2022 : Hollande se rêvait en « Capitaine France »

Ancien Président et héros improbable de virées amoureuses en scooter, Hollande rêvait de rendosser l’habit de Capitaine France en 2022 mais il devra se contenter de rester citrouille.

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François Hollande en 2012 by Parti socialiste (CC BY-NC-ND 2.0)

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2022 : Hollande se rêvait en « Capitaine France »

Publié le 18 mars 2022
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Quand les temps sont moroses, quand les perspectives semblent sombres, rien de tel qu’un peu de distraction sans prétention pour se changer les idées et rire un peu. En France, alors que les prix de l’énergie s’envolent et que la guerre en Ukraine nous désole, nous réalisons une fois de plus avec effroi que nous n’avons pas de pétrole et beaucoup trop d’impôts. Mais par chance, nous avons François Hollande pour nous dérider !

Ancien Président et héros improbable de virées amoureuses en scooter, il rêvait de rendosser l’habit de Capitaine France mais il devra se contenter de rester citrouille. Promener sa chienne Philae ainsi que sa haute sagesse présidentielle devant tous les flatteurs en recherche de postes, de scoops, de rosettes ou d’avancement – voilà sa vie désormais. Une vie de retraité de la République, monotone, comme si le verdict has been était collé, indélébile, sur son front. Une vie tellement éloignée du joyeux tintamarre médiatique et de l’adrénaline de l’Élysée…

Car oui, Capitaine France, à nouveau, il a voulu y croire. Mais je me livre à une traduction audacieuse. Pour être parfaitement exacte, je dois vous dire – et j’espère que vous rirez de bon cœur – que ses soutiens les plus enthousiastes le surnomment tout simplement Captain America du nom de ce super héros marvélien aux multiples talents et au bouclier invincible qui sauve et resauve l’Amérique de tous les coups bas portés à son intégrité par les plus vils traitres de l’univers.

Lui, François Hollande, également surnommé affectueusement Flamby ou Fraise des bois, celui dont Martine Aubry disait « Arrêtez de dire qu’il travaille, François n’a jamais travaillé, il ne fout rien », a évidemment la carrure pour sauver la France. Enfin, disons, la gauche. Tout au moins le PS. Enfin, peut-être. Le rêve a beaucoup d’avantages sur la réalité…

Il faut dire que pour un VIP socialiste de sa trempe, parvenu à l’Élysée en 2012 avec 28,6 % des voix au premier tour et 51,6 % au second contre Nicolas Sarkozy, il y avait largement de quoi s’inquiéter de l’état de décomposition avancée de la gauche en général et de son ex-vaisseau amiral socialiste à quelques semaines de l’élection.

Pléthore de candidats, à peine 25 % au total dans les sondagesTaubira qui fait trois petits tours et puis s’en va – excellente nouvelle pour notre super héros, au demeurant – une primaire populaire de façade, des grèves de la faim de militants déboussolés par les divisions et une candidate socialiste effondrée à 2 % des intentions de vote – tout ce charivari reflète des candidatures « lilliputiennes » qui se livrent à « des batailles aussi picrocholines que microscopiques », avait averti Hollande en octobre dernier – et je vous en parlais ici.

Une Hidalgo qui ne réunit pas

Et puis un jour, fin novembre début décembre 2021 d’après le journal Le Monde qui nous révélait hier toute l’affaire, l’ex-trotskiste, ex-militant Unef et ex-député PS Julien Dray se présente chez Hollande. Les deux hommes sont vite d’accord : la candidature d’Anne Hidalgo ne tient pas la route. Fondée sur des promesses irréalisables – voir par exemple son idée absurde de doubler le salaire des profs sur le quinquennat – elle est bien partie pour se prendre un mur monumental à brève échéance.

Bref, il y a un coup à tenter.

Un coup qui pourrait attirer la gauche macroniste qui ne se reconnait pas en Éric Woerth, éventuellement des écologistes lassés de s’effacer dans les méandres d’un micro-parti et aussi des électeurs mélenchonistes par défaut qui pourraient voir en Hollande un vote utile moins éloigné de leurs convictions.

En plus, ça tombe bien : l’ancien Président, tout gonflé de sa crédibilité présidentielle, est en pleine tournée de présentation de son dernier livre Affronter dans lequel il partage les leçons tirées de son expérience personnelle pour faire face aux défis majeurs qui attendent la France dans les cinq années à venir. On jurerait qu’il est en campagne électorale (vidéo ci-dessous, 01′ 32″) :

 

 

Le projet, aussitôt rêvé, est transformé en actions. Dans les bureaux de François Hollande, rue de Rivoli, une équipe de jeunes enthousiastes planche sur le programme typiquement social-démocrate dont Hollande avait décliné les grandes lignes dans un entretien accordé au Parisien dès octobre dernier. Notamment, retour de la planification étatique pour réussir les mutations énergétiques et économiques qui s’imposent, redistribution via des chèques décarbonation et dotation universelle de 10 000 euros pour tous les jeunes de 18 ans.

Tout était prêt. François Hollande n’avait plus qu’à annoncer sa candidature, explique Maxime Boutron, haut fonctionnaire rescapé du cabinet de Michel Sapin à Bercy :

En vingt-quatre heures, on pouvait lancer une campagne. En coulisses, on avait une trentaine d’experts enthousiastes, fiers du bilan de François Hollande en 2017 et qui voulaient le poursuivre : la redistribution, l’émancipation, mais aussi des déficits maîtrisés, un chômage en baisse… Ils n’attendaient qu’une chose : qu’il appuie sur le bouton.

 

Une déclaration de François Hollande qui tarde à venir

Mais le feu vert tarde à venir.

Et puis soudain, le 23 janvier, coup de théâtre. Alors que François Hollande n’avait jamais dit clairement qu’il avait effectivement pris la décision de se présenter, il se livre devant des lycéens à des confidences étonnantes qui ne manquent pas d’agiter le landerneau politique et de réjouir ses proches. « Pour l’instant », il n’est pas candidat. Mais comme « ça ne va pas bien » – sous-entendu, à gauche – forcément, il s’interroge. Et d’annoncer ensuite, en réponse à un élève qui lui demande s’il va prendre une décision bientôt, qu’il va « en tout cas, prendre la parole bientôt » (vidéo ci-dessous, 31″) :

 

Depuis, vous l’aurez noté comme moi, François Hollande n’a pas pris la parole (à part sur la question de la guerre en Ukraine à propos de laquelle Emmanuel Macron a consulté les anciens Présidents). Apparemment, il avait posé une limite à sa candidature implicite : ne rien faire qui puisse accélérer la chute d’Anne Hidalgo. Or cette dernière, forte de 1440 parrainages, s’accroche à ses 2 % comme si elle se voyait déjà Premier ministre d’Emmanuel Macron.

Obstacle réel ou prétexte opportun pour lâcher un rêve qui devenait de moins en moins attrayant à mesure qu’il gagnait en réalité ? En tout état de cause, force est de constater que l’opération du grand retour de François Hollande a tourné court : la date de clôture des candidatures présidentielles est largement dépassée et le Conseil constitutionnel n’a jamais fait état que d’un seul parrainage obtenu sur son nom. Une faiblesse étonnante qui trahit une motivation chancelante.

Côté Hollande cependant, l’aventure continue :

Le Parti socialiste, c’est mon histoire. Je ne me suis pas engagé toute ma vie pour regarder des morceaux éparpillés. 

Le cas de la présidentielle étant tranché, il lui est maintenant possible de rêver à de nouveaux lendemains enivrants. Il se raconte justement qu’il préparerait une candidature pour les élections législatives. Pas tout à fait aussi glorieux que Capitaine France, mais nettement plus flatteur que simple potiche. Ou citrouille.

Mais l’important, c’est de continuer à exister, c’est de continuer à être incontournable. Et d’en convaincre le PS, les journalistes et si possible, les Français. Après tant d’efforts, peut-être Hollande parviendra-t-il à se hisser au sommet du palmarès des Présidents préférés des Français comme Chirac et de Gaulle. Pour l’instant (enquête IFOP 2019), il est bon dernier avec seulement… 1 % des voix ! Dur, dur…

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