Tickets-restaurants : une polémique qui en dit long

Et si on laissait les Français dépenser leur argent comme ils le souhaitent ? Sacha Benhamou appelle à la fin du paternalisme afin de donner davantage de liberté de choix aux salariés.

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Tickets-restaurants : une polémique qui en dit long

Publié le 17 novembre 2023
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Le gouvernement a été cette semaine confronté à un nouveau psychodrame : la fin programmée au 1er janvier 2024 de la dérogation permettant d’acheter n’importe quel produit alimentaire avec un titre-restaurant.

En effet, Bercy n’avait pas prévu de reconduire cette dérogation, adoptée durant la crise liée au Covid-19 alors que les restaurants étaient fermés : bronca immédiate parmi l’ensemble des partis d’opposition et des salariés maintenant habitués à faire leurs achats alimentaires quotidiens avec ces chèques subventionnés. Le gouvernement s’est vu obligé de rétropédaler dans les 24 heures. Ne trouvant pas de véhicule législatif parmi ceux qui étaient programmés pour y ajouter un amendement, les groupes de la majorité ont déposé une proposition de loi qu’il a fallu faire entrer au forceps dans le calendrier législatif serré de fin d’année.

On ne peut que déplorer que cette prise de conscience de dernière minute n’ait pas permis, une nouvelle fois, un débat plus large sur les raisons de la colère et l’opportunité du dispositif. Si les Français sont friands de ce bonus en pouvoir d’achat, ils semblent moins réceptifs à ce qu’on leur dise comment gérer leurs dépenses. Le titre-restaurant a été largement détourné de son intention initiale, et on peut s’interroger sur l’actualité de son opportunité.

Le titre-restaurant a été inventé par Jacques Borel, industriel de la restauration, qui vendait aux entreprises ces titres valables chez des restaurateurs partenaires comme des avantages sociaux. En 1967, il convainc le gouvernement de Georges Pompidou de leur donner un cadre légal et de faire bénéficier d’avantages fiscaux la part financée par l’employeur. Le but de cette politique publique était tout autant de fournir un repas sain aux salariés ne disposant pas de restauration collective, que de diriger une partie des revenus salariés vers le secteur de la restauration. Mais en 2010, une partie de la manne est dirigée vers la grande distribution : le gouvernement autorise alors l’achat d’aliments directement consommables avec les titres-restaurants, ainsi que les fruits et légumes. On s’éloignait alors de l’idée initiale, un repas sain pour les travailleurs, puisqu’il est évident qu’un plat micro-ondable n’a pas les mêmes bénéfices nutritionnels qu’un plat de bistrot, mais aussi parce que la restauration perdait en partie l’argent qui lui était destiné (bien que depuis on lui a consenti un allègement de TVA).

En prolongeant la « dérogation Covid-19 », considérée comme une aubaine pour le pouvoir d’achat, voire en la pérennisant comme certains le réclament, le titre-restaurant perd totalement son intérêt, si ce n’est pour ceux qui les émettent.

Pourquoi le restreindre encore à l’alimentation ? Pourquoi un salarié ne pourrait-il pas acheter une brosse à dents ou des produits ménagers avec une partie de sa rémunération ? C’est cette question à laquelle le gouvernement sera rapidement confronté. Ce qui était vu comme un bonus pour aller au restaurant est aujourd’hui perçu comme partie intégrante du salaire. Que la fin de la dérogation ait provoqué autant d’émois est la preuve que les Français n’acceptent pas que le choix de leur dépense soit fait à leur place.

Alors la solution est simple : pour le pouvoir d’achat et la simplification de la feuille de paie, versons tout en salaire. Et plutôt qu’un maquis d’avantages fiscaux pour les employeurs, baissons les charges sur tous les salaires pour redonner un peu de souffle aux classes moyennes qui paient tous les impôts, mais ne bénéficient que de peu d’avantages.

En faisant encore un petit effort, les Français prendront conscience du caractère paternaliste de notre État, et qu’à travers notre fiscalisation hors norme, l’administration se substitue à eux dans de nombreux choix du quotidien, et qu’une part majeure de leurs revenus est placée sous sa tutelle.

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  • « un plat micro-ondable n’a pas les mêmes bénéfices nutritionnels qu’un plat de bistrot « discutable aussi… ou indiscutable mais ne révélant pas une hiérarchie mais une différence..
    Et le concept de plat sain au sens absolu aussi. ..

    Sinon…bien entendu…

  • N’oublions pas que le Ticket-Resto est prélevé sur nos bulletins de salaires. Ce système nous empêche de dépenser comme bon nous semble une partie de notre salaire. C’est le retour des tickets de rationnement!

    • C’est la même chose pour les salariés bénéficiant d’une cantine ou d’un commité d’entreprise. C’est de l’argent qui pourrait être versé sur notre salaire au lieu de financer les syndicats indirectement.

  • Les subventions repas ont surgi au temps au temps où les travailleurs ne peuvent pas aller chez, eux faire leur repas à cause des distances entre lieux de travail et de logement. Car les villes (et autres) se sont agrandis. Et manger dehors est toujours plus cher que chez soi. Cette subvention était plus exactement un complément pour cet accroissement de coût que le travailleur devait supporter en mangeant hors de chez lui. Sa valeur a progressivement augmenté à cause de l’ inflation. Mais la valeur unitaire était partout la même. Et n’ était pas passible d’ impôts (Sécurité Sociale). Au Portugal à un certain moment, les plus grandes entreprises, ou celles plus argentées ont augmenté cette subvention au- delà de l’ inflation. Ce qui a réveillé la convoitise de l’ État, toujours friand de plus de revenus. Et voilà : l’ État a plafonné cette valeur unitaire libre de contributions. Ensuite l’ État a fait la distinction entre la subvention payée liquide et celle payée en tickets-restaurant. Avec le ticket-restaurant le montant unitaire de la subvention, libre de contributions, pouvait être supérieur. Ensuite on a encore innové. Pour rendre plus facile à utilizer les tickets-restaurant se sont transformés en cartes-restaurant émises par les banques.
    À qui tout cela bénéficie ?

  • Les tickets restos font peut être partis de l’une des plus grosses arnaques de notre époque.
    Ras le bol de devoir aller au boucher ou fruitier et devoir payer 1 partie de ma facture avec la carte resto et l’autre avec ma cb… Alors que j’ai plusieurs 100taines d’euros dessus !

  • Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?

  • Pourquoi continuer à appliquer un système qui n’a plus de raison d’être? Si ce sont des tickets de restaurant, c’est bien pour pouvoir en bénéficier dans les endroits adéquats mais pas pour faire ses courses, auquel cas il serait préférable d’augmenter d’autant le salaire de la personne ! Cela éviterait en plus le gaspillage de papier !

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