Macron débattra donc avec lui-même

Emmanuel Macron n’aime pas le débat, et n’aime pas se justifier devant les institutions démocratiques ou ses édiles. En bon technocrate, il multiplie les stratégies d’évitement pour ne jamais avoir à répondre de ses décisions.

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Macron débattra donc avec lui-même

Publié le 11 mars 2022
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« Je préfère le débat avec les Français. C’est ce que je leur dois. »

C’est ce que déclarait Emmanuel Macron sur LCI lundi dernier. Au grand dam de ses concurrents à l’élection présidentielle, le candidat président ne prendra pas part aux débats avant le premier tour du scrutin. Régression monarchique pour les uns, retour à l’esprit « vertical » de la Ve République pour les autres, cette décision lui permet d’éviter l’exercice désagréable d’être jugé sur un bilan que seule la Macronie juge positif.

Entre l’explosion de la dette publique, la répression des Gilets jaunes, le traitement soviétoide de la crise sanitaire, l’embourbement de la réforme des retraites et l’érosion générale des libertés publiques comme de l’esprit de l’État de droit, le débat promettait d’être sportif, peut-être même pénible.

Macron n’aime pas débattre

Mais Emmanuel Macron n’aime pas le débat et n’aime pas se justifier devant les institutions démocratiques ou ses édiles. En bon technocrate, il multiplie même les stratégies d’évitement pour ne jamais avoir à répondre de ses décisions devant la plèbe.

Quand, malheureusement pour lui, il est ramené à la démocratie, il invente des institutions et des procédures pseudo-démocratiques pour justifier ses décisions, ou pire, son absence de décision. Qu’on se souvienne du bidule citoyen pour justifier ses réformes écologiques catastrophiques ou la pseudo consultation post-crise Gilets jaunes qui n’a abouti à rien.

Pour la présidentielle, c’est un peu la même chose : à Poissy, la conversation « spontanée » que le candidat Macron a eu avec les Français s’est révélée largement chorégraphiée. Petit à petit, le président candidat s’enferme dans sa bulle pour ne pas avoir à rendre compte, et ne veut discuter qu’avec lui-même et ses semblables. Après tout, à quoi bon se mettre en danger si à la fin le risque de ne pas être réélu est quasi nul ?

La responsabilité des gouvernants devant les gouvernés, fondement du consentement libéral aux institutions, s’efface ici sans bruits.

C’est en monarque républicain qu’Emmanuel Macron a suspendu le pass sanitaire, sans l’abolir vraiment. Sans justification vraiment scientifique, en ignorant les acrobaties juridiques du Conseil d’État pour adouber sa nature discriminatoire, la Macronie assouplit le régime d’exception sanitaire le temps de l’élection.

Macron face au populisme

Face à une technocratie qui confisque le débat démocratique et neutralise les formes du gouvernement représentatif, le discours populiste gagne chaque jour en visibilité et en popularité. Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Éric Zemmour et beaucoup d’autres exploitent le travers centralisateur, technocratique et jacobin de nos institutions pour entretenir leurs discours anti-élites.

Parce que la République a été cartellisée par la bureaucratie et la classe politique, il faudrait en abolir toutes les formes légales pour que le peuple puisse enfin avoir le pouvoir sur lui-même. Le discours populiste offre la tyrannie majoritaire comme solution contre la tyrannie de l’expertise. Dans les deux cas, la liberté individuelle s’efface, les collectivismes s’installent durablement.

Pour reprendre une expression imagée de Jacques Garello, les Français se retrouvent pris en tenaille entre le virus du despotisme et le virus du populisme, qui sont deux tentations de gouverner sans la loi, au gré des rapports de force entre groupes d’intérêts et coalitions politiques. Qui pour prescrire le vaccin libéral qui libérera le pays ?

 

Voir les commentaires (21)

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Créer un compte Tous les commentaires (21)
  • Comment ne pas comprendre ce refus de débat après avoir assisté au spectacle consternant du suicide en direct des deux candidats d’hier soir ?

    • Un debat Macron-Zemmour aurait une autre tenue, et surtout serait passionnant.

      • Pour ceux contre Macron, on ne vote pas pour un président, mais pour un spectacle. Une joute orale télévisée, et comme le catch le vainqueur est désigné d’avance. Ma voix ira donc à celui qui fera le meilleur combattant, car à défaut d’avenir pour le pays, je vais pouvoir aller au cirque.
        J’hésite en Zemmour et Mélenchon.

  • Qui ? Personne car les cartels ont chacun leur clientèle de protégés et ces minorités de protégés finissent par faire une majorité de blocage visceralement hostile au libéralisme lequel remettrait en cause leurs fromages.

  • La manipulation du maire de Poissy est absolument grotesque et symptomatique du mélange des genres.
    Karl Olive, qui a déclaré qu’il n’y avait évidemment pas d’anti vax sur le plateau, intervient régulièrement sur Cnews pour donner son avis sur tous les sujets, roule pour Macron depuis le début, à moins que sa conversion sincère soit toute récente, sondages aidant.
    Quant à Macron, on se demande bien pourquoi il aurait peur du débat, avec autant d’atouts dans son jeu.
    Connait-il des sondages secrets qui le rendent moins optimiste ?

  • Débattre, assumer son bilan, prendre ses responsabilités : des notions inconcevables pour le roi.
    En cinq ans, je ne l’ai entendu qu’une seule fois avoir un léger remords : celui d’avoir promis qu’il supprimerait le glyphosate en trois ans alors qu’il n’a pas réussi. Tout le reste du temps, c’est auto-congratulation, méthode Coué, aveuglement volontaire, demi-mensonges et contre-vérités, diversion.
    Pourquoi aller débattre avec un bilan cataclysmique, alors que c’est si facile de laisser les autres candidats se déchirer entre eux, et que tout est plié d’avance dans cette parodie d’élection à venir ?
    D’après les derniers sondages, 30% de gens comptent voter Macron, 80% de gens pensent que Macron sera réélu. Si je compte bien, ça fait 50% de gens qui ne compte pas voter pour Macron mais sont résignés à le voir gagner : dommage que tous ces gens n’aient pas un vrai candidat d’opposition pour les regrouper.

    • Au second tour, ils seront plus de 50 % à voter pour lui. Et s’il est à 30 % au premier, les autres sont bien plus faibles. Le delta n’est pas de 50 mais de 30.
      Cette élection est un concours, pas un examen. Il ne faut pas être excellent, il faut juste être meilleur que tous les autres.

      • Vous oubliez les abstentions. C’est bien 50% qui sont résignés et ne se déplaceront pas. 30% pour EM et 20% pour MLP.

        • L’abstention aux présidentielles, c’est entre 15 et 30 % .

          -4
        • Sauf que je pense que parmi les abstentionnistes, il y a plus de partisans qui penchent ves la droite que la gauche… Même s’ils ont « peur » que l’extrême drouate prenne le pouvoir et fasse revivre « les heures les plus soommbreees de notre histouare ! » 😉

    • Enlever le demi à mensonges s’il vous plaît

  • Il y a bien des candidats mais pour des questions certainement d’audimat les médias ont choisi à la place des français. Ce sont toujours les mêmes que l’on entend.

  • Il est bourré de défauts, dont la suffisance n’est pas le moindre. N’est pas fiable, souvenons-nous de son opposition au 80 km/h en avril 2017.
    Mais :
    – il est plutôt bon en débat, cf celui contre Le Pen
    – aucun président en exercice n’a jamais fait de débat avant le second tour, Chirac avait même snobé celui contre Le Pen.
    Son vrai problème, notre vrai problème n’est pas le débat, qui en réalité n’apporte rien de plus que les programmes. C’est que nous avons affaire, ici, à un candidat sans aucune colonne vertébrale idéologique. Qui plus est soumis à des tiraillements constants entre ses hémisphères droite et gauche.
    Dernier exemple en date : oubliée sa luxueuse réforme de la retraite à point, retour aux vieux schémas sans intelligence. Report à 65 ans. Alors qu’il était vraiment temps de penser à pousser le curseur vers la capitalisation.
    Macron sera sans doute réélu. Et nous prendrons encore 5 ans de « en même temps » et d’eau tiède.
    Et ça, c’est bien plus inquiétant que l’absence de débats.

    • Avatar
      jacques lemiere
      11 mars 2022 at 12 h 55 min

      notre vrai problème n’ets pas macron.. c’est bien le pays dans sa grande majorité qui croit en l’état..

      • @Jacques une grosse partie des gens croient en l etat parce que pour beaucoup ça marche (retraites, allocs, statuts) . Et même si la poussière sort du tapis , les médias chantent ses louanges. Mais la fin de la récré et le décès probable de Kwakilenkout (cf H16) réveilleront peut-être les naïfs et les dormeurs . Ca va piquer les yeux de certains.

        • @Val, ça marche, oui, parce que l’état, c’est ce bandit intelligent qui redistribue un petit peu de son butin à tout le monde, de sorte que tout le monde le trouve sympa ce bandit, même s’il nous a vidé les poches la veille. Toutes les grandes organisations mafieuses ont usé de ce stratagème.

  • En fait, M. Macron s’est toujours comporté en monarque, il suffit de le regarder à Versailles. Les Français sont comme des lapins pris dans les phares d’une voiture. Triste.

  • La provocation ne devrait jamais être l’apanage d’un président élu, il adore la pose devant les photographes par contre on a jamais vue sur les télés nationales, au bout d’une grande table de plus de 5m, il s’adressait à Poutine avec un mégaphone rouge et se dernier ne l’écoutait pas

  • Un vrai saint-simonien qui n’a que mépris pour les autres. Un adoubement direct pour 10 mandats par le Conseil Constitutionnel lui irait parfaitement!

  • Foutriquet préfère les monologues, quelle question!

  • Avatar
    Alain Cohen-Dumouchel
    12 mars 2022 at 18 h 12 min

    Les précédents candidats à l’élection présidentielle n’ont pas débattu au premier tour.
    Avec 12 candidats en lice le débat tournerait à une farce. Il faudrait donner autant de temps de parole à des Poutou, Lassalle, Arthaud, Zemmour et autres Jadot.
    La stratégie de Macron de ne pas débattre est stratégiquement pertinente et parfaitement conforme à l’éthique libérale. Quand aux autres, s’il veulent la parole, qu’ils la prennent !

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