Ce que devrait faire Pécresse pour être au second tour

Valérie Pécresse peut-elle convaincre en l’espace d’une dizaine de jours pour arriver au second tour ?

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Pécresse capture d'écran youtube

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Ce que devrait faire Pécresse pour être au second tour

Publié le 2 avril 2022
- A +

Question surprenante puisque les sondages lui attribuent actuellement la quatrième ou cinquième position. Lorsqu’elle a remporté la primaire (restreinte) des Républicains, elle a été créditée d’un score très honorable, proche à l’époque de celui de Marine Le Pen. Certains électeurs avaient vu en elle une candidate représentant la droite classique, tranchant avec opportunité avec les deux candidats de la droite qualifiée d’extrême. Elle avait également trouvé en Éric Ciotti un partenaire compétent et loyal. Ses premières prestations, et son premier meeting au Zénith, l’ont ensuite desservie. Paradoxalement avoir contracté le covid l’a rendue à nouveau sympathique : elle peut être frappée par la pandémie, comme tout le monde.

Mais peut-elle convaincre en l’espace d’une dizaine de jours ? La question n’est pas intéressante seulement pour les journalistes qui se la posent.

Deux éléments restent en suspens : d’une part les abstentionnistes sont encore très nombreux, certains attendent encore (peut-être en vain) un air nouveau ; d’autre part la position de Valérie Pécresse au soir du 10 avril pourrait avoir une influence sur les élections législatives de juin : les Républicains pourront-ils être présents au sein de la future Assemblée nationale pour constituer une opposition de poids alors que le premier quinquennat a été marqué par une fidélité servile des députés LREM à toute la politique du président ?

Un air nouveau ? 

Très vite Valérie Pécresse a commis à mon sens trois erreurs majeures :

  1. S’inscrire dans la grande tradition du gaullisme social incarné par Chirac et Sarkozy.
  2. Centrer sa campagne sur Emmanuel Macron.
  3. Allonger la liste des réformes et leur chiffrage au lieu de poser les principes d’une France rénovée.

 

Elle a reconduit les arguments de la droite au pouvoir, total ou partiel, de 1968 à 1981 et de 1995 à 2012. On ne peut empêcher les électeurs de penser que l’état du pays n’est pas dû seulement à Mitterrand, Jospin, Hollande et Macron, mais aussi bien à ceux qui ont accumulé les erreurs tout au long de la Cinquième République : déficits publics permanents, prélèvements obligatoires en hausse, précarité des retraites, désordre social avec la complaisance des syndicats, pénurie foncière et crise du logement, augmentation de la criminalité, démolition de la famille, etc. Bref, toutes les vertus de l’État providence, avec son cortège de redistributions, de privilèges, de gaspillages et de corruptions. Se réclamer (et encore aujourd’hui peut-être) de la filiation de Sarkozy est une arme à double tranchant.

Valérie Pécresse a pris pour cible Emmanuel Macron dont elle a ironiquement proclamé que le programme était copié sur le sien, mais qu’il n’avait pas su l’appliquer durant son quinquennat. Cela suggère qu’il n’est pas très loin d’elle, alors pourquoi ne pas le reconduire ? De plus, des électeurs dindons de la farce pensent que Macron peut mener en 2022-2027 une politique de droite, voire même libérale. Enfin, comme tout le monde tire sur Macron, cela ne donne aucun avantage comparatif à la candidate.

Enfin et surtout, résumant le tout, Valérie Pécresse n’a pas conçu un programme de rupture : à aucun moment elle n’a indiqué comment en finir avec l’État providence. Elle a au contraire estimé que le niveau des salaires, du pouvoir d’achat, l’âge de la retraite, sont des thèmes qui devaient (entre autres) relever de la compétence gouvernementale.

Comme les autres candidats elle a abusé de la manipulation des chiffres, et espéré des miracles pour enrayer l’inflation et l’endettement. Continuité encore : après s’être opposée à la loi Taubira et avoir soutenu Fillon sur ce point, elle avoue s’être rangée à l’évolution des mœurs familiales. Un leader qui suit n’est pas un grand leader.

Du suivisme à l’audace

Pour remonter sa cote, Valérie Pécresse doit se faire en quelques jours l’avocate de la rupture, et conduire l’électorat hésitant et perdu vers un rêve libéral. Elle doit se proclamer décidée à rompre avec le tout État et le tout politique, et bien souligner que ses principes généraux de politique seront ceux de la subsidiarité et de la concurrence.

Subsidiarité : en finir avec le jacobinisme, le dirigisme, ne solliciter l’État que pour les missions régaliennes qu’il est incapable d’assurer actuellement (discours de Ciotti).

Concurrence : mettre fin aux monopoles dont jouissent l’administration et le secteur public, et dans tous les domaines, santé, retraites, enseignement, logement, transports, énergie, etc.

Mais Valérie Pécresse peut-elle faire preuve d’une telle audace ?

Sur la subsidiarité elle a tenu des propos plutôt positifs. En sa qualité de présidente de région elle a critiqué le tout-État, elle est apparemment en faveur d’une vraie décentralisation – ce qui implique d’ailleurs une vraie révision constitutionnelle. Elle rencontrerait sûrement l’adhésion des élus locaux, mais aussi de tous ces Français victimes de la bureaucratie parisienne. Elle répondrait aux questions urgentes des déserts médicaux, des métropoles artificielles, de l’écologie envahissante.

Il lui reste cependant à accepter le principe de la concurrence, c’est-à-dire de la liberté des acteurs privés dans le cadre d’une économie de marché de produire les services et les biens qui sont aujourd’hui publics par la seule volonté des gouvernants, et pas du tout par leur nature. Cette audace la mettrait en mesure de séduire l’électorat libéral, dont on a souvent chiffré l’importance entre 10 et 15 % des Français. Mais 5 % des électeurs permettraient à Valérie Pécresse de remonter à hauteur de Marine Le Pen et de créer une nouvelle dynamique. Sait-on jamais ?

En l’absence de toute candidature de rupture, les électeurs reviendront à des votes sans lendemain ou à l’abstention. L’issue des élections, non seulement en avril mais aussi en juin, ne laissera aucun doute : continuité dans le despotisme et le populisme, l’un et l’autre se tenant la main. Contre le despotisme, contre le populisme : c’est le sous-titre de mon tout récent ouvrage Vaccin Libéral que Frédéric Mas a bien voulu présenter avec éloges dans les colonnes de Contrepoints.

Voir les commentaires (21)

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  • En gros, elle devrait échanger sa personnalité avec celle d’Eric Ciotti. Mais la machine pour ce genre de transfert d’âme est encore à ce jour de la science-fiction…

  • Réponse à la question du titre :
    Rallier Macron dès maintenant.

    -2
  • Mme Pecresse n’est que l’avatar mourant de cette “droite” chiraco sarkozyste , changer de discours ne changera pas le fond. Cette droite abandonné un à un les thèmes qui construisaient son armature . Elle avait quelques soutiens mais ceux la voyant son triste score rallient Macron , normal c’est le même programme mais avec une meilleure tête gondole et promo de choc .

  • jacques lemiere
    2 avril 2022 at 9 h 29 min

    bof…. où est la démonstration qu’elle serait alors au second tour????

  • Oui bon conseil de suggérer à VP de porter un discours de rupture libérale, qui attend son héraut (10 a 15% des électeurs dites vous ?), mais…..
    – un tel changement et effort intellectuel en 1 semaine…. Même si son programme détaillé est le plus avancé de tous,
    – et surtout ne jamais oublier qu’elle est a la base une énarque !!!!! Un de plus . Formée congénitalement comme tous les enarques au lait du dirigisme, de l’interventionnisme, de l’Etat qui se fourre partout à la moindre occasion depuis 70 ans peu à peu, pour que la caste se reproduise entre elle, garde ses prébendes bien au chaud de l’entre soi, tout bien sûr « au nom de l’intérêt général »- ben voyons!!!-. à côté des réalités économiques, obsédée de contrôle et de pouvoir tels des bolcheviks déguisés, porteuse des erreurs majeures de la désindustrialisation, des 35 heures… etc
    On ne transforme pas en 8 jours le zèbre énarque en cheval de course!!!! Et pourtant je vais voter VP malgré tout…. Faute de mieux, espérant un virage de gré ou de force en cours de mandant comme ont fait tous les présidents élus WE.
    Zemmour seul non énarque crédible de tous les candidats, a su émerger par le verbe et par l’analyse de l’histoire. Mais les 40 a 50% du corps électoral qui vivent de près ou de loin de l’Etat dans ce pays protégés de toutes parts ont réussi à le diaboliser.
    Quant à Sarkozy, seul président non énarque élu, on a bien vu rapidement que la caste étatique l’a empêché très rapidement de lancer les grands ides promises: programme euro Méditerranée, plan alzheimer. Etc…
    L’emprise étatique de ce pays plus la nouvelle dictature verte de ceux « qui nous veulent du. bien malgré nous «  sont devenues insupportables … pour ceux qui bossent soumis à la concurrence et ont conscience des forces et faiblesses de ce pays de planqués . «  le socialisme s’arrêtera quand les autres ne pourront plus payer » disait M Tatcher… ».
    Alors le zèbre Pecresse repeint? A voir

  • M. le Professeur aurait-il abusé des petits champignons mexicains ? Depuis l’éviction de Madelin, il y a deux gauches en France, dont l’une s’appelle la droite…

    10
  • Commentaire d’une de mes proches sur les déclarations de Pécresse : une bouillie de généralités de bobo parisienne. Or en province, on en est encore au “Parigot, tête de veau !” et aux problèmes terre à terre. Or il semble que tous les candidats, sans exception, soient plus soucieux de plaire que de résoudre les problèmes.

  • Je n’ai jamais cru (ou plutôt observé) que les seules idées faisaient un vote. Le choix (en apparence) serait avant tout une affaire de représentation sur l’appartenance au groupe, la personnalité (j’aime/j’aime pas), le mouvement politique, l’opposition..
    Moi-même malgré tous mes efforts pour mettre les idées au premier plan je n’échappe pas aux biais. C’est ainsi le plus important est d’en être conscient afin de réduire leur portée.

    • Donc quelques idées libérales de dernières minutes ne changeraient pas ces représentations concernant Pécresse.
      En outre dans l’esprit de tous les candidats, le Président est celui qui doit détenir tous les remèdes aux maux des individus voire du monde. Donc exit la vision et bonjour la démagogie !

  • Valérie Pécresse n’est et ne sera jamais une libérale.
    Elle a systématiquement approuvé les mesures sanitaires liberticides et allait même plus loin que Macron en étant favorable à l’enfermement des non vaccinés.
    Quand on est libéral, on est pour la responsabilité individuelle et non pour le soviétisme.
    Je pense que, comme Macron, elle n’a aucune conviction et qu’elle est aussi “creuse” que lui.
    Pour moi, ce sera ni Pécresse ni Macron !

  • admettons que Mme Pecresse fasse exactementc e que dit l auteur. Qui va la croire ?
    C est bien beau de proclamer quelque chose. encore faut il avoir un minimum de credibilité !
    Pecresse a ete une disciple de Chirac. On peut donc en confiance dire qu elle fera une politique de chirac bis si elle etait elue
    Je vois pas comment elle pourrait etre credible en promettant qu elle fasse autre chose (que ca soit ce que preconise l auteur ou une copie du programme de Melanchon)
    De toute facon, pour elle ou Hidalgo, les carottes sont cuites. Tous les ambitieux de leurs parti sont allé a la soupe : chez macron
    Si Woerth apres avoir critique macron pendant 5 ans le trouve apres tout pas si mal, c est pas pour rien !

  • Quel est l’intérêt qu’elle soit au second tour? Pouvoir choisir entre deux clones (young leader Davos, “programme” similaire, ..) n’ a aucun intérêt pour les électeurs

  • Article très juste! Dommage, c’est trop tard. Moi-même libéral conservateur, j’étais au départ séduit par Valérie Pecresse et prévoyais de voter pour elle. Elle avait beaucoup d’atouts. Helas aujourd’hui, je ne vois pas de différence essentielle avec Macron, l’experience en moins. Tous les autres sont des clowns. Donc je vais voter Macron. Par défaut et dès le 1er tour.

    -6
  • Pécresse, l’étatique, va s’époumoner dans son dernier meeting et ce sera son chant du cygne. Il est bien trop tard, car dans la tête des électeurs les jeux sont déjà faits. Et même que cela ne fût pas, elle se confirmerait candidate girouette qu’elle a été : dans toutes les directions mais sur le même pivot.

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