La situation des finances publiques n’est pas brillante. Le niveau de dette s’établit à 112,9 % du PIB (2800 milliards d’euros, soit 164 000 euros par foyer imposable, environ 17 millions), le déficit public est attendu à -5 % en 2022 après -6,5 % en 2021. La trajectoire de retour au déficit sous les 3 % en 2027 suppose une croissance des dépenses limitées à 0,7 % sur la période, ce qui n’a jamais été réalisé sur plusieurs années et suppose des économies massives. Par ailleurs, la hausse des taux d’intérêt va augmenter mécaniquement la charge de la dette, environ 150 milliards sur 10 ans au niveau de taux actuel.
De nombreux défis
Dans le même temps, le nombre de fonctionnaires et/ou la masse salariale de l’État ne pourra pas baisser (besoins sur les périmètres défense, justice, police, santé, éducation nationale) et les dépenses sociales vont augmenter (accompagnement des plus pauvres à la transition énergétique, vieillissement démographique).
Or, la mise à niveau du taux d’emploi constitue probablement la seule marge de manœuvre réaliste pour les finances publiques via l’augmentation de la base fiscale et le financement induit des prestations sociales.
En effet, la France a un taux d’emploi d’environ 10 points en deçà de celui de l’Allemagne (69,3 vs 79 % pour les 18-64 ans). On sait pourquoi : les taux d’emploi des jeunes (41,2 % en France vs 60,8 % en Allemagne pour les 18-24 ans) et des seniors (54,2 % vs 71,9 %) sont très insuffisants. Comment progresser ?
Pour les plus jeunes, il est clair que la baisse du niveau scolaire (la France est sous la moyenne OCDE du classement PISA et avant-dernière au classement mathématiques TIMMS) et le manque de professionnalisation des études constituent des handicaps majeurs. Le développement récent des contrats en alternance est une très bonne nouvelle mais concerne majoritairement les études supérieures. Il faut aller plus loin et en finir avec le totem du bac pour tous.
Réformer l’éducation pour assurer un meilleur taux d’emploi
En Suisse, l’apprentissage constitue la voie choisie par 69 % des jeunes âgés de 15 à 20 ans. 86 % des lycéens allemands sont en alternance. Concernant le niveau scolaire, condition sine qua non de l’adaptation de la France aux métiers du futurs, il faut faire tomber quelques murs. L’apprentissage est d’abord pénalisé par l’indiscipline et le nivellement par le bas.
Pour le premier, il faudra bien multiplier les établissements spécialisés pour les élèves dissipés. Pour le second, il serait utile d’accepter des classes par niveau.
Là encore, la Suisse montre un exemple intéressant : le regroupement des élèves par niveau d’aptitude et l’orientation par la performance sont assumés. L’excellence n’est pas un gros mot. Le soutien scolaire non plus et il bénéficierait de plus de moyens dans ce système, les élèves plus à l’aise étant moins encadrés. Le dédoublement de certaines classes emprunte certainement ce chemin mais sur la base de différence géographique uniquement. Il conviendrait d’en généraliser l’esprit. Il faut probablement aussi se concentrer sur les savoirs fondamentaux.
Par exemple, 1 heure 30 d’anglais par semaine en primaire n’a aucune utilité pédagogique (étude allemande de Nils Jakel), relève d’une confusion avec la capacité d’apprentissage des enfants en immersion (celle-là démontrée). Ce temps serait utilement remplacé par un renforcement des connaissances de base. Enfin, autre tabou, il convient de revenir à des principes d’orientations.
Que le choix de filières présentant moins de débouchés soit contraint serait raisonnable. Si leur intérêt ne fait pas de doute pour un certain nombre d’étudiants, la trop forte surreprésentation des études de sciences sociales (32 % des étudiants, 6 à 8 points de déficit d’insertion professionnelle à 30 mois par rapport aux autres filières) constitue souvent une impasse pour ces diplômés et une mauvaise allocation collective de notre intelligence.
Limiter ces filières pourrait permettre d’en développer de plus propices à l’emploi et la croissance. Concernant les seniors, le report de l’âge de départ en retraite fait partie de la solution. Mais les critiques de la réforme sont fondées lorsqu’elles portent sur l’employabilité de ceux-ci. Un an avant la retraite, 65 % des seniors n’exercent déjà plus d’activité. Cette difficulté ne pourra qu’augmenter avec la hausse de l’âge de départ en retraite.
La question des salaires
Comment traiter ce problème ?
Il faut partir de constats. Le principe d’augmentation des salaires en fonction de l’ancienneté a une rationalité économique (hausse progressive des compétences) mais atteint ses limites en fin de carrière. Le poids salarial devient alors très important par rapport à celui des salariés moins âgés. Et dans le même temps, les seniors aspirent souvent à une activité moins lourde. Il faut donc imaginer un mécanisme gagnant – gagnant pour les entreprises et les salariés.
Une solution possible serait de généraliser la possibilité de cessation progressive d’activité (pas forcément avec versement de retraite partielle), par exemple en ouvrant le mécanisme assez tôt (avant 60 ans), en rendant obligatoire la proposition de tels contrats par les entreprises (mais au choix des salariés), en les rendant plus attractifs pour celles-ci (baisse de salaire proportionnée à celle du temps de travail, sauf pour les bas salaires bien sûr, et possibilité d’introduire une part variable), le tout assorti d’un engagement de maintien de l’emploi jusqu’à l’âge souhaité de départ en retraite. D’autres idées peuvent à coup sûr être élaborées pour peu que l’on sorte des postures. Notre intérêt collectif est sans aucun doute de les dépasser sur tous ces sujets.
Ce n’est pas en accroissant les budgets et le nombre des fonctionnaires que les services publics fonctionneront mieux : il faut restructurer un fonctionnement inefficace et accroître la responsabilité, la formation.
Le tonneau des Danaïdes ne saurait être un jour rempli et il n’est pure folie que celle qui consiste à continuer à faire la même chose en espérant un meilleur résultat…
« augmenter le taux d’emploi »… étant en faveur de la liberté économique.. je n’aime pas DU TOUT cette phrase.. parce qu’il faudrait surtout arrêter de considerer que l’emploi de mon voisin , de tout le monde est mon problème…
ET si un gouvernement agit dans le BUT d’aumgenter le taux d’emploi , il peut très bien nous enfoncer plus profond dans l’étatisme..
Tout interventionnisme économique crée des injustices..des spoliations.. qui ne peuvent être résolues par plus d’interventionnsime économique.. en réalité on perd même le moyen d’évaluer ce qui a été perdu…
tout comme on ne peut pas » indemniser » un innocent que l’on a mis vingt ans en prison..
et on a la france.. tout le monde peut prétendre être victime du système…et traité injustement.. « rien ne doit changer »
la politique économique est le problème est non la solution… c’est malheureusement un problème qui n’a pas de solution équitable…
L’emploi de mon voisin est bien mon problème …. quoi qu’on en dise. Depuis quand sommes-nous seuls au monde ?
La solution n’est que très marginalement chez les seniors. Pire, se focaliser sur la fin de carrière fait oublier les deux principes essentiels.
1. Faire commencer l’activité plus tôt au lieu d’offrir des lustres de jeunesse oisive aux frais de la collectivité.
2. Réduire et simplifier drastiquement les charges sur les salaires.
Il convient aussi d’y ajouter un allègement considérable de la fiscalité sur la constitution du patrimoine personnel tout au long de la carrière.
L’effet Laffer, bien qu’il ne rentre pas dans les tableurs de nos planificateurs obsédés, suffirait à compenser et au-delà les pertes apparentes de recettes fiscales pour l’Etat.
« Augmenter le taux d’emploi pour sauver les finances »
Enfin un peu d’intelligence !
Il suffit de savoir compter : Un million de chomeurs de moins a indemniser, et un million de cotisant de plus pour les retraites et la sécu. Equivalent a plusieurs mois de recul de l’age de la retraite tout le reste restant égal. Les autres variables taux de cotisation, diminution des pensions etc… sont quasiment inenvisageable sauf a l’extréme marge.
Tout est trés simple, il suffit de l’expliquer honnétement. Ou on produit de la richesse, ou on est condamné a travailler a perpéte. Les ministres et les deputés n’etant pas concernés par ces problémes , ils ne s’y interssent absolument pas.
Cerise sur le gateau renvoyer dans leurs pays le million de clandestins qui nous suce la moelle, aiderait aussi bien les choses.
¨augmenter le taux d’mploi est quasiment une constante déclarative..
alors que si on parle gloabl..augmenter la création de richesse globale.. augmenter la productivité …
ou en effet faire travailler davantage es gens à même productivité.
car il ya de très mauvaises façons d’aumgenter le taux d’emploi….
dois je rappeler que tous les gouvernement ont affiché la volonté de diminuer le taux de chomage…et pire ils ont agi pour le réduire de façon sotte.
Un an avant la retraite, 65 % des seniors n’exercent déjà plus d’activité. Cette difficulté ne pourra qu’augmenter avec la hausse de l’âge de départ en retraite.
Au contraire! On sait depuis longtemps que plus on travaille plus il y a d’emploi: parce qu’un senior qui travaille crée des richesses. Il a aussi plus de moyens (et plus de besoins) qu’un retraité pour faire travailler des emplois familiaux (création d’emplois directs). Il a aussi plus de besoins de transport, d’habillement et de restauration qu’un retraité (création d’emplois indirects).
Les solutions evoquees ici me laisse septique
1) l education. En admettant que ca marche, ca va prendre des annees (probablement des dizaines d annees)
Si en france peronne ne veut que ces enfants fasse des metiers manuels ou seint apprenti c est aussi parce que ces metiers sont mal payés, peu considéré et offre aucune evolution. Tant que ca ne changera pas, on aura toujours le meme probleme
2) le travail des seniors. L auteur compare la france a la RFA mais oublie une raison fondamentale pourquoi l allemand travaille encore alors que le francais est retraité: le montant des pensions !
Le retraité francais a un niveau de vie superieur a l actif qui le finance ce qui n ets pas le cas en RFA. Tant que ca restera comme ca, il est illusoire de penser qu une personne va aller travailler alors qu elle vivra aussi bien voire mieux en restant chez elle. La question est donc pas pas tant de payer moins les employés les plus agés que de payer moins les retraités (parce que dans votre solution, c est encourager encore plus de « vieux » quitter le monde du travail puisque le cart salaire/retraite sera encore plus grand)
Pour que les métiers, manuels ou non, soient mieux considérés, il faudrait que l’oisiveté ne soit pas payante. Et pas seulement pour les retraités. Mais il faudrait aussi abandonner la mentalité de fonctionnaire, et faire des boulots qui plaisent à soi et pas simplement au chef, où l’initiative et la bonne volonté soient récompensées à leur juste valeur. Il est surprenant qu’en France, si peu de personnes aient envie de continuer, au moins à temps partiel, après l’âge de la retraite.
C’est compliqué qu’exercer après la retraite à l’exception des professions libérales, et peu rentable. Je discutais avec un collègue polonais, lui demandant pourquoi il n’est pas à la retraite. Il me dit: je l’ai été, pendant 1 jour, puis j’ai repris mon activité, dans la même boite, le même poste, mes cotisations alimentent une sur-retraite future, et je cumule bien sûr avec ma retraite actuellement.
En France, chacune de ces 4 assertions sont interdites/impossibles.
En effet, mais il suffirait probablement d’un décret.
Analyse intéressante qui va à contre courant de nombreux articles de Contrepoints. Si je lis bien, il faut « organiser » l’éducation … et les salaires en partie. Serait-ce une approche de planification ? A laquelle je ne suis nullement opposé.