Faire payer leurs soins aux non-vaccinés : démagogie sans limites

Faire payer les non-vaccinés pour leurs soins éventuels : cette suggestion est grotesque, fallacieuse, malhonnête. Voici pourquoi.

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Faire payer leurs soins aux non-vaccinés : démagogie sans limites

Publié le 13 janvier 2022
- A +

Le président Macron a reconnu ce mois-ci avoir bien envie d’emmerder les non-vaccinés. Et déjà en juillet 2021, il assumait d’ailleurs pleinement de leur accorder moins de droits qu’au reste de la population française :

Partout nous aurons la même démarche : reconnaitre le civisme et faire porter les restrictions sur les non-vaccinés plutôt que sur tous.

Nous ne nous étonnerons donc pas que l’instillation pernicieuse de ce poison idéologique fasse des émules, et que l’on lise de ci de là des incitations à faire payer leurs soins aux non-vaccinés.

Cette suggestion est grotesque, fallacieuse, malhonnête. Voici pourquoi.

1. Les non-vaccinés payent DÉJÀ pour leurs soins

Comme tous les Français qui paient des cotisations sociales, les non-vaccinés payent leur accès à la Sécurité sociale par des prélèvements sur leurs salaires ou via les versements à l’URSSAF et autres organismes de collecte obligatoire.

On peut même ainsi dire que les Français financent d’avance leurs soins médicaux. On a tendance à l’oublier, parce que ces prélèvements sont supposés être invisibles, indolores… mais nous payons tous d’avance pour le pot commun des soins.

Pourquoi priver une partie des cotisants des soins qui leur sont dus ? Vont-ils devoir payer deux fois ?

Cette proposition est cependant habile et pernicieuse : on laisse entendre que les finances de la Sécurité sociale seraient mises à mal par des non-vaccinés, jetant ainsi l’opprobre sur eux. C’est le meilleur moyen d’emporter l’adhésion des Français, si attachés à leur système de santé. Serait-ce là une manœuvre politique pour commencer à suggérer que la Sécu pourrait bien un jour ne plus prendre en charge les soins de certains patients (et non plus de certains soins) ?

2. Si le non-vacciné est privé de soins dits gratuits, qui sera le prochain ?

Car ne nous leurrons pas, si aujourd’hui il est de bon ton de prôner un accès aux soins différencié selon l’état vaccinal des patients, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas faire payer leurs soins aux obèses vaccinés ? Après tout, ils mettent également le système de santé au bord de la rupture en n’ayant pas pris soin de leur corps et en augmentant leurs facteurs de risque… Et les fumeurs ? Ces inconscients qui abîment leurs poumons aux frais du contribuable ? Ou ceux qui ont mangé trop de sucre ? Pas fait suffisamment d’exercice ?

Non, ne nous leurrons pas : avec un pass sanitaire ou vaccinal, ou quel que soit le nom qu’on lui attribuera, avec une collecte de données personnelles de plus en plus intrusive, il sera de plus en plus facile de pister votre comportement, de vous pénaliser si vous n’avez pas suivi telle ou telle recommandation officielle.

3. Plus d’accès gratuit aux soins = plus de participation à l’effort collectif

S’il est acté que les non-vaccinés doivent payer leurs soins médicaux, alors on atteint les limites du consentement à l’impôt, à la taxe, à la cotisation obligatoire. Si ceux qui payent pour eux-mêmes et pour les autres se voient désormais obligés de ne payer que pour les autres (ce qui se fait déjà de manière plus ou moins consentie) sans le moindre bénéfice personnel, on peut imaginer que le monopole de la Sécurité sociale pourrait tomber, afin de laisser ces « mauvais patients » choisir leur assurance privée. Mais ne rêvons pas trop : l’État se priverait alors de contribuables précieux, et il y a fort à parier qu’il n’accepterait pas de lever l’obligation de cotiser à la Sécurité sociale.

D’ailleurs, on le voit bien avec les taxes sur le tabac ou sur l’alcool : bien que ces produits soient décriés par l’État lui-même, il s’enrichit encore avec les taxes qu’il perçoit sur ces produits.

Récemment, le Président a lui-même poussé un plus loin la discrimination en laissant entendre qu’un non-vacciné est un « irresponsable », donc « n’est plus un citoyen ». Le non-vacciné ne serait plus bon qu’à payer sans avoir aucun droit en retour. Comme le dit votre éditorialiste préféré, « ça va bien se passer »…

Priver les non-vaccinés de la supposée gratuité des soins est donc une idée totalement démagogique, qui sert encore une fois à diviser les Français, les pousser vers l’acceptation de ségréguer une partie de leurs concitoyens. Elle est loin la devise « Liberté, Égalité, Fraternité »…

Image : bank robbery BY frankieleon (CC BY 2.0)

Voir les commentaires (19)

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  • Merci, ce fût un régal de vous lire. C’est une approche réaliste et tellement vraie. En Suisse je paie aussi ma sécurité sociale (assurance maladie en Suisse) pour payer des opérations de personnes souhaitant changer de sexe… du grand bonheur 🙁 tristesse de notre monde.

    • Avatar
      LasciatemiCantare
      13 janvier 2022 at 14 h 23 min

      Sauf erreur, l’assurance maladie, bien qu’obligatoire en Suisse, n’est-elle pas fournie par des organismes privés ?

  • D’autres pays ont préféré mettre en place une contribution pour les non-vaccinés (Italie, Grèce, Autriche, Québec). Est-ce que le libéralisme ce n’est pas aussi assumer individuellement ses prises de risque plutôt que de les faire supporter à la collectivité ?

    -9
    • A partir du moment qu’on ne nous pompe pas l’argent de manière automatique pour alimenter un pot commun, votre propos est biaisé.
      J’accepterais personnellement volontier de payer mes soins, seulement si je peux choisir mon assurance maladie. Pour info, vous êtes obligé de cotiser à la Secu… Et dernièrement, j’ai regardé ma fiche de paie pour rigoler : 700€ de cotisation pour ma part (une grosse partie sur les charges patronales, mais cela ne change rien au problème)… Je pense que pour ce montant, je peux avoir une belle assurance maladie privée, surtout avec mon statut médical actuel…

    • Avatar
      LasciatemiCantare
      13 janvier 2022 at 10 h 10 min

      Je répète l’article, dans un système d’assurance maladie publique collectivisé, c’est NON. Ou alors les « preneurs de risques », qui incluent également les obèses, les fumeurs, les sportifs de l’extrême, les chauffards, les motards et j’en passe ont parfaitement le droit de ne plus cotiser à la sécu.

      La contribution démagogique mise en place par ces pays est donc clairement discriminatoire, d’autant plus que les vaccins contre le Covid sont très loin de constituer une protection parfaite, et encore moins avec Omicron. Le concept de « prise de risque » est aussi fortement sujet à débat dans le cas d’une maladie très peu létale et qui ne touche pas de la même manière (voire pas du tout) toutes les catégories de la population et toutes les tranches d’âge.

    • A tout point de vue, NON.
      1. Il y a d’abord l’argument de la pente fatale : aujourd’hui le covidé non vacciné, demain le cancéreux du tabac, ou le skieur sportif ?
      2. Ces gens ont payé, ils ont droit au respect de leur contrat ; c’est une des bases du libéralisme.
      3. On ne change pas les règles unilatéralement en cours de partie. Ou alors : – vous ne voulez pas honorez votre partie, je refuse de continuer à payer mon « dû », et vous me remboursez des sommes déjà payées. On peut parier que cette contre-offensive va en effrayer immédiatement plus d’un, chez nos « (ir)responsables ».
      4. Libéralisme ou pas, notre système d’assurance-maladie repose sur un… système d’assurance. Tout le monde paie solidairement pour la petite partie de la collectivité qui en aura besoin. Aucune solidarité ne peut tenir si ce principe est remis en question au premier virage.
      5. Cette mutualisation du risque est nécessaire de fait dès lors que les sommes en jeu sont importantes. On peut se permettre de refuser une « assurance casse de portable » (quelques centaines d’euros). Un peu moins la tout-risque d’une voiture neuve. Et pas du tout celle d’un séjour à l’hôpital, quand une vie est en jeu.
      6. A propos de vie en jeu, comment considérer le refus de soin d’un patient covidé, non vacciné et peu fortuné, si d’aventure, cette proposition loufoque et mortifère voyait le jour ? Non-assistance à personne en danger ? Je remarque que les vrais médecins, ceux qui soignent, même harassés par deux ans d’épidémie, se refusent à proférer de telles sottises. Le serment d’Hippocrate, cela signifie encore quelque chose, au moins pour eux.

      • Et pourtant l’assurance n’est pas au même prix selon votre qualité de conducteur …
        Et pourtant la contrepartie du libéralisme c’est la responsabilité personnelle
        A partir du moment ou il est acquis que la vaccination protège des cas graves pourquoi l a collectivité doit payer pour La liberté personnel d’un quidam averti ?
        chaque année des irresponsable partent en montagne sans équipements même par drapeau noir ,les heures d hélicoptères et les couts de recherche sont pris en charge par la collectivité est ce normal? etc etc … la société ou chacun fait ce qu il lui plait mais dont les conséquences sont pour la collectivité a des limites

        • Pourquoi pas, mais à ce moment-là il faut que ce soit le même principe qui s’applique à tous les « risques », autrement dit une assurance santé à la carte, autrement dit la fin de la Sécurité Sociale. Il faut aller au bout du raisonnement et ne pas l’appliquer à la seule vaccination contre le Covid.
          Sachant qu’une prise en compte individualisée de tous les risques pris par les uns et les autres ne pourra jamais être parfaite non plus.
          Mais il faut à nouveau pointer l’hypocrisie consistant à n’appliquer qu’à la vaccination contre le Covid ce principe de responsabilité personnelle.
          Et cela, faut-il le rappeler, en grande partie parce que le gouvernement a, dans la lignée des précédents, baissé le nombre de lits à l’hôpital alors que c’est l’inverse qu’il fallait faire, puisque à la fois la population augmente et que le % de personnes âgées (les plus concernées par l’hospitalisation) augmente : +4 millions de +65 ans en vingt ans.
          Beaucoup, vraiment beaucoup d’hypocrisie dans cette affaire.

  • cette mesure est arbitraire..
    le système est arbitraire
    les systèmes collectivisés sacrifient toujours la liberté des minorités.. pour faire des économies à la majorité ou satisfaire son idéologie.

    on applique une logique « assurancielle au seul covid ».. parce que le covid franchit une limite quantitative que seul l’etat connait.. c’est « grave ».. pour le système..

    on ne le fait pas pour la grippe;. car la grippe « c’est pas grave »..
    les grossesses non désirées sont évitables au fait..

    la gravité est donc définie par ce qui dépasse les moyens planifiés..
    notez qu’il suffit de changer les moyens planifiés pour augmenter la surface de la gravité..

    On va le répéter.. le problème est avant tout que les zozos on lancé un « on est prêt »… qu’ils ne cessent de prétendre pouvoir anticiper des trucs non planifiables..et ce au meilleur cout..

    que vont ils nous pondre pour anticiper la prochaine crise?

    où vont ils construire la digue? et à quelle hauteur?

  • et comment les non vaccinés pourraient-ils payer leur soins étant donné qu’on leur interdit d’aller bosser et que leur revenus sont suspendus ? il faut vraiment être à côté de la plaque pour avoir des idées aussi débiles ;

  • Comme mentionné, on pourrait aussi vouloir taxer les obèses, les fumeurs…. mais allons plus loin : pourquoi un gars qui respecte les limitations de vitesse devrait payer les soins d’un accidenté qui roulait trop vite ? Pourquoi le gars qui n’a pas les moyens d’aller au ski devrait payer les soins d’un skieur qui se casse une jambe ? Pourquoi le fumeur de cannabis devrait payer pour les soins d’un héroïnomane qui fait une overdose ?
    Et effectivement, on peut aussi se poser la question hors du domaine de la santé. Pourquoi les impôts d’un non-vacciné financent encore des lieux publics auxquels il n’a plus accès ? Pourquoi ceux d’un type qui n’a pas de voiture financent aussi l’installation de radars automatiques ? Pourquoi ceux d’un type sans enfants financent aussi l’éducation nationale ?
    Etc, etc.
    Quand on voit le Québec retirer à un père son droit de garde sous prétexte qu’il est non-vacciné opposé aux consignes sanitaires et donc qu’il « n’est dans l’intérêt d’aucun de ses enfants de voir leur père », on se dit que la stupidité peut aller encore beaucoup plus loin, et très rapidement.
    Individualisme, division, anxiété, extrémisme, repli sur soi, conservatisme, voilà ce qui flambe de nos jours, et largement plus que le nombre de cas de Covid. Une effrayante régression dans les droits fondamentaux, dans les libertés, dans les mentalités.
    Et ça fait à peine deux ans qu’on a découvert le mot « Covid ».
    Elon Musk, si tu nous lis, la Terre est en train de devenir invivable et le dérèglement climatique n’y est pour rien, alors accélère ton programme pour Mars stp, il nous faut une issue de secours.

    • Avatar
      LasciatemiCantare
      13 janvier 2022 at 14 h 30 min

      Le Québec, en plus de partager notre langue, partagerait-il aussi le glissement autoritaire auquel fait face la France ? Ségrégation sanitaire et maintenant instauration d’un délit d’opinion, avec sanctions abjectes, quand on n’est pas d’accord avec la doxa gouvernementale ? La Cour Fédérale canadienne peut-elle faire barrage à ce genre de jugement inepte ?

      • Si seulement c’était juste le Québec : Trudeau a quand même expliquer il y a peu que les non-vaccinés sont des extrémistes racistes et misogynes n’ayant souvent aucune connaissance scientifique.

  • « C’est le meilleur moyen d’emporter l’adhésion des Français, si attachés à leur système de santé. »

    C’est surtout le meilleur moyen de les conforter dans l’idée qu’ils ont intérêt à aller cotiser ailleurs qu’à la Sécu obligatoire!

  • A minuit, dans un bistrot, prononcés assis ou debout, ces propos passeraient déjà comme révélateurs d’une alcoolémie excessive.
    Mais, à jeun, dans la bouche de « responsables » politiques ou médicaux, ils confinent à la folie furieuse.
    Comment croire, après coup, au simple bon sens, je ne parle même pas d’intelligence ou de compétence, de nos élites, quand une partie non négligeable de celles-ci s’abêtit de manière aussi décomplexée ?

  • « Faire payer leurs soins aux non-vaccinés ».
    La belle affaire, j’ai rendu récemment visite à un chirurgien, j’ai payé 80 Euros,
    remboursé…… 2,90 Euros. Cela fait des décennies que l’on paye nos soins (en plus des cotisations).
    L’assurance maladie est morte depuis longtemps, on attend juste la publication
    de son acte de décès.
    Au fait, les 50 milliards de fraude annuelle aux prestations sociales sont payées par qui ?

  • Je suis fonctionnaire et n’adhère pas toujours à certains propos à l’emporte-pièce lus ici. Toutefois je remarque que pour la défense des libertés, sur Contrepoints, vous tenez la route, beaucoup plus que sur les autres forums. Bravo les libéraux ! Et merci pour votre bon sens.

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