Le mot « gay » est-il devenu interdit en Floride ?

Avec la loi rebaptisée « Don’t say gay » les républicains montrent à nouveau qu’ils préfèrent s’attaquer à des problèmes qui n’en sont pas afin de satisfaire leur base ultraconservatrice.

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Le mot « gay » est-il devenu interdit en Floride ?

Publié le 15 mars 2022
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Pour les médias démocrates – pardonnez la redondance – tout ce qui émane du parti républicain semble venir du plus profond de l’enfer. C’est le cas avec une loi récemment votée en Floride, que les médias et ses opposants ont baptisé Don’t say gay (« ne dites pas gay »).

Des entreprises ont embarqué dans ce bateau, montrant leur indignation sélective. Disney, qui a une forte présence à Orlando, a contacté le gouverneur pour faire part de sa supposée inquiétude envers la loi. Toutefois, quand il s’agit de faire des milliards en Chine, un génocide allégué ne suffit pas pour que la maison mère de Mickey se lève.

Trahir la confiance de l’élève

Oh, il ne fait pas de doute que cette loi pose plusieurs problèmes. Comme trop souvent, les supposés partisans d’un gouvernement limité s’immiscent dans la vie des individus de façon démesurée au nom de bonnes intentions, soit le bien-être des élèves et les droits des parents.

Les paragraphes c1 et c2 prennent 30 lignes pour obliger les écoles à divulguer aux parents si l’état mental ou physique de leur enfant présente un changement majeur. Elles pourraient taire de telles informations si « une personne raisonnable croit qu’une telle divulgation pourrait causer des abus ou un abandon. »

Étant moi-même gay, je comprends très bien le tollé autour de cette loi. J’ai mis beaucoup de temps de difficultés à m’accepter, et laisser d’autres personnes décider à ma place quand et à qui révéler ma vraie identité aurait pu être fatal. En effet, comment aurais-je pu faire confiance à d’autres personnes si elles m’avaient trahi de la sorte ? Si j’ai attendu d’avoir 23 ans avant de sortir du placard, c’est que je n’étais pas prêt avant. Le secret professionnel des psychologues scolaires (et la discrétion de mon oncle) ont très certainement maintenu ma santé mentale.

Et comment une école peut-elle déterminer si la révélation desdits changements physiques et/ou psychologiques peut causer préjudice à l’élève ? Elle se trouve ainsi dans une position intenable où toute action peut avoir un impact nettement négatif, pour elle ou pour l’élève.

Le paragraphe c3 interdit les discussions sur l’orientation sexuelle quand ce n’est pas « approprié pour l’âge ou le niveau de développement de l’enfant ». On propose encore une fois l’alternative du diable pour les écoles : quel standard objectif détermine si un enfant est assez mature pour qu’on discute de sexualité ? Surtout que le paragraphe c4 permet aux parents et étudiants d’obtenir une injection, aux frais de l’école, si les pratiques de cette dernière viole l’esprit du précédent paragraphe.

Éviter de devenir un épisode de South Park

Toutefois, le paragraphe c3 contient quand même un élément qui semble raisonnable : ne pas « encourager les discussions sur la sexualité ou l’identité de genre au primaire », soit jusqu’en 5e année (sur 12) environ.

Bien que je ne supporte pas un ban unilatéral, je suis d’accord que de telles discussions en classe devraient attendre que l’élève commence au moins sa puberté, soit vers justement la 6e ou 7e année. Dépendant de sa prévalence chez les élèves, on pourrait bien discuter d’homoparentalité, mais c’est tout.

Sinon, un autre épisode de South Park pourrait être réel. Si vous croyez que Ray Parker et Matt Stone avaient exagéré au sujet de l’enseignement de la sexualité depuis la maternelle, détrompez-vous. Avec l’emprise de la mouvance woke sur les mœurs, cet épisode est presque devenu un documentaire.

Notamment :

  • Plusieurs écoles et bibliothèques ont des heures de lecture avec des drag queen. Pourquoi avoir recours à ces personnes pour faire la lecture aux enfants ?
  • Certains groupes veulent que l’on discute d’identité sexuelle dès la prématernelle (4 ans). La Californie encourage ce genre de discussion dans son programme scolaire de maternelle, et les adolescents pourraient même apprendre au sujet de pratiques fétichistes controversées.
  • Au nom de la célébration de l’identité de genre, des parents peuvent entamer des procédures difficilement réversibles pour leur enfant, même si l’autre parent est réticent. Les activistes oublieront convenablement ces mêmes personnes quand elles tenteront de renverser le choix qu’elles regretteront plus tard. Certes, plusieurs semblent le faire par pression sociale…

 

Bref, les républicains montrent à nouveau qu’ils préfèrent s’attaquer à des problèmes qui n’en sont pas afin de satisfaire leur base ultraconservatrice. Certes, parler de sexualité avec des enfants semble déplacé, mais est-ce vraiment la place de l’État pour trancher la discussion net ?

Si le gouverneur De Santis était vraiment partisan d’un gouvernement limité, il aurait simplement laissé cours à la loi de 2021 qu’il a signée sur le choix scolaire. En effet, des parents insatisfaits de l’enseignement dans l’école de leur enfant n’auraient qu’à en choisir une autre.

Si ladite école perdait trop d’élèves, elle n’aurait pas d’autre choix que de changer son programme, sous peine de fermeture.

Voir les commentaires (8)

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  • Articles plein de bon sens.
    Bon sens qui semble avoir quitté la communauté woke qui va aussi loin dans l’affirmation des identités de genre au mépris de la conscience éclairée des jeunes concernés que la pression sociale l’empêchait jusqu’il y a encore lieu de temps dans le monde occidental et pendant encore très longtemps dans le reste du monde.
    N’oublions que ce phénomène ultra médiatisé n’est partage sur par une infime minorité du monde. Partout ailleurs, pour des raisons religieuses souvent c’est l’obscurantisme sur le sujet ou une acceptation parfois surprenant a nos yeux mais qui est finalement peut-être la bonne solution : s’accepter et accepter chacun comme il est pour ce qui est.

  • Avatar
    jacques lemiere
    15 mars 2022 at 8 h 08 min

    je dois dire que gay m’agace un peu.. parce que gay c’ets d’abird gai ou joyeux..
    mais homosexuel aussi ..parce que la sexualité a d’abord à voir avec la reproduction..

    je ne sais pas mettre de mots sur le fait que deux personnes de meme sexe responsables font ce qu’ils veulent de leurs corps , j’ai le droit d’en penser ce que je veux..
    mais je n’ai pas le droit de les en empêcher ..

    les sociétés ont le droit le plus strict de les désapprouver moralement..

    Au passage la liberté a rien gagner avec la reconnaissance fiscale du mariage gay.. ( mais aussi mariage, blanc, gris etc…)
    Il n’y pas de différence entre sa reconnaissance et son rejet…

    ça ne devrait pas regarder l’état..

    ça ne devrait pas concerner l’état…avec qui je vis..

    je n’accpete que l’intervention de la société pour pouvoir exiger que faire un enfant entraine des responsabilités qui doivent être reconnues..et rendues publiques..

    On régresse en terme de libertés..

    • Tout à fait d’accord.
      On a une « pente glissante » par excellence ici. Devoir ne pas légiférer contre les actions des gens de telle ou telle orientation sexuelle ou de telle opinion ou autre, ne signifie pas devoir apporter en permanence une approbation morale ou autre à leurs actes.
      Je ne dois pas tuer les socialistes juste parce qu’ils sont socialistes ni faire de lois les empêchant d’agir au nom de leur socialisme (pour eux et eux seuls, par contre) mais j’ai parfaitement le droit de trouver le socialisme moralement abominable et pratiquement dangereux. J’ai même le droit de lutter chaque seconde de ma vie contre cette « maladie mentale »…

      Et pour en revenir à la sexualité, les adultes ont celle qu’ils veulent, les parent peuvent et doivent éduquer celle de leurs enfants comme ils le veulent, c’est le droit et leur devoir, jamais celui d’une organisation extérieure, école, Etat ou autre !

  • Merci d’avoir confirmé que le mot gay n’est absolument pas interdit en Floride et que ceux qui préfèrent s’attaquer à des problèmes qui n’en sont pas sont bien les progressistes et non pas les conservateurs… 😉
    « Toutefois, le paragraphe c3 contient quand même un élément qui semble raisonnable : ne pas « encourager les discussions sur la sexualité ou l’identité de genre au primaire », soit jusqu’en 5e année (sur 12) environ. »
    Vous venez de citer justement le paragraphe qu’aucun woke progressiste n’a lu et qui rend toute la loi cohérente et totalement justifiée. En effet les profs wokes sont un danger pour les enfants de ces âges qui n’ont pas la possibilité intellectuelle pour répondre ou argumenter. Et ce n’est absolument pas à l’école de faire ce genre d’éducation.

  • C’est promis, je ne dirai plus le mot Gay,
    je me contenterai de dire Enculé.

  • Avatar
    jacques lemiere
    15 mars 2022 at 17 h 55 min

    en fait l’école est NORMALEMENT conformes aux souhaits des parents.

  • En effet, cette loi n’est pas une loi « anti-gay » comme les wokes veulent le dire (et comme certains homosexuels même bien intentionnés comme ici semblent le penser). Elle n’est pas une loi qui « se mêle de la vie privée des autres »… Au contraire !
    C’est une loi qui dit aux écoles (publiques) de se mêler de leurs affaires et de ne pas intervenir dans la vie des enfants et l’éducation que les parents veulent leur donner.

    Et comme c’est une loi faite par un fasciste ultra-conservateur et anti-gay, elle ne bloque les écoles dans leur intrusion dans l’éducation affective et sexuelle que les parents veulent donner ou non à leurs enfants (petits) que pour le primaire !!! Quelle intrusion machiavélique ! Empêcher les serviteurs de l’Etat de dire aux enfants ce que la sexualité, l’affectivité sont etc. et évincer les parents de ces discussion, et uniquement pour des mineurs d’âge très réduit, c’est clairement du socialisme anti-gay.

    J’ai connu l’auteur plus inspiré ou moins biaisé. Mais bon, on peut sans doute l’excuser au nom de son statut de « gay » ? A moins que ça ne soit l’excuse la plus bidon jamais vue à un article mal ficelé sur Contrepoints ?

  • Sinon, au niveau du dernier paragraphe…
    Si un Etat finance une organisation (les écoles publiques) il a le droit d’en réguler le « curriculum ». Ca ne dérange personne qu’il délègue à tel ou tel « panel » le contenu des cours de maths et qu’il indique par exemple « on n’enseignera pas les équations aux dérivées partielles avant le troisième cycle » ou je ne sais quoi, je ne vois pas en quoi il ne devrait pas aussi réguler les curricula portant sur le « non strictement scolaire »…

    Bien sûr, de façon ultime, les parents ont le choix… S’ils sont réellement mis au courant des enseignements « non scolaire », ce que les profs de l’enseignement public US semblent notoirement renâcler à faire !

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