Meetings politiques exemptés de mesures sanitaires : entre cynisme et absurdité

Le fait que les meetings politiques soient exemptés de mesures sanitaires révèle toute l’absurdité des restrictions prises.

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Screenshot_2021-01-08 Vaccination, confinement la conférence de presse de Jean Castex et Olivier Véran en intégralité - Youtube

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Meetings politiques exemptés de mesures sanitaires : entre cynisme et absurdité

Publié le 31 décembre 2021
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2022 sera une année d’élection ou ne sera pas. Le gouvernement semble s’en être bien souvenu au moment d’annoncer les dernières mesures de restrictions visant à faire face à la cinquième vague.

Au milieu de l’interdiction savoureusement ridicule de consommer debout dans les bars et de l’inévitable transformation du pass sanitaire en pass vaccinal afin d’augmenter un peu plus la pression sur les 5 millions de personnes non-vaccinées que compte encore l’Hexagone, ce qui semble être un cynique deux poids-deux mesures a ces derniers jours un peu plus enfoncé le pays dans le doute envers la gestion sanitaire du gouvernement.

Des limitations selon le contexte

Lundi, le gouvernement a donc annoncé le retour des jauges en intérieur comme en extérieur de certains lieux. Particulièrement touché, le monde de la culture a largement manifesté sa désapprobation. Plusieurs artistes sont ainsi montés au créneau pour dénoncer cette différence de traitement entre les lieux de culture et les lieux de meetings politiques, non soumis à ces restrictions.

Julien Doré, Grand Corps Malade, Eddy de Pretto ou encore Hoshi se sont ainsi pris au jeu de l’ironie en déclarant souhaiter faire déclarer leurs concerts comme meetings. Une ironie savoureuse lorsqu’on sait que nombre de spectacles, généralement humoristiques, s’apparentent bien souvent déjà à des rassemblements politiques, de Guy Bedos à Stéphane Guillon, mais nous pourrions en citer bien d’autres plus ou moins sulfureux.

Des jauges arbitraires

Concrètement, les événements culturels ou sportifs à l’intérieur seront soumis à une jauge de 2000 personnes, jauge passant à 5000 lorsque l’évènement est à l’extérieur. Ces jauges sont d’autant plus arbitraires qu’elles ne semblent pas prendre en compte la dimension des lieux de ces rassemblements, une salle plus petite imposant donc une moins bonne distanciation physique.

Or, ces jauges ne s’appliqueront tout simplement pas aux meetings politiques. Une situation bien étonnante puisque 2022 sera, comme tous les 5 ans, une année de forts rassemblements populaires autour des candidats à la magistrature suprême.

La majorité au front

Devant cette situation, la majorité a été envoyée sur les différents plateaux pour tenter de calmer l’incendie.

Prisca Thevenot, porte-parole du parti présidentiel, a ainsi déclaré que l’application de ces jauges serait de la responsabilité des formations et des candidats organisateurs. Par cet appel à la responsabilité et à la confiance dans les personnes privées, LREM fait preuve d’un libéralisme qu’on ne lui avait pas connu depuis… cinq ans. Quelle posture étrange, ne trouvez-vous pas ? Derrière l’ironie se cachent en réalité des intérêts électoraux bien compris.

Une cynique communication

Cette déclaration s’inscrit comme toujours en politique et bien davantage dans un parti présidentiel dont la communication masque la vacuité de la colonne vertébrale idéologique. Ce que dit Prisca Thevenot n’est en réalité pas un appel à la confiance dans les acteurs privés mais un argument électoral en faveur de la venue dans les meetings du président-candidat, considérés alors comme plus sûrs indépendamment de leur intérêt programmatique, depuis longtemps passé au second plan.

Cette argumentation pointe d’avance un avantage comparatif prétendu par rapport aux concurrents du président sortant. Cette situation présente un double avantage puisqu’à l’heure où l’image est d’autant plus reine qu’elle tourne en boucle sur les réseaux sociaux et les chaînes d’information en continu, aucun candidat ne limitera volontairement le nombre de ses sympathisants à un meeting. Le premier meeting d’Éric Zemmour à Villepinte au début du mois de décembre a une nouvelle fois montré l’importance de faire salle comble. À cela s’ajoute le fait que toute tentative de justification d’un meeting vide par l’argument d’une jauge arbitraire sera vu comme un pathétique cache-peau dont les médias comme les adversaires du candidat ne manqueront pas de se servir.

Un piège qu’ont semble t-il bien compris les candidats populistes puisque Jean-Luc Mélenchon, Éric Zemmour et Marine Le Pen ont déjà déclaré qu’ils n’appliqueront pas de jauge pour leurs rassemblements.

Les meetings politiques constitutionnellement épargnés

Par ailleurs, ces déclarations montrent la difficulté des politiques à expliquer un corpus normatif de plus en plus incohérent à mesure que le législateur y ajoute son grain de sel.

En effet, la véritable explication de ce deux poids-deux mesures se trouve dans notre Constitution.

Il y a quelques semaines, l’idée d’un conditionnement du vote à la validité d’un pass sanitaire s’est fait entendre. Cette idée a rapidement hérissé les poils de certains, puisque soupçonnée de favoriser la majorité actuelle étant donné que les premières personnes à être vaccinées auraient naturellement davantage tendance à écouter la politique du gouvernement et à y être conséquemment favorable.

La mesure a été fort heureusement rejetée. Pour cause, comme le rappelle le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, « on ne peut pas [constitutionnellement] conditionner la possibilité d’aller voter ». Si la justification a ses lacunes – le vote étant déjà conditionné par des critères d’âge et de nationalité – elle a permis d’éteindre les braises d’un incendie politique.

Cet état de grâce des activités politiques s’applique de la même manière s’agissant des autres types de restrictions.

Une exception confirmée par les Sages dans leur décision du 5 août relative au pass sanitaire et du 9 novembre dernier sur le projet de loi « vigilance sanitaire ».

Ainsi, les meetings politiques sont exempts de jauges et de présentation du pass sanitaire.

Cependant, il se pourrait bien qu’un tour de passe-passe législatif ne soit pas à exclure. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a en effet d’ores et déjà déclaré qu’il souhaitait imposer un certain nombre de restrictions aux activités politiques dans le respect des principes constitutionnels.

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Créer un compte Tous les commentaires (12)
  • Encore une chance que le pass ne soit pas obligatoire, quoi de mieux pour tracer ses opposants ! Et dans les lieux de cultes, pass obligatoire ?

  • C’est le libéralisme des politiciens : ils veillent à être libres de tenir des meetings, et la liberté des autres n’est pas leur responsabilité.

  • Qui va encore écouter des inepties lors de meeting politiques…????

  • LREM peut compter sur le soutien sans faille de Valérie Pécresse, qui en bonne élève qu’elle a toujours été, appliquera les jauges dans ses meetings.
    Ces 2 partis, qui feraient mieux de fusionner, pourront ainsi pointer du doigt l’irresponsabilité de leurs adversaires.
    La ficelle est énorme, mais après 2 ans de comédie démocratique, ce n’est finalement qu’un détail.
    Le choix pour avril prochain est très simple, que ceux qui ne sont pas attachés à leurs libertés votent Macresse ou Pécron…

    • Et que ceux qui sont « attachés à leur liberté » pensent un peu à celle des autres.

      -2
      • Je suis vacciné, ça ne m’empêche pas d’être attaché à la liberté de ceux qui ne le sont pas.
        Je ne vois pas en quoi un non vacciné menace la liberté d’un vacciné.
        Je porte un casque à vélo mais je ne fais pas la morale à ceux qui n’en portent pas.
        Cette crise sanitaire nous a bouffé les neurones et le seul traitement disponible est de cultiver son esprit critique…
        Cordialement.

  • N’oublions pas que nos super-virologues de plateaux TV avaient déclaré que le virus était impitoyable, …. , et aussi intelligent ! Comme il est intelligent, les discours politiques doivent lui être insupportables et il ne va donc pas dans les meetings électoraux

  • Si tous ces donneurs de leçons sanitaires retrouvaient un peu de bon sens, ils lèveraient toutes les mesures liberticides DES LE DÉBUT de la campagne présidentielle. Faute de quoi, cette élection va bientôt ressembler aux prétendues élections « libres » des dictatures bien connues, avec les résultats que l’on connaît!
    Mais la logique et le bon sens font-ils encore partie des valeurs qui les animent et guident leur action? De plus en plus d’électeurs semblent en douter vu les chiffres de l’abstention et des votes blancs!
    Personnellement, ça m’ennuierait de ne pas voter, mais dans ces conditions, je ferai que mon vote soit comptabilisé ( donc pas blanc) même s’il faut voter pour un candidat crédité de 0,5% des intentions de vote.
    CPEF

  • Cessons d’être naïfs, chaque fois qu’ils ont annoncé qu’on ne pouvait pas violer un droit, ils le faisaient quelques mois plus tard et la liste s’allonge de semaine en semaine grâce au terrifiant consentement de la majorité silencieuse: 66% des Français sont maintenant pour le pass vaccinal, c’était 62% pour le pass sanitaire.
    .
    Le droit de vote me semble maintenant conditionné aux prévisions des votations. Soit ça s’annonce bien pour le deepstate, moyennant propagande et assassinat judiciaire, et dans ce cas l’élection sera « démocratique », soit non et dans ce cas toutes les manipulations seront permises, y compris l’interdiction de vote pour les untermenschen non vaccinés. Je vous parie un mirador que ce jour-là, 60% de la population n’y trouverait toujours rien à redire.
    .
    Ils ne peuvent pas prendre le risque qu’un candidat anti-deepstate comme Zemmour passe. Il propose de définancer les médias publics, les associations, les ONG « woke », il propose de réduire les pillages « sociaux », la bureaucratie, les lois les normes, il propose de baisser la fiscalité, les impôts, les charges entrepreneuriales, et de dé-gauchiser la justice et de renforcer le régalien, en bref il s’attaque directement et frontalement aux pouvoirs et financements du deepstate antilibéral.
    .
    La rédaction ayant choisi Pecresse l’apparatchik, il ne reste plus que des sans-dents pour voter extrème droite libéral comme Jourdain faisait de la prose. Le jeu pour les médias va être maintenant de faire monter Marine qui est aussi stupide que facilement manipulable au premier tour pour la flinguer au deuxième tour avec des tirs « heures sombres » selon la vielle recette Mittérandienne.
    .
    L’aveuglement des « intellectuels » « libéraux » qui discutent sexe des anges sur lib org pendant que le candidat le plus libéral depuis 30 ans ce fait dézinguer restera pour moi un des faits politique marquant de la décennie. Il y a maintenant plus d’authentiques libéraux sur les sites « d’extrême droite » que dans une rédaction qui n’a pas voulu « voir » la formidable entreprise de prise de pouvoir et de collectivisation qu’était l’immigration.

  • Je pense que si une jauge avait été imposée pour les meetings électoraux, vous auriez fait le même article. Vous dites « Derrière l’ironie se cachent en réalité des intérêts électoraux bien compris. » Aucune démonstration de ces « intérêts » (tous les partis font des meetings) et (attardé?), je n’ai pas « bien compris ».

    • CP a tjrs critiqué les « jauges » quelque soit l’endroit. Vous enfoncez donc une porte ouverte.
      Cet article ne fait que montre l’hypocrisie gouvernementale qui instaure des jauges pour certains cas et pas pour d’autres surtout quand ces « autres » vont dans le sens des objectifs du gvt. Indirectement, cela démontre également l’inutilité sanitaire et le mensonge médical éhonté que constitue ces jauges.

  • bah l’abritraire et l’absurde vont de pair avec la mise en place de règles..
    on ne devient pas un criminel en roulant à 80,6 km/h et on ne devient pas un adulte à 18 ans etc etc…

    L’idée, à mon opinion discutable au point de vue stratégique , est admise que les scientifiques donnent des des clefs aux politiques pour modifier la dynamique épidémique via des simulations reposants sur des hypothèses .. Cette idée sous entend que les choix des scientifiques sont « neutres ». Or les hypothèses sont notamment des choix arbitraires de nature politique limités par le concept « d’interet général »…

    le fait est que nous avons donné au gouvernement la definition finale d’interet général…

    aussi les meeting politiques sont dans l’interêt général en dépit qu’ils soient des lieux de contamination.. circulez il n’y a rien à voir…macron SAIT..

    le problème est la caution scientifique..faut il aimer le pouvoir pour ne pas démissionner ou taper du poing sur la table..

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