Elon Musk a raison, les terres des autres planètes n’appartiennent pas aux États

Il n’existe aucun argument défendable pour revendiquer le droit d’un Etat à contrôler les citoyens privés au-delà de la Terre.

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Elon Musk a raison, les terres des autres planètes n’appartiennent pas aux États

Publié le 28 janvier 2022
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Par Thomas Walker-Werth.

Il y a des siècles, les navigateurs parcouraient les océans de la Terre à la recherche de nouveaux territoires. À cette époque, il existait encore des zones de la surface de la Terre qui n’étaient pas régies par les États – des zones sans lois, sans règlements, sans impôts, sans rois et sans politiciens. Ces frontières offraient la possibilité de créer de nouvelles sociétés fondées sur des idées radicales, libres des pièges de l’ancien monde. Les États-Unis d’Amérique sont le brillant exemple de ce que les gens sont capables de faire de tels endroits. Lorsque le pays a été fondé, les idées qu’il représentait n’avaient pas été testées, et beaucoup s’attendaient à ce qu’il échoue. Aujourd’hui, nombre de ses principes sont considérés comme acquis dans le monde entier.

Mais aujourd’hui, nous sommes confrontés à un monde qui n’a plus de nouvelles terres. Pratiquement chaque pouce du globe est sous le contrôle d’un État (à l’exception de l’Antarctique, dont le développement humain est interdit par un traité entre États). Tous interfèrent avec leur économie à des degrés divers, limitant l’innovation et l’esprit d’entreprise, et ils cherchent à influencer les gens par le biais d’une éducation et de médias gérés ou réglementés par le gouvernement. Il n’y a plus de nouvelles frontières où établir un type de société plus libre – sauf la « dernière frontière ».

Intervient Elon Musk, entrepreneur de l’espace. En à peine dix ans, par le biais de sa société SpaceX, il a davantage fait progresser le vol spatial que les agences gouvernementales n’ont réussi à le faire au cours des trente années précédentes. Il a une vision des colonies humaines sur la Lune et sur Mars, et il a aussi une vision de ce à quoi ressembleront ces colonies. Le projet de conditions de service du réseau de satellites Starlink, publié en 2020, donne un aperçu alléchant de cette vision :

Pour les services fournis sur Mars, ou en transit vers Mars via Starship ou autre vaisseau spatial de colonisation, les parties reconnaissent que Mars est une planète libre et qu’aucun gouvernement basé sur Terre n’a d’autorité ou de souveraineté sur les activités martiennes. En conséquence, les différends seront réglés par des principes d’autonomie, établis de bonne foi au moment de la colonisation martienne.

Merveilleux ! Mars a le potentiel pour devenir les prochains États-Unis.

Le seul problème, c’est que tous les États des pays de l’espace ne veulent pas que cela se produise. Ils ont tous signé le traité sur l’espace extra-atmosphérique. Ce document énonce de manière louable que « l’espace extra-atmosphérique ne fait pas l’objet d’une appropriation nationale par revendication de souveraineté », pour ensuite préciser que « les États sont responsables des activités spatiales nationales, qu’elles soient menées par des entités étatiques ou non étatiques » et que les États « conservent leur juridiction et leur contrôle » sur les vaisseaux spatiaux et « tout personnel de ceux-ci, lorsqu’ils se trouvent dans l’espace extra-atmosphérique ou sur un corps céleste ».

Bref, les États ne peuvent pas revendiquer de territoire sur Mars – ou n’importe où dans l’espace – mais ils peuvent et doivent réglementer les activités de leurs citoyens sur cette planète.

Cette extension de l’autorité étatique à travers l’espace est totalement injustifiée et impossible en pratique.

Si des personnes quittent un pays pour aller vivre dans un autre, l’État de leur pays de naissance ne continue pas à avoir juridiction sur elles. Les États qui tentent de maintenir le contrôle des citoyens partis, comme la Russie (qui envoie des espions et des assassins à la recherche de ceux cherchant la liberté à l’étranger), sont considérés à juste titre comme des tyrannies. En outre, l’idée qu’un traité puisse s’appliquer à l’ensemble de l’espace est ridicule. Si des personnes ont inventé un vaisseau capable de voler hors de portée de tout gouvernement, comment pourraient-elles être soumises à ses règles ? L’espace est gigantesque, et le fait que les États pensent qu’ils peuvent adopter des lois qui s’appliquent d’ici à Andromède témoigne de leur arrogance et de leur orgueil sans bornes.

Cela soulève une question importante.

Si les États de la Terre ne devraient pas avoir de juridiction dans l’espace, comment les gens devraient-ils décider qui peut faire quoi sur les nouveaux mondes comme Mars ? Quelqu’un a-t-il le droit de les posséder ? Cela peut sembler être une question juridique, mais fondamentalement, c’est une question morale – une question de droits de propriété. Pour cela, nous pouvons nous tourner vers le père de la liberté et le philosophe à l’origine des principes de la fondation américaine : John Locke.

Dans Le Second traité du gouvernement, Locke discute de la nature des droits de propriété :

Bien que la Terre […] soit commune à tous les hommes, chaque homme a cependant un droit de propriété sur sa propre personne : personne d’autre que lui n’y a droit. Le travail de son corps, et le travail de ses mains, pouvons-nous dire, lui appartiennent en propre. Tout ce qu’il retire donc de l’état où la nature l’a mis et l’a laissé, il y a mêlé son travail, il y a joint quelque chose qui lui est propre, et par là il en fait sa propriété. La chose ayant été retirée par lui de l’état commun dans lequel la nature l’avait placée, il lui a été annexé par ce travail quelque chose qui exclut le droit commun des autres hommes.

Les personnes productives comme Elon Musk, qui travaillent à rendre Mars et d’autres corps célestes disponibles pour la colonisation et l’exploitation humaine, ne peuvent pas le faire si leur droit d’utiliser et de bénéficier des ressources qu’elles rendent disponibles n’est pas reconnu. Si ces personnes nous amènent sur ces mondes et y installent des activités productives, pour que celles-ci soient saisies par les États qu’elles ont laissés sur Terre, cela violerait leur droit au produit de leurs efforts, et dissuaderait les autres de les suivre. À l’inverse, la reconnaissance de leurs droits de propriété les inciterait à rendre ces lieux productifs.

Après les alunissages de 1969-1972, les gens s’attendaient à ce que les agences gouvernementales nous amènent sur Mars dans les années 1980. Pendant cinquante ans, elles ont complètement échoué, trahies par leur inefficacité, leur manque d’incitations commerciales et leur dépendance à l’égard des caprices des politiciens. Aujourd’hui, des entreprises privées se préparent à nous y emmener en une fraction du temps. Ce serait une parodie morale de récompenser les innovateurs en volant le produit de leur travail.

Soit dit en passant, l’application de ce principe à un nouveau monde comme Mars ne signifie pas que la planète entière devrait appartenir à la première personne qui y atterrit. Certains ont fait valoir (en essayant d’appliquer les idées d’Ayn Rand à cette question) qu’en rendant possible le voyage depuis la Terre la première personne qui réussit à atteindre Mars a transformé cette « boule de roche virtuellement sans valeur en quelque chose de substantiel ».

Cet argument a deux défauts.

Premièrement, la boule de roche n’est toujours qu’une boule de roche après que quelqu’un a atterri dessus. Tant que quelqu’un n’a pas mêlé son travail avec elle et créé de la valeur, il n’a pas de droit de propriété sur elle.

Deuxièmement, l’inventeur d’un tel système de transport n’a pas seulement ouvert l’accès vers Mars, mais une grande partie du système solaire, et pourrait revendiquer d’innombrables autres corps également.

Cet argument revient à dire que le premier navigateur à atteindre l’Amérique aurait dû être propriétaire de l’ensemble du continent dès son arrivée, en mettant de côté la question de savoir si les Amérindiens possédaient ou non des terres. Les inventeurs et les constructeurs de vaisseaux spatiaux (comme ceux de voiliers) ont le droit de posséder et de bénéficier de ces inventions (en faisant payer les gens pour les acheter ou les utiliser), mais le droit de posséder des terres sur Mars, des astéroïdes ou d’autres lieux inhabités appartient à ceux qui les transforment en quelque chose d’utile. Si la première personne à arriver possédait la totalité de la planète, personne d’autre ne pourrait faire un usage productif de toute autre partie de celle-ci sans le consentement de ce premier visiteur. Les innovateurs n’auraient pas la possibilité de mêler leur travail à ce monde vierge, et une grande partie du potentiel de la planète resterait inexploitée, comme c’est le cas aujourd’hui. Les inventeurs d’un système de transport créent le potentiel pour rendre un lieu utile, mais d’autres le rendent réellement utile.

Imaginez l’énorme potentiel que cela pourrait ouvrir.

Mars, les astéroïdes et les lunes joviennes et saturniennes pourraient tous s’animer d’une pléthore de colonies productives différentes, chacune ayant le potentiel de s’épanouir en une nouvelle civilisation. Avec l’incitation de la propriété privée de leur côté et les États restrictifs hors de leur chemin, une nouvelle société pourrait se lever et transformer la vie humaine comme les États-Unis l’ont fait sur Terre.

Il n’existe aucun argument défendable pour revendiquer le droit d’un État à contrôler les citoyens privés au-delà de la Terre. Dans la mesure où les États continuent à essayer de le faire, ils freinent le progrès de la civilisation humaine. Nous pouvons nous inspirer de l’exemple historique des États-Unis pour vérifier ce qui pourrait arriver si une civilisation martienne se développait sous le joug des États terriens : une guerre d’indépendance.

En effet, des franchises de science-fiction comme Babylon 5 et The Expanse décrivent des colons martiens se soulevant contre l’oppression de la Terre dans des conflits sanglants. Espérons que nous pourrons éviter une telle issue dans la réalité et permettre aux colonies sur d’autres mondes de suivre leur propre voie dès le départ.

Traduction Contrepoints

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  • Doit dit en passant, Mars dans « The Expanse » est une dictature militaire… Bon… On attend avec impatience un prochain article traitant du statut juridique des personnes hybrides issues des experimentations par les extra-terrestres!

  • Les commentaires sont fermés.

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