aux principes qui le sous-tendaient : « Instruction publique ».
      Surtout, nombre de ces enseignants imposent exclusivement à des esprits malléables et manipulables leur conceptions politiques, économiques, etc. sans aucun respect de la « faiblesse » de ces auditoires composés par définition d’enfants et d’adolescents venant acquérir une formation, et en « oubliant » toute neutralité qui devrait pourtant constituer un principe aussi fondamental que la laïcité.
      Ces gens-là orientent ainsi les enfants qui leur sont confiés sur un chemin dangereux : puisque ces enseignants détiennent seuls la Vérité (imagine-t-on par exemple qu’ils tolèrent des contestations qui viseraient leurs « principes » anticapitalistes, repentants, escrologistes, etc. ?), ils n’ont aucune hésitation à adopter un comportement intolérant qui vise à endoctriner au lieu de former, d’apprendre à s’instruire et à réfléchir par soi-même.
      Dès lors, cela amène à des rapprochements peu agréables mais pertinents :
      « Quand un adversaire me dit : « Je ne passerai pas dans votre camp », je lui réponds calmement : « Votre enfant nous appartient déjà… Vous, qu’est-ce que vous êtes ? Vous ne serez pas toujours là. Mais vos descendants sont maintenant dans le camp nouveau. D’ici peu de temps, ils ne connaîtront rien d’autre que cette communauté nouvelle. » »
      (Adolf HITLER, discours du 06 novembre 1933 )
      À titre d’exemple de ce que devrait être une vraie déontologie du métier d’enseignant, voici une anecdote authentique datant de la fin des années 1930 que je tiens de mon père : au cours d’une classe d’Histoire au lycée, le professeur se rendit compte que ses élèves ne savaient pas ce qu’est le libéralisme en économie ; il interrompit son cours pendant une dizaine de minutes pour présenter l’essentiel de cette pensée en citant au passage quelques auteurs comme Jean-Baptiste Say. Puis, il repris son cours.
      Ce professeur était socialiste.

  • J’espère qu’en parallèle les enfants ont des cours poussés d’économie et de socialisme concernant les aides, l’UE, etc. Sinon, ce sujet pourtant très concret (travail quotidien d’un agriculteur, les différents types de sol, de produit, d’alimentation, de techniques, etc.) risque d’être assez compliquer à comprendre vu sous cet angle ! 😀

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